1 Entre 1917 et 1933 se mettent en place dans une Europe bouleversée par la « g
1 Entre 1917 et 1933 se mettent en place dans une Europe bouleversée par la « grande guerre » un nouveau type de régime politique. L’adjectif « totalitaire » est utilisé pour la première fois en 1924 par le libéral italien Giovanni Amendola pour dénoncer un de ces régimes, le fascisme. Il est ensuite repris par Giovanni Gentile, théoricien du régime, et par Mussolini lui-même. Dans les années 1950 le nom de totalitaire est adopté définitivement, et désigne selon la philosophe Anah Arendt un « système tendant à la totalité ». On parle aussi de systèmes panoptiques, qui poursuivent un objectif, tout voir, tout contrôler. Issu de son ouvrage Les Origines du totalitarisme (1951 ; titre original : The Origins of Totalitarianism), ce mot exprime l'idée que la dictature ne s'exerce pas seulement dans la sphère politique, mais dans toutes, y compris les sphères privée et intime, quadrillant toute la société et tout le territoire, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté. Dans les années 1950, le politologue Carl Joachim Friedrich et son assistant Zbigniew Brzeziński identifient comme « totalitaire » un régime dans lequel on trouve six éléments : une idéologie officielle, un parti « de masse » unique, la terreur policière, le monopole des médias, celui des forces armées et une économie planifiée. D'après la définition de Raymond Aron, le totalitarisme qualifie les systèmes politiques dans lesquels s'accomplit « l'absorption de la société civile dans l'État » et « la transfiguration de l'idéologie de l'État en dogme imposé aux intellectuels et aux universités ». L'État, relayé par le parti unique, exercerait en ce sens un contrôle total sur la société, la culture, les sciences, la morale jusqu'aux individus mêmes auxquels il n'est reconnu aucune liberté propre d'expression ou de conscience. Pour ces intellectuels, les totalitarismes ont donc des traits communs, mais aussi des différences qui permettent de les singulariser, il s’agira donc de comprendre comment ces régimes s’imposent dans l’Europe de l’après-guerre et d’étudier les caractéristiques qui leur sont propres, ensuite de voir les moyens dont ils usent pour construire la société dont ils rêvent, enfin, nous verrons que ces régimes menacent le fragile ordre construit à Versailles en 1919. I) Un ou des totalitarismes ? 1) Un totalitarisme singulier, le Stalinisme. a) Un Chef qui s’impose par la force, « je ne fais confiance à personne, même pas à moi-même » Staline. Joseph Vissarionovitch Djougachvili dit Staline est un géorgien, né en 1878 issu d’une famille pauvre, et qui souhaite faire de lui un membre du clergé. Il fuit le séminaire, et se lance dans des activités louches, des braquages de banques pour financer le Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) un parti marxiste interdit par le Tsar. Arrêté de nombreuses fois entre 1898 et la révolution d’octobre, il sa fait appelé « Koba » puis, à cause de ses nombreuses évasions des prisons russes « Staline », l’homme de fer. 1 Registre de la police de Saint- Pétersbourg concernant Staline vers 1912 2 Il rencontre les principaux dirigeants marxistes dans ses voyages en Suède, Finlande, Angleterre, en Allemagne… Et il est marqué par Lénine, dont il admire le charisme. Pourtant, les intellectuels qui entoure Lénine détestent rapidement Staline, dont ils méprisent l’inculture, la violence et l’absence de scrupules, comme Trotski, le chef de l’armée rouge qui affirme qu’il est « la plus éminente médiocrité du parti ». En 1917, il ne participe pas à la Révolution d’octobre, Qui a fait la révolution en Russie en 1917 ? - YouTube dont la figure de proue est Lénine A l'appel du grand Lénine - YouTube qui met en place la Russie Bolchevique, mais entre dans l’organigramme dirigeant, à la faveur des services qu’il rend, et il en profite pour accroitre son influence au sein du PCUS (parti communiste de l’URSS). En 1922, après 5 années de guerre civile, c’est la création d’un nouvel état sur la scène internationale, Hymne de l'urss (traduction en francaise) - YouTube l’URSS. En 1924, Lénine meurt, et ses volontés ouvrent une guerre de succession au sein de l’Etat, et après 4 années sanglantes, c’est Staline qui s’impose, en ayant écarté tous ses rivaux… L'arrivée au pouvoir de Staline - YouTube Il incarne désormais le régime et met alors en place une nouvelle idéologie, le Stalinisme. 2 3 Il place alors son action dans un héritage idéologique, celui du Marxisme, ( Le marxisme est un courant de pensée politique, sociologique et économique fondé sur les idées de Karl Marx et dans une moindre mesure de Friedrich Engels et de ses continuateurs. Politiquement, le marxisme repose sur la participation au mouvement réel de la lutte des classes, afin de parvenir à une société sans classes en tant qu'étape succédant au capitalisme.) du léninisme ( Le léninisme se distingue du Marxisme en premier lieu en faisant du parti politique un élément crucial du processus révolutionnaire et de la lutte des classes, et en lui donnant un rôle dirigeant dans le cadre de la dictature du prolétariat) pour la construction de la société communiste. b) Le Stalinisme, une violence légitimée par la nécessité de l’édification d’une nouvelle société. « Pour obtenir la victoire, il faut avant toute chose épurer le parti de la classe ouvrière – son état-major dirigeant, sa citadelle avancée – des capitulards, des déserteurs, des félons et des traitres ». Staline Staline dispose en 1929 de tous les pouvoirs en URSS. Il a éliminé une grande partie de ses opposants, il peut s’appuyer sur un réseau de fidèles qui lui doivent tout. Pourtant, il reste méfiant, et poursuit sans relâche son objectif. Transformer le pays, en purgeant au fur et à mesure le parti des « factions » qui sont contre-révolutionnaires… Plus d’opposition interne, mais Staline impose aussi son autorité aux autres partis communistes européens, dont la liberté de manœuvre est quasi-nulle avec la IIIème internationale communiste ou Komintern qu’ils doivent accepter, à partir de 1926. Il décide aussi de la politique à suivre, quel que soit le domaine, il impose ses vues, le chef est celui qui voit plus loin, pour le bien de tous. Le pouvoir est donc un exercice solitaire pour Staline, même son 3 « Le Parti est le chef politique de la classe ouvrière et l’Etat – major de combat du prolétariat (…). Le prolétariat a besoin du parti pour conquérir et maintenir sa dictature. La conquête et le maintien de la dictature du prolétariat sont impossibles sans un Parti fort par sa cohérence et sa discipline de fer (…). Il s’ensuit que l’existence de factions est incompatible avec l’unité du Parti (…) Aussi, la lutte sans merci contre de tels éléments et leur exclusion du Parti sont-elles la condition préalable du succès de la lutte. » Joseph Staline, Les Questions du léninisme, 1926 4 entourage immédiat n’a que peu de prise sur lui. Le stalinisme est caractérisé par le centralisme et l'emploi de la force et de la terreur comme mode de gouvernement, accompagnés d'un culte de la personnalité organisé autour du principal dirigeant du Parti communiste. c) l’idéologie stalinienne, la création de « l’homme nouveau soviétique » ou de « l’homo-sovieticus », le projet d’une société sans classes sociales. Dès ses débuts, l'Etat soviétique entend remplacer le Russe du passé par un "homme nouveau", indispensable pour que se concrétise le projet bolchevik : créer un "monde nouveau", avec des rapports politiques, économiques, sociaux et même humains, fondamentalement modifiés. L'Homme nouveau est donc censé être, à la fois, le moyen, la condition, le résultat et le témoignage des changements entrepris. Or, c'est aux arts et à la culture que sont confiées les tâches de représenter cet Homme nouveau et, surtout, de le créer en "rééduquant" tel était le terme employé au moins depuis le début des années 1930 les ex-citoyens de l'Empire qui pouvaient l'être, les autres étant éliminés d'une manière ou d'une autre… Pour Staline, la révolution prolétarienne qui s’est opérée en 1917 n’est pas terminée, et la transformation qu’il envisage, et qu’il veut radicale, passe par un éloignement de la doxa léniniste. Il met fin à la NEP, imposée par Lénine pour éviter une famine généralisée après la guerre civile (1917-1922) et décide d’une collectivisation des terres, d’une nationalisation générale des biens de production (usines). Pour Staline, il faut transformer l’URSS « de pays agraire et débile, qui dépendait des caprices des pays capitalistes, en un pays industriel et puissant ». Pour se faire, il compte sur les immenses ressources de cet état-continent, et la mise en place de plan de 5 ans pour parvenir à ce résultat, et surtout sur L’Homo sovieticus (latinisation pour « Homme soviétique ») qui désignait l’objectif éducatif du Parti communiste de l'Union soviétique, du réalisme socialiste, du mouvement des pionniers et du komsomol, à savoir créer par le recadrage idéologique un homme nouveau libéré des aliénations, superstitions, préjugés, scrupules bourgeois et autres « déchets idéologiques du passé bons pour les poubelles de l'histoire » . uploads/Politique/ partie-deux-totalitarismes.pdf
Documents similaires










-
47
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 25, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
- Taille du fichier 5.6385MB