TABLE DES MATIERES Mirosław Loba, Le corps de Roland Barthes ..................
TABLE DES MATIERES Mirosław Loba, Le corps de Roland Barthes ............................................................................... 3 Barbara Kornacka, Sulla simbiosi spazio-corporea ali 'esempio di "Treno di panna " e "Tecniche di seduzione" di Andrea De Carlo........................................................................................ 13 Rosales Rodríguez Aman, Literatura y realidad histórica. Un reencuentro con Ezequiel Martí nez Estrada y-su interpretación del "MartínFierro" ........................................................... 27 Leonor Sagermann Bustinza, La obra de Ricardo Palma ante su época: ¿crónicay/o testimonio? 43 Iwona Kasperska, Las cartas y diarios de Guatemala de Andrzej Bobkowski como ejemplos de traducción intercultural. Propuesta de un nuevo enfoque traductológico ............................... 55 Gianluca Olcese, Le tradizioni come identità: la Baio di Sampeyre ............................................ 69 Agnieszka Firlej, La letteratura "pulp" ossia "Giovani cannibali", il "Neonoir", la "Scuoladei DurV'o il "Gruppo 13 " ? Le polemiche sui confini del nuovo genere letterario ................... 85 Alfons Gregori i Gomis, Simpatías por el Mal: El discurso persuasivo en "Sympathyfor the Devii "de los Rolling Stones y "Jesucristo García" de Extremoduro .................................... 99 Paulina Malicka, La questione del dono nella poesia di Eugenio Montale .................................. 117 STUDIA ROMANICA POSNANIENSIA UAM Vol. 37/1 Poznań 2010 MIROSŁAW LOBA Université Adam Mickiewicz, Poznań LE CORPS DE ROLAND BARTHES Abstract. Loba Mirosław, Le corps de Roland Barthes [Roland Barthes Body], Studia Romanica Posna niensia, Adam Mickiewicz University Press, Poznań, vol. XXXVII/1: 2010, pp. 311. ISBN 97883232 21456. ISSN 01372475. DOI 10.2478/v1012301000017. The aim of this paper is to present the relationship between body and linguistic and literary signs in the work of Roland Barthes. The main problem is Roland Barthes thinking on semiotic representation of the body as an ambivalent process of selfconstruction and alienation. Envisager les rapports entre le corps et le signe dans la pensée de Roland Barthes, c’est ouvrir d’emblée deux perspectives : la première qui se réfère à la réfl exion sur le corps et sa représentation sémiotique en général, la seconde qui porte sur l’expérience du corps à travers les signes et les images. Vu l’ampleur du problème je me limiterai à la deuxième approche. Mais en fait, estil possible de les séparer défi nitivement ? Les deux réfl exions ne se rencontrentelles pas inévitablement et ne s’éclairentelles pas réciproquement ? C’est ainsi que le lecteur est invité à lire Roland Barthes par Roland Barthes : « On ne trouvera donc ici, mêlées au roman familial, que les fulgurations d’une préhistoire du corps qui s’achemine vers le travail, la jouissance d’écriture » (Barthes, 1975, p. 6). En abordant l’œuvre et la vie de Roland Barthes tout porte à croire que l’écrivain est celui à qui le corps fait problème. L’expérience juvénile du corps malade l’avait tellement marqué qu’il y revient constamment dans ses écrits postérieurs. La tuber culose qui l’avait frappé dans sa jeunesse lui a fait voir que le corps était le lieu où prennent naissance des discours qui dénaturaient le vécu, que le destin du corps était inévitablement sémiotique et que le sentiment d’avoir un corps n’avait rien de naturel. Comme le dit Ivan Almeida : Toute entrée dans le monde des signes implique un assujettissement aux fi ctions de la représen tation institutionnelle, à commencer par celle du langage, qui ne peut pas nommer sans classi fi er et différer (Almeida, 1983, p. 11). Á la mise en scène fragmentaire de sa vie, Barthes donnera un commentaire inscrit sur la couverture du livre : « Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage M. Loba 4 de roman » (Barthes, 1975). À partir de cette découverte de l’aliénation corporelle, de l’inadéquation du corps et de ses représentations, l’existence sémiotique se fait un thème majeur des recherches et des écrits barthésiens. Il y revient de façon plus ou moins voilée dans chacun de ses livres. Suite à la maladie Barthes comprend que la représentation institutionnelle du corps non seulement ne permet pas d’y accéder directement, mais elle devient également un moyen d’exclusion. Les symptômes corporels perdent de leur opacité une fois entrés dans l’évidence des signes et des images de l’institution hospitalière, une fois pris en charge par le discours médical, bref par le langage. Son livre Roland Barthes par Roland Barthes se termine par une sorte d’aveu d’échec : “Écrire le corps. Ni la peau, ni les muscles, ni les os, ni les nerfs, mais le reste: un ça balourd, fibreux, pelucheux, effiloché, la houppelande d’un clown” (Barthes, 1975, p. 182). Or le corps transposé en image ou représenté dans le texte, le corps transfiguré en signe demeure, un ça, une pulsion au sens freudien, une énergie dont les manifestations sont loin de saisir le secret de sa force. Le ça est toujours mal représenté, il est atteint d’un malaise de la représentation ratée. L’interrogation qui obsède tout le travail barthésien est cette inadéquation entre le corps et sa figuration : Ne croyant pas à la séparation de l’affect et du signe, de l’émotion et de son théâtre, il ne pouvait exprimer une admiration, une indignation, un amour, par peur de le signifier mal. Aussi, plus il était ému, plus il était terne. Sa « sérénité » n’était que la contrainte d’un acteur qui n’ose entrer en scène par crainte de trop mal jouer (Barthes, 1975, p. 180). Quel corps ? Nous en avons plusieurs. La figuration opaque de la chair, voire la représentation sémiotique du corps, po sent pour Barthes le problème de l’authenticité de l’expérience de son propre corps, de son unicité. S’il répète souvent que l’individu a plusieurs corps qui sont avant tout l’effet de la force classificatoire du langage, il n’arrête pas de croire à l’individualité de son corps, et il est presque prêt à adhérer avec étonnement à l’exaltation chrétienne de l’individu et le caractère irréductible de son corps : C’est précisément, sans doute, que je n’ai pas le même corps qu’eux; mon corps ne peut pas se faire à la généralité, à la puissance de généralité qui est dans le langage. – N’estce pas là une vue individualiste ? Ne la trouveton pas chez un chrétien – antihégélien notoire – tel que Kierkegaard ? (Barthes, 1975, p. 178). L’écriture de Barthes révèle donc constamment ce double mouvement dans l’ob servation de son corps réel et du théâtre du corps offert par la langue. D’un côté, il développe la réflexion sur la spécificité de son corps, sur la proximité du vivant et du sémiotique, sur leur profonde interférence, et d’autre part il insiste sur son caractère symbolique, sur ses postures culturelles, sur ses représentations institutionnelles et textuelles qui l’aliènent, le dépossèdent de soimême. Il est nécessaire de s’arrêter un instant sur ce lien très étroit entre le signe et l’affect, sur cet enracinement du sémiotique dans le corporel qui décident du caractère inédit de chaque être. Dans Le degré zéro de l’écriture Roland Barthes évoque de façon très Le corps de Roland Barthes 5 rapide mais très suggestive la proximité du biologique et du style, conception qu’il n’abandonnera jamais, même dans la période la plus « lacanienne » de son œuvre. Barthes rattache le style à la poussée de l’énergie contenue dans un corps : « Le style est proprement un phénomène d’ordre germinatif, il est la transmutation d’une Humeur » (Barthes, 1953 et 1972, p. 16). Il retrouve, comme le fera plus tard Julia Kristeva, le pulsionnel dans les formations symboliques : « le style n’est jamais que métaphore, c’estàdire équation entre l’intention littéraire et la structure charnelle de l’auteur » (Barthes, 1953 et 1972, p. 17). On peut donc supposer que Barthes admet depuis le début de sa carrière que le passage des signes par le corps amène leur profonde modification, en grande partie inconsciente et difficilement contrôlable. Dans Fragments d’un discours amoureux, il constate : Je puis tout faire avec mon langage, mais non avec mon corps. Ce que je cache par mon langage, mon corps le dit. Je puis à mon gré modeler mon message, non ma voix. A ma voix, quoi qu’elle dise, l’autre reconnaîtra que « j’ai quelque chose ». Je suis menteur (par prétérition) non comédien (Barthes,1977, p. 54). En fait, on pourrait se demander si cette conviction n’est pas issue de la fascina tion du théâtral chez Barthes. La concrétisation, l’interprétation d’un rôle trouve sa meilleure illustration dans cette rencontre toujours surprenante de la parole et du corps d’un comédien. Malgré la proximité du langage et du corps, Barthes insiste constam ment sur la dépossession de son propre corps qui s’effectue à travers le langage : Dès que je produis, dès que j’écris, c’est le Texte luimême qui me dépossède (heureusement) de ma durée narrative. Le Texte ne peut rien raconter ; il emporte mon corps ailleurs, loin de ma personne imaginaire... (Barthes, 1975, p. 6). L’écriture même si elle reste corollaire du corps, elle est aussi porteuse de la puissance structurelle et rhétorique du langage, capable de dominer, de coloniser le sujet parlant, de l’emporter audelà de ses désirs et ses intentions authentiques. La dé possession effectuée par l’écriture est donc résultat de la violence de la dénomination, voire de pratiques culturelles et institutionnelles qui imposent uploads/Litterature/ le-corps-de-roland-barthes.pdf
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- Publié le Fev 22, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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