DÉFENSE DE LA VOLATILITÉ DU PHLOGISTIQUE, ou LETTRE Guyton de Morveau DE l'Aute

DÉFENSE DE LA VOLATILITÉ DU PHLOGISTIQUE, ou LETTRE Guyton de Morveau DE l'Auteur des Digressions Académiques , à l'Auteur du Journal de Médecine y en Réponse à sa Critique de la Dissertation sur le Phlogistique, etc 1772 M de Morveau AVERTISSEMENT. L'AUTEUR, qui a pour but de plaire, peut laisser sans réponse les critiques qu'il essaie : son Ouvrage eu la seule Pièce dont tes Juges aient besoin , le Tribunal du Goût n'a jamais de motifs pour sus pendre son Jugement, & quand il l'a une fois porté, on ne doit ni craindre de le voir révoqué ,. ni espérer de le faire changer par des raisonnements & des répliques. Il n'en est pas de même en Physique, pour un petit nombre de Savants qui font en état d'apprécier une critique & d'en suppléer l'examen, il y a beaucoup de Lecteurs obligés d'attendre revenement de la dis-pute, parce qu'ils ne peuvent être convaincus que lorsqu'on a lais sous leurs yeux, d'une part , toutes les rai-sons de douter; de l'autre, toutes les solutions. Le science n'est donc tout au plus permis qu'à ces hommes dont les opinions, appuyées fur la base inébranlable de leur réputation , résistent assez par elles-mêmes au choc des contradictions que l’envie leur suscite, mais tous ceux qui, entrant dans cette carrière, osent proposer quelques idées nouvelles, s'engagent à en soutenir la vérité, à en fournir les preuves, à éclaircir les difficultés, & à détruire les objections ; ils ne doivent s'arrêter enfin qu'où les personnalités commencent, & où l'intérêt de la science finit; c'est-à-dire, quand la contestation est suffisamment instruite , pour que le Public prononce avec connaissance de cause. Ce sont ces considérations qui ont décidé l'Auteur des Digressions Académiques à défendre la volatilité du Phlogistique établie dans l'une de ses Dissertations, &: combattue par M, Roux. Il s'était d'abord proposé de lui adresser directement cette réponse, mais on lui a fait observer qu'il n'était pas dans l'usage d'inférer ces fortes de Pièces dans son Journal, &: que celle - ci était d'ailleurs beaucoup trop longue pour cette destination ; il a jugé cependant devoir lui conserver la première forme qu'il lui avait donnée, comme la plus capable de retenir dans les bornes de la modération un Auteur qui croit avoir à se plaindre de quelqu'injustice. DÉFENSE D E LA VOLATILITÉ DU P H LOGISTIQUE, OU LETTRE DE l'Auteur des Digressions Académiques à l' Auteur du Journal de Médecine, en Réponsfe à fa Critique de la Dissertation fur le Phlogistique etc. C'EST à vous MONSIEUR, que j'adresse ma réponse à la Critique que vous avez faite de ma Dissertation sur le Phlogistique dans votre Journal de Septembre. Je ne me flatte pas de vous faire revenir à une opinion qui vous a ai. fort déplu ; mais JE présume assez de votre impartialité, pour croire que vous ne réfuterez pas de mettre ma détente sous les yeux de vos Lecteurs. La Dissertation sur le Phlogistique fait,, comme vous l'observez, Monsieur , la plus grande partie du volume que j'ai donné au Public; mais enfin ce n'est qu'une partie , & vous n'avez pas daigné indiquer seulement le sujet des autres Pièces qui y font jointes; elles ne font cependant pas plus étrangères à votre Journal, celles sur- tout où j'essaie de ramener tous les phénomènes chimiques, fans exception, à la théorie de la saine physique, en suivant les vues sublimes d'un des plus grands génies de notre siècle. Si votre Jugement n'a pas été plus favorable à ces deux Ouvrages , pourquoi n'avez-vous pas voulu m'éclairer, en m'en communiquant les motifs, &: garantir de l'erreur ceux que je pourrai y entraîner ? Si vous les avez vus avec plus d'indulgence , pourquoi avez-vous mis vos Loueurs dans le cas de penser qu'ils ne valaient pas mieux que celui que vous critiquiez si amèrement ? Dire beaucoup de mal de la moitié d'un Livre , & ne rien dire de l'autre, n'est-ce pas condamner tout le volume A l'oubli ? Mais je m'exagère sans doute cette injustice ; je ne dois m'en prendre qu'au chagrin que vous a causé la première Dissertation : il me suffira donc d'examiner les objections que vous me faites, & si je parviens à les résoudre d'une manière qui intéresse du moins, fi elle ne convainc pas, ceux qui aiment la science & la vérité, je pourrai me flatter d'avoir regagné tout ce que vous avez voulu me faire perdre dans leur opinion. Il est difficile (dites-vous, Monsieur,) p. 96. de concevoir comment un corps auquel on enlève un de ses principes constitutifs & dont, par conséquent, on diminue réelle ment la masse , devient cependant plus pesant après cette soustraction ; c'est-à-dire, que vous convenez formellement que les métaux calcinés augmentent de poids y que la calcination leur ôte le Phlogistique, & ne leur donne rien : Jusques-là, nous voilà d'accord. En raisonnant d'après ces faits je me fuis dit ; mais puis-qu'il n'y a bien certainement ici d'autre changement que l'absence du Phlogistique, n'est-il pas probable que c'est l'absence du Phlogistique qui est la cause de l'augmentation de poids? Voilà le système que j'ai embrassé ,& voilà ce que vous jugez une erreur fi palpable, que vous ne pouvez me pardonner tout le travail que j'ai entrepris pour l'apprécier. P. 197. Avant de rapporte ses expériences y l'Auteur s'est cru obligé de tendre compte de toutes celles qui ont été publiées jusqu'à ce jour. C'est-là, Monsieur, si je ne me trompe, une de ces tournures par les quelles on reproche un travail sans objet nécessaire, sans la moindre utilité apparente; je n'y aurais peut être pas fait attention, si elle ne revenait aussi sou-vent ; mais je retrouve ailleurs ; les expériences que l'Auteur a. cru devoir faire pour constater l'effet . . . Notre Auteur a cru devoir fortifier sa théorie par quelques applications... Les objections auxquelles II s'est cru obligé de répondre... . croit répondre à cette objection..., II a cru de voir suivre le Phlogistique dans les calcinations par le nitre &c. Quoi, Monsieur , vous ne voulez pas même qu'on me sache le moindre gré d'avoir cherché à vérifier un fait aussi intéressant, d'en avoir défendu la vérité contre des témoignages célèbres & récents, de l'avoir réduit à ses véritables circonstances, d'avoir posé des principes pour concilier des résultats contraires , d'avoir entrepris en conséquence une suite d'opérations laborieuses, de les avoir répétées, variées, comparées ; d' avoir enfin suivi le phénomène de l'augmentation de poids dans les calcinations humides , les calcinations par l'arsenic, par le nitre, par les cements &c. &c. &c. ce qui n'avait été encore ni observé, ni même soupçonné jusqu'à pressent ! Si je me fusse borne à recueillir ces faits, vous n'auriez sûrement pas condamné mon Ouvrage à l'oubli, vous , Monsieur, qui tentez si bien l'importance des faits en physique ; vous vous seriez empressé de les conserver dans votre Journal ; & parce que j'ai osé en tenter explication, parce que je les ai fait servir à appuyer ma doctrine, vous ne les regardez plus P. 216. que comme des détails auxquels il paraîtra superflu de s'arrêter , dès qu'on aura renversé mon système. Vous avouez, Monsieur, que je réfute très-solidement les différentes opinions de ceux qui ont voulu avant moi expliquer le même phénomène ; mais c'est un petit succès que vous voulez encore faire juger au-dessus de mes forces, puisque vous ajoutez tout de fuite, mais elles P.205. avaient été déjà. réfutées par plusieurs autres Chymistes. Quand le fait serait exact, quand je n'aurais fait que copier ces réfutations, sans y ajouter, une pareille compilation pourrait peut-être trouver grâce près de ceux qui aiment voir rapprocher tout ce qui est épars sur la même matière, qui croient que c'est rendre un service quelconque à la science, & c'est assurément le plus grand nombre. Mais si vous eussiez pris la peine de lire ce chapitre avec quelqu'attention » je me flatte que vous y auriez remarqué, Mon sieur, que je relevé plus souvent que je ne copie les critiques, & que de dix systèmes que j'examine, il y en a quatre sur lesquels on n'avait, que je lâche, propose encore aucune objection ; ce font ceux de MM. Hales, Getlert, Meyer & Chardenon. Je dis, que je sache ; car votre assurance me fait craindre qu'ils n'aient effectivement été réfutés par plu sieurs autres Chymistes, qui auront échappé à mes recherches ; si cela est, j'espère que vous aurez la complaisance de me les indiquer, & le plaisir de m'être rencontré avec eux fans les avoir connus, me vengera peut-être du reproche de les avoir copiés. A la lecture de votre Extrait, il n'est personne qui ne croie que je joins le mercure aux métaux dont il est impossible de séparer le Phlogistique» Permettez-moi de vous représenter que vous ne m'avez point compris ; j'ai seulement dît en cet endroit que la facilité avec laquelle le mercure se volatilisait, ne permettait pas de le uploads/Litterature/ defense-de-la-volatilite.pdf

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