ALGÉRIE PAR DUREAU DE LA MALLE, MEMBRE DE L’INSTITUT DE FRANCE DES ACADÉMIES DE
ALGÉRIE PAR DUREAU DE LA MALLE, MEMBRE DE L’INSTITUT DE FRANCE DES ACADÉMIES DE BERLIN, DE TUNIS, DE BRUXELLES, ETC. HISTOIRE DES GUERRES DES ROMAINS, DES BYZANTINS ET DES VANDALES, ACCOMPAGNÉE D’EXAMEN SUR LES MOYENS EMPLOYÉS ANCIENNEMENT POUR LA CONQUÊTE ET LA SOUMISSION DE LA PORTION DE L’AFRIQUE SEPTENTRIONALE NOMMÉE AUJOURD’HUI L’ALGÉRIE MANUEL ALGÉRIEN. PARIS, LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT:FRÈRES, IMPRIMEUR DE L’INSTITUT, RUE JACOB, 56 1852 page 2 Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens (du 14e au 20e siècle) à télécharger gratuite- ment ou à lire sur place. MANUEL ALGÉRIEN page 4 DÉDICACE À SON SAVANT CONFRERE C. B. HASE. CE LIVRE EST DÉDIÉ PAR A. J. C. A. DUREAU DE LA MALLE, En souvenir de leurs communs efforts pour l’Algérie, leur fi lle adoptive, Et en mémoire d’une amitié qui date du dernier siècle, qui a résisté à bien des révolutions, et qui ne s’est point en allée avec les ambitions, les intérêts et les années. page 6 AVERTISSEMENT MANUEL ALGEI3IEN. Ce livre a été resserré en un très petit format, pour que le soldat, le sous-offi cier, l’offi cier supé- rieur ou inférieur qui se sentirait du goût pour la géographie, l’administration ancienne, en un mot, pour l’archéologie de l’Afrique, pût le mettre dans son sac, et le parcourir pendant ses loisirs de bivouac ou de garnison. Il contient le récit ou la mention de tous les faits mémorables qui se sont succédé dans la partie de l’Afrique septentrionale connue, il y a 22 ans, sous le nom de Régence d’Alger, et maintenant sous celui d’Algérie. Le tout a été fi dèlement traduit sur les textes originaux. Il a semblé à l’auteur que la publication de ce Manuel répondait à un désir, peut-être même à un besoin généralement exprimé. Page 8 INTRODUCTION RÉSUMÉ DES FAITS HISTORIQUES. Il n’est pas inutile peut-être de rappeler à l’impa- tience et à la légèreté française l’exemple de la cons- tance et de la ténacité prudente des Romains dans la conquête de l’Afrique. On s’étonne qu’en quatre années on n’ait pas soumis. organisé, assaini, cultivé toute la régence d’Alger, et l’on oublie que Rome a employé deux cent quarante ans pour la réduire tout entière à l’état de pro- vince sujette et tributaire; on oublie que cette manière lente de conquérir fut la plus solide base de la datée de sa puissance. Cette impétuosité française, si terrible dans les batailles, si propre à envahir des royaumes, deviendrait-elle un péril et un obstacle quand il s’agit de garder la conquête , et d’achever lentement l’œuvre pénible de la civilisation ? Retraçons brièvement les faits : En 553 de Rome, Scipion l’Africain a battu Annibal II INTRODUCTION. réduit Carthage aux abois, vaincu et pris Syphax(1) . Il peut rayer le nom Punique de la liste des nations, et former une province romaine du vaste pays qui s’étend depuis les Syrtes jusqu’au fl euve Mulucha(2). Le sénat romain se borne à affaiblir Carthage par un traité, et donne à Massinissa tous les États de Syphax(3) L’an de Rome 608, Scipion Émilien a détruit Car- thage, occupé tout son territoire, et cependant le sénat romain ne le garde pas tout entier : il détruit toutes les villes qui avaient aidé les Carthaginois dans la guerre, agrandit les possessions d’Utique qui l’avait servi contre eux , fait du surplus la province romaine d’Afri- que(4), et se contente d’occuper les villes maritimes , les comptoirs, les colonies militaires ou commerciales, que Carthage avait établis depuis la petite Syrte jus- qu’au delà d’Oran. Rome, de même que la France jus- qu’à ce jour, prend position sur la côte, et ne s’avance pas dans l’intérieur. En 646, Rome, insultée par Jugurtha, est forcée d’abattre la puissance de ce prince, inquiétante pour les nouvelles possessions en Afrique. Métellus, Marius et _______________ 1 Tit. Liv., XXX, VIII, 111, 44. 2 Malva de d’Anville, Moulouiah actuelle. 3 Voyez le détail des articles dans Polybe, XV, XVIII. 4 Appian, Punic., cap. CXXXV. 5 Scylax, p. 51, ed. Huds. ; Polybe, t. I, p. 458, ed. Schweigh ; Heeven, Politique et commerce des peuples de l’antiquité, sect. I, chap. II, t. IV, pag. 58, trad. française. INTRODUCTION. III Sylla viennent à bout de l’habile et rusé Numide; il est conduit en triomphe, mené au supplice : ses États semblaient acquis au peuple romain et par le droit de la guerre, et par droit de réversion; car il ne restait plus d’héritier direct de Massinissa, à qui Rome, un siècle auparavant, avait donné ce royaume. Cependant le hardi Marius n’en propose pas l’adjonction entière à l’empire. Il réunit quelques cantons limitrophes à la province d’Afrique(1). On donne à Hiempsal le reste de la Numidie, moins la partie occidentale dont le sénat gratifi e Bocchus, ce roi maure qui avait livré Jugurtha(2). L’an 708, Juba Ier, fi ls d’Hiempsal II, veut rele- ver le parti de Pompée, abattu par César, à Pharsale. Juba défait d’abord, près d’Utique, Curion , lieutenant de César, et se joint ensuite à Scipion pour combat- tre le dictateur. La bataille de Thapsus décide du sort de l’Afrique(3) : Juba vaincu se tue lui-même. César réduit la Numidie en province romaine, et la fait régir par Salluste l’historien, qu’il honore du -titre de pro- consul(4). Auguste, en 721, après la mort de Bocchus et de _______________ 1 Président de Brosses, Histoire de la république romaine, t. I, p. 212, note. 2 Salluste, Jug., C. CXIX. 3 Hirt., Bell., Afr., C. LXXXVI. 4 Ibid., C. XCVII. IV INTRODUCTION. Bogud, rois des Mauritanien Césarienne et Tingitane, forme de leurs États une province(1) : mais en 724 il rend à Juba II, élevé à sa cour et l’un des hommes les plus instruits de son siècle, une partie de l’ancien royaume de Massinissa(2) ; il le marie à Cléopâtre Séléné, fi lle de M. Antoine et de la fameuse Cléopâtre. L’an 729, Auguste change ces dispositions : il reprend à Juba la Numidie, et en compose la nouvelle province d’Afrique; il lui donne pour compensation quelques portions de la Gétulie et les deux Mauritanies, déjà un peu façonnées au joug de la domination romaine(3). Ptolémée, fi ls de Juba et de Cléopâtrc, devient victime de la capricieuse jalousie de Caligula(4) en 793, et c’est en 795 de Rome , l’an 43 de l’ère vulgaire, que Claude fait de ce royaume, sous le nom de Mauritanies Césa- rienne et Tingitane(5), deux provinces qui, avec celles de Numidie, d’Afrique et de Cyrénaïque, composaient l’ensemble des possessions romaines dans l’Afrique septentrionale. Cet exposé succinct, mais fi dèle, montre quelle prudente circonspection, quelle patience persévérante la république romaine crut devoir employer dans la _______________ 1 Dio., XLIX, XLIII. 2 Ibid., L1, XV ; Reimar., not. 93, et la dissertation de Sévin, Mém., Acad. des inscr., t. V1, p. 144 sqq.; Plin., V, I, XVI. 3 Dio., LIII, XXVI. 4 Ibid., LIX, XXV ; Suétone, Caligula, C. XXXV. 5 Dio. LX, IX. INTRODUCTION. V conquête, l’occupation et la colonisation de la Numi- die et de la Mauritanie Césarienne seulement : et ce fut dans l’apogée de sa puissance, dans les trois siè- cles les plus féconds en grands capitaines, en hommes d’État distingués, quand l’armée avait la confi ance que donnent une instruction supérieure et huit siècles de victoires ; ce fut enfi n dans la période comprise entre l’époque du premier Scipion et celle de Corbulon, que des vainqueurs tels que Marius et Sylla, César et Pompée, Auguste et Agrippa, jugèrent cette lenteur d’action utile et nécessaire : tant cette Afrique, plus peuplée, plus agricole, plus civilisée néanmoins que de nos jours, alors que, grâce à une religion presque identique, on n’avait point à triompher d’un obstacle énorme, leur parut périlleuse à conquérir, diffi cile à subjuguer. On voit les Romains marcher pas à pas; maîtres de la province punique et de la Numidie tout entiers, ils la rendent, l’une à un ennemi affaibli, l’autre à un roi allié. Le téméraire Marius semble se glisser en trem- blant dans cette même Numidie que Massinissa, pour- tant, avait laissée si productive et si peuplée(1) ; il n’ose la garder après l’avoir conquise; il se borne à assurer la possession des villes maritimes, des colonies militaires, des positions fortes, héritage des Carthaginois recueilli _______________ 1 Polybe, XXXVII, m, 7. VI INTRODUCTION. par les victoires de Scipion Émilien. Le grand César lui-mène, ce génie supérieur, pour qui le temps, l’es- pace, le climat, les éléments ne sont point un obstacle, le grand César recule devant la conquête d’une faible portion de l’Afrique ; il subjugue la Numidie, et rend à Bocchus la Mauritanie Césarienne. Auguste, dans un règne de cinquante-huit ans, emploie toutes les ressources de sa politique habile et ruse pour triompher des résistances de l’indépendance africaine. La Numidie, pillée et vexée par Salluste, menaçait de se soustraire uploads/Histoire/ algerie-dureau-de-la-malle.pdf
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- Publié le Dec 22, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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