Le livre des termes techniques du soufisme Kitâb içtilâh as–sufiyah DU Sheikh a

Le livre des termes techniques du soufisme Kitâb içtilâh as–sufiyah DU Sheikh al-Akbar seyidi Muhy ad-dîn Ibn ‘Arabî Introduction & traduction par SLIMANE REZKI 1 Le livre des termes techniques du soufisme Par le Sheikh al-Akbar seyidi Muhy ad-dîn Ibn ‘Arabî © Juin 2010, Tabernacle des Lumières 2 Epître concernant la terminologie technique du soufisme Sheikh al-Akbar seyidi Muhy ad-dîn Ibn ‘Arabî Nous présentons ici un des nombreux ouvrages du plus grand des Maîtres, sidî Muhy ad-Dîn ibn al-‘Arabî. Cet ouvrage s’intitule : « Le livre des termes techniques du soufisme », (Kitâb içtilâh as–sufiyah). L’importance de cet ouvrage consiste à fixer un contenu, une signification aux mots. Tout d’abord, il est facile de s’apercevoir que si les gens sont accord sur des termes, ils le sont beaucoup moins sur leur signification. Cet état de fait est à l’origine de nombreux désaccords et conflits, c’est aussi cette lacune qui se trouve le plus souvent à la base des déviations en tout genre. La connaissance de cette terminologie propre au domaine initiatique est également et surtout la clef nécessaire à la juste compréhension des nombreux traités abordant la question. Il est quasi inconcevable d’espérer comprendre un traité de ce genre sans en maîtriser un minimum les significations terminologiques. La précision de cette terminologie permet d’aborder des thèmes en profondeur et de les comprendre vraiment. Le Sheikh al-Akbar va reprendre à plusieurs reprises les termes techniques du soufisme et leur donner une définition, dans le chapitre 73 des Futûhât Mekkiyah à la question 153 : Où sont les Trésors de la science d’Allah concernant la science du commencement ? Dans la réponse à cette question, le maître donnera 188 définitions alors que le traité actuel en propose près de deux cent1. Les définitions sont le plus souvent succinctes mais vont droit au cœur du sujet. La différence de ces deux travaux se situe à plusieurs niveaux ; l’ordre chronologique apparent dans les réponses du chapitre des Futûhât est absent de ce traité. Une continuité logique se dégage du premier et est absente dans le second. Les définitions de la 153ème question sont plus longues mais moins directes que celle de notre traité. Ici les termes techniques sont réunis par genre, les catégories de disciples, les degrés de dévoilement, le symbolisme de la lumière, celui végétal, minéral ou encore les différents mondes. De nombreux autres maîtres établiront aussi une liste de termes techniques ; al- Qachânî, Sohrawardî, al-Quchayrî, al-Ghazâlî, al-Hujwirî, al-Harawî ou encore al-Jurjânî. Certains travaux plus actuels reprennent ce genre de manière plus exhaustive, si cependant nous nous concentrons sur l’œuvre d’Ibn ‘Arabî, c’est essentiellement pour le caractère inspiré et sans égal de celle-ci. Il rédige ce traité en 615 alors qu’il a 55 ans, une bonne partie de son œuvre est déjà composée. Nous avons donc ici un ouvrage de la maturité du maître, plusieurs de ces titres majeurs sont élaborés, c’est à travers ceux-ci qu’il revient sans cesse sur les définitions et explications des divers concepts contenus dans cette terminologie technique. Son œuvre est un ensemble et il est évident que pour avoir une connaissance profonde de celle-ci il est nécessaire de se reporter aux multiples développements qu’il donnera tout au long de sa vie à travers ces écrits. L’ambivalence de ce traité est de constituer une introduction aux sciences du soufisme tout en nécessitant une appartenance et une certaine connaissance préalable de ce domaine pour vraiment le comprendre. Cela se justifie lorsqu’on connaît un peu mieux l’œuvre du plus grand des Maîtres dont le souci majeur est la réalisation spirituelle. Ses définitions et développements conduisent toujours à la métaphysique. Les considérations justes et sûrement utiles des autres domaines de la connaissance ne sont pas abordées avec la même insistance et quand elles le sont, c’est toujours en vue de la réalisation spirituelle, il laisse ce travail à 1 Le maître indique cent quatre vingt dix huit définitions, mais il en comporterait en fait cent quatre vingt dix neuf. 3 d’autres qui produiront des œuvres très profitables mais moins centrales. Sa préoccupation est toujours, comme nous le retrouvons dans l’œuvre de René Guénon sous une autre forme et en une autre langue, la réalisation métaphysique, l’état suprême. Nous nous basons sur plusieurs exemplaires dont celui du Caire tiré de la bibliothèque d’al-Azhar et celui du dar al-kutub al-‘ilmiyah de Beyrouth. Enfin, avant de commencer la traduction de ce traité, nous tenons à adresser un remerciement à Monsieur Ahmad Vâlsan dont nous possédons une copie inédite du travail de traduction, de présentation et d’annotation qu’il effectua de ce traité. Nous nous en inspirons grandement et lui dédions tout le remerciement mérité car c’est lui le vrai auteur de ce travail. 4 Au Nom d’Allah le Clément, le Très miséricordieux, Louange à Allah et que la paix soit sur Ses serviteurs élus et sur toi aussi ami intime, pur et noble ainsi que la miséricorde d’Allah et Ses bénédictions. Tu nous as fait comprendre que tu aimerais que nous expliquions les termes techniques qu’utilisent entre eux les initiés réalisés parmi les gens d’Allah. Ceci depuis que tu as remarqué que de nombreux savants de la lettre nous ont demandé d’étudier nos œuvres ainsi que celles des gens de notre voie alors qu’ils ignorent ce que signifient les termes que nous employons et par lesquels nous nous comprenons comme c’est le cas pour les gens des différentes disciplines scientifiques. J’accède à ta requête, mais je n’ai pas mentionné tous les termes, je n’en ai retenu que les plus importants. J’ai également écarté tout ce qui est compréhensible aux lecteurs qui y verront tout de suite à quoi ils font allusion. Nous avons exposé cela terme après terme, et c’est Allah qui renforce et est profitable par sa Grâce, pas de Seigneur en dehors de Lui. 1/ Al-Hâjis : (La Pensée subite) : On exprime par ce terme la première pensée soudaine (al-khâtir), c’est une pensée seigneuriale qui ne trompe jamais. Sahl2 l’appelait la cause première ou le coup de bec de la pensée (naqar al-khâtir). Lorsqu’elle prend un caractère réel dans l’âme, on l’appelle la « volonté (al-irâdah). Si elle se produit trois fois, on la nomme ; « aspiration » (hammân) et si elle se répète une quatrième fois on la nomme ; « décision ferme » (‘azmân). Lorsqu’on décide d’effectuer un acte, si la pensée porte sur un acte, on la nomme « but » (qaçdân) et quand on exécute l’acte, elle devient ce que l’on appelle l’ « intention » (niyah)3. 2/ Al-Irâdah (La Volonté)4 : C’est l’embrasement du cœur, on entend par là, la volonté du désir qui est son origine. La volonté naturelle se rattache au plaisir de l’âme et à la volonté de Dieu (al-Haqq), se rattache l’épuration (al-ikhlâç). 3/ Al-Murîd (Celui qui Désire)5 : Il s’agit de celui qui se dépouille de sa volonté propre. Abû Hâmid al-Ghazalî dit que ce sont ceux qui sont digne des Noms (divins) se vouent à Allah par le Nom6. 2 Il s’agit de Sahl ibn ‘Abd Allah al-Tustarî, il est né à Tustar région du sud iranien actuel en 203 de l’hégire et décédé en 283. L’un de ses maîtres fut notamment Dhu Nûn al-Misrî. Il fut en outre l’auteur d’un grand commentaire du Coran. 3 Voire sur ce sujet le chapitre 264 des Futûhât. 4 Se reporter au Chap. 226 des Futûhât Mekkiyah. 5 Se reporter au Chap. 228 des Futûhât Mekkiyah. 6 Cette description concerne les gens qui se détachent du monde et pratique l’invocation fréquente du Nom divin (Allah) afin de se fixer sur leur but. Cette méthode est centrale et la voie la plus directe de réalisation spirituelle. 5 4/ Al-Murâd (Celui qui est Désiré)7 : Ce terme désigne celui à qui l’on éteint sa volonté propre et pour qui les choses ont été préparées. Il franchit le domaine de formes8 et des stations spirituelles intermédiaires sans souffrances. 5/ As-Sâlik (Le Cheminant) : C’est celui évolue à travers les stations spirituelles au moyen de son état personnel et non par sa science. La science (qu’il reçoit) devient pour lui une source (‘aynân)9. 6/ Al-Musâfir (Le Voyageur) : C’est celui qui par sa réflexion voyage à travers les données intelligibles. C’est ce qui est désigné par l’instruction par l’exemple qui permet de passer du rivage de ce bas-monde à celui éloigné10. 7/ As-Safar (Le Voyage)11 : C’est une désignation du cœur lorsqu’il s’est orienté vers Allah le Très Haut au moyen de l’invocation (dhikr). 8/ At-Tarîq (La Voie) : Ce terme désigne les prescriptions légales et formelles de Dieu qui ne souffrent d’aucune dispense. 9/ Al-Waqt (l’Instant) : Cela désigne ton état spirituel personnel au moment où tu vis cet état sans qu’il soit rattaché à ce qui est passé ou à venir. 10/ Al-Adab (L’Adaptation aux Convenances)12 : Parfois on se sert de ce terme concernant le respect de la Loi sacrée, d’autres fois on l’utilise pour parler des convenances concernant le service rendu (al-khidmah), et enfin ce terme peut signifier les convenances permettant de uploads/Philosophie/ terminologie-soufie.pdf

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