LIBER SACRAMENTORUM NOTES HISTORIQUES ET LITURGIQUES SUR LE MISSEL R O M A I N
LIBER SACRAMENTORUM NOTES HISTORIQUES ET LITURGIQUES SUR LE MISSEL R O M A I N PAR S. ËM. LE CARDINAL S G H U S T E R , O . S . B . Archevêque de Milan. T O M E S I X I È M E L'ÉGLISE TRIOMPHANTE (Les Fêtes des Saints durant le Cycle de Noël.) BRUXELLES VROMANT & C<\ IMPRIMEURS-ÉDITEURS 3, RUE DE LA CHAPELLE Dépôt à Paris : 37, rue de Lille (VII e) 1930 Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2010. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. L I B E R SACRAMENTORUM NOTES HISTORIQUES & LITURGIQUES SUR LE MISSEL ROMAIN TRADUIT DE L'ITALIEN AVEC L'AUTORISATION DE L'AUTEUR Cimetière de Domitille (début du n c siècle). C U B I C U L U M A M P L I A T I IMPRIMATUR : Mechliniae, 18 Octobris 1930. J. THYS, can., lib. cens. DES PRESSES DE L'IMPRIMERIE VROMANT & C° 3, RUE DE LA CHAPELLE, BRUXELLES TITYRE .^TV • FIDO • RECVBANS • SVB . TEGMINE • CHRISTI DIVINOS - APICES - SACRO • MODVLARIS - IN - ORE NON • FALSAS • FABVLAS - STVDIO • MEDITARIS • INANÏ ILLIS . NAM - CAPITVR - FELICIS • GLORIA . VITAE ISTIS . SVCCEDENT - POENAE • SINE . FINE - PERENNES VNDE - CAVE • F RATER - VANIS • T E • SVBDERE - CVRIS I N F E R N I . RAPIANT • MISERVM - NE • TARTARA • TAETRI QVIN • POTIVS • SACRAS • ANIMO • SPIRARE • MEMENTO SCRIPTVRAS • DAPIBVS • SATIANT • QVAE • PECTORA • CASTIS TE - DOMINI. SALVVM . CONSERVET - GRATIA - SEMPER CHAPITRE PREMIER L E S « N A T A L I T I A M A R T Y R U M » D A N S L ' A N C I E N N E T R A D I T I O N L I T U R G I Q U E D E R O M E 'EST dans l'antique liturgie funéraire qu'il faut rechercher les origines du culte liturgique des saints. Quand le ^ temps de l'épreuve présente s'était écoulé, le fidèle qui avait cru au Christ et qui, durant sa vie, avait manifesté cette foi par des œuvres dignes d'un membre de la rédemption et d'un fils de Dieu, passait, à travers l'étroite porte de la mort, à la jouissance éternelle de cette lumière, de cette paix et de cette vie qui constituent l'héritage des enfants de Dieu. Le triomphe sur la mort, remporté par le Christ, était aussi le gage de la victoire de tous ses disciples sur l'antique adversaire. Quand ceux-ci, qui durant leur vie s'appelaient déjà fils de résurrection, confiaient en mourant à la terre leur dépouille endormie, ce n'était pas tant pour rentrer nus dans le sein de la mère commune que pour y déposer le grain de froment, qui, ainsi seulement, pouvait germer et revivre sur une tige nouvelle. Avec cette mentalité, toute pénétrée de l'Évangile et de la prédication de saint Paul sur la résurrection et sur la parousie, les premières générations chrétiennes envisagèrent le problème eschatologique d'une âme sereine, nous dirions même joyeuse- ment heureuse, et, avant saint François, elles entourèrent notre sœur la mort corporelle des marques du plus vif respect. A cet égard, significatif est le soin que les chrétiens eurent, dès le début, d'ensevelir les fidèles autant que cela leur était possible dans des tombeaux distincts et non entremêlés avec les païens. Une même pensée leur inspira d'épargner aux membres rigides des fidèles, tant les horreurs de la crémation que l'entassement des cadavres dans les puticuli funéraires des païens. Les corps des chrétiens devaient être chastes jusque dans le lit funèbre de la tombe, et l'on aurait jugé un crime contre le Saint-Esprit d'attenter à la persistance ou à la pureté de son temple matériel qu'était, en effet, le corps de chaque fidèle baptisé. Il y a plus. En ce premier âge d'or de l'Évangile, on ne parlait pas même de mort. « Celui qui croit en moi, — avait dit le Christ, — même s'il meurt aura la vie et ne mourra pas pour toujours. » C'est pourquoi le départ du fidèle pour l'autre monde n'était jamais appelé mort mais seulement terme de l'épreuve; defuncttis : celui qui a accompli son temps de service en cette milice terrestre. Par analogie avec ce concept, le lieu où la dépouille mortelle des baptisés attend en paix l'appel de l'Ange de la résurrection ne pouvait en aucune manière être considéré comme la domus aeternalis, le sépulcre des païens consacré aux dieux Mânes. Dans le langage chrétien il se nomme simplement au contraire locus ou loculits, creusé dans le labyrinthe du commun accubi- torium ou coemeterium comme l'on disait en s'inspirant d'un mot grec, le dortoir où le défunt requiescit, repose en paix, dans l'attente de l'appel du Christ. Au iv e siècle, saint Jérôme, décrivant l'ensevelissement de saint Paul ermite, nous parle de psaumes et de chants ex christiana traditione, que saint Antoine aurait exécutés en cette circonstance. Quelque séduisante que soit une reconstruction de cette liturgie funèbre basée sur les indices qu'on trouve dans les écrits des saints Pères et dans l'épigraphie chrétienne, elle sort du sujet que nous nous sommes proposé. Laissant donc de côté le texte de saint Paul aux Corinthiens, où il mentionne l'usage qui s'était introduit chez eux de conférer le baptême firo tnortuis, c'est-à-dire pour ceux qui avaient expiré avant d'avoir pu le recevoir selon leur désir, nous nous bornons à faire remarquer que, au moins dès la fin du I e r siècle, l'offrande eucharistique était mise en relation avec l'ensevelissement des défunts, comme le véritable sacrificium j>ro dormitione, pour le repos de leurs âmes. Un passage de la lettre de saint Ignace aux Romains y fait allusion, là où il souhaite que la nouvelle de son martyre leur arrive précisément au moment où l'autel est préparé, en sorte que tous en chœur puissent élever une hymne d'action de grâces à Dieu qui a daigné appeler à Lui en Occident l'évêque de la lointaine Syrie. IlXéov [/,01 yà\ TtaLpoLGxr\a&e TOU a7cov8K*9-Y)Vou 0£(ji, ITL S*uoiaaT7)ptov ETOI(xov èariv I V A ÈV àyàu-fl x°poÇ yevofjievot $G7)Te TCJI Iïocxpl èv Xpicrao 'Ivjaou, OTL TOV è7c£axo7cov Êup£aç ô Ôcoç xaTTjÇCoaev EÛP&&7]vat ÈLÇ Sùatv àrco âvaToXïjç [i,eTa7C£(x^À(JLSVOÇ x. Cet autel préparé est précisément en rela- tion avec l'offrande du Sacrifice Eucharistique. Un texte très important relativement à ces premières fêtes des Martyrs se trouve dans l'Épître de l'Église de Smyrne sur le martyre de saint Polycarpe, là où ces fidèles souhaitent de célébrer le premier anniversaire de leur évêque près de sa tombe, "Ev&oc (Lç SUVOCTOV YJFJLÏV auvayofjtévoiç ÊV àyaXXiàaet xal X aP?> ^ A P É ^ E T ô Kùpioç ImTeXeïv TJJV T O U [/.APTUPTOU auTou Y)[/ipav yevé-9-Xiov 2. Avec son style caustique habituel, Tertullien mentionne ces messes d'anniversaires pour les défunts dans l'opuscule De exhortatione castitatis, où, pour dissuader un veuf de se remarier, il dit un mot de la situation embarrassante du bigame qui, uni par le mariage avec une seconde femme, assiste toutefois au service funèbre annuel célébré pour la première. Neque enim pristinam poteris odisse, cui etiam religiosiorem réservas affectio- nem, ut iam recepiae apud Dominum, pro cuius spiritu postulas, pro qua oblationes annuas reddis. Stabis ergo ad Dominum cum tôt uxoribuSj quoi in oratione commémoras? Et offeres pro duabus? Et commendabis Mas duas per sacerdotem de monogamia ordi- natum, aut etiam de virginitate sancitum, circumdaium virginibus ac univiris, et ascendet sacrificium tuum libéra ironie 3? Saint Cyprien se reporte, lui aussi, à ce sacrificium pro dormi- tione à propos d'un certain Geminius Victor, qui, malgré la défense d'un concile, avait, dans son testament, nommé tuteur le prêtre Geminius Faustin. L'évêque de Carthage prescrit donc que la loi soit appliquée et que le défunt soit privé tant de l'honneur de la messe funèbre que de la commémoration aux diptyques : ne quis frater excedens, ad tutelam vel curam clericum nominaret, ac si quis hoc fecissett non offerretur pro eo> nec sacrificium pro dormitione eius celebraretur 4. 1. S. Ï G N A T . , Ep. ad Rom., c. il, P. G., V, col. 688. 1. Epist. Eccl. Smyrn., c. x v m , P. G., V, col. 1044. 3. TERT., Liber de exhort. castitatis. c. xi, P. L.t col. 975. 4. CYPRIANÏ, Epist., L X V I , P. L.t IV, col 711. Le chapitre des Confessions de saint Augustin (L. IX, ch. xn) où sont décrites les funérailles de sainte Monique, est trop gracieux et trop important à la fois pour qu'on puisse omettre de le rappeler au moins ici. La veuve de Patrice est morte dans une petite propriété aux environs d'Ostie, où elle s'était arrêtée afin de reprendre des forces avant d'entreprendre la traversée de la mer pour retourner en Afrique avec sa uploads/Religion/ liber-sacramentorum.pdf
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- Publié le Mar 18, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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