Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Médecine et maladie

Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Médecine et maladies infectieuses 47 (2017) 439–442 Éditorial Bon usage des antibiotiques : actualités 2017 Antibiotic stewardship: A 2017 update La SPILF publie annuellement depuis 2015 un éditorial fai- sant le point sur les nouveautés en matière de programmes de bon usage des antibiotiques [1,2], et l’éditorial actuel poursuit la tradition à l’occasion de la journée européenne et de la semaine mondiale sur le bon usage des antibiotiques [3,4]. L’objectif de cet éditorial est de faire connaître les initiatives nationales et internationales les plus marquantes sur le sujet, et de présenter les activités de la SPILF et de la Fédération franc ¸aise d’infectiologie (FFI) sur les stratégies de bon usage des anti-infectieux. 1. Principales actualités nationales et internationales Au plan international, le problème de l’antibio-résistance est de plus en plus présent sur la scène publique. Le sujet a été considéré comme prioritaire par l’Assemblée générale des Nations-unies le 21 septembre 2016 [5]. L’OMS poursuit son soutien au déploiement des plans nationaux d’action dans le monde et a renforcé ses actions, notamment en actualisant la section « Antibiotiques » de l’Essential Medicines List et en produisant la liste des Priority Pathogens pour la recherche et le développement de nouveaux antibiotiques [6–8]. L’ECDC pour- suit ses actions au niveau des pays de l’Union européenne et a produit des recommandations pratiques pour les programmes de bon usage des anti-infectieux [9]. Il met également à disposition sur son site de nombreuses ressources [10]. Le groupe de tra- vail de l’ESCMID sur le bon usage des antibiotiques (ESGAP) est très actif, avec de nombreuses activités éducatives, de mul- tiples travaux de recherche et la parution d’un livre pratique sur « Antimicrobial stewardship » [11–18]. De nombreux pays sont également très engagés. Citons parmi eux le Royaume-Uni [19,20], l’Australie [21], la Suède ou les États-Unis [22,23]. La revue systématique de la littérature Cochrane évaluant les interventions pour améliorer les antibio- thérapies à l’hôpital vient de paraître et confirme l’impact positif des programmes de bon usage des antibiotiques [24]. Et en France ? Où en sommes-nous en 2017 ? Au plan national, le plan d’alerte sur les antibiotiques s’est terminé fin 2016. La feuille de route sur l’antibiorésistance du Comité interministériel pour la santé a été publiée en novembre 2016 [25]. Il faudrait que la mise en œuvre de ces mesures soit rapide- ment effective. Cependant, l’absence de financement des équipes multidisciplinaires en antibiothérapie des établissements de santé, et des centres régionaux de conseil en antibiothérapie, alors que ces mesures avaient été identifiées comme prioritaires dans le rapport de la Task force en 2015 risque d’être un frein important [26]. Au niveau régional, la surveillance des consom- mations antibiotiques et des résistances bactériennes, en ville, EHPAD et établissements de santé, est désormais placée sous la responsabilité des centres d’appui pour la prévention des infec- tions associées aux soins (CPias) [27], sous la coordination de Santé publique France (anciennement InVS). 2. Activités de la SPILF L’année a été marquée par la survenue de plusieurs pénu- ries en antibiotiques tels que la fosfomycine IV, l’oxacilline IV, l’amoxicilline-acide clavulanique 2 g IV, la pipéracilline- tazobactam et tout récemment le céfotaxime. Les raisons sont diverses et parfois obscures mais il faut nous adapter, et la SPILF a su émettre rapidement des propositions alternatives dans le cadre du bon usage, en réponse aux sollicitations de l’ANSM [28]. Il serait important de mettre en place une cellule de réflexion, réunissant l’ensemble des professionnels impliqués (industriels, ANSM, microbiologistes, pharmaciens, cliniciens) afin de pouvoir au mieux anticiper ces situations. Afin de sensibiliser largement à ce problème, la SPILF a participé avec plusieurs sociétés savantes et organisations inter- nationales à la rédaction d’un commentaire, publié dans Clinical Microbiology and Infection, qui met l’accent sur les problèmes de disponibilité des antibiotiques existants et propose des actions urgentes [17]. Par ailleurs, notre collaboration avec la HAS se poursuit pour le bon usage des anti-infectieux. Cette collaboration a fait l’objet d’une convention en 2015, elle entre maintenant dans sa phase de mise en application. Des fiches mémo rédigées par la HAS et concernant les infections respiratoires et urinaires ont été relues et validées par le groupe recommandations de la SPILF [29]. Le http://dx.doi.org/10.1016/j.medmal.2017.06.007 0399-077X/© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits r´ eserv´ es. 440 Éditorial / Médecine et maladies infectieuses 47 (2017) 439–442 prochain objectif est la mise à disposition de recommandations pour l’utilisation des carbapénèmes et pour la prise en charge des infections cutanées. Un Programme national de diagnostic et de soins pour la prise en charge de la maladie de Lyme est également en cours [30]. Le bon usage c’est également la diminution des durées de traitement. Après une analyse de la littérature, la SPILF a fait des propositions élaborées par le groupe recommandations pour diminuer la durée de l’antibiothérapie dans les situations les plus fréquentes [31]. La presse médicale s’est fait l’écho de ces propositions. Leur application serait une étape importante vers le bon usage. Par ailleurs, un projet de décret est en cours pour limiter la durée d’une prescription initiale d’antibiotiques à 7 jours. C’était une des propositions de la Task force 2015 [26]. Les programmes de bon usage des antibiotiques doivent enfin se tourner vers la ville où se font la majorité des prescrip- tions d’antibiotiques. La mise en place des centres régionaux de conseil en antibiothérapie doit être une opportunité pour développer cette activité. Ces centres ne pourront fonctionner que si des moyens humains sont mis à disposition [26,32]. Les infectiologues doivent être impliqués dans le processus. 3. Actions menées par le groupe « Bon usage des antibiotiques » de la SPILF Depuis sa création en mars 2016, plusieurs actions ont été menées par le groupe, dont certaines sont déjà opérationnelles. Il existe désormais un onglet dédié sur le site infectiologie.com [33]. L’objectif est notamment de mettre à disposition des réfé- rents une « boîte à outils/toolbox » permettant un accès libre à un ensemble d’outils et de documents utiles à la pratique des pro- fessionnels impliqués dans la lutte contre l’antibio-résistance. Cette « toolbox » comprend 4 parties : formation/information, indicateurs pratiques, guides de prescription et autres ressources utiles. On y trouve notamment un argumentaire standardisé pour la demande de création de poste de référent en antibio- thérapie dans les établissements de santé. La « toolbox » a pour vocation d’être alimentée et partagée par tous ceux impli- qués dans le bon usage des antibiotiques. Ainsi, tout document jugé utile aux référents peut être envoyé à l’adresse suivante : toolbox@infectiologie.com. Afin de valoriser l’activité collec- tive des référents notamment vis-à-vis de nos tutelles, le groupe développe actuellement un outil permettant le recueil informa- tisé de l’activité transversale de conseil en antibiothérapie. En complément de la journée annuelle des référents en anti- biothérapie, qui précède les Journées nationales d’infectiologie, le groupe a souhaité mettre en place un séminaire dédié à l’ « Antimicrobial stewardship ». Ses objectifs sont d’aborder les différentes facettes des programmes de bon usage des anti- infectieux en 2 journées à l’aide de sessions interactives [34]. Le séminaire 2017 est accessible à 30 participants. À terme, l’objectif est d’élargir le nombre de participants et d’obtenir le label DPC. Des collaborations actives avec des pays francophones se développent : • co-organisation avec la Société tunisienne de Patholo- gie Infectieuse du 1er séminaire Franco-Tunisien pour un meilleur usage des antibiotiques, ciblant les jeunes prescrip- teurs (Tunis, 2016) ; • participation à la 1re édition du DIU « Antibiologie et anti- biothérapie en Afrique sub-Saharienne » (Bobo Dioulasso, Burkina Faso, 2017). Il nous a également semblé utile de faciliter la réalisation de thèses de médecine sur la thématique du bon usage, en créant une bourse aux thèses. Il s’agit d’une plateforme de partage de sujets de recherche destinée à favoriser les projets multicentriques. Les principes et la charte de fonctionnement de cette bourse sont désormais accessibles sur le site [35]. Enfin, une newsletter est publiée régulièrement, rendant compte de l’activité du groupe, et de l’actualité [36]. 4. Projets du CNP-FFI : s’engager sur une déclinaison des programmes de bon usage des antibiotiques en région Dans un premier temps, l’ensemble des expériences et outils déjà développés par ou avec les infectiologues dans de nom- breuses régions a pu être colligé et partagé lors d’une première réunion qui a eu lieu à Paris le 1er juillet 2016. Les présentations de cette journée sont disponibles sur le site infectiologie.com [37]. Le bilan a été présenté en septembre à nos tutelles et aux ARS, au ministère de la Santé. En aval, l’instruction relative à l’organisation régionale des vigilances et de l’appui sanitaires, adressée aux directeurs d’ARS, indique, concernant l’organisation de la lutte contre l’antibiorésistance, qu’il incombe aux ARS de : • mettre en œuvre des actions de conseil en antibiothérapie (fournir aux prescripteurs d’antibiotiques un avis ou une expertise face aux cas particuliers) ; • mettre en place des réseaux régionaux de référents en anti- biothérapie s’appuyant sur les référents antibiotiques des établissements de santé qui dédient une part de leur uploads/Sante/ bon-usage-des-antibiotiques-actualites-2017-071117.pdf

  • 41
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jui 27, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.3068MB