1 LA RÉPUBLIQUE PARTOUT, LA RÉPUBLIQUE POUR TOUS 250 IDÉES NEUVES POUR REDRESSE

1 LA RÉPUBLIQUE PARTOUT, LA RÉPUBLIQUE POUR TOUS 250 IDÉES NEUVES POUR REDRESSER LA FRANCE 2 3 LE COMBAT D’UNE GÉNÉRATION L a crise que traversent la France et l’Europe n’est pas une catastrophe naturelle. Elle résulte de décisions politiques qui se sont accumulées depuis plusieurs décennies et qui ont atteint gravement notre démocratie et la capacité d’action de l’État. Le monde ancien, celui de l’équilibre international issu de 1945, celui qui procède de la décolonisation, celui qui a vu le triomphe de la finance mondialisée, est en train de s’effondrer sous nos yeux. Après trente années de progrès techniques et de croissance économique, nous venons d’assister à trente années d’érosion continue de notre contrat social. Jusqu’où cela peut-il tenir ? Le Brexit et l’élection de Donald Trump apportent un début de réponse : les peuples ne croient plus à la « mondialisation heureuse ». La logique du « laisser-faire », vieille rengaine des libéraux, est séduisante pour ceux qui, individuellement, sont du bon côté de la société. Pour les autres, les plus fragiles, c’est une soumission quotidienne au droit du plus fort. C’est le chantage à l’emploi et la pression qui s’exerce sur les conditions de travail, dans un pays rongé par le chômage. C’est la loi des caïds et des communautarismes, dans une société où la solidarité d’un clan prend le pas sur la solidarité nationale. Le désordre favorise toujours ceux qui jouissent d’une situation de départ avantageuse. Si elle entend être à la hauteur de l’Histoire, la gauche doit construire le retour de l’État républicain, le seul à même de protéger la majorité de nos compatriotes qui souffrent, se taisent et désespèrent. Je porte le projet de la gauche souverainiste. Sans souveraineté populaire, le politique est dépourvu de légitimité pour agir. Sans les outils de la souveraineté nationale, il est désarmé face à la finance mondialisée. La reconquête de notre souveraineté sera le meilleur antidote contre toutes les démagogies identitaires. La gauche a commis la lourde erreur d’abandonner le capital révolutionnaire à l’extrême droite : la Nation, le drapeau, La Marseillaise, la laïcité sont le patrimoine commun des citoyens qui se sont levés hier contre l’ordre établi, l’oligarchie de sang et la noblesse de robe. Demain comme hier, la renaissance de la gauche viendra du réveil républicain. 2017 est une étape. 2017 n’est pas le combat d’une élection, c’est le combat d’une génération. « LE DÉSORDRE EST LE MEILLEUR SERVITEUR DE L’ORDRE ÉTABLI. » JEAN-PAUL SARTRE 4 5 E ntre les citoyens que nous sommes et une classe politique largement interchangeable, une crise de confiance profonde et durable s’est creusée. Cette situation ne doit rien au hasard. Nous ne vivons plus dans une grande démocratie. La France n’est pas devenue pour autant un régime autoritaire ou une dictature, mais le corps constitué des citoyens a cessé d’être indispensable. La vie politique s’apparente à un spectacle qui fonctionne comme un petit jeu où les éléments de langage ont remplacé la pensée, un petit jeu où la stratégie de conquête du pouvoir obsède ceux qui entendent l’occuper mais qui renoncent à l’exercer. Bien sûr, nos représentants restent désignés dans le cadre de scrutins libres, mais une fois élus, ils ne nous représentent plus. Ils tournent le dos à leurs promesses, ils tournent le dos à ceux dont ils ont reçu mandat et ils gouvernent en se soumettant aux influences et aux injonctions de l’Union européenne, des lobbys, des multinationales et des marchés financiers. Parfois même, ils se compromettent en défendant leurs intérêts particuliers ou leurs intérêts de classe plutôt que l’intérêt général… et cela dure depuis trente ans ! Combien d’élus corrompus prétendent gouverner en notre nom ? Combien de bureaucrates exercent, au nom de la technique, l’effectivité du pouvoir ? Combien de temps supporterons- nous encore de laisser la conduite de l’intérêt général à ceux qui ont mené des politiques aux contours si semblables depuis plus de trois décennies ? Désormais, la capacité d’acceptation des citoyens est abîmée. La refondation de notre démocratie est la première priorité. Pour renouer le fil de la confiance entre les citoyens et leurs représentants, des ajustements institutionnels sont nécessaires pour changer les comportements. S’ils sont bien identifiés et ciblés, ces ajustements institutionnels doivent suffire. Car il ne faut pas être injuste avec la Vème République : elle a démontré une capacité à résister aux temps difficiles et offre à notre Nation une certaine stabilité politique. La France a un problème de maturité sur le plan institutionnel : elle doit perdre cette mauvaise habitude qui consiste à changer de constitution deux fois par siècle. La solution n’est pas de changer le numéro de la République, de passer d’une Vème République essoufflée à une VIème République sans souffle. La solution consiste à réparer la Vème République pour qu’elle assure une meilleure continuité dans l’exercice de la souveraineté populaire, au-delà des seuls épisodes électoraux. La solution consiste à faire vivre une démocratie où les élus gouvernent sur la base du mandat qui leur a été confié, à renouveler notre classe politique et à former de nouvelles élites républicaines plus soucieuses de l’intérêt de la Nation. Poursuivre la grande aventure républicaine implique, dans chaque domaine, de privilégier le mérite à l’héritage, la cause publique aux intérêts particuliers. REFONDER NOTRE DÉMOCRATIE Ce sont donc des solutions simples et pragmatiques que je propose, qui doivent être mises en œuvre des les premières semaines du mandat. 6 PLACER LE CITOYEN AU CŒUR DES INSTITUTIONS Instituer une journée référendaire annuelle pour faire du référendum l’outil d’une République moderne assise sur la souveraineté populaire Créer un droit d’initiative populaire sur la base d’un million de signatures, soit environ 2,25 % du corps électoral Étendre le pouvoir de convocation du référendum aux parlementaires sur la base de 10 % des parlementaires Fixer l’obligation d‘un référendum pour toute réforme de la Constitution et tout traité relatif à la construction européenne ou aux grands traités organisant le commerce international Remplacer le financement public des partis politiques par l’affectation d’une petite partie de l’impôt sur le revenu selon le choix de chaque citoyen Sous la Vème République, la convocation du référendum par le président de la République est toujours parasitée par son usage plébiscitaire. En retour, les citoyens se sont souvent saisis de ces référendums en s’exprimant davantage sur celui qui leur pose la question que sur la question elle-même… Il convient aujourd’hui de dédramatiser l’usage du référendum. Je propose de dépersonnaliser le référendum et de l’annualiser, afin d’en faire l’outil d’une République moderne qui n’hésite pas à s’en remettre à la décision des citoyens. Le président de la République, mais aussi les parlementaires de la majorité et de l’opposition et les citoyens eux-mêmes, pourront y inscrire des questions qui seront tranchées par la volonté populaire. L’ensemble de ce paquet référendaire permettra aux Français de donner leur avis beaucoup plus souvent pour qu’il soit pris en compte chaque année et non plus seulement le temps des campagnes électorales. 1 2 3 4 5 7 Le référendum obligatoire pour toute réforme de la Constitution, tout traité relatif à la construction européenne ou aux grands traités organisant le commerce international, vise à protéger les citoyens contre les grandes constructions négociées dans les antichambres du pouvoir, à quelques-uns, sur un coin de table. L’adoption du traité de Lisbonne par voie parlementaire, malgré le rejet massif par le référendum de 2005, sera ainsi rendue impossible. Demain, l’adoption ou le rejet du TAFTA, le traité de libre-échange en cours de négociation entre les États-Unis et l’Union européenne, sera le choix souverain des Français. L’actuel système de financement public des partis politiques est très problématique. Il favorise les grandes écuries qui bénéficient d’une véritable rente de situation, celles qui bénéficient des résultats électoraux d’hier pour mener les campagnes d’aujourd’hui, défavorisant ainsi des formations émergentes. Il n’a pas non plus empêché des scandales de premier ordre relatifs au financement de la vie politique. Le financement des partis politiques par l’impôt corrigera ces deux défauts. Par ailleurs, il aura une autre vertu : il obligera les partis à s’intéresser aux préoccupations des Français sur la durée et pas simplement au moment des élections – sous peine de voir leurs financements se tarir rapidement… 8 RÉSOUDRE LA CRISE DE LA REPRÉSENTATION Durcir le cadre législatif pour contrôler l’action des lobbys et rendre leurs actions totalement transparentes Limiter le recours aux partenariats publics-privés ; convertir à terme tous les partenariats publics-privés existants en gestion publique Supprimer le concours externe de l’ÉNA Durcir drastiquement la réglementation concernant la pratique du pantouflage pour la haute fonction publique Revaloriser les indemnités des maires et des adjoints des petites communes Derrière le rideau de fumée du petit jeu politique qui se déroule sans les citoyens, la politique est de plus en plus façonnée en privée par les interactions entre les gouvernements élus et les élites économiques qui, pour l’essentiel, représentent les intérêts de la finance et des grandes entreprises. L’action des lobbys bancaires, soutenue par les énarques pantouflards qui colonisent le ministère de l’économie a, par exemple, empêché l’adoption uploads/Politique/ 250-idees-pour-redresser-la-france-faudot-2017.pdf

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