© RmnGP 2019 DOSSIER PÉDAGOGIQUE DE L’EXPOSITION À DESTINATION DES ENSEIGNANTS
© RmnGP 2019 DOSSIER PÉDAGOGIQUE DE L’EXPOSITION À DESTINATION DES ENSEIGNANTS ET DES RELAIS ASSOCIATIFS GRAND PALAIS 16 OCTOBRE 2019 – 10 FÉVRIER 2020 GRECO DOSSIER PÉDAGOGIQUE GRECO SOMMAIRE 16 OCTOBRE 2019 – 10 FÉVRIER 2020 03 Introduction 06 Visiter l’exposition 07 Greco en 12 dates 12 Découvrir quelques œuvres 24 Proposition de parcours 04 Entretien avec Guillaume Kientz et Charlotte Chastel-Rousseau, commissaires de l'exposition 06 Plan de l'exposition 09 Les Thèmes 19 Questions à Araceli Guillaume-Alonso 28 Annexes et ressources Autour de l'exposition Bibliographie et sitographie Crédits photographiques et mentions de copyright © RmnGP 2019 3 DOSSIER PÉDAGOGIQUE © RmnGP 2019 GRECO · Introduction Cette rétrospective est la première grande exposition monographique française consacrée au génie que fut Greco (Doménikos Theotokópoulos, 1541-1614). Ce peintre d’origine crétoise a parcouru l’Europe avant de s’établir en Espagne en 1577. Redécouverte par les avant-gardes au tournant des 19e et 20e siècles, son œuvre à la fois fougueuse et électrique, allie tradition et innovation dans un esprit humaniste, à l’aube du Siècle d’or espagnol. Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, le musée du Louvre et l’Art Institute de Chicago. Commissaires de l’exposition Guillaume Kientz, directeur des collections européennes, Kimbell Art Museum, Fort Worth. Charlotte Chastel-Rousseau, commissaire associée, conservatrice des peintures espagnoles et portugaises, département des Peintures, musée du Louvre, Paris. Rebecca Long, Patrick G. and Shirley W. Ryan Associate Curator of European Painting and Sculpture before 1750, the Art Institute of Chicago. INTRODUCTION LOCALISATION DE LA GALERIE CÔTÉ SUD-EST DANS LE GRAND PALAIS 4 DOSSIER PÉDAGOGIQUE © RmnGP 2019 GRECO · ENTRETIEN AVEC LES COMMISSAIRES DE L'XPOSITION C’est la première fois qu’une exposition est consacrée au peintre Greco en France. Qu’est-ce qui est à l’origine de ce projet ? GK : Greco présente le cas assez paradoxal d’un très grand artiste qui n’a jamais eu sa rétrospective en France, alors même que ce pays a joué un rôle essentiel dans sa redécouverte entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle. D’autre part, à l’origine de l’exposition du Grand Palais, il y a la volonté de l’Art Institute de Chicago d’organiser une exposition Greco à l’occasion de la restauration de la grande Assomption. Le musée américain nous prête ce tableau majeur de l’artiste. L’œuvre n’est pas venue en Europe depuis 1904 ! Combien d’œuvres seront-elles expo- sées ? L’exposition couvrira-t-elle l’ensemble de sa carrière ? GK : L’exposition évoquera l’ensemble de la carrière de Greco. Nous avons près de 80 œuvres. CCR : L’exposition est conçue comme une grande rétrospective, faisant la part belle à des peintures monumentales, mais aussi à des petits formats plus intimistes. Des sculptures, deux livres ayant appartenu à Greco et des dessins seront aussi présentés Greco apparaît comme un peintre fina- lement mal connu, auquel s’attachent des idées fausses, comme celle d’une réputation d’original, isolé ; que peut-on en dire aujourd’hui ? GK : C'est à la fois vrai et faux. Greco pratique un art original mais tout à fait cohérent avec sa formation. D'abord peintre d'icônes, il continue son chemi- nement à Venise qui lui apporte un sens de la couleur. Ensuite, il s'ouvre au maniérisme à Rome et à la monumen- talité sculpturale de Michel-Ange. Enfin, en s'installant en Espagne il accède à une autre intensité de la peinture. C’est donc sa trajectoire qui est originale et c'est ce qui fait son intérêt. Greco n'est pas isolé, au sens du peintre maudit et persécuté. Il est très bien établi à Tolède, qui est à l'époque la capitale des arts en Espagne. Il domine complè- tement le marché et il est intégré dans la société humaniste et érudite de son temps dans cette ville. Toutefois, il représente le passé. On a l'habitude de regarder Greco avec l'œil de la modernité puisqu'il a été redécouvert par l'avant-garde, à la fin du 19e siècle. Il a peint à la toute fin du 16e siècle et au début du 17e, au moment où Caravage est à Rome. Greco est un peintre de la Renaissance au temps où elle va mourir. Il est donc isolé par rapport à une certaine marche de l'Histoire car son œuvre est en résistance au naturalisme qui arrive. En même temps, il règne dans ce monde qui finit. CCR : Nous espérons que les visiteurs de l’exposition garderont l’image d’un Greco humaniste, lisant et anno- tant Vitruve et Vasari, un artiste de la Renaissance dirigeant un important atelier, qui a peu à voir avec le person- nage stéréotypé d’un mystique illuminé qu’on a parfois imaginé. Peintre, miniaturiste mais aussi attiré par l’architecture, cet artiste apparaît comme un des derniers représentants de la Renaissance. Comment définir son style ? CCR : On retrouve dans sa peinture les caractéristiques stylistiques des artistes maniéristes, comme le peintre vénitien Tintoret par exemple et toute cette génération à partir des années 1520 qui a assimilé la leçon des grands maîtres de la Renaissance et cherche à la dépasser. Guillaume Kientz, directeur des collections européennes, Kimbell Art Museum, Fort Worth. Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice des peintures agnoles et portugaises, département des Peintures, musée du Louvre, Paris. ENTRETIEN AVEC LES COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION GUILLAUME KIENTZ ET CHARLOTTE CHASTEL- ROUSSEAU 5 DOSSIER PÉDAGOGIQUE © RmnGP 2019 GRECO · ENTRETIEN AVEC LES COMMISSAIRES DE L'XPOSITION La palette de Greco est très élaborée avec des couleurs audacieuses - des jaunes acides, des roses intenses, des verts anis, des bleus électriques, qui souvent ressortent sur des fonds gris sombres. Il a un goût pour les torsions expressives des silhouettes et un travail très poussé sur la gestuelle. GK : On a souvent parlé de ses figures incandescentes, de sa palette flam- boyante, mais je considère que Greco est le « bouquet final » de la Renaissance. C'est pour cela qu'il a été oublié car il ne correspond plus à ce que l'on comprend et que l'on aime à l'époque. Originaire de Crète, alors possession vénitienne, que sait-on de sa formation ? Pourquoi décide-t-il de partir pour Venise ? GK : On sait que Greco est maître d'icônes dès 1563 et que son frère est peintre aussi dans un atelier familial. Il signe quelques peintures, ce qui permet de documenter cette première activité. La Crète est périphérique par rapport à Venise, qui est un centre attractif pour quelqu'un qui veut faire de la peinture. Il est donc normal qu'il s'y rende. CCR : Quand Greco décide de partir de Crète, il est âgé de 25 ans, ce qui n’est pas très jeune ; on peut supposer qu’il est déjà un artiste confirmé. Il a certaine- ment parfait sa formation en Italie mais le substrat de tradition byzantine est fondamental pour comprendre l’origina- lité de sa manière de peindre. D’autres peintres d’icônes comme Georgios Klontzas, contemporain de Greco, ont fait le voyage vers l’Italie mais aucun n’a réussi une telle mue artistique. Que sait-on de son séjour vénitien et quelle trace va-t-il en rester dans son œuvre ? GK : Ça n'a pas marché pour lui à Venise car il faut un minimum de réseau. De nombreux artistes de talent - Bassano, Véronèse, Titien, Tintoret - s'y partagent les commandes. Greco ne trouve pas sa place. L’expérience romaine succède au séjour à Venise mais le succès n’est toujours pas au rendez-vous. Pourquoi ? GK : Rome à ce moment-là ouvre de grands chantiers après le concile de Trente de la Réforme catholique. Greco y est recommandé auprès des Farnèse. Cette opportunité est de courte durée, car il se fâche avec la famille et se retrouve seul dans une ville où sa natio- nalité grecque n'est pas très représentée. L'une des autres raisons pour lesquelles il ne perce pas à Rome c'est qu'il ne pratique pas la technique de la fresque. Le peintre rejoint finalement l’Espagne où le chantier de l’Escorial, sous l’im- pulsion de Philippe II, est en plein essor. Quelles sont ses relations avec le souve- rain ? GK : C'est le plus grand chantier d'Eu- rope à l'époque. Greco apprend qu'il y a un « Eldorado » de travail à l'Escorial, il décide donc de tenter sa chance. Le roi Philippe II est un grand amateur de Titien et Greco se dit son élève. Les relations avec le souverain n'étaient pas d'ordre intime, mais la peinture de Greco devait être celle qu'il aimait. Très conscient de ses devoirs de règnant et de ceux de la Réforme catholique, il prend la décision de construire l'Es- corial en lien avec le concile de Trente. Ce projet est une vitrine politique pour Philippe II. Il veut être le « premier de la classe » de l'Église catholique. Il impose une architecture très austère pour montrer le retour à l'ordre et il commande des images claires qui reposent sur les Évangiles, sans fantaisie. C'est un catéchisme qui donne le ton de ce que doit être l'art, à diffuser dans toute l'Europe par l'intermédiaire des visiteurs prestigieux. Cependant, les ambitions humanistes de la Renaissance de Greco, intel- lectuelles, sophistiquées, héroïques, syncrétiques entre Antiquité et morale chrétienne uploads/s3/ dossier-pedagogique-greco.pdf
Documents similaires










-
56
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 20, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
- Taille du fichier 5.5698MB