Annales. Histoire, Sciences Sociales Inviter les dieux, sacrifier, banqueter. Q
Annales. Histoire, Sciences Sociales Inviter les dieux, sacrifier, banqueter. Quelques nuances de la religiosité gréco-romaine Monsieur Paul Veyne Abstract Invitations to the gods, sacrifices, feasts: some shades of Greek and Roman religiosity. P. Veyne. No structuralism nor sociological holism. "Society" is not explanation, but outcome. "Religion" is not a thing, an essence, but a flag or label. A same behaviour can conceal various attitudes: the dinners of Serapis (Delos, papyri, Aelius Aristides) are unequally mystical or secularized. Gods inviting to dinner (Stratonicaa) or invited to (Artemidorus, Horace, Latin epigraphy). Religious creating through metaphors (fatigare deos, challenge prayers, Theoxenia of Lectisternia as putting on stage). Sacrifice and feast, god's share by the banquet, trapezomata, magmentum, the Ara Maxima. Are gods and men table companions? Eumaeus sacrificing : not tartuffe, but many-sided bearing. Why sacrificing appears everywhere (no ethology, no depth psychology). Why eating together seems to express Society. Citer ce document / Cite this document : Veyne Paul. Inviter les dieux, sacrifier, banqueter. Quelques nuances de la religiosité gréco-romaine. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 55ᵉ année, N. 1, 2000. pp. 3-42; doi : https://doi.org/10.3406/ahess.2000.279830 https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_2000_num_55_1_279830 Fichier pdf généré le 21/02/2020 LE SACRE ET LE PROFANE DANS LA RELIGION GR CO-ROMAINE INVITER LES DIEUX SACRIFIER BANQUETER Quelques nuances de la religiosité gréco-romaine Paul VEYNE Nous sommes dans le monde gréco-romain sous Empire dans la Clé des songes Artémidore un passage qui pas retenu attention nous fait découvrir une pratique de piété curieuse ceux qui en avaient les moyens offraient des sacrifices aux dieux mais ils pouvaient également les recevoir leur table Voilà une religion où on traite la divinité comme on traite les humains en latin inviter un dieu inuitare deum est une expression usuelle Des rites publics beaucoup plus anciens en sont proches les théoxénies grecques ou les lectisteraes romains où des dieux étaient conviés venir se restaurer nous nous interrogerons aussi sur certains repas de dieux dont parie une fois Horace Ce sont quelques-unes de ces transpositions métaphoriques de ordre humain ordre divin qui sont la voie de la création religieuse avant âge de la théologie métaphysique Faut-il en conclure que la religion reflète la société ou bien en est-il de invention religieuse comme de invention littéraire On banquetait aussi dans acte principal du culte le sacrifice qui était toujours suivi un festin où la grande affaire était de se régaler de la chair de la victime mais il arrivait aussi que le dieu re ût sa part en ce festin entre humains ce qui complique les choses Où finissait le sacré où le profane commen ait- il et quoi le reconnaître Dans le sacrifice la sociologie eu tendance chercher de la commensa- lité le sacrifice serait communion avec les dieux ou de échange les hommes nourriraient les dieux en échange de leur protection Mais hommes et dieux avaient-ils cette relation bilatérale ou bien la religion était-elle faite hommages unilatéraux La familiarité entre hommes et dieux pouvait-elle être assez grande pour ils fussent commensaux La question devient celle-ci quelle était attitude des fidèles dans les différents actes religieux Délos époque hellénistique puis en Egypte romaine on allait banqueter en compagnie de Sarapis festins mystiques ou dîners Annales HSS janvier-février 2000 no pp 3-42 LE SACR ET LE PROFANE mondains ordre des choses religieuses est-il une essence ou une forme Est-il séparé du profane par la frontière que trace Durkheim ou par un dégradé Une réponse nuancée ne peut être donnée que si on entrevoit quel effet cela faisait vu du dedans Apparaît alors un arc-en-ciel attitudes qui vont de extase une piété ritualiste des relations personnelles avec une divinité élection la désacralisation et la manipulation du sacré Pour la grande majorité de la population le prix un animal sur pied porc ou agneau représentait un ou plusieurs mois de revenu ceux qui ne sont ni riches ni pauvres peuvent sacrifier un coq Asclépios accompagné il est vrai un tableautin en guise ex-voto ou anathema pour commémo rer la vertu du dieu)1 Inviter des hôtes dîner était un autre privilège des riches et une pratique usuelle Rêver on re oit hupodekhesthai un dieu dit la Clé des songes annonce homme fortuné soucis chagrins et grands embarras car ceux qui sont dans des circonstances difficiles sacrifient aux dieux et les re oivent Mais pour celui qui est dans la misère ou la gêne ce rêve annonce un gros accroissement de ses biens car est alors surtout ils sont prospères que les pauvres rendent grâce aux dieux et les re oivent Peut-être Héliodore décrit-il un banquet de ce genre un des personnages de son roman se voit invité assister au banquet apprête Théagène et auquel préside epopteuei le héros Néoptolème Nous alléguerons plus loin des documents des lettres invitation sur papyrus un festin de Sarapis et aussi un texte Horace4 Ces festins étaient pas la suite un sacrifice Artémidore fait expres sément la distinction Outre le dieu invité se trouvaient là des convives humains car si le dieu avait été seul manger ces invitations auraient été accessibles aux plus pauvres au lieu être la largesse de gens riches5 dont parle la Clé des songes loin de se borner abandonner la divinité invitée un peu de nourriture sur une table comme le faisaient souvent les RONDAS IV Les femmes au sanctuaire Asclépios 14-16 Nous aurions sacrifié un uf ou une truie si nous en avions les moyens Pour la liaison du sacrifice et un anathema voir Revue archéologique 1983 II pp 287-293 ART MIDORE Oneiricritica III 14 210 4- Pack Teubner pour le sens hupode- khesthai comparer 321 23 hupodexai hêmas kai deipnison Les mots ils sont prospères sont une glose interpolée car son point insertion varie un manuscrit autre comme le note éditeur LIODORE thiopiques III 10 1-3 la scène est Delphes où selon Pausanias Néoptolème recevait un culte Mais le banquet offert par Théagène est étranger ce culte public Héliodore plus haut décrit longuement il est question ici ni de sacrifice ni un sanctuaire où se déroulerait le festin le lieu de la scène rien de particulier est donc un lieu privé non un des sanctuaires delphiques Les convives prennent place sur des lits et le festin est rehaussé intermèdes musicaux Le mot vague epopteuei évite en dire trop le héros présidera effectivement le festin sera présent en personne et pas assez le festin en pensée est donné en honneur du héros est de loin on epopteuei bien invité un être surnaturel reste lointain Voir notes 164 et 215 PsEUDO-X NOPHON Constitution Athènes II Un pauvre ne peut offrir de ban quet sacrificiel VEYNE LA RELIGIOSITE GRECO-ROMAINE pauvres gens les riches donnaient un festin où leur large hospitalité accompagnait une piété qui rehaussait le repas pour leurs invités On discutera plus loin de la profondeur de cette piété De nos jours en Inde a-t-on rapporté une hôtesse qui veut honorer une étrangère de passage invite leur table une divinité elle réserve au dieu un siège et lui dresse un couvert En Grèce la place du dieu ou du héros restait réservée vide de toute présence visible sur un des lits de repas on avait disposé au-devant une table sur laquelle sa part lui était servie Un poète comique athénien6 décrit hospitalité on offrait un dieu domestique qui était autre que Zeus mais Olympien une fois affublé du surnom de Zeus de Amitié ou Philios était plus que le parrain de la bombance7 et dans toute maison riche ou pauvre sa part de bonnes choses lui était réservée chaque fois on faisait bombance est donc lui écrit le poète qui inventé le métier de parasite il entre dans toutes les maisons et quand il aper oit une kline joliment couverte de coussins avec côté une table couverte de tout ce il faut vite il prend place sur le lit offre un déjeuner arist n) puis ayant mangé et bu rentre chez lui sans rien payer illustres personnages9 Bacchylide Sophocle ou Jason de Phères passèrent pour avoir re la visite des Dioscures ou Asclépios et leur offrirent alors hospitalité10 ce sont là des théoxénies privées Pour la période hellénistique une stèle de Larissa11 en montre le déroulement sur une table sont disposés des mets gâteaux ou galettes apparemment derrière la table on voit un lit de repas au-devant un homme verse une libation sur un autel tandis une femme désigne de la main le ciel où les Dioscures arrivent déjà au galop de leurs chevaux pendant la libation sur autel avait été prononcée la formule qui invitait les héros venir DIODORE DE SINOPE cité par ATH VI 35 239 Selon le Kleine Pauly on le date maintenant des années 280 avant notre ère NILSSON Geschichte der griechischen Religion 809 La suite parle encore de parasites mais en un sens très différent du mot il agit de certains fonctionnaires on accusait être des profiteurs et dont il sera question la note 100 On en trouve la liste dans le livre toujours utile de DENEKEN De theoxeniis diss Berlin 1881 10 cf NILSSON Griech Feste von uploads/Religion/ paul-veyne-quot-inviter-les-dieux-sacrifier-banqueter-quelques-nuances-de-la-religiosite-greco-romaine-quot-annales-hss-55-1-2000.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 19, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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