Les Echos 2001 L' Art d' Entreprendre. _________________ 1 Les Echos - L' Art d
Les Echos 2001 L' Art d' Entreprendre. _________________ 1 Les Echos - L' Art d'entreprendre - 1 2 1 - De l'importance d'entreprendre C réer ou développer une entreprise est aussi exaltant que difficile. L'Art d'Entreprendre passe en revue toutes les questions soulevées, étape par étape, de l'idée de départ jusqu'à la revente de l'entreprise créée. L'Art d'Entreprendre traite de l'entrepreneuriat (ou l'« entrepreneurship » anglais), c'est-à-dire de la démarche qui consiste à créer une entreprise et des capacités de « l'entrepreneur » à la développer. La série a pour objet d'analyser les processus de création et de gestion de ces entreprises nouvelles qui permettent aux entrepreneurs de se construire un patrimoine industriel. En d'autres termes, elle met davantage l'accent sur le développement d'activités nouvelles ou radicalement reconfigurées que sur le développement de nouveaux produits ou services. La série répond à un double objectif. Il s'agit, tout d'abord, de montrer qu'il n'est jamais trop tard pour entreprendre. Il existe toutes sortes d'entrepreneurs, d'âge, de formation et d'expériences professionnelles diverses. Contrairement à une opinion répandue, il n'est pas nécessaire d'être jeune et issu d'un milieu défavorisé pour créer son entreprise et réussir. Il n'est pas indispensable non plus de se lancer seul. Comme nous le verrons, la qualité de toute l'équipe de management a souvent autant d'importance, sinon plus aux yeux des investisseurs potentiels, que le dirigeant lui-même. Il s'agit par ailleurs de formuler une mise en garde : créer une entreprise n'est pas une tâche aisée. C'est pourquoi la série L'Art d'Entreprendre tente d'analyser le processus conduisant à la création d'entreprise et d'identifier les questions qui se posent à tous ceux qui s'efforcent de créer ou de reconfigurer une organisation, les difficultés qu'ils rencontrent sur le plan commercial et les problèmes de succession qui apparaissent à mesure que l'entreprise se développe. Définir l'entrepreneuriat Le débat sur la définition de l'entrepreneuriat continue de diviser le monde de la recherche universitaire. D'un côté, on trouve des auteurs pour lesquels ce concept s'applique uniquement à la création d'entreprises nouvelles qui génèrent de la richesse. Ceux-ci établissent donc une distinction entre l'« entrepreneur classique » et le « petit patron », dont les motivations et les attitudes face à la croissance sont différentes. A l'inverse, d'autres soutiennent qu'une démarche créative conduisant à l'amélioration d'une organisation est de type entrepreneurial. Cette catégorie inclut à l'évidence les entreprises créées par des entrepreneurs illustres, comme Richard Branson ou Ted Turner, ou par d'autres moins connus peut-être, mais dont la réussite est tout aussi remarquable. On y trouve également : * Le rachat d'entreprise par les salariés (RES), l'équipe de management en place rachetant aux actionnaires le capital de l'entreprise (souvent une filiale) et en assurant la gestion. Dans ce type d'opération, la taille de l'entreprise, son organisation ou ses relations avec la clientèle peuvent évoluer. En tout état de cause, l'entreprise sera gérée par de nouveaux « dirigeants-actionnaires » et ouvrira probablement son capital à des investisseurs de type sociétés de capital- risque. * L'acquisition d'entreprise par une équipe de direction extérieure (ou « management buy-in ») qui rachète aux actionnaires le capital d'une société ou d'une filiale. Généralement, l'équipe en place est associée à cette opération parfois malencontreusement désignée par le terme anglais « bimbo » (management buy-in et management buy-out mais qui signifie également « potiche »). * La franchise (ou « franchising »). En Europe, la franchise est considérée comme une « activité de petite entreprise » : des particuliers achètent et exploitent un point de vente unique. La situation est différente aux Etats-Unis, où des entrepreneurs spécialisés dans la franchise ont développé des entreprises de taille significative en faisant l'acquisition de points de vente, d'emplacements et de franchises multiples. C'est ainsi, par exemple, que, dans une même ville, certains peuvent posséder à la fois des Pizza Hut et des Burger King, mais aussi des magasins Jiff-Lube n'appartenant pas au secteur alimentaire. Néanmoins, ce phénomène commence à se développer également en Europe, à la suite de l'adoption récente d'une directive communautaire autorisant l'exploitation de franchises multiples dans tous les Etats membres. La franchise est certainement un des mécanismes qui permet à un entrepreneur de réussir en s'appuyant sur un secteur d'activité ou un produit existant. De fait, un tiers des commerces de détail aux Etats-Unis sont des franchises. Cependant, compte tenu des problèmes particuliers liés aux relations entre les deux parties - franchisé et franchiseur - et du rôle commercial de chacun, nous traiterons de la franchise comme d'un aspect spécifique de l'entrepreneuriat. * Le développement de nouvelles activités au sein des grandes entreprises (ou « corporate venturing »). Il s'agit d'une stratégie mise en oeuvre par de grands groupes pour stimuler l'esprit d'entreprise et redynamiser leurs activités. Le but est d'identifier de nouvelles « opportunités de croissance », d'évaluer leur potentiel et d'investir pour le long terme dans ces nouveaux domaines. Ces investissements peuvent s'effectuer dans des entreprises de création récente ayant des besoins en capitaux pour se développer, des participations conjointes ou joint-ventures, ou de nouvelles filiales regroupées au sein d'une « direction du développement ». Pour les grands groupes dont le développement a atteint une certaine maturité, cette stratégie implique de mettre en place un système de motivation et de gratification pour les acteurs directement concernés, c'est-à-dire ceux qui, au sein du groupe, sont identifiés comme de véritables « entrepreneurs ». Mais ce n'est là que la partie visible de l'iceberg. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est que la série L'Art d'Entreprendre montrera comment un certain nombre d'entreprises, qui s'efforcent de mettre en place de nouveaux systèmes de management pour s'adapter à un environnement en mutation rapide, tentent de se transformer en « organisations entrepreneuriales ». * Les entreprises familiales. Nous nous intéresserons là aux entreprises détenues et dirigées par une famille sur plusieurs générations et nous étudierons les contraintes que cette situation crée à la fois pour la famille et pour l'entreprise elle-même, en particulier au moment de la Les Echos - L' Art d'entreprendre - 1 3 succession. Bien entendu, la façon dont l'entreprise est gérée et le degré d'implication des membres proches ou éloignés de la famille sont liés à la culture propre à chaque entité familiale. Dans ce domaine, la littérature est essentiellement américaine et, depuis peu, européenne : elle s'inscrit donc dans une perspective culturelle occidentale. C'est ainsi, par exemple, qu'on estime à 30 % seulement aux Etats-Unis le nombre d'entreprises familiales transmises à la deuxième ou à la troisième génération. En effet, et c'est une des explications de ce phénomène, les parents n'attendent pas nécessairement de leurs enfants qu'ils reprennent le flambeau. A l'inverse, une étude menée par Narissa Chauvidul, de l'Imperial College, a montré qu'en Thaïlande plus de 80 % des 100 entreprises les plus importantes sont détenues et dirigées par leurs fondateurs thaïlandais, d'origine chinoise, et que 97 % d'entre elles sont dirigées par la seconde génération. La série L'Art d'Entreprendre s'attachera donc aussi à analyser l'impact des cultures nationales ou ethniques sur l'entreprise familiale. * Entreprise privée ou publique. Dans tout ce qui a été dit jusqu'ici, l'entreprise a été considérée de manière implicite comme appartenant par définition au secteur privé. Il n'en est rien. L'entreprise est bien vivante dans le secteur public également. En fait, la distinction entre les deux secteurs est de plus en plus floue. Ainsi, au Royaume-Uni, PSA (Property Services Agency), agence chargée de gérer l'ensemble du parc immobilier public, a été racheté par ses cadres en 1994 à un prix très inférieur à celui auquel ces derniers l'ont à leur tour cédé en 1996. Autre exemple de cette fluidité des frontières entre secteur public et secteur privé : la vague de privatisations enregistrées en Europe de l'Est durant la première moitié des années 90. Le processus conduisant à la création d'une entreprise ne se concrétise pas du jour au lendemain. Quelles que soient la forme de l'organisation mise en place par l'entrepreneur et les méthodes commerciales choisies, l'entrepreneuriat consiste à analyser dans l'ensemble du processus : - les origines de l'idée qui conduit à la décision de créer une entreprise ; - la mise à l'épreuve de cette idée et sa validation ; - le choix des moyens d'accès au marché : sous-traitance, franchise ou RES, par exemple ; - la mise en place des ressources nécessaires (capitaux, clientèle, fournisseurs, locaux et personnel) ; - le lancement commercial et les premières ventes ; - le choix des stratégies de croissance ; - et, éventuellement, les possibilités de sortie (introduction en Bourse, faillite, liquidation volontaire, cession aux salariés ou à des tiers). Chacune de ces étapes demande du temps et il n'existe aucune règle permettant d'en fixer la durée. Un cadre peut s'apercevoir, en lisant la presse, de l'éventualité d'un RES dans son entreprise, sans toutefois être certain des véritables intentions de sa direction... jusqu'à ce que celle-ci annonce soudainement que l'entreprise est à vendre ! L'entrepreneur en puissance peut très bien avoir toujours eu un désir latent de se lancer dans l'aventure... jusqu'à ce qu'un jour l'occasion uploads/Management/ 01-art-d-x27-entreprendre.pdf
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- Publié le Mar 18, 2021
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