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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/43310942 L'épochè populiste Article · January 2006 Source: OAI CITATIONS 0 READS 35 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Etudes sieyèsiennes View project Erwan Sommerer Sciences Po Paris 38 PUBLICATIONS 16 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Erwan Sommerer on 13 July 2017. The user has requested enhancement of the downloaded file. L’´ epoch` e populiste. Dialogue avec une fiction philosophique Erwan Sommerer To cite this version: Erwan Sommerer. L’´ epoch` e populiste. Dialogue avec une fiction philosophique. Le Portique : Revue de Philosophie et de sciences Humaines, Strasbourg : Le Portique, 2006, pp.en ligne. <halshs-00468444> HAL Id: halshs-00468444 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00468444 Submitted on 30 Mar 2010 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸ cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es. Le Portique 2-2006 | Varia ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Erwan Sommerer L'épochè populiste Dialogue avec une fiction philosophique ............................................................................................................................................................................................................................................................................................... Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Erwan Sommerer, « L'épochè populiste », Le Portique [En ligne], 2-2006 | Varia, Etudes, mis en ligne le 08 décembre 2006. URL : http://leportique.revues.org/index906.html DOI : en cours d'attribution Éditeur : Association Le Jardin http://leportique.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne à l'adresse suivante : http://leportique.revues.org/index906.html Document généré automatiquement le 05 octobre 2009. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. T ous droits réservés L'épochè populiste 2 Le Portique Erwan Sommerer L'épochè populiste Dialogue avec une fiction philosophique 1 Le siècle de Périclès ne s'est jamais terminé. Depuis, le peuple n'a cessé de gouverner. A peine Cicéron lui offrait-il une République que déjà, il disposait d'un empire ; les empereurs auxquels il déléguait sa souveraineté n'agissaient qu'en son nom. Ainsi la puissance de Rome fut jusqu'à la fin celle de son peuple. Et la dislocation puis l'effondrement impérial ne furent pour lui qu'une péripétie : par de multiples pactes, il donna son consentement aux seigneurs et aux rois féodaux qui ne gouvernèrent que par son adhésion. Que le suzerain trahisse son serment, que le bien commun ne soit plus pour lui un but de tous les instants, et il abandonnait son pouvoir au peuple. Longtemps, le pactum subjectionis continua à préserver contre tout détournement sa parole souveraine. Puis vint Rousseau, et l'on s'aperçut que non seulement le peuple ne gouvernait pas, mais qu'il ne l'avait jamais fait : une souveraineté prêtée était une souveraineté perdue. Le peuple tombait de haut ; toutes ces lois, ces contrats et ces pactes n'avaient eu pour seule conséquence que de le priver de son pouvoir instituant. Ou bien il se commandait lui-même, ou il abandonnait sa puissance. 2 Mais comment faire entrer cette philosophie dans les faits ? Comment réaliser les promesses de la pensée politique ? Les jacobins s'en chargèrent : il suffisait d'insérer de force les idées dans l'histoire ; permettre enfin au peuple de gouverner autrement que par principe. En quelques années à peine, on s'était aperçu que le plus ancien des souverains n'avait en fait jamais eu le moindre pouvoir. Toute l'histoire des Cités, des empires et des royaumes était une vaste trahison. L'exigence rousseauiste fut remplie : Robespierre incarnait le peuple et celui-ci s'exprimait par sa bouche ; il était le peuple, et la force employée contre les ennemis de la Révolution n'était que l'expression légitime du bien commun. Quelques-uns cependant ne furent pas convaincus et livrèrent une autre interprétation : encore une fois, le peuple était trahi, et l'expérience jacobine n'était qu'une nouvelle façon de le faire gouverner dans la philosophie – dans l'abstrait –, prolongeant ainsi la longue tradition idéocratique. 3 Finalement, une autre voie fut empruntée pour concrétiser la démocratie, et la méthode représentative fut acceptée comme la seule façon raisonnable pour le peuple de gouverner. Mais là encore, certains considérèrent que le peuple avait été floué ; le principe de l'élection n'était pas suffisant pour lui rendre sa pleine souveraineté. Ceux-là émergèrent du jacobinisme agonisant, renouant avec la radicalité rousseauiste. Babeuf, en quête d'un véritable Etat du peuple, faillit inaugurer le populisme. Mais ce ne fut qu'un retour à l'idée, car la conjuration des égaux, plus encore que le jacobinisme, était une pure incarnation du peuple, la captation arbitraire de sa parole : les Gracques étaient des tribuns, interprètes de la parole populaire. Mais ils n'étaient pas le peuple ; encore et toujours, simplement, des porte-voix. 4 Plus tard, cette réplique initiale à la démocratie représentative inspira des mouvements dont la finalité – des narodniki russes à la Gauche prolétarienne, sans négliger le nationalisme de gauche argentin 1 – fut d'aller au peuple pour l'écouter. Populistes, ils prolongèrent le siècle de Périclès. Sans comprendre que l'ancienne fable démocratique ne portait pas tant sur le pouvoir du peuple que sur l'existence même d'un peuple homogène capable d'exprimer spontanément un discours cohérent et universel. 2 Ce clivage a perduré : là où la modernité a accepté que le peuple soit en partie construit par l'offre politique, le populisme cherche toujours à discerner la volonté populaire. Ce faisant, il se tient face à une idée, héritée de la philosophie politique et de siècles de réflexions sur une abstraction qui n'a jamais gouverné. Ce qui advient lors d'un dialogue avec l'idée du peuple, quand on cherche concrètement à saisir le discours qu'il énonce, voilà ce qu'il faudra déterminer ici, le populisme étant ce face à face avec l'imaginaire que l'on confond avec une pleine entrée dans le réel. L'épochè populiste 3 Le Portique Le populiste et le démocrate 5 La volonté générale n'erre jamais. De cela, le populiste ne doute pas. Et c'est ce qui le sépare du démocrate qui, lui, ne prend pas Rousseau au sérieux, ou pas assez. Le pluralisme est à ce prix : ce que le peuple décide un jour, il peut le défaire le lendemain. Son choix n'est jamais définitif, aucune de ses décisions n'est absolue. Quand la volonté générale se prononce, elle n'atteint pas la vérité. Pas plus que la justice ou le bien. Le démocrate accorde au peuple le droit de se tromper, de changer d'avis. L'inverse, justement, de ce que Leo Strauss décelait chez Rousseau, à savoir la confusion de l'être et du devoir-être : lorsque le peuple parle, il n'hésite pas ; il prend spontanément le meilleur chemin. La critique, au nom d'un quelconque idéal, est inutile. La seule vérité, la seule justice et le seul bien possibles sont ceux que désigne la volonté générale. Le peuple a raison, et atteint l'idéal, quel que soit le contenu de sa décision. 3 Or, le régime libéral s'est précisément construit sur la réticence envers les définitions exclusives du vrai, du juste, ou de tout autre principe supposé fonder la Cité parfaite. Ce régime accepte donc une part d'incertitude : parmi les valeurs en compétition dans l'espace public, aucune ne saurait être ultime. Mais l'idée de l'alternance est étrangère à Rousseau, comme elle l'est au populiste. La différence, ici, est ontologique. Le démocrate ne sacralise pas la parole du peuple ; il ne sait même pas si le peuple est réel. Le populiste, à l'inverse, reçoit de la philosophie politique trois postulats indiscutables : le peuple existe, il est doté d'une parole, et cette parole est une parole de vérité. 6 Entendre le peuple, c'est discerner l'essence des choses. C'est entrer de plein pied dans la réalité et s'affranchir des illusions là où le démocrate se contente de déterminer qui est majoritaire, qui ne l'est pas, et s'en tient à l'isonomie : la Cité tout entière décide elle-même de ses propres normes. Celles-ci peuvent donc changer et fluctuer. Et puisque l'unanimité est impossible, alors on laisse le minoritaire exister comme altérité, comme un rappel de la contingence des valeurs dominantes. Mais dans la pensée populiste, ce qu'exprime le peuple est sans alternative, sans extériorité. Le peuple échappe à la uploads/Philosophie/lepoche-populiste.pdf
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- Publié le Mai 14, 2022
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