1 Contribution-Eclairage de Mgr Philippe Fanoko KPODZRO, Ancien Président de la
1 Contribution-Eclairage de Mgr Philippe Fanoko KPODZRO, Ancien Président de la Conférence Nationale Souveraine, Ancien Président du Haut Conseil de la République, Archevêque émérite de Lomé, Au Dialogue Politique Togolais en préparation Préambule Les esprits sont d’une intelligence fine et subtile grâce à laquelle ils ont une perception de l’avenir plus perspicace, qui leur permet de repérer parmi les étoiles, celles dont l’éclat reflète le projet divin que réaliserait une personne pour le bien d’une nation, et qui contredit leurs plans à eux. En ce sens, avec le recul de mon histoire personnelle, je perçois comment la main du Seigneur m’a conduit à travers toutes les difficultés, pour que je sois son instrument de salut pour la vie de l’Eglise et de la nation togolaise. Des grâces divines en perspective « Avant même de te former au ventre maternel, Je t’ai connu ; Avant même que tu sois sorti du sein, Je t’ai consacré ; Comme prophète des nations, je t’ai établi. » (Jr 1, 5) Déjà, les deux dernières années de ma vie au petit séminaire Sainte Jeanne d’Arc de OUIDAH ont été marquées par des grâces extraordinaires. Si au Grand-Séminaire Saint Gall de OUIDAH, le doyen des grands et petits séminaristes togolais était l’incontesté et incontestable « Fofo Monsieur l’Abbé Bernard Oguki ATAKPAH, au petit séminaire Sainte Jeanne d’Arc, le doyen des petit séminaristes togolais était mon grand frère Hyacinthe KPODZRO, qui était pour moi une référence en toute chose. Cependant, les supérieurs curieusement, me nomment doyen de tous les séminaristes béninois et togolais. A la fin de l’année en classe de seconde, sur Dix-huit (18) élèves présentés à l’examen du BEPE (Brevet d’Etude Primaire Elémentaire) à Porto-Novo, seulement cinq (05) séminaristes ont pu réussir. Mes deux compagnons de TOMEGBE, Hyacinthe et Fidèle, ayant échoué, je me suis joint à eux pour déclarer aux parents et aux prêtres de la mission, qu’aucun de nous trois n’avait réussi. Quelques jours après, Monsieur AGBETETE Paul découvrit la vérité dans la presse et en informa toute la communauté du village. Papa Sylvestre KPODZRO, fort agréablement surpris et joyeux, m’acheta au Ghana, un grand et bel harmonium, comme cadeau de mon succès. A la bénédiction de cet harmonium, ce fut le Père Raymond COTTEZ, curé de la mission, qui exécuta par cœur, l’Ave Maria de Lourdes, comme premier cantique joué sur ce merveilleux 2 instrument. Dès le soir même de cette journée, je m’étais mis aussitôt à l’apprentissage intensif du jeu de l’harmonium pour mériter un don si précieux de mes parents. Dès le troisième jour de mon apprentissage par le livre de la méthode de Louis RAFFY, Monsieur AGBETETE Paul vint m’annoncer l’obtention d’une bourse d’étude à Paris pour le premier breveté AKPOSSO que j’étais. Lorsque je lui exprimai ma préférence radicale pour le sacerdoce, sa réponse fut : « Merde ! Tu me fais chier ». Furieux, il claqua la porte et partit. L’année suivante, 1952, sur les douze candidats au Bac I présentés à Porto-Novo par le petit séminaire Sainte Jeanne d’Arc, le succès fut de 100%. Bien plus, ma prise de soutane eu lieu exceptionnellement par décision de mon évêque, à la fin de la classe de première, dans l’église de mon village de TOMEGBE le 26 août 1952. Tous les fidèles AKPOSSO du LITTIME venus à cette célébration présidée par le RP Aloyse RIEGERT, Vicaire Général, m’acclamèrent déjà comme prêtre avec une offrande d’un montant de 111.000 CFA ! J’étais, sans aucun doute, le séminariste le plus riche du Togo. « Quiconque ne porte sa croix et ne vient pas derrière moi, ne peut être mon disciple » (Lc 14, 23) Mais trois années seulement après mon arrivée à Rome où Monseigneur Joseph STREBLER, SMA, m’envoya pour les études, une méchante maladie, la dépression nerveuse, m’empêcha pendant deux bonnes années, de suivre les cours des sciences sacrées à l’Université Pontificale Urbaniana. Mon Evêque découragé, prit à regret un billet de bateau de rapatriement. Moi- même, beaucoup plus démoralisé, m’apprêtais à revenir au pays travailler la terre avec mes pauvres parents. Seul Monseigneur Felice CENCI, le Recteur du Collège Pontifical de Propaganda, s’opposa à ce projet de mon rapatriement. Il me confia aux traitements médicaux d’un bon neurologue grâce à la compétence de qui, le cours inexorable de la maladie avait fini par céder la place à une toute petite santé qui me permit de reprendre les études tout juste nécessaires pour pouvoir être ordonné prêtre. C’est suite à cette douloureuse expérience de la maladie que mon ordination presbytérale fut considérée par moi, comme une grâce extraordinaire non méritée et inespérée : raison pour laquelle le soir de ce beau jour-là, j’implorai du Seigneur de bien vouloir m’accorder seulement cinq années de vie sacerdotale sans péché, puis la mort précoce pour être au ciel avec Lui. Mon directeur spirituel, le Père FISSORE, et le Recteur m’ont reproché une telle prière comme égoïste et orgueilleuse ; ils m’ont plutôt enjoint de retourner à l’autel de la « Mater Misericordiae pour la supplier de bien vouloir corriger mon arithmétique puérile, et de bien vouloir plutôt ajuster la durée de ma vie sacerdotale au projet de la volonté de son Fils sur moi. Je me suis alors dépêché de retourner à la chapelle où j’ai remis au Seigneur, par les mains de la Vierge Marie, avec humilité, confiance et disponibilité totale, mon être, mon avoir et mon agir, en répétant longtemps la belle oraison jaculatoire de Saint Augustin : « Domine, 3 da quod jubes et jube quod vis », c’est-à-dire, « Seigneur donne-moi ce que tu commandes, et commande ce que tu veux ». Envoyé par obéissance à l’université de Fribourg en Suisse pour des études des Lettres, une arthrose cervicale sévère provoquant un douloureux dysfonctionnement du muscle cardiaque à cause de l’hiver très froid de l’Europe continentale, obligea cette fois-ci encore mon Evêque de mettre fin à mes études. Je, revins au pays en Août 1961, après 09 années consécutives d’absence, avec une santé minée par les maladies et pire encore, sans le Bac deuxième partie ni a fortiori, l’auréole d’un doctorat universitaire. Les supérieurs hiérarchiques, compte tenu de ma petite santé tant éprouvée et de mes aptitudes intellectuelles sans relief, me confièrent toutefois la mission de la formation des futurs prêtres dans l’enseignement, d’abord au petit séminaire Saint Pierre Claver de Lomé, ensuite au petit séminaire Saint Paul que Monseigneur Bernard ATAKPAH projetait d’ouvrir en 1965, dans son nouveau diocèse qui venait d’être créé le 29 Septembre 1964. Je crois que même les démons cessèrent de nourrir des inquiétudes à mon sujet car la formation des petits séminaristes qui m’a été officiellement confiée, comme champ d’apostolat, n’avait pas d’impact direct immédiatement nuisible à leur hégémonie sur le pays. Ils m’ont purement et simplement ignoré dans leurs stratégies pendant toutes les années où j’étais censé accomplir tant bien que mal, par obéissance, l’apostolat de mon ministère sacerdotal dans les séminaires, et les collèges et au noviciat des religieuses de mon diocèse. A l’école des épreuves Mais un jour, voilà un coup de tonnerre dans le ciel orageux de l’Eglise du Togo. Le Pape Paul VI, contre toute attente, nomme un Administrateur Apostolique, avec caractère Episcopal, l’Abbé Philippe KPODZRO pour succéder à Mgr Bernard Oguki ATAKPAH, le grand Evêque d’Atakpamé. C’était lui, le premier des évêques du Togo qui donnait du fil à retordre au Président EYADEMA pour des tournures contestables de sa politique d’authenticité. Persécuté par le pouvoir en place, il tomba gravement malade et fut d’abord admis pour un temps de traitement médical à Milan (Italie). Revenu dans le diocèse, la force des évènements le contraignit de vivre plus longtemps en exil auprès des Evêques amis de Côte d’Ivoire, avant de revenir au Togo, mais à Lomé. La nouvelle de ma nomination épiscopale surprit les démons furieux d’avoir été dupés dans leur vigilance. Ils se ressaisirent vite et soulevèrent les plus hautes instances de l’Etat contre cette décision pontificale et sa réalisation. Sous leur instigation, l’opposition à mon ordination épiscopale fut si farouche et violente qu’il ne fallait reculer devant aucun obstacle pour l’élimination physique de l’élu de Yahvé. D’où : 1er Mai 1976, saccage et incendie du dispositif préparé pour le sacre à l’évêché d’Atakpamé. Puis le 02 Mai, violente irruption sacrilège, armes au point, des FAT, forçant la 4 porte principale fermée et pénétrant brutalement par les fenêtres dans l’église Saint Augustin d’AMOUTIVE. Le jeune évêque providentiellement déjà ordonné, inconnu du public à Lomé, concélébrait la messe tout à côté du cardinal Paul ZOUNGRANA, le célébrant principal, qu’entouraient onze archevêques et évêques des pays de la CERAO, du Ghana et de Mgr Luigi BRESSAN, représentant le Nonce Apostolique Bruno WÜSTENBERG d’Abidjan. L’un des assaillants monta dans le chœur, révolver au point : « Qui est Mgr KPODZRO ? », Vociféra-t-il. « Où est Mgr KPODZRO ? » N’ayant eu ni réponse vocale ni signe indicatif, il redescendit du chœur et avec ses compagnons, se mit à violenter les fidèles impassibles et chantant le « Pater Noster uploads/Religion/declaration-mgr-kpodzro.pdf
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- Publié le Dec 02, 2021
- Catégorie Religion
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