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Digitized by the Internet Archive in 2010 witin funding from University of Ottawa littp://www.archive.org/details/livredamourOOsain G. A. SAINTE-BEUVE de l'Académie Française Lwre dAmour PRÉFACE JULES TROUBAT Amor ck'a nullo amato amar perdona. Dante. Si faut-il une fois brûler d'un feu durable. La FosTAiME, Élégies, II. PARIS A. DUREL, LIBRAIRE 21, RUE DE l'ancienne-comédie, 21 9 ET II, PASS.VGE DU COMMERCE (vi") Décembre igoi Livre d'Amour JUSTIFICATION DU TIRAGE 45o exemplaires pelil in-S" numérolés à la [)resse (i à '400) sur beau papier vélin d'Arches, fabriqué spécialemcul pour celle édition. 5o exemplaires in-8° numérotés à la presse il à L), texte ré- imposé, sur papier du Japon à la forme. Plus quelques exemplaires destinés à être oiferls. N° 104 G. A. SAINTE-BEL VE de l'Académie Française Lwre dAmour PRÉFACE JULES TROUBAT Amor ch'n nullo amalo amar perdona. Dante. Si faui-il une fois brûler d'un feu durable. La Fontaine, Élégies, II. PARIS A. DUREL, LIBRAIRE 21, RUE DE l'ancienne-comédie, 21 q ET II, P .\ S S \ G E DU COMMERCE ( V l') Décembre U)o4 ^^.^ 516827 PREFACE M. Alfred Asseline a raconté qu'à la suite d'une longue conversation, où ils n'avaient échangé que de la tristesse, M™* Victor Hugo lui avait dit, dans son salon, ce soir-là solitaire, de Guernesey : « Tu m'écriras ce beau vers que tu citais tout à l'heure... » M. Asseline le rappelle à la suite : Le Temps, vieillard divin, honore et blanchit tout'. C'est le dernier vers d'un des plus beaux sonnets qui composent ce volume. — Il devrait être l'épigraphe de tout le Recueil. Ce Livre d'Amour est assimilable à de la mu- I. Alfred Asseliine, \'icior Hugo intime..., p. 285, Paris, Marpon et Flammarion, i885. VI PRÉFACE. sique de cliainbre. Il faut aimer Ijeaucoiip la Poésie proprement dite pour prendre plaisir à le lire et se laisser, pour ainsi dire, envelop])er et pénétrer par elle. Ceux qui n'y chercheraient que la satisfaction d'une curiosité malsaine et badaude seraient encore plus déçus. 11 complète le Recueil des Poésies de Sainte- Beuve, et c'est à ce titre que nous le publions, tel qu'une première édition, à un nombre res- treint d'exemplaires, en avait paru en i843. L'heure de la postérité a sonné pour ces der- niers vers, sans qu'il y soit besoin, désormais, de plus de mystère. On n'en parlera plus à mots couverts, et c'est ce que l'auteui- avait prévu lui-même, quand il dictait la note suivante à son secrétaire : Ce sont ici des vers d'amour composés autre- fois, en ce temps où l'on avait le bonheur de la jeu- nesse, des vrais plaisirs et des vrais tourments. On s'est décidé à en assurer l'existence, parce qu'ils ont été faits, de l'aveu des deux êtres intéressés, pour consacrer le souvenir de leur lien. Ils portent avec eux, d'ailleurs, leur explication plus que sufiisante, et n'en soufTrent pas d'autre ici. PRÉFACE. vu Fruit rare et mystérieux de plusieurs années d'étude, de contrainte et de tendresse, ils se ressen- tent par moments de ce manque de grand air et de soleil ; ils ont sans doute des parties difficiles et obscures; mais ils y gagnent du moins pour la vérité, la sincérité. Ceux qui, tôt ou tard, y jetteront les yeux pourront y remarquer un mélange et comme un conflit de deux inspirations que le poète n'a pas fondues sans doute autant qu'il aurait fallu. L'amour antique, fatal, violent, y perce et revient déjouer par accès l'amour chrétien, mystique, idéal, qui se flattait de régner. Cette contradiction et ce combat étaient une partie de l'orage même que le poète agitait en son cœur et qu'il s'est borné à tâcher d'ex- primer. S'il lui était permis de s'expliquer par ses ^j^ro- pres exemples, il dirait que la manière de Joseph Delorme revient ici traverser et troubler celle des Consolations, qu'il y a mélange, hélas ! et obscur- cissement. On trouvera peut-être qu'il y a chute. Du moins, encore une fois, la poésie en est sincère, et l'àme a coulé par la blessure. Le temps apaise bien des choses. L'auteur avait déjà fait entrer un certain nombre de ces pièces dans l'édition de ses VIII PRÉFACE. Poésies en deux volumes qui parurent, en i863, chez Michel Lévy, et qui ont fait partie, depuis, dune façon définitive, de la Collection elzé- virienne d'Alphonse Lemerre, avec Notice par M. Anatole France. Il ne semble nullement malséant aujourd'hui, du moins à l'éditeur responsable, de reproduire ce Livre d'Amour dans son intégrité première, et c'est même la meilleure réponse à faire aux appréciations malveillantes et de parti pris, portées sur une publication discrète, « faite, de l'aveu des deux êtres intéressés, pour consacrer le souvenir de leur lien ». 11 ne s'agissait que « d'assurer l'existence » d'un « fruit rare et mystérieux de plusieurs années d'étude... » C'est mal connaître l'homme de lettres en général, et le poète en particulier, que de sup- poser qu'une œuvre de recueillement comme celle-là eût pu être et rester à tout jamais en- terrée toute vive. L'injure est facile, surtout aux espèces dénigrantes. Ce qui l'est moins, c'est de donner l'expression délicate à ce mal d'amour et de jDoésie, qui « a coulé par la blessure ». PRÉFACE. IX Sans doute, il n'y a pas de poésie en l'air. Lame etBéatrix ne sont pas de vaines chimères. Sainte-Beuve serait plus grand qu'Homère, Pétrarque et Dante, si la passion exprimée ici n'avait été que de pure fiction. Aucun critique, digne de ce nom, n'oserait le soutenir, et c'est la critique elle-même qui signerait son abdi- cation. JULES TROUBAT. P. -S. — On a joint à cette édition les notes autographes de l'auteur, qui se trouvent sur l'exemplaire de la Bibliothèque nationale, relié avec les Poésies complètes de Sainte-Beuve^ (Paris, Charpentier, i84o), et donné par M. Paul Chéron, de ladite Bibliothèque. Le donateur le tenait de Sainte-Beuve, qui avait joint à ce legs partiel, fait à un ami, deux cassettes, pleines de lettres. I. Sainte-Beuve avait écrit sur la feuille de garde de l'exemplaire de ses Poésies complètes, auquel il avait joint le Livre d'Amour : Lege atque tace, et Jidei tuse commissum secreto in posterum serva. — Il n'y a pas de mystères pour la postérité, qui les évente tous. b X PRI%FACE, On publierait un mémoire curieux et piquant avec l'histoire des lettres revendiquées à la mort de Sainte Bcuvo. Tout s'arrangea à l'amiable avec la princesse Mathilde, grâce au bon concours de Gustave Flaubert, qui inter- vint pour la défense du légataire universel de Sainte-Beuve, et aussi au choix que celui-ci avait fait d'un bon avoué. M*" Cheramy. Les lettres, léguées à Chéron, furent distraites de la succession, comme n'en intéressant ni l'actif ni le passif, et remises à leur destina- taire, dont le nom était écrit sur les cassettes, dans le cabinet de M. Benoît-Ghampy, au Palais de Justice, à la suite d'un référé, rendu par ce magistrat. On a su, depuis, quelles avaient été brûlées, en petit comité, après la mort du bibliothécaire conservateur, sous l'œil du docteur Chéron, fils, décédé lui-même, qui crut devoir en faire ce sacrifice. Un dernier mol pour ne rien laisser dans l'ombre. — Cette préface était écrite avant la publication, par la Revue de Paris, du i" juil- let 1904, de Lettres à une jeune fille, où Sainte- PRÉFACE. Beuve, répondant à une question qui lui a fait dire ailleurs : Moi je chantais pour être aimé ! ' écrivait le 28 janvier i858 : « J'ai des vers bien anciens et non publiés, non publiables... Gomme cela ne s'adresse ni à une Iris en l'air, ni à une nuageuse Elvire, mais à un être fort réel et fort existant, cela n'est pas publiable et ne le sera peut-être jamais convenablement. Celui qui exécutera après moi mes volontés sera juge souverain, dans sa délicatesse. » Sans le vouloir (on peut nous en croire), nous avons parlé aussi, plus haut, de poésie en l'air, et nous ne pouvons l'attribuer qu'à une réminis- cence d'idée et de style, qui nous est revenue à notre insu. Comme le secrétaire de Montaigne en voyage, nous imitons le maître avec lequel nous avons si longtemps vécu et respiré le même air. Notre détermination de publier le Livre d'Amour était déjà prise aussi, avant de connaître la latitude que Sainte-Beuve laisse ici à celui qui exécutera ses volontés après lui, et nous l'avons trouvée corroborée dans un XII PRÉFACE. témoignage antérieur, révélé et mis au jour par M. Léon Séché dans la Revue des Deux Mondes, et qu'invoquera tout à l'heure, dans une note qu'on va lire, l'excellent éditeur de la présenlc publication du Livre d'Amour. J. ï. Je ne publierais pas le Livre d'Amour, si je supposais qu'en le publiant je vais à l'encontre des désirs de Sainte-Beuve. On a dit que lorsque le livre fut imprimé en 1843, (( quatre ou cinq exemplaires, distribués sous le manteau, furent aussitôt retirés par leur auteur», qui «fit détruire tous les exemplaires du Livre d'Amour, sauf un annoté par lui uploads/Litterature/ sainte-beuve-livre-d-x27-amour-1904.pdf
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- Publié le Mai 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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