L'eucharistie gnostique Par Tau Lazarus L'eucharistie, « l'action de grâce », e

L'eucharistie gnostique Par Tau Lazarus L'eucharistie, « l'action de grâce », est un rite central dans le christianisme. Aussi appelé messe, ou sainte cène, il est pratiqué depuis les origines. On le retrouve chez les catholiques, les orthodoxes et les protestants. Il consiste en l'absorption du corps et du sang de Jésus-Christ, et ce d'une manière réelle (par dite « transsubstantiation ») ou symbolique (par « consubstantiation ») à travers l’offrande du pain et du vin. Le rite met en application les instructions de Jésus, lors de son dernier repas avec les apôtres : « Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : « Prenez ceci et partagez entre vous. Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu ». Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. ». Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. » (Luc 22, 17-20) « Faîte cela en mémoire de moi » dit Jésus. Mais qu'est-ce que « cela » ? Jésus prend du pain et affirme que c'est son corps, il prends une coupe de vin et affirme que c'est son sang. Est-ce la de la magie ? Un symbole ? L'eucharistie est vécue et comprise par les catholiques et les orthodoxes, comme la remémoration du sacrifice pascal, voir sa réactualisation rituelle. C'est la pâque juive, dans laquelle l'agneau immolé est Jésus-Christ lui-même, offert « pour la gloire de Dieu et le salut du monde » d'après la liturgie catholique. Il est mentionné dans les récits des hérésiarques, que les gnostiques pratiquaient également l'eucharistie, et ce d'une manière rituelle, ou bien purement intérieure. Un groupe nommé les ophites consacrait les espèces divines à l'aide d'un serpent, tandis que la secte des barbélo-gnostiques, pratiquait, si l'on en croit les pères de l'église, des rites eucharistiques à l'aide de semences sexuelles. Mais en règle générale, la messe pouvait ressembler à celle que l'on connaît, offrandes de pain, de vin, d'eau, d'encens et de parfums, mais aussi d'herbes aromatiques que certains chercheurs croient enthéogènes, le tout dépendant des pratiques communautaires. Quant aux prières, elles étaient spécifiques au système gnostique. La messe est donc un rite partagé par tous les chrétiens, qu'ils soient gnostiques ou non, c'est sa signification et sa nature réelle, qui diffère selon les écoles. Enfin, la manière d'en faire une cérémonie dépends aussi de ces écoles. Certains gnostiques, les cathares et les musulmans remettent en question le sacrifice pascal lui- même en affirmant que Jésus n'est pas mort sur la croix. Ce qui contredit la croyance en la crucifixion, dogme fondamental de l'église : « nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Corinthiens 1, 23). Et même, en la résurrection, car sans crucifixion, c'est à dire la mort de Jésus, comment pourrait-il y avoir résurrection, comment Jésus pourrait-il ressusciter d'entre les morts s'il n'est pas au préalable, véritablement mort ? Enfin, sans résurrection, pas de foi, nous annonce Paul : « Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. » (1 Corinthiens 15, 13-14). Paul parle d'une communion des fidèles qui meurent avec le Christ et ressuscitent avec lui, ce qui constitue le sens profond de l'eucharistie dans la doctrine catholique : « Car, si nous sommes devenus un même être avec lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une semblable résurrection. » (Romains 6, 5). Les « basilidiens », disciples de Basilide, l'un des premiers « gnostiques » chrétien, remettent en cause l'interprétation littérale de l'église au sujet de la mort de Jésus-Christ « c’est un esclavage de dire que nous mourrons avec le Christ Pensée incorruptible et immaculée » (Deuxième traité du Grand Seth 49) voir même « un esclavage de confesser le crucifié » (Irénée de Lyon, Contre les hérésie). Or, comment peut-il y avoir actualisation d'un sacrifice, donc une messe, si ce dernier n'a pas eu lieu ? Pour le comprendre, il faut revenir aux origines du christianisme, et entendre que la notion de rédemption et de crucifixion avait un sens différent de celui adopté plus tard par l'église conciliaire. Pour Basilide, Jésus est l'homme cosmique qui revêt un corps d'emprunt, une illusion destinée à renforcer la foi de ceux qui croient en lui. Son « vrai » corps est céleste. Ce corps céleste, détaché de toute mondanité, a vécu lui lors de la passion, un combat céleste contre les puissances d'esclavages nommées « archontes ». De même que Jésus fut pourchassé et jugé par les pharisiens, les archontes tentèrent de s'emparer de l'homme céleste. Mais il fut plus fort qu'eux. Il changea de corps d'emprunt, un autre fut crucifié, et lui, se tenant au delà de l'erreur, subjugua les puissances d'esclavage et libéra les âmes de leur influence. « Ils m’ont vu, ils m’ont infligé un châtiment. C’était un autre, leur père. Celui qui buvait le fiel et le vinaigre, ce n’était pas Moi. Ils me flagellaient avec le roseau. C’était un autre, celui qui portait la croix sur son épaule, c’était Simon. C’était un autre qui recevait la couronne d’épines. Quant à Moi, je me réjouissais dans la hauteur, au-dessus de tout le domaine qui appartient aux archontes et au-dessus de la semence de leur erreur, de leur vaine gloire, et je me moquais de leur ignorance. Et j’ai réduit toutes leurs puissances en esclavage. En effet, lorsque je descendis, nul ne me vit car je me transformais, échangeant une apparence pour une autre et, grâce à cela, lorsque j’étais à leurs portes, je prenais leur apparence. En effet, je les traversai facilement et je voyais les lieux, et je n’éprouvai ni peur ni honte, car j’étais immaculé. Et je leur parlais, me mêlant à eux par l’intermédiaire des miens, et foulant aux pieds leur dureté ainsi que leur jalousie et éteignant leur flamme. Tout cela, je le faisais par ma volonté, afin d’accomplir ce que je voulais dans la volonté du Père d’en haut. » (Deuxième traité du Grand Seth 49) L'évangile de Philippe mentionne et explique même, ce changement d'apparence du Christ : « Jésus les a tous pris grâce à un subterfuge, car il n’est pas apparu tel qu’il était, mais c’est tel qu’on serait capable de le voir qu’il s’est montré. C’est à tous qu’il est apparu. Il est apparu aux grands sous l’aspect d’un grand, il est apparu aux petits sous l’aspect d’un petit ; il est apparu aux anges sous l’aspect d’un ange et aux hommes sous l’aspect d’un homme. C’est pourquoi son Verbe est resté caché à tous. Certains l’ont vu en croyant se voir eux-mêmes. » (Philippe 26) Bien qu'en apparence il y ait un corps de chair, en vérité, il n'en est rien. Bien qu'en apparence, il y ait combat, souffrance, en vérité, il en va tout autrement : l'homme cosmique est déjà « dans les hauteurs », au delà de la prison du monde. Il agit de ce lieu subtil de l'esprit sur les âmes et les arrache à l'erreur et à l'illusion. C'est un « autre » qui meurt. Un autre corps : celui de Simon affirment certains. Ou bien le serpent, que l'on représente cloué à une croix dans les représentations alchimiques, inspirées du gnosticisme. La crucifixion a bien eu lieu, mais la croix dont il s'agit n'est pas non plus du monde, elle est l'instrument par lequel le Christ sauve l'âme. La croix constitue la limite de l'univers créé, la frontière entre le monde matériel et les éons, les mondes spirituels : l'âme, qui vient de Dieu, est littéralement « clouée » dans la matière. En s'étendant sur la croix, le Christ atteint l'âme divine, appelée Sophia, et la relève des mondes inférieurs aux mondes supérieurs, des ténèbres à la lumière, de la matière à l'esprit pur, du néant à la plénitude. La notion de crucifixion est inversée chez les gnostiques : « Jésus le Vivant dît à ses apôtres : bienheureux celui qui a crucifié le monde et que le monde n'a pas crucifié. » (Premier Livre de Ieoû, 1). Il y a donc la notion de rédemption dans le fait de transcender le monde. Jésus lui-même se présente aux apôtres comme le vainqueur du monde : « Je vous ai dit tout cela pour que vous trouviez en moi la paix. Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde. » (Jean 16, 33) Le véritable corps du Christ est donc cette divinité en l'homme, qui transcende le monde. Cette présence à la fois propre à chacun et universelle. C'est lui le Saint Dieu, Saint Fort uploads/Religion/ eucharistiegnostique.pdf

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  • Publié le Fev 10, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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