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Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa Iittp://www.arcliive.org/details/liistoireancienn01ducli ^^ •3-^^ L. DUCHESNE Histoire ancienne de l'Église Tome L TROISIÈME ÉDITION PARIS E. DE BOCCARD, Éditeur LIBRAIRE DBS BCOLBS FRANÇAISES d'ATRÈNBS ET DB ROME 1, Rue de Médicis, 1 1923 1/ il / ^-^^ Uuchesne, llisl. anc. del'Egl, • T. i. HISTOIRE ANCIENNE DE L'EGLISE L. DUCHESNE Histoire ancienne de l'Église Tome L TROISIÈME ÉDITION PARIS E. DE BOCCARD, Éditeur LIBRAIRE DES ECOLES FRANÇAISES d'ATHÈNES ET IJE ROME 1, Rue de Médicis, 1 1923 fs It«? Vft ,r M. GASTON BOISSIER PRÉFACE Au temps de la persécution de Dioclétien, alors que les églises étaient détruites, les livres saints brûlés, les chrétiens proscrits ou contraints d'apostasier, un d'entre eux tra- vaillait tranquillement à compiler la pre- mière histoire du christianisme. Ce n'était pas un esprit supérieur, mais c'était un homme patient, laborieux, consciencieux. Depuis de longues années déjà, il rassemblait des matériaux en vue du livre qu'il méditait. Il réussit à les sauver du naufrage et même à les mettre en œuvre. C'est ainsi qu'Eusèbe de Césarée devint le père de l'histoire ecclésias- tique. A ceux qui, longtemps après lui, en des jours sombres, eux aussi, reprennent son dessein, incombe avant tout le devoir de rap- peler son nom et ses incomparables services. S'il n'avait pas, avec une diligence sans égale, fouillé les bibliothèques palestiniennes où le docteur Origène et l'évéque Alexandre avaient recueilli toute la littérature chré- tienne des temps anciens, nos connaissances sur les trois premiers siècles de l'Eglise se ré- duiraient à bien peu de chose. Grâce à lui XII PREFACE nous nous trouvons en mesure, non sans doute de ne pas regretter le naufrage de cette littérature, mais au moins de pouvoir l'ap- précier sur de notables débris. Eusèbe, pourtant, n'est pas notre seul té- moin. Plusieurs des livres antiques dont il nous parle et même quelques-uns dont il ne parle pas se sont conservés jusqu'à nous; d'autres ont passé sous les yeux de liseurs infatigables et communicatifs, comme saint Epiphane, saint Jérôme et Photius. L'histoire littéraire du christianisme en sa primitive époque est chose possible. On l'a tentée sou- vent. L'Allemagne possède, en ce genre, l'ex- position toute neuve et bien remarquable de M. 0. Bardenhever \ Depuis une trentaine d'années, l'actif laboratoire de M. Adolf Har- nack travaille, comme Eusèbe avant la per- sécution, à rassembler les documents d'une grande synthèse. Le monde scientifique est tenu au courant des préparatifs par la col- lection des « Textes et recherches » ^ et sur- tout par la publication de deux ouvrages préliminaires sur la tradition de l'ancienne littérature chrétienne et sur sa chronologie ^. 1. Geschichie der alikirchlichen Litteralur, Herder, 1902-1903, 2 vol. 2. Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Litteratur, Leipzig, Hinrich. 3. Geschichte der altchristlichen Litteratur ; 1" partie : Die Ueber- lieferung und der Bestand (1893) ; 2» partie : Die Chronologie (1897- 1904). Je dois mentionner aussi la collection des écrivains chrétiens des trois premiers siècles, publiée sous les auspices de l'académie de . Berlin : plusieurs volumes ont déjà paru. PRÉFACE XIH Ces travaux, auprès desquels il serait aisé d'en citer d'autres, originaires de France \ d'Angleterre et d'Italie, ont grandement éclairé les vieux textes et leurs mutuels rap- ports. La documentation a fait vraiment de grands progrès. Vers la fin du XVIP siècle l'honnête et judicieux Tillemont établit ses dissertations sur la plus consciencieuse étude des sources connues de son temps. Il serait bien étonné, s'il réapparaissait, de voir tout ce qu'on a découvert depuis. Cependant il ne faut pas croire que le pro- grès des études ait modifié essentiellement, ou même grandement, la tradition qui s'ex- prime en ses doctes volumes. Les résultats partiels acquis par tant de découvertes et d'efforts tendent en somme à justifier la fa- çon de voir des sages critiques du temps de Louis XIV. On est revenu des systèmes in- sensés dont Tubingue eut la primeur; d'au- tres, il est vrai, les ont remplacés, car le cer- veau humain est toujours fécond en inven- tions bizarres. Mais il y a une opinion moyenne, représentée par les jugements des gens graves et sains d'esprit, qui s'impose au public de sens rassis. Je n'ai pas besoin de dire que je crois être de celle-là. Peut-être me flatté-je. Mais je me sens une égale horreur pour la niaiserie de certains systèmes et pour 1. Surtout P. Monceaux, Histoire littéraire de l'Afrioue chrétienne, 1901. XIV PRÉFACE celle de certaines légendes. Je crois même que, s'il fallait choisir, les légendes, où il y a au moins un peu de poésie et d'âme popu- laire, auraient encore ma préférence. Donc la tâche que j'entreprends ici, tâche modeste, d'exposition et de vulgarisation, peut se justifier par les progrés de la recher- che érudite. Cependant si j'ai pris la plume, c'est que j'y ai été exhorté et presque con- traint par tant de personnes, que j'ai dû, pour en obtenir le repos, leur donner satis- faction '. Ces personnes ne me défendront pas con- tre les critiques, car elles ne sont pas, pour la plupart, des personnes de plume. Mais les gens experts et sensés m'excuseront d'eux- mêmes de ce que, voulant faire un livre lisi- ble, je ne me suis pas encombré de discus- sions critiques et de bibliographie. Ils com- prendront aussi pourquoi je ne me suis pas trop attardé aux toutes premières origines. Traitées avec l'ampleur nécessaire, les ques- tions relatives à la fondation de l'Eglise en général et aux premières phases de l'évangé- lisation m'auraient retenu trop longtemps en dehors de ce qui est le sujet propre de mon livre. Chaque chose a son temps, et sa place. On me pardonnera aussi une certaine ten- 1. Je dois avouer que j'ai été inspiré aussi par le désir d'arrêter la circulation d'un vieux cahier de cours, lithographie depuis bientôt trente ans, qui me semble avoir trop vécu pour ma gloire. PRÉFACE XV dance à limiter ma curiosité. J'admire beau- coup les personnes qui veulent tout savoir, et je rends hommage à l'ingéniosité avec la- quelle elles savent prolonger, par des hypo- thèses séduisantes, les perspectives ouvertes sur témoignages bien vérifiés. Pour mon usage personnel je préfère les terrains soli- des; j'aime mieux aller moins loin et mar- cher avec plus de sécurité, non plus sapere quam oportet sapere, sed sapere ad sohrie- tatem. Rome, 22 novembre 1905. Avis sur la deuxième édition L'accueil fait à ce livre a été si favorable que, deux mois après la mise en vente de la première édition, il a fallu en préparer une deuxième. Elle est exactement semblable à la première. En trois en- droits seulement de légers changements ont été introduits : p. 320, on a dû noter la découverte du texte grec de la Chronique d'Hippolyte ; p. 460, on a tenu compte de renseignements biographiques fournis, sur Jules Africain, par un papyrus récemment publié ; enfin, p. 353, note 2, d'après l'avis d'un hébraïsant exercé, on a modifié l'apprécia- tion d'abord émise sur une différence de traduction entre les Septante et saint Jérôme. i CHAPITRE I. L'Empire romain patrie du christianisme. La Méditerranée et le monde antique. — L'empire romain et ses voisins. — Le peuple juif et la religion juive. — Les provinces ro- maines et l'organisation municipale. — Mœurs, idées, religion : mys- tères, cultes orientaux. — Préparation évangélique. Au moment où naquit le christianisme, l'empire pacifique de Rome s'étendait sur tous les pays rive- rains de la Méditerranée. Dans l'ensemble du monde il correspondait à peu près à ce qu'est maintenant l'Eu- rope ; mais il était plus isolé. Sans parler de l'Amé- rique, encore insoupçonnée, les grandes aggloméra- tions humaines de la Chine, de l'Inde, de l'Afrique intérieure, ignoraient la Méditerranée comme elles étaient ignorées d'elle. Avec ce;> pays presque fabu- leux on aurait pu, il est vrai, communiquer par le Nil ou par les deux golfes qui flanquent la péninsule ara- bique et s'ouvrent sur la mer des Indes : c'est préci- sément sur ces grands chemins du monde que, depuis les temps les plus reculés, prospérèrent les empires d'Egypte, d'Assyrie, de Chaldée et de Susiane. Mais, malgré leur situation géographique, si favorable aux relations lointaines, ces états semblent avoir été tou- jours à peu près fermés du côté de l'Orient. C'est vers Ducbesne, HM. anc. de l'Egl. - T. I. 2 CHAPITRE I. la Méditerranée que se portait leur expansion conqué- rante et civilisatrice ; c'est aussi de ce côté qu'ils finirent par se heurter à des nations plus jeunes, des- tinées à arrêter leur développement, à fermer leur histoire et à les remplacer dans la direction politique de l'Asie occidentale. Au VI- siècle avant notre ère, le Nil et l'Euphrate se trouvèrent réunis sous la domination des Perses, race entreprenante, dont les conquêtes atteignirent la mer Egée et le Danube, en même temps qu'elles s'é- tendaient à l'est jusqu'à l'Indus. Deux cents ans plus tard, Alexandre brisa cet empire passager et mit l'Orient sous l'autorité des Grecs. uploads/Litterature/ histoire-ancienne-de-l-x27-eglise-duchesne.pdf

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