Holisme Holisme (du grec ancien ὅλος / hólos signifiant « entier ») est un néolo

Holisme Holisme (du grec ancien ὅλος / hólos signifiant « entier ») est un néologisme forgé en 1926 par l'homme d'État sud- africain Jan Christiaan Smuts pour son ouvrage Holism and Evolution[1]. Selon son auteur, le holisme est : « la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l'évolution créatrice[2]. » Le holisme se définit donc globalement par la pensée qui tend à expliquer un phénomène comme étant un ensemble indivisible, la simple somme de ses parties ne suffisant pas à le définir. De ce fait, la pensée holiste se trouve en opposition à la pensée réductionniste qui tend à expliquer un phénomène en le divisant en parties. 1 Différentes acceptions • Sens lexical : doctrine ou point de vue qui consiste à considérer les phénomènes comme des totalités. • Holisme ontologique : système de pensée pour le- quel les caractéristiques d'un être ou d'un ensemble ne peuvent être connues que lorsqu'on le considère et l'appréhende dans son ensemble, dans sa totali- té, et non pas quand on en étudie chaque partie sé- parément. Ainsi, un être est entièrement ou forte- ment déterminé par le tout dont il fait partie ; il suf- fit de, et il faut, connaître ce tout pour comprendre toutes les propriétés de l'élément ou de l'entité étu- diés. Un système complexe est considéré comme une entité possédant des caractéristiques liées à sa tota- lité, et des propriétés non-déductibles de celles de ses éléments. Dans ce sens, le holisme est opposé au réductionnisme. • Holisme sociologique : Le holisme appliqué aux systèmes humains, par essence complexes, consiste à expliquer les faits sociaux par d’autres faits so- ciaux, dont les individus ne sont que des vecteurs passifs. Les comportements individuels sont socia- lement déterminés : la société exerce une contrainte (pouvoir de coercition) sur l’individu qui intério- rise (ou « naturalise ») les principales règles et les respecte. Le libre arbitre individuel n'est pas pour autant totalement éliminé, mais statistiquement ce qu'un individu choisit de ne pas faire, un autre le fe- ra, pour un résultat social identique. Ce point de vue fut en partie introduit par Émile Durkheim. Dans ce sens, le holisme s’oppose à l'individualisme ou à l'individualisme méthodologique. • Sens général : Le concept holisme est parfois utilisé, par abus de langage, comme synonyme d’approche systémique ou de pensée complexe. • Sens mystique : La totalité comme but à atteindre. Voir controverses 2 Histoire 2.1 Antiquité Le concept aurait des racines antiques[3], comme dans la cosmogonie mythologique des anciens Grecs qui fait sur- gir l'ordre du chaos primordial. Les monistes (les milésiens et les atomistes grecs, Démocrite, Épicure) perçoivent l'univers comme une seule réalité fondamentale, le monde matériel et le monde spirituel pouvant être liés. Alors que les dualistes voient une séparation entre le monde matériel et le monde spiri- tuel (Platon[4],[5]). 2.2 XXe siècle Le holisme est un terme nouveau introduit dans les années 1920. Le mot désigne à l'origine, des doctrines appelées aussi organicistes visant à échapper à la fois au déter- minisme et au finalisme, ou peut-être à les concilier, en insistant sur le caractère spécifique de l'organisme, dé- nué de toute conception interne. Pour ces holistes, les corps vivants sont des totalités (wholes en anglais) inana- lysables et qui ne s’expliquent pas par un assemblage de parties ; il y a quelque chose, selon eux, qui ordonne ces parties et qui n'est pas de l'ordre de la causalité efficiente. Pour Aristote, c'est la forme, organisatrice et conserva- trice de l'être vivant (forma est qua ens est id quod est). Ce principe de liaison a porté d'autres dénominations : entéléchie, force vitale, principe directeur. Au début du XXe siècle, les progrès des sciences phy- siques et biochimiques ainsi que la théorie darwinienne dessinaient un monde où la frontière entre vivant et in- animé semblait devoir disparaitre (contrairement à ce qu'affirmait Kant). Un mouvement se dégagea dont les membres considéraient l'explication mécaniste comme 1 2 3 DOMAINES D'APPLICATION universellement valide mais restaient attachés à la pré- sence d'une cause finale. Ils postulèrent l'existence de formes, de types d'organisation qui tendent à se réaliser ; de potentiels qui guident l'évolution vers un but assigné (principe anthropique ou point Ω de Pierre Teilhard de Chardin). Jan Christiaan Smuts fut de ceux-là. Ici, point de créationnisme, l'évolution est acceptée et se déroule au sein d'un champ holistique, force organisatrice, qui conduit l'atome vers la conscience. 2.3 Jan Christiaan Smuts L'holisme de J-C. Smuts est un point de vue métaphy- sique sur la nature ultime de la réalité. À partir des théo- ries scientifiques émergentes en 1926 (relativité générale, mécanique quantique) et des questions qu'elles laissent en suspens, Smuts développe une argumentation philo- sophique. Dans l'opposition entre le besoin ou non de croire en la finalité, l'homme a tendance à attribuer à ses thèses spéculatives l'autorité de la certitude qui s’at- tache aux propositions scientifiques. L'amplitude du su- jet traité dans l'ouvrage de Smuts (de l'atome jusqu'à la conscience) fait qu'il remplace les preuves et l'absence de données expérimentales par un raisonnement qui n'est ja- mais à l'abri d'erreurs, de sophismes, d'inductions ou de déductions hasardeuses. Le fait de circonscrire l'évolution à un no man’s land entre science et philosophie fait ap- paraître une équivoque : où s’arrête le savoir précis et dé- montré, où commencent la spéculation arbitraire et les in- ductions plus ou moins invérifiables ? Cet ouvrage synthé- tisa un temps des questions fécondes scientifiquement (et philosophiquement). En filigrane, Smuts pose les ques- tions qui aboutiront aux concepts de propriétés émer- gentes, d'auto-organisation, d'auto-régulation, de système complexe, etc. « Smuts a espéré que le holisme pourrait reconstituer l'unité entre Weltanschauung[6] et science. » [7] Mais au-delà de l'argumentation analytique, la thèse qu'il soutient est que l’évolution est orientée vers un des- sein providentiel. Smuts n'est pas anti-évolutionniste mais il est anti-darwinien. Pour lui, il y a bien une évolution mais elle est le fruit d'un « champ synthétique » (en ré- férence à la théorie quantique des champs) qui chapitre après chapitre ressemble de plus en plus à une volonté transcendante. Il présente un univers où l’homme aurait été désiré. Pour Smuts, comme pour Pierre Teilhard de Chardin, les faits scientifiques ne sont pas récusés mais leur présentation fait apparaître, sans le nommer, un ho- rizon derrière lequel Dieu serait à l'origine de tout (évolu- tion comprise). L'holisme de J-C. Smuts est une direction dans l'univers qui conduit l'atome vers l'holiness (la sain- teté) – de « holism » à « holysm » (cf. Étymologie de holisme). 3 Domaines d'application Le sens de holisme donne lieu à plusieurs acceptions, va- riant d'un sens presque mystique ou magique à un sens technique, logiquement déterminé. Cette polysémie est la source des ambigüités inhérentes à l'emploi de ce terme. 3.1 Holisme ontologique L'holisme ontologique est une conception (opposée au ré- ductionnisme et à l'atomisme) selon laquelle un « tout » (organisme, société, ensemble symbolique) est plus que la somme de ses parties, ou autre qu'elle[8]. Il faut ratta- cher à cette définition ce que l'on nomme « le principe d'émergence » : un « tout » n'est pas un simple agré- gat. À partir d'un certain seuil critique de complexité, les systèmes voient apparaître de nouvelles propriétés, dites propriétés émergentes. Celles-ci deviennent observables lorsqu'elles vont dans le sens d'une auto-organisation nou- velle. De là découle le point de vue selon lequel c'est le tout qui donne sens et valeur à ses parties par la fonc- tion que celles-ci jouent en son sein. C'est cette concep- tion qui est à l'origine du développement des thèses du holisme épistémologique et du holisme méthodologique. Ces thèses rencontrèrent un très vif rejet dans les années 1950 (maccarthysme aux États-Unis) des chercheurs libé- raux qui trouvaient cette thèse marxiste. Et depuis le dé- bat sociologique entre individualisme et holisme est tou- jours aussi vif. 3.2 Holisme méthodologique Conception (opposé à l'atomisme logique) selon laquelle : a) l'explication d'un tout n'est pas donnée par la somme des explications de ses parties ; b) une hypothèse n'est jamais ni vérifiable, ni réfutable singulièrement par l'expérience. 3.3 Holisme épistémologique Spécification du holisme méthodologique, il correspond à la thèse de Pierre Duhem[9] (1861-1916) chimiste et philosophe des sciences français : les propositions concernant le monde extérieur rencontrent le tribunal de l'expérience sensible non pas individuellement mais en corps constitué, on ne peut pas vérifier les hypothèses d'une théorie une par une, une expérience de physique ne peut pas condamner une hypothèse isolée mais seulement tout un ensemble théorique ; il n'y a pas d'expérience cru- ciale. Quant au holisme épistémologique du philosophe et logicien américain Willard Van Orman Quine[10] (1908- 2000) il diffère de celui de Duhem sur un point capital : le holisme épistémologique de Quine ne se limite pas à la physique comme celui de Duhem, ni même aux sciences expérimentales comme celui de Carnap mais s’étend 3.8 Holisme émergentiste 3 à toute la science, logique et mathématique comprise. L'holisme uploads/Philosophie/holisme-pdf.pdf

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