Université de Rouen UFR de Lettres et Sciences humaines Laboratoire UMR CNRS DY
Université de Rouen UFR de Lettres et Sciences humaines Laboratoire UMR CNRS DYALANG 6065 Ecole doctorale Savoirs, critique, expertises LA DIVERSITE A L’UNIVERSITE Analyse sociolinguistique de copies et de discours d’étudiants entrant à la faculté de Lettres et Sciences humaines de Rouen Volume 1 Clara MORTAMET Thèse doctorale nouveau régime Linguistique française dirigée par Claude CAITUCOLI novembre 2003 Composition du jury : Jacqueline Billiez, Université de Grenoble III Claude Caitucoli, Université de Rouen Régine Delamotte-Legrand, Université de Rouen Marie-Claude Penloup, Université de Rouen Claude Vargas, IUFM d’Aix-Marseille halshs-00008367, version 1 - 5 May 2006 Université de Rouen UFR de Lettres et Sciences humaines Laboratoire UMR CNRS DYALANG 6065 Ecole doctorale Savoirs, critique, expertises LA DIVERSITE A L’UNIVERSITE Analyse sociolinguistique de copies et de discours d’étudiants entrant à la faculté de Lettres et Sciences humaines de Rouen Volume 1 Clara MORTAMET Thèse doctorale nouveau régime Linguistique française dirigée par Claude CAITUCOLI novembre 2003 Composition du jury : Jacqueline Billiez, Université de Grenoble III Claude Caitucoli, Université de Rouen Régine Delamotte-Legrand, Université de Rouen Marie-Claude Penloup, Université de Rouen Claude Vargas, IUFM d’Aix-Marseille halshs-00008367, version 1 - 5 May 2006 Remerciements Je remercie mon directeur de recherche, Claude Caitucoli, pour l’attention qu’il a accordé à ce travail et pour la qualité de son encadrement. Je remercie le jury pour avoir accepté d’évaluer cette thèse de doctorat. Je remercie mes amis, ma famille, les résidents et visiteurs de l’IRED, les enseignants, chercheurs, doctorants et personnels du laboratoire DYALANG pour leur soutien et leurs conseils. Parmi eux, je remercie tout particulièrement Régine Delamotte-Legrand et Marie-Claude Penloup pour leur aide précieuse, ainsi que Babeth, Jérémy, Loïc, Marion, Myriam et Mehmet pour leurs lectures minutieuses. Merci aussi aux étudiants qui ont accepté de participer à cette enquête et aux enseignants du cours de remédiation en expression écrite. Je remercie enfin la Région Haute-Normandie qui a financé ce travail de recherche. halshs-00008367, version 1 - 5 May 2006 introduction générale Mutations Ces dernières années, les premiers cycles universitaires se sont trouvés confrontés à de nombreux échecs et abandons. Comme le souligne le rapport de l’O.C.D.E. de 19931, « on admet en somme les étudiants pour un tour de valse libre et souvent court ». Cette situation ne constitue pas seulement un problème institutionnel – l’enseignement supérieur n’est pas performant, il ne « produit » que peu de diplômés par rapport au nombre de candidats – mais plus largement un problème social. L’échec a un coût non seulement pour le système qui se trouve remis en question, mais aussi pour les étudiants qui quittent l’université sans diplôme, pour leurs familles qui ont investi dans les études de leurs enfants, et pour la société qui doit trouver les moyens de gérer, de réintégrer ces « exclus de l’université ». C’est ce coût que Romainville2 souligne : « On ne peut pourtant nier le gaspillage que ce système engendre. D’une certaine façon, une partie importante des crédits est consacrée aux prémisses d’une formation pour des étudiants… qui n’en connaîtront jamais la suite. Pour ces étudiants c’est l’expérience – parfois la première – d’un échec scolaire, avec toutes les répercussions négatives sur leur image d’apprenant. » Il va sans dire que cette situation est le résultat de politiques éducatives, mais c’est aussi la conséquence d’une situation économique qui offre moins de perspectives, demande une plus grande flexibilité des individus et des formations. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’un des éléments majeurs de ce que l’on peut appeler la crise de l’université. Les discours sur la crise sont nombreux : leurs auteurs focalisent leur attention sur différents points et avancent différentes solutions. Certains dénoncent les inégalités internes au système – Establet3 parle d’un « système à deux vitesses », d’une dévalorisation des facultés en termes de moyens et de prestige par rapport aux classes préparatoires, aux grandes écoles, et même aux instituts universitaires de technologie (IUT) – ; d’autres4 s’insurgent contre sa perte de qualité ou sur le fait que l’université « se secondarise ». Différents textes témoignent de ces interrogations et alimentent 1 Regards sur l’éducation : les indicateurs de l’O.C.D.E., Paris, p.105, cité par Romainville Marc, 1997, « Peut- on prédire la réussite d’une première année universitaire ? » dans Revue française de pédagogie, n°119, INRP, Paris, p.81. 2 Romainville Marc, ibidem. 3 Establet Roger, 1998, « Préface » dans Erlich Valérie, Les nouveaux étudiants, Armand Colin, Paris, p.12. 4 Voir par exemple le Rapport du Comité National d’Évaluation (CNE) de 1995 : CNE, 1985-1995 Évolution des Universités, dynamique de l'évaluation, La documentation française, Paris. Consultable sur le site internet suivant : http://garp.univ-bpclermont.fr/guilde/Reflexions/Superieur/CNE.html halshs-00008367, version 1 - 5 May 2006 Introduction générale 5 plus généralement le débat sur l’université (ARESER5, Snyders6, Félouzis7, ou plus récemment Renaut8). Un rapide aperçu de cette littérature révèle en outre que ce sentiment de crise n’est pas nouveau : en 1966, Antoine et Passeron9 parlaient déjà de crise de l’université. A l’occasion, nous reviendrons sur quelques-uns des arguments avancés dans cette littérature. Nous n’exposerons pas toutefois dans le détail les perspectives historiques, les diagnostics, les textes polémiques ou d’humeur qu’elle réunit. Pour le moment, nous voudrions simplement remarquer qu’en dehors des constats qu’ils établissent, ces discours révèlent une hétérogénéité des façons de penser l’université, et le fait que la crise de l’université se trouve être aussi une crise idéologique. Ce qui pose problème, c’est comme le souligne Zetlaoui10 de savoir quelle fonction l’université doit remplir : doit-elle diffuser des connaissances (garantir un niveau de culture générale de la société), permettre d’accéder à un emploi, former à la recherche, à l’enseignement, développer l’esprit critique et citoyen, émanciper les individus ? Mais la question est aussi celle des savoirs que l’université doit transmettre, et des liens qu’elle doit entretenir avec le reste de la société, avec les exigences du monde économique, avec les enjeux politiques et sociaux du moment. Nous ne reviendrons pas sur ces questions, qui mériteraient à elles seules une analyse de contenu conséquente, ni sur le fait que le sentiment d’une crise de l’université est certainement aussi vieux que l’université elle-même. Toutefois, il nous semble que ces discours traversent l’université, les pratiques et les représentations de ses acteurs. Ponctuellement, ils nous permettront ainsi de repérer sinon les raisons, du moins les enjeux de certaines pratiques. Par ailleurs, si tous les discours sur l’université n’adoptent pas le même point de vue, nous pouvons remarquer qu’ils ont en commun d’expliquer les difficultés actuelles de l’université par les récentes mutations de son recrutement. Cette explication se trouve illustrée par les concepts de massification et de démocratisation11, qui s’appuient sur deux lectures d’un même constat : les étudiants sont nombreux – d’où l’effet de masse, mais ils sont aussi plus nombreux qu’avant, parce que l’université est plus démocratique, qu’elle recrute des étudiants dans davantage de milieux socio-économiques. Dans les deux cas, on s’appuie sur l’explosion numérique 5 ARESER (Association de Réflexion sur les Enseignements Supérieurs et la Recherche), 1997, Une université en péril, Raisons d’agir, Paris. 6 Snyders Georges, 1993, Heureux à l’université, Nathan, Paris. 7 Felouzis Georges, 1997, « Les étudiants et la sélection universitaire » dans Revue française de pédagogie, n°119, INRP, Paris, p.91-92. 8 Renaut Alain, 2002, Que faire des universités ?, Bayard, Paris. 9 Antoine Gérald, Passeron Jean-Claude, 1966, La réforme de l’université, Calmann-Lévy, Paris. 10 Zetlaoui Jodelle (1999, L’universitaire et ses métiers, L’Harmattan, Paris, p.24) écrit en effet que « ce qui semble perturber les universitaires dans l’exercice de leur métier, tient justement dans cette multiplication des fonctions et dans la capacité que peut avoir l’Université à les assumer simultanément ». halshs-00008367, version 1 - 5 May 2006 Introduction générale 6 des recrutements universitaires : si l’on considère l’ensemble de l’enseignement supérieur, il y avait en effet 30 000 étudiants en 1900, 309 700 en 1960-1961, 1,17 million en 1980-1981 et 2,13 millions en 1997-1998 (dont 1,42 million dans les universités12). Il nous a semblé intéressant de partir de ces notions de massification et de démocratisation, d’abord parce qu’elles résument bien les faits les plus marquants de la récente évolution de l’université, ensuite parce que même si elles sont parfois utilisées l’une pour l’autre13, elles incarnent deux lectures un peu différentes de la situation. Le premier terme renvoie au constat d’une population étudiante nombreuse, le second aux récentes mutations subies par cette population, et en particulier à l’évolution sociologique de son recrutement. Ces deux termes ont donc pour point commun de décrire une situation à partir de données statistiques. Mais il nous semble que cette objectivité n’est qu’apparente. Avec la massification, c’est la croissance des effectifs qui est considérée comme problématique : elle provoque des effets de « masse », où il ne s’instaure plus un dialogue entre le professeur et l’étudiant, mais un monologue du maître vers son amphithéâtre surchargé. Comme le souligne Erlich14, la massification entraîne pour certains auteurs la précarisation des étudiants et la dévaluation des diplômes universitaires. Le terme est d’ailleurs péjoratif, et semble indiquer que l’étudiant a perdu son individualité pour devenir l’élément d’un ensemble uploads/Litterature/ these-mortamet-clara-tome-1 1 .pdf
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- Publié le Mar 18, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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