1 GUY DEBORD LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE SUIVIE DE « COMMENTAIRES SUR LA SOCIÉTÉ DU
1 GUY DEBORD LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE SUIVIE DE « COMMENTAIRES SUR LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE » Ce livret est gratuit ! Fais le tourner sans pitié ! U d i E it68 2 3 Ce livre est gratuit ! Fais le tourner sans pitié ! Tu peux l’imprimer et le multiplier toi-même en téléchargeant ce fichier : http://www.fichier- pdf.fr/2014/11/03/societespectacle/societespectacle.pdf Ce document a été réalisé pour une impression en mode « livre ». 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La séparation achevée ......................................................................... 8 II. la marchandise comme spectacle ..................................................... 18 III. unité et division dans l’apparence ..................................................... 26 IV. le prolétariat comme sujet et comme représentation ........................ 35 V. temps et histoire ............................................................................... 67 VI. le temps spectaculaire ..................................................................... 80 VII. l’aménagement du territoire ............................................................ 87 VIII. la négation et la consommation dans la culture .............................. 93 IX. l’idéologie matérialisée ................................................................... 107 COMMENTAIRES SUR LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE .................... 111 5 A propos de la Guy Debord et de la Société du Spectacle Révolutionnaire, écrivain et cinéaste français, Guy Debord (1931-1994) est le principal animateur de l’Internationale Situationniste, fondée en 1957 et dissoute en 1972. En 1967, il publie La Société du Spectacle. La notion « Spectacle » dont il est question dans ce livre, ne recouvre pas seulement l’activité des « médias de masse ». Il s’agit plutôt du « rapport social », « médiatisé par des image », qui est la conséquence du mode de production capitaliste et du fétichisme marchand. Le spectacle est « l’affirmation omniprésente du choix déjà fait dans la production ». Dans son livre, Debord s’emploie à distinguer les différentes déclinaisons locales du Spectacle, du « spectaculaire concentré » présent dans les diverses formes de capitalismes bureaucratiques dont le stalinisme offre un exemple remarquable, au « spectaculaire diffus », présent dans le capitalisme plus « moderne » des « démocraties de marché ». En 1973, Debord, tire un film de son livre, intitulé identiquement « La société du Spectacle » et composé d’images et de séquences cinématographiques détournées qui illustrent souvent ironiquement de larges extraits du texte lu par son auteur. En 1988, enfin, il lui donne une suite, les « Commentaires sur la Société du Spectacle », texte pessimiste qui détaille les nouveaux perfectionnements de la domination spectaculaire. Si Debord analyse toujours le Spectacle comme « le règne autocratique de l’économie marchande ayant accédé à un statut de souveraineté irresponsable, et l’ensemble des nouvelles techniques de gouvernement qui accompagnent ce règne », il en décrit la nouvelle variété redoutable, le « spectaculaire intégré », qui aboutit à la propagation du mensonge généralisé, du secret, des complots et des mafias, couvrant l’aggravation 6 des nuisances produites par le capitalisme, lesquelles en viennent à menacer la survie même de l’humanité. D’autres textes de Guy Debord sont accessibles sur cet infokiosque dans les brochures intitulées « Compilation de textes situationnistes » et « Compilation mai 68 ». Esprit68, août 2012 7 LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE 8 I. La séparation achevée « Et sans doute notre temps... préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être... Ce qui est sacré pour lui, ce n’est que l’illusion, mais ce qui est profane, c’est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l’illusion croît, si bien que le comble de l’illusion est aussi pour lui le comble du sacré. » Feuerbach (Préface à la deuxième édition de L’Essence du christianisme). 1 Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. 2 Les images qui se sont détachées de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, où l’unité de cette vie ne peut plus être rétablie. La réalité considérée partiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seule contemplation. La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l’image autonomisé, où le mensonger s’est menti à lui-même. Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant. 3 Le spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d’unification. En tant que partie de la société, il est expressément le secteur qui concentre tout regard et toute conscience. Du fait même que ce secteur est séparé, il est le lieu du regard abusé et de la fausse conscience ; et l’unification qu’il accomplit n’est rien d’autre qu’un langage officiel de la séparation généralisée. 9 4 Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images. 5 Le spectacle ne peut être compris comme l’abus d’un monde de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutôt une Weltanschauung devenue effective, matériellement traduite. C’est une vision du monde qui s’est objectivée. 6 Le spectacle, compris dans sa totalité, est à la fois le résultat et le projet du mode de production existant. Il n’est pas un supplément au monde réel, sa décoration surajoutée. Il est le cœur de l’irréalisme de la société réelle. Sous toutes ses formes particulières, information ou propagande, publicité ou consommation directe de divertissements, le spectacle constitue le modèle présent de la vie socialement dominante. Il est l’affirmation omniprésente du choix déjà fait dans la production, et sa consommation corollaire. Forme et contenu du spectacle sont identiquement la justification totale des conditions et des fins du système existant. Le spectacle est aussi la présence permanente de cette justification, en tant qu’occupation de la part principale du temps vécu hors de la production moderne. 7 La séparation fait elle-même partie de l’unité du monde, de la praxis sociale globale qui s’est scindée en réalité et en image. La pratique sociale, devant laquelle se pose le spectacle autonome, est aussi la totalité réelle qui contient le spectacle. Mais la scission dans cette totalité la mutile au point de faire apparaître le spectacle comme son but. Le langage du spectacle est constitué par des signes de la production régnante, qui sont en même temps la finalité dernière de cette production. 10 8 On ne peut opposer abstraitement le spectacle et l’activité sociale effective ; ce dédoublement est lui-même dédoublé. Le spectacle qui inverse le réel est effectivement produit. En même temps la réalité vécue est matériellement envahie par la contemplation du spectacle, et reprend en elle-même l’ordre spectaculaire en lui donnant une adhésion positive. La réalité objective est présente des deux côtés. Chaque notion ainsi fixée n’a pour fond que son passage dans l’opposé : la réalité surgit dans le spectacle, et le spectacle est réel. Cette aliénation réciproque est l’essence et le soutien de la société existante. 9 Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. 10 Le concept de spectacle unifie et explique une grande diversité de phénomènes apparents. Leurs diversités et contrastes sont les apparences de cette apparence organisée socialement, qui doit être elle- même reconnue dans sa vérité générale. Considéré selon ses propres termes, le spectacle est l’affirmation de l’apparence et l’affirmation de toute vie humaine, c’est-à-dire sociale, comme simple apparence. Mais la critique qui atteint la vérité du spectacle le découvre comme la négation visible de la vie ; comme une négation de la vie qui est devenue visible. 11 Pour décrire le spectacle, sa formation, ses fonctions, et les forces qui tendent à sa dissolution, il faut distinguer artificiellement des éléments inséparables. En analysant le spectacle, on parle dans une certaine mesure le langage même du spectaculaire, en ceci que l’on passe sur le terrain méthodologique de cette société qui s’exprime dans le spectacle. Mais le spectacle n’est rien d’autre que le sens de la pratique totale 11 d’une formation économique-sociale, son emploi du temps. C’est le moment historique qui nous contient. 12 Le spectacle se présente comme une énorme positivité indiscutable et inaccessible. Il ne dit rien de plus que « ce qui apparaît est bon, ce qui est bon apparaît ». L’attitude qu’il exige par principe est cette acceptation passive qu’il a déjà en fait obtenue par sa manière d’apparaître sans réplique, par son monopole de l’apparence. 13 Le caractère fondamentalement tautologique du spectacle découle du simple uploads/Litterature/ commentaires-societespectacle-pdf.pdf
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- Publié le Mai 07, 2022
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