Thérèse Raquin (Explication n° 1) → P 20-23 (« Le soir […] malade et gâté ») Pr
Thérèse Raquin (Explication n° 1) → P 20-23 (« Le soir […] malade et gâté ») Présentation : Incipit du roman Thérèse Raquin de Zola. Cet extrait du chapitre I est plutôt de type descriptif. L’auteur situe l’action à Paris au « passage du Pont-Neuf ». Focalisation omnisciente (ou focalisation zéro) = tout est vu par l’auteur. Ici Zola nous présente le quartier et la boutique et les principaux personnages. Ier axe : Les caractéristiques du décor : Zola insiste sur l’aspect inquiétant du lieu : Importance de l’obscurité : le décor est décrit « le soir » (début du paragraphe), « grandes ombres », « vaguement éclairée », « ombre » Rôle des termes connotant la peur, la répulsion : « aspect sinistre d’un véritable coupe-gorge » Gradation avec l’idée de mort : « on dirait une galerie souterraine », « lampes funéraires » Humidité : « des souffles humides viennent de la rue » (p.20), « les boiseries d’un vert bouteille suaient l’humidité » (p.21) → Ce décor a déjà tous les aspects d’un tombeau et nous met mal à l’aise. Puis l’auteur se focalise sur la boutique où nous découvrirons les principaux personnages. L’enseigne annonçant la boutique est à l’image de celle-ci : - étroite : « faite d’une planche étroite » - noire : « en lettres noires » → semble annoncer qqch de sombre - Porte le nom « Thérèse Raquin » en « caractères rouges » → on attendrait « Veuve Raquin ». Mais en reprenant le nom du personnage éponyme et en l’associant au rouge → met l’accent sur l’héroïne et son caractère passionné. IIè axe : Un travail de peintre : Zola était ami des peintres impressionnistes et il cherche à rivaliser avec eux. Ce texte comporte trois tableaux : ce sont des « clairs obscurs ». Le premier tableau (premier paragraphe) = scène extérieure la nuit. Plusieurs personnages sont esquissés en quelques touches : « les marchands », « les passants ». Ils ne sont pas peints avec plus de précision que « les devantures » ou « les vitres » → comparables à des touches sur un tableau impressionniste. « un cartonnier » → contour imprécis (comme les personnages des tableaux impressionnistes) Puis évocation de la boutique en deux tableaux : le jour / la nuit → rappelle les « séries » de Monet sur la cathédrale de Rouen : le même motif est peint à des heures différentes de la journée. : → deuxième tableau : la boutique le jour (« Pendant le jour, le regard ») : importance du champ lexical des couleurs (« jauni et fripé » (p.21), « blanc éclatant », « papier bleu », « laine verte » → cependant ces quelques couleurs restituent une boutique peu resplendissante. Quant à Thérèse Raquin, la jeune femme, elle est décrite comme un portrait immobile : « profil pâle et grave de jeune femme » (son nom n’est pas précisé) → aspect passif. Quelques couleurs la définissent : « profil pâle », « œil noir », « chevelure sombre » → couleurs juxtaposant les contraires (« pâle » = mauvaise santé / « noir, sombre » = → troisième tableau : la boutique le soir (« Le soir lorsque la lampe était allumée ») : seule couleur signalée : « cartons verts » → cette couleur aura par la suite une importance symbolique (Camille verdâtre à la morgue). Absence d’autres couleurs (« ne traînaient pas […] avec leur joyeux tapage de couleurs » → au contraire, la description met l’accent sur l’absence de gaieté du lieu. IIIe axe : les personnages : (les actants) Quatre personnages prennent place dans ce triste décor. Mais ils ne sont que suggérés pour l’instant : - « La jeune femme au profil grave » → ce sera Thérèse Raquin - « une vieille dame […] environ 60 ans » → Madame Raquin, mercière et belle-mère de Thérèse → mais l’auteur ne le dit pas pour l’instant. - « un gros chat tigré, accroupi » → ce chat jouera un rôle important dans l’histoire. Mais ici, seul le mot « tigré » suggère un aspect menaçant. - « Plus bas, un homme » → La position physique de ce dernier symbolise son infériorité ( = Camille), et il s’oppose en tous points à Thérèse par son aspect physique : elle est brune, tandis qu’il est d’un « blond » fade, il est languissant et chétif tandis qu’elle paraît nerveuse. Tout, en lui traduit la faiblesse et aboutit à la comparaison avec « un enfant malade ». Conclusion : Ce début de roman insiste sur la description des lieux où se déroulera l’action et suggère une impression de malaise chez le lecteur. Influence des impressionnistes dans l’écriture de Zola qui cherche à recréer plusieurs tableaux. Quant aux personnages, ils ne sont qu’esquissés. Explication 2 chap V (p 41-42) Le chapitre V introduit le dernier protagoniste du drame, Laurent, qui va devenir l’amant de Thérèse et son complice dans l’assassinat de Camille. L’ironie du sort veut que ce soit Camille lui-même qui l’introduise chez lui et le présente à sa femme. Les premiers regards de celle-ci pour Laurent laissent prévoir quelle sera leur relation future. Ier axe : Présentation de Laurent par Camille - Circonstances : Le jour (un jeudi) est différent des autres, puisque c’est celui des « réceptions du jeudi », où Madame Raquin reçoit quatre personnes (Michaud, son fils Olivier et sa femme, et un collègue de Camille, Grivet). - Thérèse déteste ces soirées, mais elles plaisent à Camille, ce qui explique qu’il apparaît ici moins passif que précédemment. La présentation qu’il fait de Laurent = dialogue au style direct, où la plupart des répliques sont prononcées par Camille. Ce dernier est tout énervé par cette rencontre qui l’enchante : quatre des cinq répliques au style direct sont des paroles de Camille → traduisent un enthousiasme puéril. - Il répète quatre fois le prénom de « Laurent » - qui apparaît neuf fois dans le texte, comme s’il était tout heureux de sa découverte. Deux fois, Camille le désigne par des expressions: « ce monsieur-là », « ce farceur-là », complicité exprimée également par « un geste familier » → traduit une camaraderie complice - Ses exclamations, ses questions, ses répétitions → enthousiasme : la deuxième réplique de Camille rappelle leur enfance à Vernon, la suivante les circonstances de leurs retrouvailles, qui, quoique banales, émerveillent Camille, et la réplique suivante est un résumé de l’évolution de Laurent depuis que Camille et lui se sont perdus de vue. - Vive admiration pour Laurent : révélée par l’anaphore de « Laurent », l’expression de son admiration pour les « champs de blé » de son père, mais surtout l’éloge de la santé, des études et de la carrière de Laurent : « Lui, il se porte bien » (on sait que Camille se porte mal) « il a étudié » (Camille n’a reçu qu’un enseignement élémentaire). « Il gagne déjà 1.500 francs » (on sait au chapitre III que Camille gagne 100 francs par mois, ce qui représente 1.200 francs par an, alors qu’il est entré aux chemins de fer d’Orléans depuis trois ans). La mention des études de droit et de la peinture en font un homme supérieur, instruit et auréolé du prestige des artistes. Une ébauche mal dégrossie de ce qui pourrait séduire une jeune fille romanesque nourrie de lectures romantiques, mais dont le prestige ne touche pas Thérèse, « placide ». - En fait il saisit l’occasion de se donner de l’importance, pour compenser sa médiocrité. Zola, écrivain réaliste, analyse finement le mécanisme de cette compensation : pour Camille, exhiber Laurent chez lui = moyen de faire sensation, ce qui explique sa volubilité. En faisant admirer Laurent, il montre aussi que celui-ci le traite en égal ; la remarque « C’est si vaste, si important, cette administration ! [...] tout fier d’être l’humble rouage d’une grosse machine. » fait bien voir cette volonté de faire rejaillir sur lui un peu du prestige qu’il prodigue à Laurent : comme lui, celui-ci est employé à la gare Orléans, et le compte-rendu de leur rencontre est et l’occasion de souligner l’importance du travail de Camille « vaste » explique pourquoi ils ne se sont pas rencontrés plutôt, mais traduit aussi, comme « important » la fierté naïve de Camille. - D’ailleurs, le « grand gaillard » réagit fort peu à toute cette agitation ; il contraste par son calme : « Il souriait paisiblement », « répondait d’une voix claire », avec des « regards calmes et aisés ». Il répond « carrément », c’est-à-dire avec simplicité. Les autres protagonistes, pendant que Camille parle, sont indifférents, y compris Thérèse, dont le l’air placide est indiqué au début. Quant à Madame Raquin, premier symptôme du vieillissement qui aboutira à la déchéance finale, où elle ne sera plus capable que de voir et d’entendre, elle réagit par des banalités : « singulièrement grandi », entraînant un uploads/Litterature/ sequence-2-therese-raquin.pdf
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- Publié le Jui 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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