AUTOBIOGRAPHIE Marie Esprit Léon Walras Altern. économiques | « L'Économie poli
AUTOBIOGRAPHIE Marie Esprit Léon Walras Altern. économiques | « L'Économie politique » 2011/3 n° 51 | pages 50 à 69 ISSN 1293-6146 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2011-3-page-50.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Altern. économiques. © Altern. économiques. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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J’entrai au collège de Caen en 1844, puis au lycée de Douai en 1850 et fus reçu bachelier ès lettres en 1851. Je fis une année de mathématiques élémentaires, une année de mathématiques spéciales et fus reçu bachelier ès sciences en 1853. La même année, je me présentai aux examens d’admission à l’Ecole poly- technique. J’avais négligé de suivre les exercices préparatoires d’entraînement nommés colles et ne fus pas déclaré admissible. Je redoublai mes mathématiques spéciales ; mais au lieu de repasser les cours que j’avais déjà suivis, je me procurai les cahiers du cours d’analyse et de mécanique de M. Duhamel à l’Ecole polytechnique, je les étudiai et me plus à rechercher les origines de la géométrie analytique, du calcul infinitésimal et de la mécanique analytique dans les ouvrages de Descartes, de Newton et de Lagrange. Je lus aussi pour la première fois, à cette époque, les Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses, de Cournot. Ensuite de cette préparation, je fus refusé la seconde fois comme la première. [1] ce texte est libre de droits. Les intertitres sont de la rédaction. Autobiographie Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 196.64.138.69 - 24/02/2020 13:16 - © Altern. économiques Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 196.64.138.69 - 24/02/2020 13:16 - © Altern. économiques Juillet-août-septembre 2011 ››› p. 51 Léon Walras : un hétérodoxe rejeté L’Economie politique Léon Walras Je me présentai alors à l’Ecole des Mines de Paris et y fus reçu élève externe en 1854. Mais me trouvant dépourvu de toutes espèces de goût pour les détails techniques de l’art de l’ingé- nieur, j’abandonnai peu à peu les cours de l’Ecole et revins avec ardeur aux études littéraires en vue de compléter mes connais- sances en philosophie, en histoire, en critique de la littérature et de l’art, en économie politique et en science sociale. Un économiste non orthodoxe Je résolus de suivre la carrière d’écrivain et de publiciste ; et, conformément au désir de mon père, je me vouai spécialement à l’économie politique et sociale. A cet égard, l’heure la plus décisive de toute ma vie sonna par un soir de l’été de 1858 où, pendant une promenade dans la vallée du Gave de Pau, mon père m’affirma avec énergie qu’il y avait encore deux grandes tâches à accomplir pour le XIXe siècle : achever de créer l’his- toire et commencer à créer la science sociale. Il ne soupçonnait pas alors combien Renan devait lui donner satisfaction sur le premier point. Le second, qui l’avait préoccupé toute sa vie, le touchait plus sensiblement encore. Il y insistait avec une convic- tion qu’il fit passer en moi. Et ce fut alors que, devant la porte d’une campagne appelée Les Roseaux, je lui promis de laisser la littérature et la critique d’art pour me consacrer entièrement à la continuation de son œuvre. Aidé par lui de quelques indications, je composai à Paris, en 1859, mon premier ouvrage économique, qui était ma réfutation des doctrines de Proudhon. Ce fut en partie en l’écrivant et en partie aussitôt après l’avoir publié que je reconnus le fait de la plus-value de la rente foncière et de la terre au fur et à mesure du développement de la population et de la richesse, et celui du maximum d’utilité à obtenir par l’adoption du régime de la libre concurrence en matière de production agricole, industrielle et commerciale, comme étant deux faits à démontrer mathémati- quement, et que j’eus l’intuition d’une économie politique pure et appliquée à créer dans la forme mathématique. En juillet 1860, je pris part au congrès international de l’impôt réuni à Lausanne. Le compte rendu de ce congrès et l’exposition des idées que j’y soutins forment la matière de mon second ouvrage. J’envoyai, en outre, au concours ouvert dans le canton de Vaud sur la question de l’impôt un mémoire dans lequel je formulais explicitement la théorie de l’attribution de la terre et Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 196.64.138.69 - 24/02/2020 13:16 - © Altern. économiques Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 196.64.138.69 - 24/02/2020 13:16 - © Altern. économiques L’Economie politique n° 51 p. 52 Léon Walras : un hétérodoxe rejeté L’Economie politique Léon Walras de la rente foncière à l’Etat que je n’émettais qu’imparfaitement dans mes deux premiers ouvrages. Ce mémoire ne fut jugé digne par le jury que d’une quatrième récompense ; et cela, sur le rap- port d’A. E. Cherbuliez, auteur de Riche ou pauvre, qui avait été partisan de la nationalisation du sol vingt ans auparavant mais qui avait jugé à propos de se retourner contre elle depuis lors. Le rôle, plus réservé, joué par moi dans le congrès fut, au contraire, apprécié favorablement par le public, par la presse, et par les autorités vaudoises ; car, à l’issue de ce congrès, une invitation fut adressée au département par le Conseil de l’Instruction publique pour que je fusse chargé d’enseigner l’économie politique à l’académie de Lausanne. Cette proposition ne devait aboutir que dix ans plus tard. J’étais entré au Journal des économistes en 1859 ; puis à La Presse en 1860 grâce à la recommandation de M. Victor Bon- net, mais les conditions scientifiques, en ce qui concernait l’éco- nomie politique, étaient alors des plus misérables. Les situations à ambitionner, consistant, pour toute la France, en trois chaires de professeurs et huit fauteuils d’académiciens, étaient accapa- rées par l’école orthodoxe ; c’est- à-dire par cette école qui, en vertu d’arguments variés, souvent contra- dictoires, et toujours mauvais, nous donne le régime social actuel comme un nec plus ultra suscep- tible de suffire à l’humanité jusqu’à la consommation des siècles. Les titulaires, beaucoup plus hommes politiques qu’hommes de science, les cumulaient les unes avec les autres et, sous prétexte de coop- tation, se les repassaient de père en fils, de beau-père en gendre, d’oncle en neveu et en neveu par alliance. Les plus importants d’entre les journaux et revues dépendaient de cette coterie. Tous étaient d’ailleurs à la merci du gouvernement qui pouvait les supprimer par décret et duquel il fallait l’agrément pour en créer de nouveaux. Quant aux volumes et aux brochures ils étaient frappés d’un droit de timbre de 5 centimes par feuille, c’est-à-dire d’une pénalité de 50 à 450 francs par 1 000 exemplaires, pour tout ouvrage de moins de 10 feuilles d’impression. M’étant bien- tôt vu refuser mes articles par le Journal des économistes, ayant quitté La Presse faute d’avoir consenti à me plier aux suggestions M’étant bientôt vu refuser mes articles par le Journal des économistes, ayant quitté La Presse faute d’avoir consenti à me plier aux suggestions des propriétaires, et n’ayant pas été autorisé à fonder un journal d’économie politique, je dus quitter la partie. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 196.64.138.69 - 24/02/2020 13:16 - © Altern. économiques Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 196.64.138.69 - 24/02/2020 13:16 - © Altern. économiques Juillet-août-septembre 2011 ››› p. 53 Léon Walras : un hétérodoxe rejeté L’Economie politique Léon Walras des propriétaires, et n’ayant pas été autorisé à fonder un journal d’économie politique, je dus quitter la partie et accepter en 1862, au secrétariat du Chemin de fer du Nord, un emploi qui me fut offert par l’intervention de M. du Ronceray, chef du contentieux, beau-frère de M. Victor Bonnet. Quel temps ! J’entends encore le vice-recteur de l’académie de Paris m’expliquant qu’il ne peut même songer à appuyer auprès du ministre de l’Instruction publique une demande que j’ai formée en vue d’être autorisé à faire quelques conférences sur la philosophie de la science. Je ne puis faire de la philosophie de uploads/Politique/ leco-051-0050.pdf
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- Publié le Nov 03, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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