Annales littéraires de l'Université de Besançon Salve lucrum ou L'expression de
Annales littéraires de l'Université de Besançon Salve lucrum ou L'expression de la richesse et de la pauvreté chez Plaute Monique Crampon Citer ce document / Cite this document : Crampon Monique. Salve lucrum ou L'expression de la richesse et de la pauvreté chez Plaute. Besançon : Université de Franche-Comté, 1985. pp. 5-371. (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 319); doi : https://doi.org/10.3406/ista.1985.2592 https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1985_mon_319_1 Fichier pdf généré le 22/10/2018 CENTRE DE RECHERCHES D'HISTOIRE ANCIENNE Volume 63 Monique CRAMPON SALVE LUCRUM OU L'expression de la richesse et de la pauvreté chez Plaute Annales Littéraires de l'Université de Besançon, 319 Les Belles Lettres, 95, boulevard Raspail - 75006 PARIS 1985 Maison de Siricus Vestibule . Salve lucrum AVANT-PROPOS I Les objectifs Noua avons voulu étudier le vocabulaire de la richesse et de la pauvreté tel qu'il se présente dans le corpus le plus ancien de la langue latine qui ait une certaine ampleur , c'est-à-dire dans les comédies de Plau- te. Notre démarche est à la fois limitée et ambitieuse. Limitée parce que nous nous attachons constamment au corpus annoncé , seuls extrapoler c'est- à- dire que nous nous interdisons de recourir aux textes postérieurs. Ce faisant , nous éliminons de notre recherche l'aspect diachroaique pour réserver toute notre attention au corpus considéré. Mais notre démarche est ambitieuse en ce qui concerne la méthode. En effet, cette étude synchroni- que est menée selon des critères scientifiquement reconnus, ceux de la décomposition sémique , comme l'explique en détail notre introduction méthodologique. Quels sont les avantages et les inconvénients de notre choix ? Il nous semble que le recours à un corpus limité évite les dispersions et entraîne une plus grande rigueur scientifique. Nous verrons par ailleurs que dans ce corpus se trouvent examinés tous les emplois et pas seulement ceux qui seraient jugés les plus significatifs , de sorte que l'étude est menée à partir d'un nombre non négligeable de données. Quant à la méthode de décomposition de la signification en éléments minimaux, elle découle , à notre avis , du premier choix opéré : puisque le corpus est délimité de façon très nette , les emplois sont en situation , c'est- à-dire entourés d'un contexte donné , par conséquent la signification précise de chacun de ses emplois peut être dégagée de façon assez exacte, en fonction de cet environnement et non en relation avec d'autres éléments comme l'étymologie par exemple (1). Une telle recherche qui se limite à un corpus donné présente donc l'avantage d'aboutir à des faits de langue très précis mais comporte aussi l'inconvénient de ne pas déboucher sur une étude diachronique qui serait ici l'évolution d'emploi des vocables en question. Cette étude d'histoire des mots serait possible à l'issue de divers travaux dont chacun proposerait de semblables coupes dans d'autres corpus postérieurs, échelonnés dans le temps. Notre propos est donc d'étudier les divers termes de richesse et de pauvreté tels qu'ils apparaissent dans les comédies de Plaute. Nous les avons répertoriés et nous avons analysé leur signification en essayant de mettre l'accent sur les écarts de sens que présentent des termes par ailleurs voisins tels quo diues et opulentus , ou egens et inops. Mais nous avons vite constaté que les notions de richesse et de pauvreté pouvaient aussi être exprimées par des vocables qui ne sont pas spécialisés dans ce domaine , ainsi par le biais de litotes ou d'images. Il nous a semblé fâcheux de laisser de côté ces faits de langue particulièrement évocateurs de la manière dont on se représentait à l'époque le riche et le pauvre. D'autant plus que dans la série des images des éléments auss importants que le thème de l'éclat ou celui de la plénitude se retrouvent dans la signification intrinsèque de certains mots appartenant au champ de la richesse comme luculentus ou beatus. Suit donc la d«>· -:ription propremen lexicale des termes en situation une étude qui pourrait être qualifiée de stylistique puisqu'elle examine les emplois imagés de ces divers vocables notamment dans les expressions antithétiques. Ainsi notre premier objectif, l'examen d'un vocabulaire précis , devient , grâce au style de l'auteur , l'étude d'une réalité plus vaste , l'expression de la possession chez Plaute. Avec la désignation du riche et du pauvre , les liens qui existent entre le riche et son bien font partie intégrante de notre sujet. Or l'étude approfondie de ces rapports entre le possesseur et le bien possédé, étude constamment menée par des moyens strictement linguistiques, permet de mettre en lumière l'étroitesse du lien tissé entre l'homme et son bien dans le corpus plautinien. Le bien possédé est en effet considéré par son possesseur comme un être cher , un ami , voire une partie de lui-même ... C'est cette assimilation progressive entre l'homme et son avoir ( qui devient alors son être ) qui permet de comprendre l'amour du bien tel qu'il apparaît dans le théâtre de Plaute et que nous avons voulu souligner en choisissant comme titre une expression qui n'est pas plautinienne mais qui correspond à l'état d'esprit sous- tendu par les données linguistiques de notre corpus , SALVE LVCRVM , inscription remarquée sur le seuil d'une des maisons de Pompéi (2) . - 9 - Cet appétit de possession et cet amour du bien possédé peuvent-ils être interprétés en relation avec le contexte socio-économique de l'époque? Il convient ici de se poser plusieurs questions relatives au genre théâtral que nous avons choisi d'examiner et touchant aux conditions dans lesquelles est née la palliata à Rome. En effet , le discours théâtral en général ne saurait être qualifié de réaliste au m6*me titre qu'un plaidoyer par exemple. Le langage théâtral correspond, on le sait , au moins à trois fonctions , la représentation des réalités, l'expression du personnage qui parle et la communication puisqu'il s'adresse à un interlocuteur , sans compter ce que l'auteur dit directement aux spectateurs. Une telle complexité rend donc difficile l'évaluation du réalisme dans le discours plautinien , d'autant plus que ce discours est comique , c'est-à-dire avant tout destiné à faire rire le public en lui montrant éventuellement le contraire de la réalité (3) · De plus , Plaute s'est inspiré de modèles grecs aujourd'hui perdus et il est pratiquement impossible de distinguer ce qui est proprement plautinien de ce qui est le reflet du donné grec. Dans ces conditions , il s'avère totalement illusoire de fournir une interprétation d'ensemble aux faits linguistiques et stylistiques qui se trouvent dégagés. Contrairement aux études portant sur des textes réalistes, qui peuvent être confrontés avec des documents contemporains (k) , nous ne pouvons ici que formuler de prudentes affirmations qui restent au niveau des généralités. Il est possible ainsi que cet appétit de possession qui s'exprime dans la palliata corresponde à la période d'enrichissement de Home consécutive aux conquêtes (5) · Mais nous ne pouvons aller plus loin dans notre investigation car ce désir profond du bien qui devient l'être même du possesseur pourrait aussi être un phénomène universel et nous touchons alors le domaine de l'anthropologie. - 10 - II Etat de la question II faut maintenant situer notre étude parmi les travaux qui se sont donné pour tâche d'examiner des sujets proches de celui de la possession chez les auteurs latins de l'époque républicaine. Nous relevons d'abord des études un peu anciennes , ainsi une dissertation de W. Meyer : Laudes Inopiae , Diss. Gottingen , 1915 ,8^ p., ou des articles assez rapides , comme celui de V.d'Agostino : Sul concet- to di povertà e di richezza negli scrittori antichi , Rivista di Studi Classici, Τ V, 1957, p. 236-2V7 , ou encore des travaux assez ambitieux et traitant d'une manière un peu superficielle de très vastes problèmes, comme l'ouvrage de P.Shaner Dunkin : Post aristophanic comedy, Studies in the social outlook of middle and new comedy at both Athens and Rome, Urbana , The University of Illinois Press, 192 p. Si nous considérons maintenant les études plus récentes traitant de l'expression des problèmes sociaux sous la République , nous devons mentionner avant tout l'ouvrage de J. Hellegouarc'h : Le Vocabulaire Latin des relations et des partis politiques sous la République (Paris Les Belles-Lettres , 1972 ) . Dans cette étude très documentée et dont le sujet par son ampleur dépasse notre champ d'investigation réduit à la richesse et à la pauvreté , nous rencontrons de nombreux termes classés dans le vocabulaire social et politique mais qui font également partie du lexique de la possession ainsi diues et diuitiae , opulentus, locupletee , pauperes ... Cela n'est d'ailleurs pas surprenant puisque chez les Anciens richesse et puissance politique ont partie liée , notamment à cause de la gratuité des magistratures (6). Toutefois , la démarche de J. Hellegouarc'h est assez différente de la nôtre puisque son propos est de situer tous ces termes dans un contexte politique donné , celui de la République et notamment celui de l'époque cicéronienne. En 1968 , une thèse de Doctorat d'Université a été soutenue à la Faculté des Lettres de Strasbourg par P. uploads/Litterature/ richesse-pauvrete-dans-l-x27-oeuvre-de-plaute.pdf
Documents similaires










-
62
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 10, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 16.0772MB