Chapitre 1 La forêt dans tous ses états Chapitre 1. La forêt dans tous ses état
Chapitre 1 La forêt dans tous ses états Chapitre 1. La forêt dans tous ses états Crédits photo : Shutterstock; Frontpage Forêt brûlée au Brésil pour faire un pré à bétail Sous les pressions anthropiques, la forêt recule de 13 millions d’hectares par année, surtout dans la zone intertropicale. De ce total, 85% est attribuable à l’agriculture. 1-1 Chapitre 1. La forêt dans tous ses états Table des matières Résumé ................................................................................................................ 2 1.1 La forêt dans tous ses états Claude VILLENEUVE et Olivier GUILLITE................................................... 3 Encadré 1. Déclinaisons de la relation entre les humains et la forêt Claude VILLENEUVE .........................................................................................4 Encadré 2. Forêts et développement Claude VILLENEUVE..........................................................................................6 Encadré 3. Définition de la forêt par la FAO...............................................................23 Encadré 4. Les forêts ne sont pas les poumons de la planète Claude VILLENEUVE........................................................................................28 Liste des figures Figure 1. Bilan forestier mondial par régions ...............................................................................5 Figure 2. Bilan des forces directrices et de leur influence sur les forêts......................................7 Figure 3. Extraction des ressources 1992-2011 ..........................................................................7 Figure 4. Changements dans les superficies forestières dans le monde ....................................8 Figure 5. Régression des forêts de mangroves ...........................................................................8 Figure 6. Répartition des sources d’énergie primaire en 2008 ....................................................9 Figure 7. Croissance de la population depuis 1992...................................................................10 Figure 8. Évolution du taux d’accroissement de la population mondiale 1992-2010.................10 Figure 9. Répartition des effectifs humains et de la croissance projetée 1950-2100 ................11 Figure 10. Relation entre l’Indice de développement humain (IDH) et le taux d’accroissement démographique dans la Francophonie ............................................11 Figure 11. Croissance de la population des villes depuis 1990...................................................12 Figure 12. Évolution des surfaces cultivées pour la canne à sucre, le soya et le palmier à huile 1990-2008 dans les zones tropicales humides ..........................13 Figure 13. Principales sources d’émissions de gaz à effet de serre............................................14 Figure 14. Évolution de l’efficacité de l’usage des ressources ....................................................15 Figure 15. Évolution de la concentration de CO2 dans l’atmosphère..........................................16 Figure 16. Évolution de la concentration atmosphérique du CO2 et des températures au cours des derniers 800 000 ans ............................................................................16 Figure 17. Expansion des plantations forestières dans le monde ...............................................17 Figure 18. Croissance des aires protégées dans le monde depuis 1990....................................19 Figure 19. Évolution des superficies forestières certifiées depuis 2000......................................19 Figure 20. Causes de la déforestation en milieu tropical.............................................................20 Liste des tableaux Tableau 1. Cinq grands thèmes inspirés des principes et constats de la FAO dans l’optique de « l’économie verte » ................................................................................33 1-2 Résumé Selon le dictionnaire de l’environnement et du développement durable1, « l’économie verte recouvre l’ensemble des activités économiques liées directement ou indirectement à la protection de l’environnement. L’économie verte recouvre ainsi la gestion des ressources rares, les énergies renouvelables, le changement climatique, la prévention des risques, ou encore la gestion des déchets ». Pour le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), il s’agit d’« une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources. » La différence n’est pas anodine, la première définition traitant du sujet de l’économie verte, la deuxième de sa fonction. C’est toutefois la première définition, celle de l’activité économique portant sur les questions environnementales qui est le plus souvent trouvée dans ses diverses déclinaisons. L’élargissement de perspective du PNUE est intéressant ici puisqu’il met l’économie au service du développement durable, avec ses impératifs sociaux environnementaux et éthiques. C’est dans cette deuxième acception de l’économie verte que la forêt prend racine. En effet, les forêts fournissent un ensemble de services environnementaux qui entraînent une amélioration du bien-être humain tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux. Reste la dimension de l’équité sociale, pour laquelle la forêt n’a naturellement pas de rôle et pour laquelle il faut que les termes de l’échange économique soient rééquilibrés si l’on veut satisfaire à la définition du PNUE. Ce rééquilibrage ne peut être fait que par une intervention délibérée reconnaissant la valeur des services divers générés par des forêts en bonne santé et rémunérant ceux qui en assurent la conservation. Il appelle donc à une réforme des relations économiques traditionnelles entre les consommateurs et bénéficiaires des services écosystémiques générés par les forêts et ceux qui, vivant à proximité, doivent agir de manière à les préserver. Il s’agit donc de voir ici comment une économie qui se veut verte peut contribuer à la réduction de la pauvreté. Il existe en effet un lien proche entre la pauvreté et la dépendance aux écosystèmes forestiers dans le monde actuel. Les auteurs des différents chapitres nous donnent des pistes pour contribuer à l’atteinte de cet objectif et nous mettent aussi en garde contre les pièges qui s’y cachent. Ce chapitre se divise en deux parties. La première présente une analyse sur les forces directrices qui résultent de l’évolution de l’humanité et de sa relation avec les forêts et fait état des pressions qui s’exercent sur les forêts du monde. La seconde porte un regard sur la définition d’une forêt en tenant compte de différents paramètres dont ses fonctions écologiques. Elle décrit enfin et classifie les services que la forêt rend à l’humanité. 1Source : http://www.dictionnaire-environnement.com/economie_verte_ID5757.html, (consulté le 22 avril 2012). 1-3 1.1 La forêt dans tous ses états « La nature s’invente elle-même, depuis la nuit des temps »2 Claude VILLENEUVE, professeur et directeur de la chaire en Eco-Conseil, département des Sciences fondamentales, Université du Québec à Chicoutimi, claude_villeneuve@uqac.ca Olivier GUILLITE, chargé de Recherche aux laboratoires d’écologie de la Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux et de l’Université de Liège (Belgique), olivier.guillitte@ulg.ac.be Notre espèce (Homo sapiens) est née d’ancêtres primates qui ont quitté le biome forestier tropical humide à la faveur d’un changement climatique. Avantagés par diverses caractéristiques dans le biome de la savane, nos ancêtres se sont différenciés des autres grands primates pour former un rameau buissonnant dont nous sommes les seuls descendants encore vivants. Dotés de la faculté d’apprendre tout au long de notre vie et d’un langage articulé, les humains ont développé à travers la culture et l’usage des outils la capacité de modeler leur environnement. À travers son évolution, l’humanité a peuplé dès le paléolithique tous les types de forêts existants sur la planète. En nous adaptant aux caractéristiques locales des écosystèmes, nous avons développé une connaissance relationnelle des forêts, ces dernières devenant le creuset de multiples cultures originales qui partagent des traits communs. Dans leur représentation, comme l’explique Nicole Huybens au chapitre 2, la forêt est une matrice. L’impact des peuples forestiers sur les forêts a été réel, mais parfaitement compatible avec la capacité de résilience des écosystèmes. Avec une faible démographie et des besoins essentiellement satisfaits par les ressources renouvelables, ces populations ont pu se maintenir pendant des milliers d’années sans infliger de changements majeurs dans les écosystèmes, pratiquant ainsi le développement durable avant la lettre. 2 Fournier, Luc, 2006, Les dernières forêts d’arbres libres, Lanctôt éditeur, Montréal 1-4 Encadré 1. Déclinaisons de la relation entre les humains et la forêt Selon les civilisations et les époques, la forêt et les humains ont entretenu divers types de relations écologiques l’un avec l’autre. Cette typologie sommaire permet de situer les termes de référence. Elle n’est ni déterministe ni absolue. De multiples états intermédiaires ont pu ou peuvent encore exister. Aucune de ces étapes n’est un préalable obligatoire à une autre et le processus peut être inversé. Âge des chasseurs-cueilleurs : Les populations de chasseurs-cueilleurs considèrent la forêt comme une matrice. Il n’y a pas de différence entre les humains et les autres êtres vivants, on leur doit le respect et les esprits des morts, les génies et autres esprits y habitent. La relation est symbiotique et mutualiste, les hommes appartiennent à la forêt, la forêt n’appartient à personne, les deux partenaires bénéficient de leur présence mutuelle. Âge des agriculteurs : La forêt est vue comme un compétiteur pour les sols. Elle doit être enlevée ou domestiquée pour servir les humains. Couper la forêt est synonyme de progrès vers la civilisation. L’objectif est le contrôle et la domination des forces naturelles. La relation écologique est la compétition. La forêt entre dans le domaine de la propriété privée et est entretenue pour ses services économiques, sinon elle est pillée par opportunisme. Âge industriel : La forêt est une ressource. L’homme s’y comporte en prédateur. On peut y prélever en un instant ce qui prend des siècles à se renouveler. Ce sont les marchés qui déterminent la valeur instantanée de ce qu’on peut y exploiter. La forêt est une valeur économique, sans plus. Âge de l’information : La forêt est une composante vivante de la planète que nous apprenons à connaître pour ses fonctions écologiques. Les services qu’elle rend à l’humanité sont difficilement quantifiables, mais ils sont indispensables pour le maintien des équilibres planétaires et la satisfaction des besoins humains. Que l’on vive près ou loin de la forêt, nous sommes tributaires de sa santé. Il faut donc investir dans sa protection et sa gestion raisonnée selon les principes du développement durable. Il s’agit d’une nouvelle forme de mutualisme dans lequel de façon consciente, les humains investissent de manière informée pour maintenir la santé uploads/Finance/ forets-et-humains-etude-complete-chap-01.pdf
Documents similaires








-
38
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 05, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 1.1473MB