- Edouard ETSIO ' , PARLONS TE • • LANGUE ET CUL TURE • L'Harmattan L'Harmattan

- Edouard ETSIO ' , PARLONS TE • • LANGUE ET CUL TURE • L'Harmattan L'Harmattan Inc. , · 5-7, rue de l'Ecole Polytechnique 75005 Paris - FRANCE 55, rue Saint-Jacques Montréal (Qc) - CANADA H2Y 1K9 • • ''Il n y a pas de vent f avorable pour celui qui ne sait pas où il va''. Il ny en a pas non plus ''pour celui qui ne sait pas d'où il part''. . SEN EQUE • , • • A tous ces Congolais morts du f ait de la barbarie des hommes. A mes amis dont / 'aide à la construction de cet ouvrage est et restera inestimable : J-Y Raveaud, Hopiel Ebiatsa, Lassane Ntsiba M adzou, C. Eboulondzi. Je ne peux oublier Claz1de Renaud, S ylvaine et François lmani, Marc et V éroniqi1e Talansi. A Dieudonné Magloire Niambi. Je lui dois les dessins illustrant dans cet ouvrage la culture tékée. A mes collègues et étudiants de l 'AFT-IFTI M de Bo1·deaz1x. Leur aide morale n1 'a été très précieuse. A n1on é pouse Thérèse Etsio qui, au péril de sa vie, a parcoi1ri1 la route menant de Brazzaville à Etsouali (où sévissaient des bandes de milices armées) pour nous ramener / 'essentiel des textes et du lexique tékés. A ma fille, Golimé-Ouonowé Etsio, qui n1 'a permis d'entrer dans le monde si mystérieux et si complexe de / 'inf ormatique. Je remercie en fin Gabriel Okoundji, Michel Malherbe et Sandrine Vigilant. Leur concours a été déterminant dans l 'aboutissement de ce travail. A mon père, le regretté Paul Obounou . • • • ... • A V ANT-PROPOS Aux lecteurs désireux de connaître ce peuple d 'Afrique central ainsi qu 'aux étudiants et chercheurs souhaitant percer le mystère de ces hommes, pacifiques jusqu 'à la. moelle épinière, ce livre représente un outil de base pour acquérir des notions essentielles sitr la langue et la culture tékées. · · Inédit dans sa composition comme dans ses ob jectifs, ce travail est une vision globale d'une réalité sociohistoriqi1e f ort complexe. Cette complexité, les Tékés la doivent à la position centrale qu 'ils occupent depuis des millénaires sur les hai1teurs des plateaux de Mbé, de N go-Nsah, de D jambala et de Lékana a ppelé plateau kukuya. · La présentation de quelques-uns des traits de cette ci1/ture pourrait paraître à certains lecteurs comme partisane. Le f ait que cette culture soit celle qui a bercé notre tendre en f ance, y est, sans doute, pour quelque chose. En réalité, notre motivation résulte du désir que nous avions d'empêcher, autant que f aire se peut, la disparition complète de cette culture, et avec elle, sa langue, parlée par plus d'un demi-million d'âmes qui humanisent actuellement une partie relativement importante des territoires du Gabon, du Congo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa. En fin, la seconde partie consacrée à l 'étude de la langue tékée pourrait être insu ffisante aux yeux des linguistes, héritiers de Ferdinand de Saussure (1857-1913), lui-même précurseur du structuralisme et spécialiste de la grammaire. Or, la grille d'a pproche, de lecture et d'analyse utilisée ici relève plus de la sociolinguistique, c 'est-à-dire que notre préoccupation première a été de voir quel ra pport existait entre le langage, la société et la culture. Autrement dit, en quoi le téké était͑il un outil d'ex pression de la société tékée, de sa culture et de sa vision du monde. D 'où l 'importance accordée d 'une part aux diverses combinaisons des signes, des mots et des phrases, et d'autre part à leur contenu. · 9 SITUATION GEOGRAPIDQUE DES TEKES CENTRAFRIQUE • • s • ' CMVIEROUN I • ... • GABON I T EK.ES REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO 0 100 km 'j------'--j----' . INTRODUCTION Les Tékés constituent, après les Swa ou pygmées (population vivant essentiellement dans la forêt équatoriale), les premiers occupants du Congo. On les appelle aussi Atio. Ils occupent le bassin congolais sur environ 80 000 km2, une partie du Congo-Kinshasa sur 200 000 km2 et du Gabon sur 9 000 km2 . Ce qui donne une superficie totale de 289 000 km2 sur l'ensemble du territoire d'Afrique centrale, représentant un peu plus de la moitié de la superficie de la France. Une étude complète de ces Tékés serait fastidieuse, eu égard aux catégories si nombreuses qui composent cette macro-ethnie. C'est la raison pour laquelle, notre étude s'est limitée aux Tékés qui occupent actuellement les plateaux savaneux situés sur la rive droite du fleuve Congo. Ces quatre plateaux, au climat tropical et au relief polymorphe que ter1ninent des collines vallonnées, ont la particularité de recouvrir des zones dialectales bien définies que sont : - le plateau de Mbé où prédominent les Yumu ou Ayuon qui parlent iyuon ; - le plateau de Ngo-Nsa: la zone reste de prédilection des Boma qui, eux, parlent iboon ou borna ; - le plateau de Djambala, lui, est le fief des Nziku ou Anziziu. Leur dialecte de réf érence est le nzi ou inziziu ; - enfin, le plateau kukuya dont le parler est le kukuya. Peuple attachant selon Marcel Soret (1 976), pourtant quelque \. peu refer111 é sur lui-même d'après J. Vansina (1 954) et donc mal connu selon le professeur Hopiel Ebiatsa (1 987), les Tékés méritent que l'on regarde d'un peu près leur histoire, leur vie culturelle et leur langue. Ce regard est utile dans la 1mesure où· les intellectuels tékés n'ont pas perçu que la langue et plus généralement la culture, étaient le substrat essentiel d'une société. Même quand ils sont parvenus à des postes importants de l'Etat, ils ne se sont jamais 1 1 ou presque souciés de cette question, hor111 is quelques actions de certains d'entre eux. Tandis que leurs homologues kongo et mbochi, semblaient, eux, avoir perçu très vite la nécessité de consolider le patrimoine national, fut-il ethnique. . C'est la raison pour laquelle, il nous semble opportun de dire,. assez brièvement, ce que recouvrent, sur le plan théorique, les notions de culture, de croyance, de rite et de langue. Cette étude contribuera à rendre intelligible la réalité à laquelle renvoient ces ter111 es dont cet ouvrage s̢est permis de faire l'écho. En eff et, par culture, nous entendons un système de valeurs f ondamentales d'une société donnée. Pour certaines sociétés, la perforn1ance mêlée à la réussite constitue une valeur centrale. C'est le cas de la société américaine. Le monde est un espace vaste et malléable que contrôle ! 'homme et sur lequel il agit en toute indépendance. Pour d'autres, il en va ainsi de la société anglaise, le monde est un espace socio-naturel auquel l'homme s'adapte, dans lequel il ne peut guère s'attribuer un contrôle du futur, mais seulement la prévoyance expérimentée du cultivateur ou du jardinier (Boudon et Bourricaud, 1986). Pour d'autres encore, (cas des sociétés d'Af rique Noire), le monde ne se limite pas au constat empirique que pertnet le parcours individuel et collectif. Le monde empirique dans lequel les êtres humains se meuvent est l'expression peu nette de cet autre monde, le monde surnaturel. Entre les deux, il existe une hiérarchie qui fait que l'existence du premier est conditionnée par celle du second (Jomo Kenyatta, 1960). D'où l'importance de la notion de socialisation par laquelle les pratiques s'humanisent et se transmettent d'une génération à une autre. Notons toutefois que, dans leur processus de socialisation, les individus sont sownis à des apprentissages complexes dépendant de leur propre environnement, lequel n'est jamais statique. Il n'y a pas non. plus d'intériorisation fidèle des codes sociaux par les individus et donc pas de comportement mécaniquement lié aux nor111 es sociales établies. Certains comportements individuels . sont le fruit d'une intentionnalité et d'un conditionnement. 12 Il est donc fort utile de considérer la socialisation à la fois • comme le moyen par lequel les individus intériorisent les normes sociales, et comme un processus d'adaptation à des situations réelles, changeantes et multiples, processus au cours duquel, arbitraires et compromis, déterminés par des croyances et des intérêts, sont légion. Comme on le voit, Ia·notion de culture est vaste. Elle touche aux domaines des structures, des techniques, des institutions, des • nor1nes, des mythes, des idéologies, etc. Réservons le ter1ne de culturel aux produits de l'art et de l'esprit, à l'ensemble des artefacts et des mentefacts. Si tous les phénomènes sociaux ne sont pas culturels (cas du taux de natalité, même s'il résulte de l'agrégation de comportements, en partie déterminée par la culture), la langue, elle, est un phénomène ancré dans la culture. Ensemble de signes linguistiques et de règles de combinaison de ces signes entre eux, elle est un instrument de communication mis au point par les hommes pour faire naître et développer la communication extra et intrasociétale. Et, grâce aux multiples conventions que ces sociétés inventent, les individus qui les composent, peuvent exercer leur faculté de langage et s'infor1ner sur leur mode de vie réciproque. Culture et langue sont donc liées et l'une ne va pas sans l'autre. Produit social par excellence, la langue ne contribue pas moins à l uploads/Societe et culture/ parlons-teke-langue-et-culture-congo-et-gabon-pdf.pdf

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