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3/8/2020 Éthique du sujet Éthique de la Psychanalyse https://www.printfriendly.com/p/g/DHKihp 1/9 Éthique du sujet Éthique de la Psychanalyse leparidelacan.fr/ethique-du-sujet-ethique-de-la-psychanalyse/ Dimitris Sakellariou – le 8 novembre 2018 à Toulouse Il existe une thèse de Lacan connue de tous qui se réfère à l’Œdipe, où il dit en substance que si l’on enlève l’Œdipe la psychanalyse serait un délire digne de celui du président Schreber. Il se réfère bien sur au mythe et sa fonction, qui consiste à traiter au delà de toute dimension historique ou bien de vérité des questions qui relèvent du réel et qui ne sont donc pas autrement abordables, pas plus par le discours la philosophie que celui de la science. En dehors de la dimension du mythe à proprement parler il faut souligner la dimension du tragique. Cette dimension qui se trouve en déclin à notre époque métamoderne, la psychanalyse la réhabilite en la situant au cœur même de l’éthique de la psychanalyse. Lacan y a consacré toute une année de séminaire 1959-60 sans compter les nombreuses références tout le long de son séminaire à Hamlet ou à Médée jusques y compris, plus près de nos jours la trilogie des Coûfontaine, dans la deuxième partie du Séminaire sur le Transfert. Le seul séminaire que Lacan a voulu réécrire est celui sut l’Éthique de la psychanalyse. Il en parle dès l’ouverture du séminaire Encore : « Il m’est arrivé de ne pas publier L’Éthique de la psychanalyse. En ce temps c’était chez moi une forme de la politesse – après vous j’ vous en prie, j ’vous en pire… Avec le temps, j’ai appris que je pouvais en dire un peu plus. Et puis je me suis aperçu que ce qui constituait mon cheminement était de l’ordre du je n’en veux rien savoir » Par la suite il compare son « n’en rien vouloir savoir » avec celui de son auditoire en disant « que d’ici que vous atteignez le même il y a une paye ». J’avais décidé de prendre au sérieux cette question que j’avoue ne pas avoir comprise de suite. Pourquoi Lacan associait la réécriture du Séminaire de l’Éthique avec le savoir, qui plus est un savoir troué ? Quel lien pouvait-il y avoir entre savoir et éthique ? nous pouvons déduire que l’accès au savoir en tant qu’inconscient c’est à dire savoir d’aucun sujet, est inauguré par Freud, par son acte qui l’amènera à la découverte de l’inconscient, alors que ce qu’il cherchait c’était la cause des symptômes. L’éthique de l’acte est une éthique d’un franchissement d’un dépassement des 3/8/2020 Éthique du sujet Éthique de la Psychanalyse https://www.printfriendly.com/p/g/DHKihp 2/9 limites. Il y a donc un lien entre l’Éthique et le savoir et ce lien est de jouissance comme l’indique Lacan dans le Séminaire Encore . Il faut également ajouter que, parler d’Éthique pour la psychanalyse à la fin des années cinquante alors que tout le monde à l’époque parlait plutôt en termes de technique était inédit, car le terme d’éthique on le rencontrait habituellement dans le discours philosophique. La thèse que je vais défendre est la même que celle de Philippe Lacoue –Labarthe, c’est à dire que l’éthique précède la philosophie, c’est à dire le discours sur l’éthique, et ceci n’est pas sans lien avec la dimension du tragique. Des philosophes parmi les plus éponymes depuis, Platon Aristote Kant, Heidegger, Bentham, se sont penchés sur la question du bien, voire sur celle du Souverain bien, mais la tragédie précède cette élaboration. Les philosophes interprètent la tragédie après son apparition. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’une question de temporalité historique, il s’agit, osons le dire, d’une question de lieu, de topique voire même de topologie. Lorsque Heidegger se prononce par rapport à la définition de l’éthique philosophique occidentale comme éthique du bien, il précise qu’il convient de faire un pas en arrière « Schritt zurück », sauf qu’il ajoute une précision supplémentaire : il s’agit plutôt d’un avant, d’un en deçà de l’Éthique du bien. Bien sur nous parlons habituellement de l’Éthique du bien de façon globale et nous y reviendrons car nous rencontrons même chez Aristote des sérieuses nuances. Peut – être nos pouvons ici avouer que la lecture par Lacan des philosophes, voire la traduction même de la langue grecque, tout en étant souvent pertinente est souvent lapidaire, et qu’il s’autorise parfois certaines libertés en pliant différentes thèses à son propre usage sans sourciller afin vraisemblablement de construire sa propre approche dans le champ de la psychanalyse. Cela l’emmenait parfois à moins reconnaître les emprunts conceptuels à leur juste proportion. Autrement dit il a toujours corrigé et remanié ses références avec son génie habituel dans le but avoué de les plier au Discours ou à la cause analytique. Avant d’avancer sur la question du tragique à partir de la pièce d’Antigone de Sophocle précisons cela qui va mieux en le disant, même si peu de personnes ignorent qu’il n’y a aucune commune mesure entre éthique et morale cette dernière conservant des racines qui trouvent leur origine dans la religion. Nous pourrions ajouter que la morale, surtout comme morale du bien, voire celle qui consiste à faire le bien politique par la propagation du bonheur ou bien par de bonnes œuvres, activités auxquelles s’adonnaient jadis les dames patronnesses, a son envers, qui n’a pas échappé à Lacan dans son fameux article de Kant avec Sade. Il faut dire que le siècle dernier a pu connaître l’horreur absolu des guerres de destruction, témoignant d’une désintrication pulsionnelle, qui laisse la pulsion de mort dans la pureté de son œuvre destructrice. Il est frappant de constater que le XXe siècle s’est voulu humaniste (Cf. Sartre et bien d’autres) Mais ces « humanitaireries » comme s’exprimait Lacan ont du mal à cacher que l’humanisme a son envers c’est à dire un nombre impressionnant de cadavres. (cf. Pol Pot au Cambodge), de nombreuses purifications ethniques ont eu lieu dans notre propre continent, qui se caractérise pourtant généralement par un style de vie plus soft dans la mesure où nous vivons à distance des foyers incandescents de guerres et autres destructions de tous genres. Finalement les diverses expéditions humanitaires se sont mises au pas du marché. Elles proposent même leurs 1 3/8/2020 Éthique du sujet Éthique de la Psychanalyse https://www.printfriendly.com/p/g/DHKihp 3/9 services pour la reconstruction lorsque les ruines représentent un intérêt économique pour le capitalisme globalisé. Généralement tous ces malheurs sont considérés comme des tragédies mais au sens métaphorique, banal. Car les tragédies de l’antiquité grecque se caractérisent par le fait qu’elles ne constituent pas des événements réels, mais bien des œuvres qui se jouent sur une scène devant un théâtre où le public venait gracieusement contempler tout ce qu’il y a de plus extrême, à la limite de l’inhumain. Ainsi cet « avant » du commentaire Heideggerien ne signifie pas seulement l’antécédence par rapport à l’élaboration de la pensée du souverain Bien c’est à dire d’une éthique qui dans Aristote se caractérise comme science du bonheur. Cet avant signifie que « la tragédie recèle un impensé qui, pour ne pas avoir été pensé, attend encore de l’être et configure ainsi un avenir Cela consonne je pense bien avec la définition lacanienne dans le séminaire Les quatre concepts fondamentaux de l’inconscient comme non né, non réalisé. La tragédie note Lacoue-Labarthe se situe au delà de deux points de franchissement : Le premier correspond au fameux potlatch c’est à dire la « destruction maitrisée des biens ». L’autre point de franchissement correspond à l’au delà du bien, c’est à dire au beau, et le commentaire de Lacan commence, s’ouvre sous le signe de cet élément La catharsis comme essence de la fonction tragique. Le sens du mot catharsis n’est pas univoque. On le rencontre chez Freud avant l’introduction de l’ Œdipe et avant la découverte à proprement parler de la méthode psychanalytique. Catharsis signifie aussi bien purgation ( au sens médical) que purification rituelle. Finalement Lacan adopte la signification d’apaisement en accord avec Aristote. La catharsis serait un dépassement de Φόβος et έλεος, de la crainte et la pitié. La question demeure pourtant : comment et pourquoi la tragédie apaise ces deux affects Philippe Lacoue-Labarthe mentionne en cinq points l’interprétation de cette thèse : la pièce commence par le constat qu’Antigone est déjà morte comme le note Nicole Loreau, relevant l’horreur de son supplice, elle qui se sait enterrée vivante. Il s’agit d’un choix absolu d’une position éthique radicale puisqu’il n’y a même pas d’alternative. C’est l’apophanie de l’être- pour-la-mort (Sein-zum-Tode) Heideggerien. L’évidence par le choix de donner une sépulture à son frère Polynice mort dans le combat contre Etéocle qui a réfusé l’alternance pourtant convenue à la tête du royaume de Thèbes, après que les deux frères aient chassé leur père Œdipe représentant eux mêmes les fruits incestueux de ses épousailles avec sa mère Jocaste. Pour Lacan ce n’est pas la pièce qui compte, c’est Antigone comme seule héros tragique qui est du côté de l’hubris La démesure. Tandis que Créon qui, se trouve lui du côté de l’éthique du uploads/Philosophie/ethique-du-sujet-ethique-de-la-psychanalyse.pdf

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