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amburger-Interieur.indd 1 24/08/10 11:41 → 1 Hamburger-Interieur.indd 2-3 24/08/10 11:41 2 → Hamburger-Interieur.indd 4-5 24/08/10 11:41 3 → Hamburger-Interieur.indd 6-7 24/08/10 11:41 4 → Hamburger-Interieur.indd 8-9 24/08/10 11:41 5 → Hamburger-Interieur.indd 10-11 24/08/10 11:41 6 → Hamburger-Interieur.indd 12-13 24/08/10 11:41 7 → Hamburger-Interieur.indd 14-15 24/08/10 11:41 8 → Hamburger-Interieur.indd 16-17 24/08/10 11:41 9 → Hamburger-Interieur.indd 18-19 24/08/10 11:41 10 → Hamburger-Interieur.indd 20-21 24/08/10 11:41 11 → Hamburger-Interieur.indd 22-23 24/08/10 11:41 24 25 12 → Hamburger-Interieur.indd 24-25 24/08/10 11:41 13 → Hamburger-Interieur.indd 26-27 24/08/10 11:41 14 → Hamburger-Interieur.indd 28-29 24/08/10 11:41 15 → Hamburger-Interieur.indd 30-31 24/08/10 11:41 16 → Hamburger-Interieur.indd 32-33 24/08/10 11:41 17 → Hamburger-Interieur.indd 34-35 24/08/10 11:41 18 → Hamburger-Interieur.indd 36-37 24/08/10 11:41 19 → Hamburger-Interieur.indd 38-39 24/08/10 11:41 20 → Hamburger-Interieur.indd 40-41 24/08/10 11:41 21 → Hamburger-Interieur.indd 42-43 24/08/10 11:41 22 → Hamburger-Interieur.indd 44-45 24/08/10 11:41 Sur la couverture d’un numéro récent de Newsweek (26 nov. 2007), à côté du gros titre « Books Aren’t Dead (They’re Just Going Digital) » [« Les livres ne sont pas morts (ils deviennent électroniques, c’est tout) »], le directeur du site Amazon.com, Jeff Bezos, passe malicieusement la tête derrière son nouveau produit, l’Ama- zon Kindle1 (№ 1). Faisant ouvertement passer de la promotion pour de l’information, l’ar- ticle qui lui était consacré expliquait sur un ton exalté que « cet appareil qui tient dans la main peut… contenir plusieurs étagères de livres : 200 sur le disque dur, des centaines de plus sur une carte mémoire et un nombre infini de volumes dans des bibliothèques virtuelles gérées par Amazon ». On n’empêchera pas le progrès, et il ne fait aucun doute que l’invention ne laisse pas indifférent. « Finalement, le livre s’avère être 1 Cet essai conserve l’aspect de la conférence dont il est issu, l’objectif n’étant pas de traiter le sujet dans sa totalité, qui s’étend à toutes les périodes et à tous les genres de l’enluminure des manuscrits médiévaux. Les notes ont été limitées au strict minimum. Pour une version plus exhaustive, on se reportera à « Openings », in Constant Mews et Gregory Kratzman (dir.), Imagination, Books and Community in Medieval Europe : À Conference at the State Library of Victoria, actes du colloque de Melbourne, 29-31 mai 2008, Melbourne, MacMillian Art Publishers, 2009, p. 50-133. Hamburger-Interieur.indd 46-47 24/08/10 11:41 48 49 un outil incroyable », dit très justement Bezos. Il existe cependant une chose – une chose très importante – que le Kindle ne peut pas faire, à la différence du livre traditionnel : il ne s’ouvre pas. || L’ouverture d’un livre ne va pas de soi. Une petite vidéo en ligne consultable aujourd’hui sur YouTube, intitulée « Le support technique médié- val » (The Medieval Helpdesk), montre les difficultés rencontrées par un moine pour ouvrir un livre. En dehors des clichés utilisés pour tour- ner le moine en ridicule, la drôlerie du film tient au fait de voir ce personnage se démener avec ce qui nous paraît être une évidence. D’une telle évi- dence que, si on a publié beaucoup de choses sur la mise en page, presque rien n’a jamais été écrit sur la notion de double page, à savoir ce qu’on voit quand un livre est ouvert. Mais avant de nous déclarer tellement plus malins que ce moine empêtré dans son livre, rappelons d’abord que la page unique ne représente que la moitié du champ visuel offert par un livre qu’on tient ouvert devant soi. Il semble d’ailleurs que la couverture de Newsweek le reconnaisse inconsciemment en ne montrant qu’une seule moitié du visage de Jeff Bezos, l’autre moitié étant dissimulée par la tablette électronique. Or un livre qu’on ouvre est binoculaire, et ce fait, pourrait-on dire pour filer la métaphore, est ce qui lui donne toute sa profon- deur. Cet essai tente de sonder ces profondeurs en voyant dans l’histoire millénaire du livre médié- val un vecteur pour explorer cette expérience de l’ouverture, envisagée non seulement comme une pratique nécessitant l’utilisation des mains, mais aussi comme un concept qui englobe jusqu’à l’idée de révélation. Si nous avons décidé de nous en tenir aux livres religieux, par opposition aux livres séculiers, ce n’est pas simplement par manque d’es- pace, mais aussi parce que c’est dans le contexte de l’art religieux que la notion de double page a acquis sa plus grande force. Après avoir d’abord analysé les dimensions symboliques de la double page, je m’intéresserai au livre comme objet maté- riel, en mettant l’accent sur les différences entre le codex et le rouleau et sur les modes de construction des doubles pages. Ceci me permettra d’aborder les possibilités esthétiques et expressives de la double page, en privilégiant la question des cadres et des différentes manières de concevoir les doubles pages qui miment le processus de lecture. Pour conclure, je m’attacherai à la place du lecteur dans la double Hamburger-Interieur.indd 48-49 24/08/10 11:41 50 51 prophète. Une miniature ajoutée à un psautier du XIe siècle de Saint-Aubin d’Angers3 revient sur ce précédent carolingien en plaçant le livre scellé dans un espace garni de rideaux qui évoque l’Arche d’alliance. Aux sept sceaux, qu’on distingue à peine sur la reliure, correspondent les sept dons de l’Esprit Saint qui rayonnent autour du bec de l’oiseau perché à l’intérieur du Temple : ils sont les signes de ce qui sera révélé au moment de l’ouver- ture des sceaux. || Même si plus de cinq cents ans séparent les Heures de Wharncliffe, un livre français du xve siècle, de la Bible carolingienne de Vivien, la conception du livre ouvert comme source de salut est la même (№ 3). L’encadré du texte, stratégiquement disposé, donne l’impression de flotter au-dessus de la miniature, et établit un lien entre l’expérience que le lecteur fait du livre ouvert et le volume que tient la Trinité dans la scène céleste qui se déroule au-dessus de l’Annon- ciation, où la lecture est, pour Marie également, un moment de révélation. Les quatre femmes qui se saluent et s’embrassent au milieu des anges qui les accompagnent en musique représentent les 3 Amiens, Bibliothèque municipale, Ms. L’Escalopiear 2, fol. 19bis. page, c’est-à-dire comment nous, lecteurs, pou- vons franchir le seuil des espaces qu’elle ouvre. L’ouverture comme révélation Je commencerai par une analyse des dimensions symboliques de l’ouverture comme révélation. Dans l’Apocalypse, Jean déclare : « Je vis ensuite dans la main droite de celui qui était assis sur le trône, un livre écrit dedans et dehors, scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant, qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en rompre les sceaux ? » (Apoc. 5:2). Dans la Bible carolingienne de Vivien, dite Première Bible de Charles le Chauve2, le livre intronisé (Hetoimasia) occupe le centre de la page, entouré des symboles des quatre Évangélistes, de l’agneau de Dieu et du lion de Judas, qui tous deux symbo- lisent le Christ (№ 2). La miniature figurant dessous représente un personnage assis sur le trône qui, aidé de l’aigle de Jean, relève le voile tourbillonnant qui lui couvre les yeux ; cette figure représente tout à la fois l’Évangéliste, Moïse et Paul, formant à eux trois une sorte de super 2 Paris, Bibliothèque nationale de France, Ms, Lat. 1, fol. 415v. Hamburger-Interieur.indd 50-51 24/08/10 11:41 52 53 au lieu de protéger ce qu’elle contient avec leurs ailes, obéissent au mystérieux geste en chiasme du prophète et ouvrent au-dessus du propitiatoire un triptyque d’aspect très chrétien, à moins que ce ne soit un autel formé de trois panneaux. Comme Moïse, l’image regarde vers l’arrière et vers l’avant : elle représente le livre fermé de l’Ancien Testament tout en annonçant le livre ouvert du Nouveau. || Que signifie être le témoin de l’ou- verture d’un livre apocalyptique ? Les grandes doubles pages des premiers commentaires médié- vaux du Beatus saisissent bien l’intensité visionnaire du texte. Ainsi désignés d’après Beatus de Liébana (vers 730-800), auteur d’un Commentaire sur l’Apocalypse qui fut largement diffusé dans la péninsule ibérique et le sud-ouest de la France, les livres de ce type donnent une représentation très dramatique et vivante de la déclaration de l’ange à Jean au début de l’Apoca- lypse (1:11) : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre. » Dans le Beatus de Saint-Sever, le lecteur est rendu témoin de la femme de l’Apocalypse que voit et décrit Jean au chapitre 12, souvent identi- fiée à la Vierge Marie : « Un grand signe parut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la « Quatre filles de Dieu » décrites dans le Psaume 84:11 (« Amour et Vérité se rencontrent ; Justice et Paix s’embrassent ») ; dans un sermon de Bernard de Clairvaux, ces paires sont associées à l’Annon- ciation et, dès le XIIe siècle, à des images d’Incarnation4. Dans l’image, et avec elle l’acte de voir, la théologie, l’exégèse, et la lecture se confon- dent et s’unissent dans un même processus. || La tension entre dissimulation et révélation, repré- sentée par le livre ouvert et fermé, est une uploads/s1/ hamburger-ouvertures.pdf

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  • Publié le Fev 08, 2021
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