Dissertation : méthodologie …où l’on va essayer de pratiquer pour comprendre co

Dissertation : méthodologie …où l’on va essayer de pratiquer pour comprendre comment exploiter la connaissance des œuvres dans le cadre du traitement d’un sujet de dissertation. I. Questions 1. Analysez le sujet. (Repérer les mots clés et les commenter) 2. Quels liens faites-vous entre le prologue de la pièce et le sujet proposé ? 3. Dans quelle mesure le sujet énonce-t-il un paradoxe ? 4. Comment répondre partiellement à la question que pose le sujet à partir de l’exemple du prologue ? 5. Sélectionnez trois scènes ou passages de Juste la fin du monde qui vous semblent utiles pour le sujet. 6. Quelles autres pièces, scènes, personnages, situations, pouvez-vous solliciter pour étoffer votre réflexion ? II. ACTION ➔Consigne Par binômes ou groupes de trois, concevez le plan détaillé de la dissertation. Ce plan détaillé devra : • organiser la réflexion en deux ou trois parties, chacune avec sous-parties. • contenir des exemples précis puisés dans Juste la fin du monde, Tous des oiseaux, Le dîner de cons, et au moins trois autres pièces. Les extraits des tragédies antiques lus en ouverture de séquence sont aussi exploitables bien entendus. La dissertation invite à rentrer dans le vif du sujet que sont l’œuvre littéraire de référence et le parcours qui lui est associé. Résoudre le « problème » qu’elle pose ne revient pas à faire un exposé sur l’œuvre, encore moins sur la vie de l’auteur. Il ne s’agit pas non plus de développer un point de vue unique. Pas plus qu’une réponse unique, aucune solution n’est attendue dont on pourrait présupposer qu’elle tiendrait à la transposition du cours (récitation de connaissances). À l’inverse, il s’agit de proposer différentes façons de questionner le sujet en fonction de son décorticage rigoureux, et d’une bonne connaissance des subtilités de l’œuvre de référence, des liens établis avec les textes du parcours, et la culture personnelle envisagée par le filtre de l’intitulé du parcours. Connaître une œuvre sur le bout des doigts est essentiel pour concevoir le développement d’une dissertation. Ce sont en effet les exemples qui concrétisent l’argumentation. Ainsi, il est souhaitable de recenser dans un carnet de lectures les passages d’une œuvre qui nous ont interpellés et de s’appliquer à y revenir en parcourant régulièrement ce carnet. En outre, il est essentiel de corréler à la consignation des citations marquantes des commentaires (même succincts) sur chacune. Un commentaire n’est pas forcément une affirmation. Il est ainsi très productif de notifier les interrogations que soulèvent en soi telle ou telle citation. À retenir SUJET Nous devons conserver au centre de notre monde le lieu de nos incertitudes, le lieu de notre fragilité, de nos difficultés à dire et à entendre. Nous devons rester hésitants et résister ainsi, dans l’hésitation, aux discours violents ou aimables des péremptoires professionnels, des logiques économiques [...]. « Se regarder disparaître en se saluant », J-L Lagarce, éditorial pour la plaquette de la saison 1992-1993 du Théâtre Granit, Belfort, Du luxe et de l’impuissance, Les Solitaires intempestifs, Besançon, 2004, p. 19. Le théâtre a-t-il pour fonction de tout dire, de tout expliquer au spectateur de la crise que vivent les personnages ? Dans quelle mesure la pièce de Jean-Luc Lagarce et le parcours associé vous permettent- ils d’éclairer cette interrogation ? Vous répondrez en un développement structuré et argumenté en vous appuyant que votre connaissance de l’œuvre intégrale Juste la fin du monde, sur les textes lus ou rencontrés dans le cadre du parcours associé. À retenir ➔Éléments de réponse 1. Le théâtre a-t-il pour fonction de tout dire, de tout expliquer au spectateur de la crise que vivent les personnages ? Dans quelle mesure la pièce de Jean-Luc Lagarce et le parcours associé vous permettent-ils d’éclairer cette interrogation ? Vous répondrez en un développement structuré et argumenté en vous appuyant que votre connaissance de l’œuvre intégrale Juste la fin du monde, sur les textes lus ou rencontrés dans le cadre du parcours associé. a-t-il pour fonction : se doit-il de…, a-t-il l’obligation par nature ou par définition tout dire, → Le théâtre est un art de la parole où les dialogues, les tirades, les monologues semblent primordiaux. Cependant, à l’instar de Ionesco qui affirme que "Tout est langage au théâtre, les mots, les gestes, les objets. Il n'y a pas que la parole." Ne peut-on pas dire que le silence fait signe ? que les non-dits revêtent une importance palpable ? de tout expliquer rendre tout ce qui se passe clair, expliciter les intentions et sentiments de chacun, → cela est contraire à la vie, où il faut faire preuve de tact et de psychologie, mais se produit dans les jeux télévisés où la bande son est rédigée a posteriori, ou encore dans les séries… Le sujet porte donc sur l’essence du genre théâtral, qui est de montrer, de faire vivre une expérience émotionnelle, et pas nécessairement de commenter cette action… l’implicite peut affleurer. 2. Le prologue est une scène d’exposition qui « ne dit pas tout », qui laisse des mystères en suspens et notamment, en fonction de l’âge du personnage, les causes du mal mortel dont il souffre. 3. On touche ici effectivement un paradoxe. Le théâtre laisse des trous que le spectateur doit combler, mais qui sont surtout susceptibles de l’interroger voire de le perturber. En somme, à l’inverse des séries actuelles, le genre dramatique a fortiori contemporain évite de donner trop d’assise au spectateur, trop de sécurité et de fait trop d’explications, qui pourraient lui permettre (comme c’est le cas pour une série) de quitter la salle et de revenir sans problème dans l’intrigue présentée. 4. Le prologue précise l’âge du personnage et sommairement sa situation dramatique. Toutefois, il n’indique pas explicitement quelles sont les personnes que Louis désire rejoindre pour les informer de sa situation. Le spectateur devient alors un « interprète » de la scène. C’est à lui d’émettre des hypothèses – peut-être qu’il envisage de revoir ses parents ? – et de combler les trous du texte. D’où la nécessité pour le dramaturge de trouver les mots justes afin d’être évocateur sans être explicite. On sera particulièrement attentif à l’importance des substituts pronominaux « les » et « vous », qui désignent sans les nommer les personnes que Louis souhaite rejoindre pour leur annoncer sa mort prochaine. Flou sur la temporalité, sur le statut du protagoniste-narrateur… Plan détaillé I. Le théâtre : un art de la mise en scène. Il plonge le spectateur dans une situation concrète et complexe que celui-ci doit comprendre. Le théâtre fait coexister pour quelques heures un public et des comédiens qui miment la vie comme s’ils étaient en train de la vivre. Il y a dans ce genre littéraire un enjeu fort de collaboration du spectateur, qui peut ainsi s’y investir affectivement, à défaut de participer à l’action. 1. Scène, acte d’exposition : moments cruciaux de la mise en compréhension Si le début de la pièce est si stratégique, c’est parce qu’à ce moment précis se joue toute l’adhésion intellectuelle et affective du spectateur. Il doit comprendre ce qui se trame, et pour cela, les personnages doivent exprimer subtilement ce qui les anime : autrement dit, en dire suffisamment mais sans trop en dire. Ainsi, dans la pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, la première scène est précédée d’un prologue énoncé par le personnage principal (Louis) qui explique le nœud de la crise, à savoir le retour chez soi avant la mort : « je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage, pour annoncer [...] ». Ensuite, la première scène où tous les membres de la famille (Louis, Suzanne, Antoine, Catherine, La Mère) sont réunis offre la première réelle présence de chacun tout en commençant de faire résonner les incohérences relationnelles de cette famille : « Ne me dites pas ça, ils ne se connaissent pas » énonce « La Mère », comme s’il s’agit d’une sentence initiale par rapport à laquelle il sera impossible de revenir en arrière. Les échanges qui se développent dans un second temps, en dépit de leur caractère éclaté, suggèrent une situation plus qu’ils ne la posent véritablement. En effet, ils restent pleins de non-dits et d’émotions refoulées. C’est le cas par exemple d’une réplique de Catherine, énoncée dans la scène 1 de la première partie et ayant Louis pour objet : « Lorsque nous nous sommes mariés, il n’est pas venu, et depuis, le reste du temps, les occasions ne se sont pas trouvées ». 2. Monologues : espaces d'explicitation avec possibilité d'identification au personnage Le théâtre invente une situation invraisemblable dans la vie, le monologue, un discours prononcé par un personnage seul sur scène, comme s'il s'adressait à lui-même. On remarquera que le cinéma l’a repris par l’entremise de la « voix off » –il est ici intéressant de se référer aux choix de Xavier Dolan dans son film. De façon singulière, Jean-Luc Lagarce joue avec l’irréalisme du monologue afin de laisser les personnages exprimer les méandres de uploads/Litterature/ dissertation-activite-3.pdf

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