Objet de relation Gimenez Guy, « Les objets de relation en situation individuel
Objet de relation Gimenez Guy, « Les objets de relation en situation individuelle, groupale et familiale », Le Divan familial, 2006/1 (N° 16), p. 77-96. DOI : 10.3917/difa.016.0077. URL : https://www- cairn-info.faraway.parisnanterre.fr/revue-le-divan-familial-2006-1-page-77.htm Ex écran noir avec Elodie, ou sims sors sans flouttage de cabine de douche dans situation Anaëlle Cf objet de relation de Thaon Marcel - Objet médiateur (médium à la rencontre) - Objet utilisé de façon totalement imprévu dans la dynamique de relation (lien avec le surgissement) - Objet relationnel, médiateur, malléable, intermédiaire, brut, de relation, transitionnel, transitoire, etc. Dérives pathologiques possibles de ces objets : contra-phobiques, autistiques, fétiches, etc. 7 caractéristiques de l’objet de relation 1) Un objet concret OR = Un objet (étymologie « qui est jeté devant soi ob-jet) OR = Un objet concret (du grec « se solidifier », consistance propre, peut être perçu par les sens, n’est pas absent.) L’objet concret se fait le support d’une expérience sensorielle pour au moins l’un des deux interlocuteurs. Partage d’une expérience sensorielle entre les deux interlocuteurs. 2) Un objet qui appartient au champ de l’intermédiaire Tel que la notion de champ intermédiaire a pu être définit par G. Roheim (1943), D.W. Winnicott (1951), R. Kaës (1983, 1985). Il s’agit d’un objet qui n’a le statut ni d’objet interne ni d’objet externe, mais celui d’appartenir à un entre-deux. Le statut intermédiaire implique deux éléments (ou plus) séparés et reliés ou articulés. Il s’agit d’une formation articulaire (R. Kaës, 1983, p. 587) Pour R. Kaës, l’intermédiaire a pour fonction de séparer des éléments et de réarticuler ces derniers pour réaliser des pontages. On peut donc parler de processus de liaison, d’articulation. B. Chouvier (1985) : les rencontres médiatisées par objets intermédiaires peuvent être considérées comme « médianes » en opposition aux relations frontales. 3) Un objet de partage Cet objet doit pouvoir être utilisé par deux personnes en même temps, bien que ces deux personnes puissent l’utiliser de façon différente. (Thaon, 1988, p.15) En cela, il s’oppose à l’objet relationnel qui est un objet privé (D.W. Winnicott, 1951), un objet non partageable avec autrui. 4) Un objet qui doit naitre dans l’émergence de la surprise L’OR est trouvé-créé dans la rencontre avec l’autre. En cela, il s’oppose à l’objet de médiation qui est pré-investi et présenté préalablement par le clinicien comme médium à la relation. Il faudrait que le patient quand on lui présente cet objet puisse en faire quelque chose. L’OR doit pouvoir être repéré par les deux interlocuteurs. Ceci va déclencher un travail de pensée (Thaon, 1988, p.15) 5) L’OR représente l’état de la relation à un moment donné de la rencontre Il s’agit selon Thaon de sa caractéristique principale (Thaon, 1988, p. 16) L’OR représente une figuration externe et commune du lien. Il se fait le porteur au sens phorique du terme (R. Kaës, 1993, 1994) de ce qui représente l’histoire du patient, de ce qui se rejoue dans la relation. Faire lien avec le transfert. 6) L’OR se fait le support d’un espace d’illusion efficace de compréhension L’OR permet de construire « une sorte de micro-culture intermédiaire entre le clinicien et le patient » (Thaon, 1985a, p..5). Ceci permet de développer une illusion efficace de compréhension en lien avec un phénomène de co-construction. 7) L’OR a une nature biface L’OR a une nature biface : l’une tournée vers le patient, l’autre vers le clinicien. Il peut s’agir d’un objet présent dans le cadre (un morceau de tapis, une balle, etc). L’objet concret révèle une partie muette du cadre : par lui, une partie du cadre (non processus) peut devenir processus (Bleger, 1966). Il peut s’agir d’un objet porté par le clinicien (par exemple le collier de la thérapeute que l’enfant va utiliser ; Granjon, 1977). Il peut enfin s’agir d’un objet culturel. Exemple du mythe de Thésée (Thaon, 1985b). L’auteur a montré comment un mythe (celui de Thésée) a été le support pour représenter le lien à un de ses patients et rendu possible l’élaboration de ce qui se jouait dans la rencontre. Ce travail a été possible par « l’intérêt désintéressé » pour une œuvre culturelle : le clinicien avait préalablement investi ce mythe, sans toutefois avoir le projet de l’utiliser pour saisir ce qui se passait dans la rencontre avec ce patient. À travers l’objet concret externe/ la scène concrète externe (écran défaillant noir/arrêt brutal ordinateur/ballon baudruche) commence à être figuré (mis en forme) et scénarisé (mis en scène) ce qui ne pouvait encore être mis en mots par l’adolescente (lien aux morts lignée maternelle). L’écran d’ordinateur qui défaille est ici un objet concret (1re caractéristique) qui émerge dans la surprise (4e caractéristique), objet de partage (3e caractéristique), entre-deux (2e caractéristique), support d’une illusion efficace de compréhension (6e caractéristique). Il a permis que se nouent les lignes associatives (7e caractéristique) et se figure ce qui ne pouvait encore être mis en mot par l’adolescente. Idem question sims absence floutage sexualité Amy. Les dix fonctions de l’objet de relation 1) D’interface En lien avec la nature biface de l’objet de relation : une face en direction du patient et une autre en direction du thérapeute. L’interface est à comprendre à la fois comme un séparateur qui articule deux parties distinctes et comme un système de transformation entre deux espaces ou deux domaines. En tant qu’interface (Guérin, 1990a, p.13) l’objet de relation permet l’articulation entre deux systèmes, celui du (ou des) patient (s) et celui du clinicien. L’objet de relation est ici « un point de relais pour une rencontre », un « entre-deux appareils psychiques » support d’un lien intersubjectif. 2) Fonction d’appareillage et d’accordage Investi à la fois par le patient et par le thérapeute, l’OR permet l’appareillage des psychés et l’accordage (et l’ajustage des inconscients) (Seys, 1995, p.39) dans un mouvement de résonance affective. OR se fait le témoin de l’appareillage, accordage et ajustage des psychés. « Serait à explorer le fait que l’objet de relation émerge à l’endroit du contact entre les parties infantiles de deux psychés » (Thaon, 1985a, p. 5) ou à l’endroit de ce que Jean Guillaumin (1995, p. 94) nomme les zones d’ombre des interlocuteurs dont l’objet de relation serait une concrétisation. 3) Fonction d’organisateur et d’articulateur intra et interpsychique L’objet de relation a une fonction d’organisateur intra- et interpsychique au sens de Spitz (1954) et de Kaës (1993). L’objet de relation est un articulateur entre le thérapeute et le patient. Selon Guérin, cette articulation s’effectue à un triple niveau : - Physique grâce à ses propriétés singulières, irréductibles aux fantasmes ; - Psychique à travers les investissements différenciés dont il est le support et la forme ; - Groupal en tant que dépositaire des parts communes des sujets en présence. C’est un « articulateur relationnel/émotionnel » qui fournit des points de jonction et un nouage aux psychés en présence, pour peu qu’elles fonctionnent sur le modèle de la métaphore chez au moins l’un des deux interlocuteurs. Il rend possible une double articulation entre interne et externe et entre soi et l’autre. Il est ainsi un « révélateur », un « précipitateur », un « catalyseur » de la relation transféro-contre-transférentielle. L’objet de relation est ici une co-construction, une co- création, par articulation des traces des expériences des deux protagonistes. 4) Support d’externalisation pare-excitative (dépôt au-dehors) De par son existence propre, l’objet de relation permet de déplacer au-dehors, d’externaliser sur un objet concret, ce qui se joue entre deux personnes (ou plus). Comme l’a montré Marcel Thaon (1989, p.16), l’objet devient alors ici « un double de la relation patient-thérapeute » et permet aux interlocuteurs d’explorer sans trop de risque une surface intermédiaire en étant moins confronté à des réactions émotionnelles débordantes. L’externalisation doublée de la mise en forme a un effet pare-excitatif qui permet de filtrer la violence fondamentale sous-jacente à toute rencontre. L’objet de relation permet ici au patient et au clinicien de se pare-exciter réciproquement (Gimenez, 1995, p. 61; 2001). Le clinicien peut ainsi se laisser « affecter » et repère en lui-même un écho contre-transférentiel des éléments de la problématique du patient à travers l’objet concret externe qui, sans cela, auraient risqué de déborder le clinicien (et le patient) et « auraient rendu impossible le travail psychique » (Thaon, 1988, p. 16). L’objet devient le lieu de dépôt d’un impensé (Gimenez, 2000; 2001). Il s’agit d’un dépôt de sens potentiel et de décharges excitatives en attente de traitement (affect brut en attente et en appel de forme) sur et dans l’objet. Cette charge affective peut alors être seulement reçue (capacité de rêverie, contention) et filtrée (fonction pare-excitative), mais également transformée, élaborée, liée (laissant place au travail interprétatif via l’objet dans la relation). À travers l’objet, le patient peut ainsi scénariser des facettes de la dynamique transférentielle, qui devient ainsi plus facilement repérable et analysable. 5) Support du lâcher-prise et de la relance de la capacité à jouer L’objet de relation permet au clinicien, centré sur l’objet qui prend forme, de lâcher prise (Gimenez, 2000) et ainsi de mieux tolérer le processus uploads/Sante/ objet-de-relation.pdf
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- Publié le Jui 10, 2022
- Catégorie Health / Santé
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