1/6 JOURNÉE APS 1er et 2nd cycle – La prière chrétienne 12 juin 2013, à Saint G
1/6 JOURNÉE APS 1er et 2nd cycle – La prière chrétienne 12 juin 2013, à Saint Guilhem-Le-Désert Arrivée 9h – Départ 17h (Salle paroissiale) LA PRIÈRE CHRÉTIENNE INTRODUCTION … en quelques creux, quelques préalables 1/ La prière n’a pas de mode d’emploi Parler de la prière, dire ce qu’est la prière, définir la prière, dire les effets de la prière, … c’est un effort vain ! … Car la prière ne se dit pas mais s’expérimente, elle ne se définit pas, ne se fige pas, mais se vit et grandit tout au long de notre vie. Pierre Desproges disait1 avec humour : « L'amour... il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui le font. Á partir de quoi il m'apparaît urgent de me taire. » Alors, je suis heureuse que vous ayez commencé votre journée par une "expérience de prière" et particulièrement une expérience sensorielle. Dieu ne se dit, ne se donne qu’à travers nos perceptions, nos cinq sens : oui, Dieu se contemple, se sent, s’entend, se touche, se goûte … C’est une expérience que l’on peut faire dans nos liturgies, par exemple, ou dans nos différentes manières de prier. Durant un pèlerinage nos sens sont sollicités par le paysage à regarder, les parfums sur le chemin, les efforts de notre corps pendant la marche, toucher son chapelet, communier au pain et au vin, etc. … Et l’on pourrait faire la liste des différents modes de prières2 et regarder comment nos sens, tout notre corps sont mis en œuvre pour et dans notre relation à Dieu. Comme le précise Pierre Goujon3, la prière est de l’ordre de "l’expérientiel" et non du discours. "Expérientiel" est un néologisme qui dit à la fois "l’expérience" (la prière est de l’ordre d’une pratique) et "l’existentiel (c’est une question de vie ou de mort spirituelle, comme le sous-entend Jésus à Nicodème dans leur dialogue concernant la naissance d’en- haut, être né de la chair et être né de l’Esprit, Cf. Jn 3,3.6). Voilà, j’ai posé tout de suite les limites d’un exposé sur la prière … de la même façon que le peintre surréaliste René Magritte écrit : « ceci n’est pas une pomme » ; ce que je dis ou dirai n’est pas la prière ! Parler de Dieu (nos discours) ou parler avec Dieu (la prière) ? 2/ La prière : on n’en sait rien et on ne finit jamais d’apprendre Nous l’expérimentons, ce qui veut dire que l’on ne sait jamais !!! Et qu’on n’aura jamais fini !!! Le priant s’engage sur un chemin graduel, fait d’étapes dans un travail jamais bouclé, où il sera toujours en route. Je peux en tirer deux conséquences : 1/ La vie spirituelle nous fera passer par des péripéties, des purifications, des douleurs, et des grâces. 2/ C’est pourquoi, il est utile sur ce chemin d’avoir des guides (accompagnateurs spirituels, compagnons de route, groupes de prières et de partage, une communauté …) et de relire ce chemin. 1 Pierre Desproges, Fonds de tiroir, Seuil, 1990, 134 p. 2 Le signe de croix, les prières orales (Notre Père, Je vous salue Marie, Credo, Angélus), le Rosaire, les prières de bénédiction (Bénédicité, louanges), la philocalie (la prière du cœur), les prières de demande (neuvaine, litanie des Saints), les prières de guérison, les prières pénitentielles (les Pardons, les pèlerinages, la confession), les chemins de prières (Chemin de croix), le liturgie des heures (bréviaires ou offices monastiques), l’Eucharistie (Source et sommet de la vie chrétienne), l’adoration eucharistique, la lectio divina, l’oraison silencieuse. 3 Pierre Goujon, SJ, Article de théologie spirituelle, Les voies divines de la liberté humaine, Précis contemporain de théologie chrétienne, Bayard, 2011, p. 295 à 305. 2/6 3/ La prière ne requiert ni privilèges, ni qualifications La prière est pour tous ! C’est ce que nous enseigne Jean de La Croix (1542-1591), dans son traité La Vive Flamme : la vie mystique est « pour toutes les personnes qui cherchent leur Bien-Aimé ». Voilà le seul préalable : chercher Dieu. Donc, tout humain, quelque soit son âge, son sexe, sa nationalité et sa religion, peut vivre un itinéraire spirituel, parfois au sein d’autres traditions quelles soient religieuses, philosophiques, artistiques. On n’attendra pas d’être "parfaits", d’être baptisés et confirmés, d’être en règle, d’être digne pour prier … mais d’être tout simplement dans l’amour. Dieu se donne à tous car il est le Créateur de tous. Nous sommes crées à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26). Jean de La Croix parle de « l’union de nature » qui fait que chaque homme est lié par nature à Dieu, l’Infini, la Beauté, le Bien, le Vrai … Chaque homme porte en lui ce goût de Dieu, quelque soit sa foi. Mais, il s’agit de parler, ce matin, de la prière chrétienne, donc de notre lien à Jésus et à sa Parole. Et pour cela, Jean de la Croix affine sa perception de l’alliance entre Dieu et l’homme, en parlant de « l’union surnaturelle ou de l’union de ressemblance ». C'est-à-dire de cette volonté humaine et toute amoureuse de ne faire qu’un avec la volonté de Dieu. Jean de la Croix insiste encore : « Toute la doctrine dont je veux traiter : le but de toute vie chrétienne est l’union de l’âme avec Dieu » (1MC 1). Et voilà donc définie la prière comme moyen de cette union de l’homme à Dieu. La prière est comme la respiration de la vie spirituelle, comme ce mouvement intérieur, intime, intuitif, furtif mais indubitable qui nous guide dans notre relation à Dieu. 4/ La prière n’est pas un rabâchage4, mais une interprétation de la prière du Christ La prière … c’est bien sûr la grande affaire de la vie de Jésus. Notre modèle, c’est le Christ lui-même. Méditer l’évangile et ses attitudes de silence, de retrait, de relation continuelle à son Père. Sans cesse il se reçoit de lui, ne fait jamais rien sans lui. Dans sa vie, il y a peut-être quelques prières d’exception (à son baptême, à la Transfiguration, à Gethsémani et à la croix), mais sa prière, dans son quotidien, s’arrêter et prier nous en dit autant de sa relation au Père et de sa vie sous la conduite de l’Esprit. Comme je suis Carmélite, c’est plutôt la dimension de prière personnelle et silencieuse qui est au cœur de ma vie et que je vous partagerai. C’est aussi celle de Thérèse d’Avila (1515-1582), qu’elle définissait comme : « Une relation d’amitié où l’on s’entretient souvent, seul à seul, avec Celui que l’on aime et dont on se sait aimée. » (V. 8,5). Ici, il n’est pas question de rabâchage ou de radotage, mais d’un dialogue du cœur sans cesse renouvelé. 5/ La prière ne déconnecte pas ni de la vie, ni des autres En regardant Jésus et l’absolue cohérence entre sa parole et sa pratique, le lien entre sa prière et sa mission, nous comprenons le lien intrinsèque entre la prière et l’apostolat, en général. Dans la prière, il s’agira donc de développer un "être" à Dieu, à soi-même, aux autres, à la nature et aux choses. Prier, ce n’est pas faire seul, mais tout en la compagnie de Dieu, le mettre "dans le coup" dans toute les dimensions de notre vie, pas seulement le dimanche, pas seulement quand je vais bien, pas seulement quand je suis seul(e). Prier, ce n’est pas seulement prier pour ses petites affaires ou se déconnecté du réel, mais laisser son cœur s’ouvrir au service, à l’universel et à l’éternité. (1Jn 3,20). « Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. » 4 « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s'imaginent qu'à force de paroles, ils seront exaucés. » (Mt 6,7). 3/6 1. LES SIX « INFINIS5 » DE DIEU 1/ Dieu se cache Oui, Dieu se donne et se perçoit à travers des médiations (ce que nous avons vu tout à l’heure), mais il est surtout celui qui se cache et qui est insaisissable. Dans toute la bible, il y a comme un jeu de cache-cache entre le Créateur et la créature. « Vraiment tu es un Dieu qui te cache, Dieu d’Israël, Dieu Sauveur ! » (Is 45,15). « J’ai cherché celui que mon cœur aime » (Ct 3,1). Il n’y a pas de claire vision de Dieu en cette terre nous dit Paul (1Co 13,12). C’est aussi l’expérience de tous les grands priants, en général. Dans la vie spirituelle, nous devons intégrer ce paradoxe de notre Dieu présent et pourtant se dérobant, se taisant et se cachant. Pourquoi ? La tradition mystique y répond : c’est pour mieux se donner et/ou pour nous faire grandir dans la foi. La prière, l’intimité du Dieu Trinitaire avec l’homme ne sollicite pas seulement l’amour mais une autre des trois vertus théologales : la foi. Dans la prière il y a ce saut de la foi à faire. Dieu se donne dans l’obscur de notre foi. 2/ Pour le trouver uploads/Religion/ la-priere.pdf
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- Publié le Apv 15, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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