11/12/2020 Guillaume Bigot: «La classe dirigeante rejette ses devoirs tout en c
11/12/2020 Guillaume Bigot: «La classe dirigeante rejette ses devoirs tout en cherchant à étendre ses privilèges» https://www.lefigaro.fr/vox/societe/guillaume-bigot-la-classe-dirigeante-rejette-ses-devoirs-tout-en-cherchant-a-etendre-ses-privileges-20201206 1/10 Guillaume Bigot: «La classe dirigeante rejette ses devoirs tout en cherchant à étendre ses privilèges» FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le tissu social est de nouveau segmenté comme au temps de l’Ancien régime, analyse Guillaume Bigot, mais l’aristocratie contemporaine a renoncé à ses responsabilités, et le Tiers État, conspué par le clergé médiatique, est trop fracturé pour former un corps social homogène. Caricature sur les trois ordres. Gravure a l’Eau-forte coloriee, 1789. Paris, B.N. ©Bridgeman Images/Leemage Guillaume Bigot est directeur général d’une école supérieure de commerce, éditorialiste sur CNews, auteur de La Populophobie, le gouvernement de l’élite, par l’élite et pour l’élite (Plon). FIGAROVOX.- À vous lire, on se dit que derrière la crise sanitaire actuelle, on voit poindre une crise économique et sociale. Peut-on parler de faillite de la classe dirigeante française? Celle-ci vient-elle de loin? Par Entretien FigaroVox Publié le 06/12/2020 à 14:20, Mis à jour le 07/12/2020 à 11:54 11/12/2020 Guillaume Bigot: «La classe dirigeante rejette ses devoirs tout en cherchant à étendre ses privilèges» https://www.lefigaro.fr/vox/societe/guillaume-bigot-la-classe-dirigeante-rejette-ses-devoirs-tout-en-cherchant-a-etendre-ses-privileges-20201206 2/10 Guillaume BIGOT.- La crise sanitaire a fait ressortir l’extraordinaire vulnérabilité de notre tissu social et économique, désormais déchiré, désindustrialisé et dépendant de la Chine et du tourisme. Les Français ont découvert que la France ne produisait plus grand chose et qu’elle s’était donc considérablement appauvrie. Pour prendre la mesure de la crise qui vient, aux effets de la récession et du chômage, il faut ajouter la perte d’autorité d’un pouvoir affaibli par le coronavirus. À l’occasion de cette crise, l’ «élite» administrative et politique du pays a étalé sa suffisance et son insuffisance. Sa capacité à improviser, à trancher, à assumer, à reconnaître ses torts, à respecter les citoyens a été testée ; Les résultats du test n’ont guère été probants. Cette «morgue du bachelier» affichée par la nomenklatura française, pour reprendre une expression de Mao, était tolérée par l’opinion publique car elle passait pour la contrepartie de sa compétence supposée. À cet égard, la crise du coronavirus a décillé la majeure partie de nos compatriotes. L’effet de dévoilement de la pandémie s’est révélé implacable pour nos gouvernants sur tous les sujets. La réduction pavlovienne des dépenses (dont la non reconstitution des stocks de masques, la fermeture des lits d’hôpitaux, les salaires miteux des infirmières, les tailles dans les effectifs des policiers, l’absence de places de prison): tous ces sacrifices réalisés au nom du respect des critères de convergence ou sur l’autel du remboursement de la dette ne se sont pas seulement révélés lourds de conséquences mais vains. Tous ces efforts étaient prétendument indispensables, on sait, à présent, qu’il n’en était rien. L’effet de dévoilement de la pandémie s’est révélé implacable pour nos gouvernants sur tous les sujets. Le confinement a, par exemple, perturbé les trafics, en faisant flamber les violences urbaines. Dès lors, la classe dirigeante ne peut plus dissimuler l’abandon des «quartiers» à la férule des dealeurs et des islamistes, cet abandon est désormais trop visible et trop coûteux. Ainsi, l’achat de la paix civile dans les quartiers au prix du déshonneur n’est pas un calcul intelligent. On finit par récolter et le déshonneur (l’abandon des habitants honnêtes de ce quartiers à leur triste sort) et l’ensauvagement. 11/12/2020 Guillaume Bigot: «La classe dirigeante rejette ses devoirs tout en cherchant à étendre ses privilèges» https://www.lefigaro.fr/vox/societe/guillaume-bigot-la-classe-dirigeante-rejette-ses-devoirs-tout-en-cherchant-a-etendre-ses-privileges-20201206 3/10 Contrairement au discours nous expliquant qu’il n’y avait pas d’alternative au «paradigme» des élites (démonétisant l’intérêt général au profit du bon plaisir individuel, la nation au profit de l’Europe, une fierté commune au bénéfice de fierté blessées et antagonistes, les services publics en faveur du marché), une grande partie de nos concitoyens a réalisé que ce modèle n’était pas soutenable. Louis XVI avait été surpris par la révolution, Emmanuel Macron a été submergé par la pandémie. Le dernier des capétiens avait été contraint d’accrocher une cocarde que sa garde piétinait. Le plus illustre des marcheurs fait mine de célébrer le retour de la souveraineté économique, des frontières, de l’argent magique (auquel il disait ne pas croire), des services publics ou de la relance. Mais c’est une conversion de surface. Au fond, son logiciel, qui est celui de la classe dirigeante, a totalement buggé. La crise actuelle qui risque donc d’être amplifiée peut-elle devenir, selon vous, une crise de régime? Une crise de régime entraîne généralement un changement de constitution, une modification de l’organisation des pouvoirs publics qui traduit un changement de légitimité. Le passage de la monarchie à la République, de la République à l’empire ou encore au changement de Républiques sont, à cet égard, des crises et des changements de régime. Or, à présent, la forme de l’État ne semble pas remise en cause. L’élection du président de la République au suffrage universel n’est pas questionnée par exemple. Certains veulent passer à la sixième République ou aspirent à une démocratie plus participative mais l’enjeu central de la crise qui couve est ailleurs. Il concerne moins la forme que le fond, moins le principe de représentativité que la sociologie des représentants et leurs idées. La plupart des Français ne sont pas hostiles au principe du principe représentatif mais ils considèrent que leurs représentants ne les représentent plus. Au début des années 80, 80 % du corps électoral votait pour des partis dits de gouvernement. En 2002, ces ex-partis de gouvernement ne pesaient plus que 40 % de l’électorat, 26 % en 2017 et même 14 % en 2019. Les formations populistes plus les abstentionnistes représentent désormais une large majorité. On peut être plus royaliste que le roi, on ne peut être plus démocrate que le peuple. Une majorité de citoyens reprochent aux élus d’avoir remis aux juges (c’est le thème de l’État de droit), aux autorités administratives indépendantes, aux comités d’experts, aux associations, aux marchés financiers (donc les actionnaires et les épargnants au fond) et, bien sûr, à la Commission de Bruxelles un pouvoir dont ils ne disposaient pas à leur guise. 11/12/2020 Guillaume Bigot: «La classe dirigeante rejette ses devoirs tout en cherchant à étendre ses privilèges» https://www.lefigaro.fr/vox/societe/guillaume-bigot-la-classe-dirigeante-rejette-ses-devoirs-tout-en-cherchant-a-etendre-ses-privileges-20201206 4/10 La crise vers laquelle nous nous dirigeons peut ébranler l’ordre public. Lorsqu’un président de la République déclare travailler à l’avènement d’une souveraineté européenne, son ambition heurte de front l’aspiration populaire autant qu’il transgresse la lettre comme l’esprit des institutions. Le président légal abime sa légitimité. Sur un enjeu aussi majeur que l’immigration, en ignorant la vox populi, les juges, les ministres ou les parlementaires réduisent en poudre la démocratie. Lorsque les mêmes ignorent le résultat d’un référendum, ils bafouent une République dont ils ne cessent pourtant de célébrer les valeurs. Nous assistons ainsi à une forme de dénaturation, de forfaiture pour parler comme les juristes ou de parjure pour parler comme les gens d’église de la part des autorités légales du pays. Les Français pourraient être tentés de faire la révolution pour préserver leur démocratie, au nom de la préservation de la Constitution. La crise vers laquelle nous nous dirigeons peut ébranler l’ordre public. Les classes dirigeantes françaises se révèlent en effet incapables de servir, même d’utiliser, de recycler, de comprendre ou tout simplement d’entendre la colère du peuple. Le populisme français n’a pas rallié à sa cause de véritables élites (Boris Johnson, Victor Orban ou Donald Trump sont issus de l’élite). Les deux populismes bas de gamme qui s’expriment dans le champ électoral non seulement ne peuvent s’allier mais ne portent aucun projet gouvernemental alternatif. La vapeur du mécontentement populaire ne pouvant déboucher sur un changement de paradigme, la cocotte menace d’exploser. Dans la première partie, vous faites l’État des lieux de la société française. Vous faites référence à l’abbé Sieyès et à son fameux pamphlet: «Qu’est-ce que le tiers état?». Quels sont les points communs entre l’Ancien régime et la situation actuelle? Les gilets jaunes sont-ils le nouveau tiers état? En 2020 comme en 1789, la crise de confiance s’enracine dans une crise des finances publiques. La dette de la France était de 60 % en 2002, la barre des 120 % sera bientôt franchie. L’autorité de l’État est affaiblie: il n’a plus les moyens de sa politique et ceux qui le financent lui demandent des comptes. Ils ont raison d’ailleurs car la pression fiscale est colossale alors que les services publics sont en déshérence. Aujourd’hui comme hier, la défaillance de l’État est donc liée à un enjeu de la légitimité autant qu’à une crise de confiance dans l’avenir. Pour financer les dépenses exorbitantes liées aux effets des confinements, le président Macron est d’ailleurs passé par l’emprunt (ce qui revient à tirer une traite sur le futur) et par les 11/12/2020 Guillaume Bigot: «La classe dirigeante rejette ses devoirs tout en cherchant à étendre ses privilèges» https://www.lefigaro.fr/vox/societe/guillaume-bigot-la-classe-dirigeante-rejette-ses-devoirs-tout-en-cherchant-a-etendre-ses-privileges-20201206 5/10 institutions européennes (non élues). Notons au passage que le peuple français a été engagé par son président à cautionner un emprunt très supérieur à la somme qu’il va recevoir. L’État ne peut plus lever de nouveaux impôts car le consentement fait aussi défaut. Dans la France actuelle, une uploads/Politique/ guillaume-bigot-la-classe-dirigeante-rejette-ses-devoirs-tout-en-cherchant-a-etendre-ses-privileges.pdf
Documents similaires










-
67
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 15, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
- Taille du fichier 0.5815MB