THEME : PARDON ET PITIE CHEZ SCHOPENHAUER L’entreprise qui est la nôtre planche
THEME : PARDON ET PITIE CHEZ SCHOPENHAUER L’entreprise qui est la nôtre planchera sur le thème « Pardon et Pitié chez Schopenhauer ». L’interprétation de cette pensée par Michèle Crampe-Casnabet nous servira de ligne de conduite dans notre investigation rédactionnelle. A ce niveau, deux questions s’imposent : Comment le pardon pourrait- il avoir de sens dans la philosophie de Schopenhauer où la racine de l’être est sans signification ou mieux sans fondement ? Quelle est alors la conception schopenhauerienne de la pitié ? Voilà toute la problématique, à la lumière du commentaire de Michèle Crampe-Casnabet, qui sous-tendra notre travail. Nous tenterons de mettre au clair les réponses à ces questions dans les lignes qui suivent. Mais avant de creuser à fond ces questions qui constituent l’ossature même de notre travail, nous commencerons par présenter brièvement la pensée philosophique de Schopenhauer en vue non seulement, d’en avoir une vision d’ensemble, mais encore de bien situer notre thème dans cette sphère philosophique. Voilà pourquoi hormis l’introduction et la conclusion, notre travail est subdivisé en trois parties principales : 1. Brève présentation de la pensée philosophique de Schopenhauer. 2. Les critiques schopenhaueriennes du pardon chrétien. 3. La conception schopenhauerienne de la pitié. I. Brève présentation de la pensée philosophique de Schopenhauer La pensée d’Arthur Schopenhauer1 est principalement inspirée de Platon, de Kant et des religions hindoues. A ce propos, lui-même écrit ce qui suit : « Les écrits de Kant, tout autant que les livres sacrés de Hindous et de Platon, ont été, après le spectacle vivant de la nature, mes précieux inspirateurs ».2 Par son idéalisme athée, il se démarque des autres postkantiens comme Fichte, Hegel, Schelling qu’il critique, d’ailleurs farouchement. Plusieurs thèmes concourent pour la constitution du squelette de sa philosophie. Il apporte un bémol à 1 C’est un philosophe allemand postkantien né en 1788 à Dantzig et mort en 1860 à Francfort. 2.htp://fr.Wikipedia.org/wiki/Arthur_ Schopenhauer. Consulté le Vendredi, 11/12/2009 à 22h30min. 1 la pensée kantienne en concevant le « monde comme volonté et représentation »3. Ce que Kant nommait phénomène, lui préfère l’appeler représentation tandis que la chose en soi, il la nomme « wille » c’est-à-dire une, universelle, indescriptible et libre. En concevant le monde comme représentation, il prend alors une connotation absurde et il est dénué de sens. C’est d’ailleurs pourquoi Schopenhauer est souvent qualifié de préfigurateur de l’existentialisme. Pour lui, le monde étant ma représentation, il est soutenu par le vouloir- vivre, la volonté. C’est cela l’essence même du monde. C’est là toute la justification de la considération de la volonté comme principe fondamental de la philosophie de Schopenhauer. Pour ce philosophe allemand, « la chose au-dedans des phénomènes (la chose en soi) n’est pas. Seule la volonté est l’expression la plus immédiate de cette dernière car le sujet qui connaît est en même temps objet de connaissance. L’objet est pour le sujet, dans la représentation. De ce fait ; la chose en soi n’est liée ni à l’objet ni au sujet mais constitue un troisième dénominateur dont on ne peut absolument rien dire »4. C’est pourquoi Schopenhauer rejette toute forme de philosophie de l’objet comme le matérialisme et la philosophie du sujet c’est-à-dire le solipsisme. Quant à la conception de la morale, Schopenhauer réduit l’activité morale de l’homme à l’action de deux principes contradictoires : l’égoïsme et la pitié. A ce niveau, il nous importe de signaler que cette dernière fera l’objet du dernier point de notre rédaction. Au sujet de l’égoïsme, qui est pour Schopenhauer le problème moral par excellence, il trouve ses sources sous-jacentes dans le principe de l’individuation qui, selon le temps et l’espace crée entre le « moi » et le « toi » un décalage considérable. Cette individuation est, à son tour, un produit d’une certaine subordination. Et parce qu’elle comprend un processus de subordination, elle fonde une compréhension du monde dans lequel « la volonté se nourrit d’elle-même »5 . Cette volonté se trouve confronter perpétuellement à elle-même et à autrui. C’est cette lutte permanente qui engendre la souffrance chez l’homme qui ne cesse que momentanément, pour céder la place à l’ennui. La souffrance se révèle alors comme une objectivation de la volonté. Les êtres vivants, résultats de l’individuation, sont en lutte sans trêve les uns les 3 A. SCHOPENHAUER, Monde comme volonté et représentation, Trad. A. Burdeau, Paris, PUF, 1888-1889. 4 htp//fr.Wikkipedia.org/Arthu_r Schopenhauer. Consulté le Vendredi, le 11/12/ 2009 à 22h30min. 5 Ibid. 2 autres, dans la souffrance sinon dans l’ennui engendrés par le vouloir-vivre. La vie devient synonyme de la souffrance. C’est là toute la conception schopenhauerienne de la vie. Ce pessimisme de Schopenhauer se dégage clairement en ces termes : « Parce que tous les êtres souffrent, la souffrance est la vérité commune aux êtres qui constituent le monde et une vérité psychologique et archétype de la condition humaine. Le bonheur, les plaisirs ne sont que des illusions fugaces, des apaisements possibles au creux des désirs ».6 Ainsi pour lui, l’homme souffre éternellement. La mort se dévoile comme moyen efficace de s’en débarrasser. De ce qui précède, sans toute fois prétendre décortiquer toute la pensée de Schopenhauer, mettons à présent en évidence ses critiques du pardon chrétien. II. Les critiques schopenhaueriennes du pardon chrétien Avant d’entrer dans le vif de ces critiques, précisons, de prime abord, que le pardon tel que conçu par les traditions religieuses et spécialement la religion chrétienne n’est pas inhérent au système de Schopenhauer. En effet, la philosophie schopenhauerienne, comme nous avons tenté de le souligner dans les paragraphes précédents, est une voie de penser le salut de l’homme. Mais cette pensée se dévoile comme une théorie où la notion du péché est vide de sens. Et comme, dans la tradition chrétienne, pardon et faute sont compatibles ou mieux nous ne pouvons pas parler de pardon sans une existence préalable de la faute, le pardon semble alors être exclu du champ théorique et pratique de Schopenhauer. Néanmoins Schopenhauer théorise le thème du pardon, tout comme celui du péché, ou encore celui de la faute originelle et sa rémission, en termes de représentation d’une vérité fondamentale que la religion crypte et offusque. C’est dans cet angle que Schopenhauer, par son athéisme, s’insurge radicalement contre le pardon christocentrique où sont mis en exergue regret, prière, abandon, l’amour de Dieu et du prochain. Il mène cette investigation critique en se servant de divers arguments. II.1. Argument du droit 6 Ibid. 3 Tout part de sa philosophie de la volonté, du vouloir- vivre qui, selon lui, est la source de toute réalité et se manifeste dans une forme suprême de l’affirmation d’elle-même qu’est le principe d’individuation. Ce principe atteint son point culminant dans l’égoïsme7de l’homme qui se trouve nécessairement en conflit avec celui des autres. Ce conflit fait montre d’un combat que la volonté s’inflige à elle-même pour s’affirmer et se pérenniser. De cette lutte généralisée naissent en l’homme les germes d’une injustice commise ou subie, toujours liée à la souffrance. Si tel est le cas, les règles du jeu s’énoncent simplement : l’injustice que j’inflige à autrui me permet bien de m’affirmer en niant quelque chose dans l’être de mon semblable ; et l’injustice qu’il m’inflige, à son tour, nie quelque chose de mon essence. C’est cet égoïsme radical et sauvage qui caractérise, selon Schopenhauer, la forme la plus primitive du droit : j’ai le droit de tuer si l’on a voulu m’anéantir, j’ai le droit de voler si on a dérobé mon bien personnel, j’ai le droit de mentir si j’ai été victime d’un mensonge. A ce stade, la souffrance atteint sa plus haute extension. Le principe est unique : l’affirmation de chacun se nourrit de la négation de l’autre. C’est un mouvement inconscient, nécessaire et misérable car l’homme ne fait qu’affirmer et entretenir la source de sa douleur, le vouloir. Pour illustrer cette brèche, Schopenhauer écrit : « J’ai le droit de nier une négation étrangère, en lui opposant la somme de force nécessaire pour l’écarter ; ce droit peut aller, la chose est claire, jusqu’à l’anéantissement de l’individu en ce qui réside cette volonté étrangère…ce faisant, je n’ai aucun tort, je suis dans mon droit »8. Dans ce rapport répulsif et mécanique des forces individualisées, il ne saurait être question de pardonner, au sens chrétien, à l’injustice. Pardonner l’autre serait lui donner le droit de m’anéantir alors que chacun déploie ses efforts pour se défendre dans son camp. Le pardon des chrétiens se montre alors comme vide de sens dans un monde de droit tel que pensé par Schopenhauer. Si tel est le cas, quelle serait la responsabilité de l’état en tant que personne morale ? II.2. L’argument de l’Etat 7 C’est la conscience que l’homme a d’être un individu singulier, isolé, séparé de l’autre selon le Robert de Poche. 8 A. Schopenhauer, o.c, p.427. 4 L’ « Etat » est un concept polysémique couvrant un vaste champ sémantique. Dans notre travail, nous le considérerons comme instance politique. Nous prendrons alors la définition suivante : « L’Etat est l’autorité souveraine s’exerçant sur un peuple uploads/Philosophie/ semin-ushindi-schopen.pdf
Documents similaires










-
37
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 11, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1145MB