Qu’est-ce que l’Ordre des Elus-Cohens ? Voyage autour des spécificités de l’Ord
Qu’est-ce que l’Ordre des Elus-Cohens ? Voyage autour des spécificités de l’Ordre, de son utilité présente De ses origines, de ses buts & de ses moyens Pratique de la voie Martiniste Par un serviteur de l’Ordre 1 QU’EST-CE QUE L’ORDRE DES ELUS COHENS ? Par un serviteur de l’Ordre « […] le culte que le Créateur exige aujourd’hui de sa créature temporelle n’est pas le même de son premier mineur créé, lorsqu’il était dans son premier état de gloire ; ce premier culte n’étant qu’à une fin, parce qu’il devait être tout spirituel, et celui que le Créateur exige de sa créature temporelle, postérité d’Adam, est à deux fins, l’une temporelle et l’autre spirituelle (Traité de la Réintégration des Etres, ms. Kloss, § 14) » E présent document se propose de présenter les grandes lignes de ce qu’est l’Ordre des Elus Cohens1 : son origine et ce qui fait ses caractéristiques, quels sont ses buts et moyens. 1 La présente graphie est utilisée préférentiellement à Coëns (bien que cette dernière prévaut dans les textes historiques), pour des raisons qui seront expliquées ultérieurement (voir ainsi page 6 et note 15 même page), et ce, notamment, pour insister sur certaine caractéristique propre à l’Ordre et ce qu’il véhicule. Notons-le tout de suite, s’agissant des variantes graphiques (le tréma sur le e, inconstant, ainsi chez Le Forestier et Van Rijnberk, permet d’éviter l’élision), on notera, pour l’accord, la forme plurielle Coëns, attestée dans le manuscrit Thory (cf. Cérémonies de la Réception d’Apprentif de l’Ordre des Elus-Coëns, BNF, Ms. FM4 1052.) et, pour la graphie même, la forme Cohen attestée par la lettre de J.-J. Boyer à Mathias du Bourg, de Bordeaux en date du 30 juillet 1787 (cf. Fonds Du Bourg, Archives Municipales de Toulouse, pièce FDB III, 1 – Boyer). Au reste, quant à la variante Cohen encore, renvoi est fait ici à Robert Amadou dans sa préface à l’ouvrage Les Leçons de Lyon aux Elus Coëns. Un cours de Martinisme au XVIIIe siècle (Dervy, collection L’Esprit des Choses, 1999) ; ainsi lit-on : « […] Dans l’Ordre, on écrivait aussi cohen(s), notamment Saint-Martin, peut-être parce qu’il savait de « l’hébreu (voir KoHeN, en caractères hébraïques, de sa main), mais coen, sans tréma, sort aussi « quelquefois de sa plume ; le pluriel cohanim était inusité et les élus cohens, partisans d’une « translittération exacte, gallicisaient et gallicisent ainsi à demi. « […] Aucune raison grammaticale ne milite pour une capitale initiale, même au substantif (non plus que « pour élu), mais le tréma, en l’absence d’une h devant le e, prévient une cacophonie. (Op. cit., Préface de « Robert Amadou, note 10) » Par ailleurs, et il convient de le noter s’agissant de règles de transcription, la Bible traduite par Louis-Isaac Lemaître de Sacy (contemporaine des émules de Martines, et d’usage classique à l’époque, tant dans les Loges que dans la liturgie) donne indifféremment comme équivalentes les formes avec tréma ou h de nombreux noms ; ainsi, par exemple : Asaël/Azahel, Hazaël/Hazahel, Ismaël/Ismahel, Jezraël/Jezrahel, Joël/Johel. L 2 D’ores et déjà, il convient de noter qu’il s’inscrit dans un ensemble de quelques études, qui ont pour but de faire le point sur ce que l’on désigne usuellement par le terme « Martinisme » ; et, assurément – au risque de la confusion –, historiquement, ledit vocable renvoie aussi à Martines et son Ecole. D’où un même sous-titre aux documents de cette collection : « Pratique de la voie Martiniste » ; cela se devait d’être précisé, et hors ce lien historique, nul autre lien (entendons organique) entre ce qui est désormais « Martinisme » et « Ordre des Elus Cohens » : deux voies, deux pratiques, qu’il convient de distinguer2… 2 Aussi, je laisserai ici de côté la question des filiations par le canal des ordres martinistes, qui, en règle générale, ne reprennent la progression des grades qu’à partir du Grand Architecte, dit encore Grand-Maître Coën, se démarquant dès lors totalement de la base maçonnique (cf. infra : p. 3-4 et note 9 p. 5). Ledit grade y est d’ailleurs souvent une reconstruction, sur la base du matériel Ambelain (cf. résurgence de 1942-1943), lequel reprend les principaux points du « simple cérémonial » du grade primitif, et ce notamment grâce aux détails donnés par Louis-Claude de Saint-Martin dans une de ses lettres à Jean-Baptiste Willermoz (BML, fonds Willermoz, Ms. 5956) : « […] La simple ordination de G. A. se donne dans un seul cercle comme vous le voyez dans la figure. Il « y aura une seule étoile entre les deux mots qui y sont tracés. Vous ferez mettre le candidat dans votre « cercle, la face à l’est, la tête basse, les deux genoux par terre et les deux mains en croix sur la poitrine. « Dans cette attitude, vous tracerez sur sa tête le triangle désigné dans le grand cérémonial ; après l’avoir « tracé des deux mains, l’une après l’autre, vous désignerez par un autre triangle la plaque triangulaire « qu’il doit porter sur le front et imposerez sur son front votre main droite en équerre en prononçant les « prières et mots qui sont déjà en votre possession. « Après cette cérémonie, vous ferez laver les pieds et les mains au candidat et lui ferez parfumer les « quatre angles avec les parfums que vous savez et en commençant par le côté prescrit etc. « Ensuite vous ferez remettre de nouveau le candidat dans votre cercle, dans la même posture qu’en « commençant et finirez là son ordination qui commence par les mots : Je t’ordonne et t’institue grand « arch. de l’ordre, etc., avec les mots et prière qui y sont attachés. « Puis vous communiquerez au candidat les mots, signes, attouchements, marches et cordons de son grade « et le faites reconnaitre à l’assemblée qui suit sa réception... (Extrait de la lettre datée de Bordeaux, du 24 « mai 1771) » Pour aborder la question du Martinisme contemporain ou « moderne » (de fait, post-papusien), en ses rapports à la Rose-Croix (pour ce qui regarde notre objet, on verra certain rapprochement pertinent entre Réaux-Croix et Rose-Croix), il est intéressant de considérer le cas de ce qu’on est convenu de désigner comme le « Martinisme Ambelain », de fait à l’origine de tous les néo-cohens. C’est ainsi que pour Robert Ambelain (Aurifer), la doctrine des Rose-Croix est essentiellement celle qui, en plein XVIIIe siècle, a permis l’éclosion du Martinisme. Ainsi, qu’on y adhère ou non, l’Orient est-il présenté comme le berceau de ses mystères et c’est à cette branche particulière, dite des Rose-Croix d’Orient, qu’il conviendrait alors de relier ce qui constitue l’architecture de ce Martinisme-là. Et Robert Ambelain de placer le Martinisme en général dans la continuité de l’œuvre rosicrucienne ; de rattacher encore à ce rameau rosicrucien l’ordination conférée par Martines de Pasqually à ses Réaux-Croix au sein de son ordre Cohen ; là encore qu’il trouve l’origine de la voie cardiaque, chère à Louis- Claude de Saint-Martin : voie intérieure qu’il fait ainsi reposer sur la pratique d’une véritable alchimie spirituelle. Voilà pourquoi, s’agissant de retrouver les rites Cohens, il a pu – quelquefois avec légèreté, souvent faute de documents sûrs ou avérés – y mêler nombre de pratiques étrangères. Quant à cette voie cardiaque, en réalité, il convient de distinguer (même si, fondamentalement, il y a similitude des principes et moyens) cette voie-là, strictement rosicrucienne, d’avec la voie interne, dite également « cardiaque », liée à l’initiation selon Saint-Martin. A ce sujet, on notera au passage qu’Ambelain fait cependant la part entre, d’une part, le Martinisme proprement dit et, d’autre part, cette initiation particulière. Elle fut communiquée en 1945 à Robert Ambelain par Georges Bogé de Lagrèze (voir ainsi, dans l’ouvrage lui-même, la dédicace par l’auteur de L’Alchimie Spirituelle), le même qui entre 1942 et 1943 lui conféra tous les Hauts-Grades de l’Ordre Maçonnique de Memphis-Misraïm. Sur ces points : cf. Serge Caillet, in Le Dragon d’or de Robert Ambelain (Dervy, Paris, 1997, Postface, V, p. 232-233 et VIII, p. 236). Et pour ce qui est des « pratiques étrangères », pour autant, notons-le, s’agissant de la filière Martiniste, force est de constater que sans le travail important de Robert Ambelain, aucun des Cohens actuels n’aurait peut-être vu le jour (voir ainsi la question de la résurgence de 1943, en collaboration, notamment, avec Robert Amadou). Cela étant, il n’en reste pas moins vrai que désormais, avec la mise au jour progressive des documents d’Ordre, de communications et pièces diverses, une rectification (pour reprendre le terme – certains diront un retour aux sources) peut être opérée, qui permettra à l’Homme de Désir (cf. infra : note 69 p. 29 quant à cette locution) lancé sur cette voie de distinguer entre ce qui relève strictement 3 Je préviens qu’il ne s’agira ici que d’un simple tableau qui sera brossé – à seule fin d’information générale – une étude historique et doctrinale approfondie n’étant pas mon but en ces pages3. Au travers de ce panorama, uploads/Religion/ p3-ordre-des-elus-cohens-pdf.pdf
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- Publié le Jul 10, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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