Le Vaudou Le Vaudou a longtemps été considéré comme une religion dégradée chez
Le Vaudou Le Vaudou a longtemps été considéré comme une religion dégradée chez certains occidentaux, plus particulièrement par les nord-Américains. On a cru longtemps que le culte vaudou était un ramassis de sorcelleries et de rites répugnants et sans fondement. Rien n’est plus faux. Le culte vaudou doit être considéré comme une expression de la culture africaine transplantée dans les Antilles et les Caraïbes. En Haïti par exemple, le vaudou a longtemps été un ferment de résistance contre la violence et l’exploitation économiques des blancs. C’est aussi sous la forme du vaudou que la solidarité des noirs a pris sa pleine signification. Pour reprendre l’exemple d’Haïti, force nous est de constater l’importance que le vaudou a eu lors de la révolution de 1804, le vaudou a servi de fondement mystique aux leaders de la révolte. Ce qui créa une forte marginalisation de l’Eglise catholique envers le vaudou. Haïti est un excellent exemple d’acculturation qui à partir de la révolution redéfinit son identité. Le christianisme devient en Haïti la religion officielle, mais déjà il était possible de percevoir une résistance des vodouisants envers le catholicisme des anciens maîtres. Le vaudou étant perméable aux idées chrétiennes a intégré plusieurs parties du rituel catholique, ce qui donna une saveur particulière, tout en protégeant les cultes ancestraux qui sont à la base du vaudou. Le syncrétisme des peuples des Antilles Et des Caraïbes et surtout celui du vaudou Haïtien est une construction permettant à des peuples dépossédés de leur identité d’accéder aux temps des origines. Les origines africaines du Vaudou Il n’est de région d’Afrique dont on ne retrouve de descendants en Amérique. Très tôt, des populations de différentes régions d’Afrique furent déportées pour servir de main-d’œuvre aux colonisateurs blancs. Cependant, malgré l’étendue du continent Africain, on peut affirmer que la majorité des esclaves provenaient de la côte occidentale, mieux connue sous le nom de côtes des esclaves, qui comprend le golfe de Guinée, le Congo, l’Angola et le Sénégal, et aussi le Dohomay et le Nigeria, d’où proviendront le plus grand nombre d’esclaves. Déjà en 1727, on compte plus de 10 000 esclaves partant annuellement pour l’Amérique. Ils proviennent principalement du royaume de Guida qui fut soumis à l’autorité du roi du Dohomay. L’esclavagisme se pratiquait déjà en Afrique, mais sous des conditions différentes. Pour l’Africain, l’esclavagisme ne se traduit pas par une dualité entre homme libre et homme asservi. Le contexte social africain fait de l’esclave un membre actif de la communauté. Il lui était possible de retrouver sa liberté et même parfois, de devenir riche et puissant. La traite des esclaves, nous dit l’ethnologue Alfred Metraux, a vite dégénéré en rapport de force entre rois africains et commerçants européens. Certains rois africains se plaignent et font même parvenir une missive au roi du Portugal Emmanuel le Grand, l’informant des façons d’agir des commerçants esclavagistes qui ne respectent aucune règle. Malgré le fait que l’esclavagisme était une pratique, dans plusieurs royaumes africains, il n’en demeure pas moins, qu’il était intégré dans la structure sociale de ses royaumes. Par contre, pour les commerçants européens, la pratique de l’esclavagisme aura une porté lourde de conséquences sur ces hommes et ces femmes déracinés de leurs références culturelles. La déportation, la perte totale de liberté et la non observance de l’éthique de l’esclavagisme africain seront des éléments importants et auront des conséquences sur les générations à venir, en ce qui concerne l’image qu’auront d’eux ces humains dépouillés de tous leurs droits. Les religions Africaines Les différentes tribus qui ont subi la déportation en Amérique apportaient avec eux leurs cultes et leurs rites. Le Vaudou est un syncrétisme de ces cultes. Cependant, le plus influent de ses cultes est sans conteste le culte Dahomayen. Selon les anthropologues, on ne peut qualifier ce culte de « primitif » . Il possède une théologie très développée, élaborée par des prêtres instruits. Dans leur conception cosmologique, les Dahomayens se réfèrent à un monde surnaturel ayant à son sommet un Dieu suprême et un panthéon de divinités hiérarchisées. Les rites et les cérémonies sont rythmés par la danse et la musique. La religion est aussi enrichie par la mythologisation de la nature, du destin, des êtres divins, des ancêtres, des dieux et des peuples soumis, des monstres qui hantent le monde des esprits. Le surnaturel est représenté dans biens des cas, par des attributs anthropomorphiques. Cette attitude à l’égard des phénomènes naturels se saisit bien si l’on tient compte du fait que les Dahomayens voient le Dieu suprême loin et fort occupé. Il ne peut venir en aide aux hommes. On va donc diviniser le naturel, plus proche des hommes. Selon l’histoire des religions, cette approche du religieux pourrait être qualifiée, avec prudence, d’animisme. Le culte Vaudou Malgré leurs conditions d’esclaves, les Africains déportés en Amérique ne perdent pas les cultes ancestraux dans lesquels ils furent éduqués. Ils les conservèrent et les développèrent en fonction de leurs nouvelles conditions de vie. L’étymologie du mot Vaudou prend ses racines dans les familles linguistiques des Yoruba et des Fons. Chez ses peuples, le mot Vaudou signifie un « dieu », un esprit, une image. Selon l’ethnologue Alfred Metraux, Vaudou se résume en la croyance en des êtres tout puissants et surnaturels. Devant l’ignorance flagrante des Portugais, ceux-ci étaient convaincus que les esclaves noirs étaient tous des esprits faibles et en plus, qui pratiquaient des cultes magiques. Le peu de discernement que faisaient les commerçants blancs dans le choix des esclaves a permis à des Africains instruits de venir en Amérique. Ces gens formeront le clergé vaudou (surtout en Haïti) qui se divise en deux catégories de prêtres. Il y a d’abord les Hounsi, qui sont « les maîtres des dieux ». Dans les régions rurales, les Hougans sont aussi liés à la sorcellerie et à la magie. On les appelle les médecins de l’âme et de l’esprit, ainsi que les interprètes de loa « esprit surnaturel ». Donnons l’exemple d’Haïti, pour bien comprendre le vaudou dans ce pays, il faut savoir quel genre d’individus étaient déportés d’Afrique. Selon la plupart des ethnologues, les esclaves étaient pour la plupart des prisonniers de guerre, certains étaient coupables de délits divers, tel celui de « lèse-majesté ». Ce qui laisse supposer qu’il y avait à bord des bateaux des hommes et des femmes instruits qui pouvaient connaître les secrets des cultes et des rituels. Par la même occasion, il est intéressant à noter que Metraux dénonce les apologètes de l’esclavagisme qui vendaient l’idée que les esclaves n’étaient que des truands et des bandits. Cette attitude ne fait que révéler le besoin de cautionner la traite des esclaves. La diversité des couches sociales qui furent emmenées en Haïti explique jusqu’à un certain point, la promotion d’un vaudou structuré. Des cultes et des rites qui furent conservés par des Africains, il en est un qui a une grande importance pour les relations avec les blancs. C’est cette vieille tradition qui lie intimement la religion avec la vie quotidienne. Cette tradition va permettre aux cultes des esprits, des dieux, des morts et à la magie d’être un refuge à l’oppression. Hermétique aux blancs, ce refuge se traduit par une peur atroce des blancs envers les esclaves. On croyait que les noirs s’ils étaient maltraités pouvaient envoûter ou même jeter des sorts sur les plantations, des blancs et la famille de ceux-ci. Cette stratégie semble avoir été remarquablement efficace. Il balançait l’oppression subie…Mais dès 1765, les blancs cherchent des solutions pour éliminer ce « fléau ». Les « maîtres » décidèrent de sévir en interdisant aux noirs de se réunir pour célébrer leurs cultes. Il faut dire qu’avant la Révolution française de 1789, (fait à noter en 1791 2 ans après la Révolution française, la révolte des esclaves en Haïti et la destruction des plantations de café mit en échec les renforts envoyés par Napoléon). Le vaudou, du moins en Haïti était une religion encore proche de ses origines africaines. Le souvenir des cultes ancestraux était encore frais dans l’esprit des esclaves qui avaient connu l’Afrique. Il y a eu une certaine fidélité à la tradition orale. Répression aidant et nouvelle génération d’esclaves feront que le vaudou Haïtien va se développer en vase clos. Le syncrétisme Le culte vaudou est un syncrétisme. L’ensemble de la communauté scientifique s’entend sur ce point. Ce syncrétisme se manifeste un peu partout. Roger Bastide, ethnologue et sociologue qui a étudié les religions africaines aux Brésil distingue trois zones de manifestations. Il y a ce qu’il appelle le « syncrétisme mosaïque », ce syncrétisme consiste en la juxtaposition dans un même espace des objets sacrés appartenant au culte vaudou et au culte chrétien. Par là on peut voir l’abolition de l’espace sacré qui d’ordinaire sépare deux cultes. Ce qui fait que l’univers vaudou se retrouve dans l’univers chrétien. Bastide distingue aussi un syncrétisme « au plan des rites et des sacrements ». Cela signifie que le calendrier des fêtes vaudoues est calqué sur le calendrier chrétien tandis que les sacrements chrétiens deviennent partis constituants du uploads/Religion/ le-vaudou-haitien-une-epopee.pdf
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- Publié le Oct 17, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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