Peut-on se passer de la religion chrétienne ? Le monde sécularisé de la civilis
Peut-on se passer de la religion chrétienne ? Le monde sécularisé de la civilisation occidentale pourrait-il se passer du christianisme ? Le capitalisme et le marxisme culturel sont-ils la nouvelle religion du monde globalisé ? Comment le christianisme, salué à ses origines comme une force libératrice, apparait-il comme un obstacle qui s’opposerait à cette libération ? Fasse aux impasses des totalitarismes, du nihilisme et de l’hédonisme auxquelles aboutit l’affirmation athée la plus puissante de l’histoire (Feuerbach, Marx, Engels, Auguste Compte, Nietzsche et Freud …), quelle réponse donnent aujourd’hui les chrétiens. La critique qu’on fait du capitalisme est souvent superficielle ; on parle d’oppression, d’aliénation comme si elles venaient des structures ; mais les structures économiques, sociales, politiques ce sont les hommes qui les ont créés, donc c’est bien du cœur des hommes que viennent ces maux comme le dit Jésus : « Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. Marc 7.21 ». On ne peut « servir Dieu et Mammon » (Matthieu 6. 24 ; Luc 16. 13). De même, pour Jean, « l’arrogance de l’argent ne procède pas du Père, elle procède du monde » et Paul estime que « la racine de tous les maux est la soif de l’argent » (Timothée 6. 10) Dieu encourage-t-Il le capitalisme ? Oui, assurément, des biens éternels. Matthieu 6 ,20 : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les voleurs percent les murs et dérobent. Mais amassés des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni les vers ne consument, et où les voleurs ne percent pas les murs ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Le christianisme invite à choisir la pauvreté volontaire pour agir avec liberté et responsabilité dans le monde. Au cas où ce ne serait pas assez clair, Jésus-Christ enfonce le clou avec la parabole du «riche insensé» dans Luc 12,15-20 : " Faites attention à vous garder de toute avarice; car, quelqu'un serait-il dans l'abondance, sa vie ne dépend pas des biens qu'il possède. Et il leur dit cette parabole: " Il y avait un homme riche dont le domaine avait beaucoup rapporté. Et il se faisait en lui-même cette réflexion: " Que vais-je faire? car je n'ai pas où ramassé mes récoltes... Voici, dit-il, ce que je fais faire: j'abattrai mes greniers, et j'en construirai de plus grands, et j'y ramasserai tout mon blé et mes biens, et je dirai à mon âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour beaucoup d'années; repose-toi, mange, bois, festoie! " Or Dieu lui dit: " Insensé! cette nuit même on va te redemander ton âme; et ce que tu as préparé, pour qui sera-ce? " Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même et n'est pas riche en vue de Dieu. " Il n’est pas inutile de rappeler ici que Jésus-Christ ne condamne pas la richesse en tant que telle ni les riches en tant que tels (pas plus qu’il ne confond la pauvreté subie et la pauvreté acceptée, la misère matérielle et la pauvreté en esprit (Béatitudes) ; c’est à l’avarice c’est-à-dire l’esprit d’accumulation ainsi qu’à la cupidité et à l’esprit de lucre qu’il s’en prend violemment, car là est la racine : dans le cœur de l’homme. La vie chrétienne dans sa plénitude est un projet organisé autour d’un but : aller au Ciel et éviter de faire de la terre un enfer, car le ciel ou l’enfer commencent ici sur terre selon les décisions que les hommes prennent. Saint Paul, 1 Tim 6, 9-19 : «Pour ceux qui veulent devenir riches, ils tombent dans la tentation, le piège et une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent, et certains, dans cette convoitise, se sont égarés loin de la foi et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de tourments . Aux riches du siècle présent prescris de n'être pas orgueilleux et de ne pas mettre leur espoir en des richesses instables, mais en Dieu, qui nous procure tout avec abondance pour que nous en jouissions, de faire le bien, de devenir riches en bonnes œuvres, de donner libéralement, de partager, s'amassant (ainsi) un trésor (qui sera) une bonne assise pour le présent et l'avenir afin de s'assurer la vie véritable. Les pères de l’Eglise sont unanimes dans le fait de voir la plupart des maux, la racine, dans la cupidité et l’orgueil des riches qui exploitent les pauvres. Tous les papes disent la même chose : Leon XIII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II, Benoit XVI et le pape François. Prenons un texte de Pie XI : Quadragesimo Anno, § 113 à 115, : «Ce qui à notre époque frappe tout d’abord le regard, ce n’est pas seulement la concentration des richesses, mais encore l’accumulation d’une énorme puissance, d’un pouvoir économique discrétionnaire, aux mains d’un petit nombre d’hommes qui d’ordinaire ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu’ils administrent à leur gré. 114 Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l’argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par-là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer.115 Cette concentration du pouvoir et des ressources, qui est comme le trait distinctif de l’économie contemporaine, est le fruit naturel d’une concurrence dont la liberté ne connaît pas de limites ; ceux-là seuls restent debout, qui sont les plus forts, ce qui souvent revient à dire, qui luttent avec le plus de violence, qui sont le moins gênés par les scrupules de conscience. À son tour, cette accumulation de forces et de ressources amène à lutter pour s’emparer de la Puissance, et ceci de trois façons : on combat d’abord pour la maîtrise économique ; on se dispute ensuite l’influence sur le pouvoir politique, dont on exploitera les ressources et la puissance dans la lutte économique ; le conflit se porte enfin sur le terrain international, soit que les divers États mettent leurs forces et leur puissance politique au service des intérêts économiques de leurs ressortissants, soit qu’ils se prévalent de leurs forces et de leur puissance économiques pour trancher leurs différends politiques. Ce sont là les dernières conséquences de l’esprit individualiste dans la vie économique, la libre concurrence s’est détruite elle-même ; à la liberté du marché a succédé une dictature économique. L’appétit du gain a fait place à une ambition effrénée de dominer. Toute la vie économique est devenue horriblement dure, implacable, cruelle. À tout cela viennent s’ajouter les graves dommages qui résultent d’une fâcheuse confusion entre les fonctions et devoirs d’ordre politique et ceux d’ordre économique : telle, pour n’en citer qu’un d’une extrême importance, la déchéance du pouvoir : lui qui devrait gouverner de haut, en toute impartialité et dans le seul intérêt du bien commun et de la justice, il est tombé au rang d’esclave et devenu le docile instrument de toutes les passions et de toutes les ambitions de l’intérêt. Dans l’ordre des relations internationales, de la même source sortent deux courants divers : c’est, d’une part, le nationalisme ou même l’impérialisme économique, de l’autre, non moins funeste et détestable, l’internationalisme ou impérialisme international de l’argent, pour lequel là où est l’avantage, là est la patrie.» L’Eglise ne propose pas un système, mais des principes clés qui permettraient aux hommes de construire une société plus libre et plus juste ; c’est à chacun d’agir avec sens de solidarité avec les autres. Le Compendium 2005 de la Doctrine sociale de l’Eglise (DSE), n’est pas pour voir si telle ou telle forme de capitalisme remplit dans ses principes, sinon, pour proposer dans la pratique quotidienne, les critères de la DSE : - dignité de la personne, - subordination de toute activité et organisation sociale à la loi de la raison, ou loi naturelle, - ordonnancement de l’activité politique et économique au Bien commun, - justice sociale, - subsidiarité, - priorité du travail sur le capital, - existence de corps intermédiaires et bon fonctionnement de ceux-ci, notamment les communautés de métiers, - refus de la spéculation, de l’usure et des manipulations financières, - rôle de protection des gouvernements, - service de la famille cellule de base de la société, - etc. Il ne s’agit pas de se soumettre à l’oppression, mais de choisir les moyens pour garder sa liberté et agir pour le bien de tous. En fait il n’y a pas de réalisation ici et maintenant sans un changement profond des personnes ; Marx prétend changer la situation, mais en fait il uploads/Religion/ chez-roger-pallais.pdf
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- Publié le Jul 26, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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