La communication des collectivités territoriales au Maroc face aux défis du num

La communication des collectivités territoriales au Maroc face aux défis du numérique Soumaya EL MENDILI, Sciences de l’Information et de la Communication Université Mohammed V, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat, Maroc. RÉSUMÉ La communication publique, un champ en pleine mutation Un essai de définition de la communication publique « On s’accorde à considérer que l’on est passé de l’information à la communication »1. Ce changement de terminologie constitue une évolution dans les sciences de l’information et de la communication impliquant la transmission d’un message et l’interaction entre des interlocuteurs. Avec l’évolution de la société et l’utilisation, de plus en plus, sociétale du vocable « communication », ce dernier s’est vu attribuer un nouveau qualificatif, il s’agit du qualificatif « public ». C’est ainsi qu’est apparue une nouvelle forme de communication, qui est « la communication publique ». La communication publique concerne d’abord tant les institutions publiques que les organisations publiques2 dont les formes peuvent être variées. Ensuite, prise comme un processus organisé, elle regroupe toute les activités formelles qu’elles soient écrites ou orales indépendamment du support utilisé et pouvant toucher une seule personne, un groupe spécifique de personnes ou un ensemble non défini de destinataires. On compte ainsi autant de définition qu’il y’a d’auteurs ayant travaillé sur cette activité organisationnelle. En effet, la communication publique est définie par Pierre Zémor (2008) comme étant « la communication formelle qui tend à l’échange et au partage d’information d’utilité publique, ainsi qu’au maintien du lien social, et dont la responsabilité incombe à des institutions publiques ou à des organisations investies de missions d’intérêt collectif. »3 On retient de cette définition que les finalités de la communication publique sont les mêmes que celles des organismes publics (Bessières 2009)4, à savoir : informer, écouter, contribuer à assurer la relation sociale et accompagner les changements tant comportementaux que d’organisation sociale. Pour Martial Pasquier (2011)5, la communication publique peut être définie comme l’ensemble des activités d’institutions et d’organisations publiques visant à transmettre et à échanger des informations dans le but principal de présenter et d’expliquer 1 BOURE R., Quand les collectivités territoriales entrent en communication. CinémAction, n°63, mars 1992, pp. 169-174 2 Une institution est une structure politique établie ou régie par la loi et qui relève du droit public. Une organisation est définie comme étant un groupement de personnes d’une certaine ampleur ou non qui a le même objectif comme une association (elle peut être gouvernementale ou non-gouvernementale). 3 ZEMOR P., La communication publique. PUF, coll. Que sais-je ?, 2008, p 05. 4 Dominique Bessières, « La définition de la communication publique : des enjeux disciplinaires aux changements de paradigmes organisationnels », Communication et organisation [En ligne], 35 | 2009, mis en ligne le 01 décembre 2012, consulté le 04 décembre 2018. URL : http:// journals.openedition.org/communicationorganisation/686 ; DOI : 10.4000/ communicationorganisation.686 5 Martial Pasquier, la communication publique, De Boeck Supérieur, 14 oct. 2011 - 336 pages des décisions et des actions publiques, d’en promouvoir la légitimité, de défendre des valeurs reconnues et d’aider au maintien du lien social. Les définitions proposées, ci-dessus, prennent en compte le fait que la communication publique vise d’une part, à transmettre des informations en délivrant ou en mettant à disposition de manière claire et structurée toute donnée ou information utile pour toutes personnes concernées. D’autre part, la communication publique a comme objectif d’échanger de l’information dans le cadre de dialogues ou d’études permettant de mieux comprendre les attentes des personnes et leur niveau de connaissances et d’implication dans les décisions publiques. Par ailleurs, si la différence entre communication publique et communication privée (objectif majeur est d’attirer plus de clients) se manifeste clairement, elle n’est pas aussi importante que celle entre communication publique et celle politique, et ce, du fait que la frontière entre les deux est parfois ténue. Dans ce cadre, Pierre Zémor (2008, page 111) voit que la communication politique est sans conteste une communication publique, car, selon lui, un citoyen est, à la fois, récepteur de la communication publique en tant qu’utilisateur de services publics et interlocuteur du débat politique. Bernard Miège (1989), quant à lui, définit la communication publique comme différente de la communication politique, et ce, malgré l’étroite relation et les frontières floues qui existent entre la politique et l’institutionnel. Toujours dans le même sillage, Marial Pasquier (2011) estime qu’il est important de distinguer la communication des partis politiques et celle des institutions et organisations publiques, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, les institutions publiques sont, dans la plupart du temps, soumises à un cadre réglementaire auquel les partis politiques ne sont pas soumis. Ensuite, les objectifs et la liberté d’agir, notamment en matière de choix des messages, sont totalement différents pour un parti politique que pour un gouvernement ou une administration. Enfin, les institutions publiques veillent, en permanence, à éviter de servir des intérêts personnels et partisans susceptibles de fausser le jeu démocratique. C’est ainsi qu’on peut faire la distinction entre la communication attachée à la conquête du pouvoir, purement politique, et celle de l’exercice du pouvoir, qui aspire au caractère institutionnel. La communication publique, une multitude de fonctions À l’encontre de la communication des entreprises dont l’objectif majeur est de promouvoir un produit ou un service, la communication publique remplit souvent diverses fonctions. Ces dernières peuvent être classées en deux catégories (Pasquier, 2011, page 44), à savoir : les fonctions centrales et celles complémentaires. Pour ce qui est de la première catégorie, on distingue quatre fonctions principales qui découlent souvent d’une obligation légale attribuée à une institution ou à une organisation publique. D’abord, il y’a l’information du public ou des citoyens, considérée comme étant la fonction la plus importante dans une démocratie, qui a pour but d’assurer à ce que les débats et les décisions publiques soient transparents et connus de tous. L’exploitation et l’accompagnement de décisions viennent en deuxième lieu et visent à apporter des explications quant aux enjeux et à la portée des décisions prises et à accompagner celles-ci par des actions de communication. Troisièmement, les institutions et les organisations publiques doivent défendre et promouvoir des comportements responsables, en l’occurrence les droits de l’Homme, l’État de droit, les comportements de citoyens responsables, etc. Finalement, la communication publique permet d’assurer le dialogue entre les citoyens et les institutions publiques. À côté de ces fonctions susmentionnées, souvent inscrites dans des lois ou règlements, il existe d’autres comme la valorisation des activités d’une organisation, l’accueil et l’écoute des citoyens, la contribution au maintien du lien social, etc. Ces dernières sont qualifiées comme des fonctions complémentaires, et ce, non pas parce qu’elles seraient moins importantes en termes de communication, mais car elles ne figurent pas ou que de manière implicite dans les textes de loi. Les collectivités territoriales, acteurs principaux de la communication publique Un regard sur la communication des collectivités territoriales Si auparavant, la communication publique est attachée essentiellement à l’État et aux grandes institutions et organisations publiques, l’arrivée de la décentralisation (Lorant, 2005, page 10) a, dans une grande mesure, changé la donne. On assiste désormais à une nouvelle forme de communication dont l’objectif principal est de favoriser l’échange et le partage d’informations d’utilité publique, ainsi que le maintien du lien social sur un territoire bien déterminé. On parle ici de la communication des collectivités territoriales, connue sous diverses appellations (Awono, 2015), dont les plus courantes sont : la communication territoriale, la communication locale, la communication publique territoriale, la communication des collectivités locales, la communication municipale, l’information municipale, l’information locale, etc. Cette diversité terminologique est expliquée d’une part, par les spécificités structurelles de l’organisation territoriale d’un pays à l’autre, et d’autre part, par les variations de la conception épistémique de ce champ (Awono, 2015) Au fil des années et pour mieux prendre en compte les nouvelles problématiques sociétales, la communication des collectivités territoriales est devenue moins institutionnelle, en développant ainsi une relation plus ouverte avec les citoyens et en présentant la collectivité comme étant une marque confrontée à un marché concurrentiel (Doutrellot, Mabi et Moreau, 2012). Cette forme de consensus social, basé sur la proximité, a donné lieu au développement et à l’apparition de ce qu’on appelle aujourd’hui le « marketing territorial ». Dans ce cadre, les collectivités se trouvent désormais devant la nécessité de faire rayonner, à travers des actions de communication, le potentiel économique et culturel dont elles disposent, et ce, dans une logique de concurrence avec les autres territoires. La communication des collectivités territoriales face aux défis du numérique Le développement des technologies de l’information et de la communication a contribué, d’une façon ou d’une autre, à mettre en valeur l’image des collectivités territoriales et à modifier leurs postures vis-à-vis les citoyens. À cet effet, on peut dire que le numérique fait désormais partie intégrante des outils des collectivités territoriales dans la gestion de leurs missions de service public. Dans son ouvrage « communication publique », Marial Pasquier a précisé que l’utilisation des nouveaux médias dans le cadre des relations de l’administration avec les citoyens permet la mise à disposition d’information, et ce, afin de faciliter la participation des uploads/Management/ la-communication-des-collectivite-s-a-l-x27-e-re-nume-rique.pdf

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  • Publié le Dec 25, 2021
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