CRIMINOLOGIE CLINIQUE INTRODUCTION La criminologie clinique est en effet mal co

CRIMINOLOGIE CLINIQUE INTRODUCTION La criminologie clinique est en effet mal connue, mal située par rapport à l'ensemble des sciences humaines et de la pratique psychiatrique ou psychologique. La criminologie clinique est cependant aujourd'hui en plein développement. Elle a pour objet d'étudier la personnalité criminelle (c’est-à-dire l'étude individuelle du délinquant) et son état dangereux, de porter un pronostic sur son comportement futur mais aussi d'élaborer des mesures, des moyens, des programmes de traitement et de prophylaxie susceptibles d'éviter la récidive du délinquant et de favoriser sa réadaptation. Le criminologue clinicien se saisit du phénomène crime comme le médecin celui du ph.nom.ne maladie. Comme la médecine, la criminologie clinique est science, art, technique, pratique humaniste. Elle recouvre toutes les sciences y participant et s'en distingue par un degré de généralité supérieur qui implique ses propres concepts. La démarche proposée ici étant clinique, c'est-à-dire centrée sur le sujet, le fil conducteur de l'ouvrage est le passage à l'acte criminel. De là nous examinerons naturellement les différents éléments de cette situation d'exception : l'auteur criminel, les crimes et délits, la victime, le chemin de la pensée à l'acte criminel, les conditions de développement de l'acte, etc. Il est indispensable pour le lecteur averti d'approfondir ses connaissances dans les livres spécialisés. Ici nous voulons essentiellement proposer une initiation à la criminologie clinique en exposant des éléments de base pour permettre un premier abord de cette discipline. Chap I §1. Définition de la criminologie La criminologie (du latin crimen, « accusation, grief » et du grec ancien λόγος (logos), « science, discours ») est la science qui étudie les facteurs et les processus de l'action criminelle et qui détermine, à partir de la connaissance de ces facteurs et de ces processus, les moyens de lutte les meilleurs pour contenir et si possible réduire ce mal social. La criminologie est une science qui étudie la criminalité, ses causes et ses manifestations. Elle s'intéresse tout autant aux crimes, aux contrevenants, aux victimes, à la prévention du crime ainsi qu’aux phénomènes individuels et sociaux s'y rattachant. La criminologie est un champ de recherches pluridisciplinaire qui fait appel à de nombreuses autres disciplines allant de la psychologie, au droit, en passant par la sociologie ou l'économie. Tout un univers de fantasmes et de représentations imaginaires entoure cette réalité centrale à toute civilisation, le crime, lequel n'est que la désignation de la coupure ordonnant l'opposition dialectique de deux pôles, l'un qualifié de Bien et l'autre de Mal structurant l'ordre moral d'une société. Le crime est l'autre nom de cette césure. Dieu et le Diable comme Caën et Abel, le permis et l'interdit, le légal et l'illégal sont des couples d'opposition isomorphes à celui que forment le Bien et le Mal. Les moralistes, les philosophes, les poètes, les religions, les Etats ont tous à leur façon reformulé la manière d'entendre et de gérer cette opposition. Dans une société évoluée comme la nôtre, c'est la justice qui assure cette fonction. Elle agit dans la conformité à la loi, sanctionne le crime à son juste prix (par le Code pénal), prévient son apparition par les mesures de prévention et de réadaptation du criminel. La justice assume cette gestion et ce contrôle pour tous au nom de la morale, du pouvoir et de Dieu. Les polices veillent à l'exécution des ordonnances légales et sont l'instrument de la lutte contre le criminel et le crime. Les pédagogues forment les sujets à ne pas commettre de crimes. Les hommes de pouvoir assurent leur pérennité en éliminant ou punissant au nom de tous, dans les formes légales, leurs ennemis que sont les contrevenants criminels. Les sociologues, les psychologues, les psychiatres, les criminels et les romanciers ont tour à tour donné une lecture propre de cette réalité. L'approche scientifique sera plus récente. La criminologie est ignorée du Littré. Seul est mentionné le criminaliste : juriste qui écrit sur les mati.res criminelles ou qui y est très savant. Un savant criminaliste. §2. Des précurseurs ou pères fondateurs • Raffaelo Garofalo (1851-1914) On attribue généralement à ce magistrat italien la paternité du terme « criminologie ». En effet il a publié en 1885 son ouvrage : La Criminologie, ouvrage resté depuis célèbre. Dans celui-ci il a tenté une classification des différents crimes sur la base d'affects et a distingué les crimes naturels (ceux o. les affects prédominent), et les délits conventionnels (variant avec les lois du lieu où ils se commettent). Il a introduit la notion toujours actuelle « d'état dangereux » avec ses composantes : la témibilité - l'adaptabilité. Il a été à l'origine de l'enquête de personnalité et de la criminologie clinique. • Cesare Lombroso (1835-1909) Ses ouvrages, L'Uomo délinquante (1876), La Femme criminelle et la Prostituée (1896), Le Crime cause et rem.de (1899), ont servi de référence à toute une génération de médecins, de psychiatres et de juristes. Influencé par les théories de Lamarck, Darwin, il pensait que : « l'homme est en évolution ascendante, aboutissement du règne animal en sa perfection, les défauts comportementaux et les actes criminels étant la survivance de traces d'animalité. Le criminel est à civiliser ». La recherche des signes de dégénérescence chez l'homme criminel devait le conduire à décrire le criminel-né. Il est à l'origine de l'examen médico-psychologique du criminel visant à analyser la structure psychique du sujet et non seulement l'existence d'une maladie psychiatrique référée à l'art. 64. Il a mis en place la première approche multidisciplinaire scientifique appliquée au crime. Pour Lombroso, à une compréhension biologico-psychologico-anthropologique d'un comportement criminel doit répondre une action judiciaire et pénale établie sur les mêmes bases. La réponse judiciaire n'est plus une sanction mais doit prendre en compte les mécanismes de l'action criminelle pour en permettre la non- récidive. La peine s'adapte à la personne et non à l'acte. Ce sont les prémisses de l'individualisation de la peine. L'auteur s'opposait ainsi à la doctrine républicaine énoncée par Guillotin : « Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l'état du coupable ». Il a contribué de ce fait à l'introduction des circonstances atténuantes liées à la personne du criminel. • Enrico Ferri (1856-1929) Professeur de Droit pénal à Rome et à Turin et avocat, il a introduit l'approche sociologique et le recours aux statistiques dans l'étude de la criminalité comme fait de société. Il a classé les criminels en : aliénés criminels-nés, criminels habituels, criminels par habitude, criminels par transport de passion, criminels d'occasion. Ferri a invoqué la place du déterminisme social dans le comportement de certains criminels, ce qui crée la nécessité d'agir sur les conditions sociales de leur vie pour les rendre non récidivants. Enquête, prévention, éducation, environnement social sont à mettre en œuvre pour agir sur le criminel et non seulement sanctionner. La défense sociale est la légitimité de l'action judiciaire, elle repose sur tous les moyens pour y aboutir. Mais elle doit toujours s'accompagner du traitement social, avec mesure de prévention avant le crime et rééducation du criminel après son acte. A ces conditions se justifient les mesures de sûreté à l'égard de ceux considérés comme définitivement dangereux. • Benigno Di Tullio (1896-1979) Pour Di Tullio l'homme doit être envisagé dans la totalité de son existence. « Le phénomène crime, pris dans le sens naturaliste et humain, n'est pas créé par les lois ; il préexiste aux lois qui ont puisé en lui leur raison d'être... » Il est aussi et contradictoirement, mais sur un autre plan : « L'expression d'un refus d'obéissance aux normes qui guident et protègent l'existence de tout ensemble social, conséquence de ces mêmes lois. » La criminologie doit réunir pour l'étude du délinquant les enquêtes biologiques, fonctionnelles, psychologiques, neurologiques, etc. Pour lui, La psychologie criminelle n'est qu'un sous-ensemble de l'anthropologie criminelle. « Mais les rapports entre l'anthropologie criminelle et la psychopathologie criminelle sont intimes et étroits car le crime est toujours l'expression d'un trouble psychique au sens large et même si ces derniers peuvent être induits par des facteurs sociaux. » « Seul peut se livrer à l'étude du criminel aliéné, celui qui a une solide préparation psychiatrique et une profonde connaissance de l'anthropologie criminelle, mais la criminalité n'est pas le tout de la pathologie mentale. L'anthropologie criminelle, partant de la personnalité du criminel pour orienter et diriger la politique criminelle d'un état, doit être la base de l'élaboration de toutes les lois pénales. D’une certaine façon, C. Lombroso, grâce à son ouvrage « L’homme criminel », a permis d’assouplir progressivement la théorie héréditariste du criminel-né engageant à un questionnement psychosociologique sur le criminel et son acte, imposant notamment un examen définissant une personnalité particulière, des traitements adaptés et des conditions de détention et de réhabilitation adéquates. Dans sa suite, Etienne de Greeff (1898-1961), médecin psychiatre belge enseignant à l'Université Catholique de Louvain, va poursuivre des études sur les conduites déviantes ou délinquantes à partir de sa pratique clinique et ne cessera de s’interroger sur le « comment un clinicien peut avoir accès au vécu de son patient lambda ou délinquant, comment le comprendre, en uploads/Philosophie/ explication-criminologie-clinique.pdf

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