1 / 10 GIRARDEAU Baptiste 28/11/2014 L3 Philosophie « Sur l'immortalité de l'âm
1 / 10 GIRARDEAU Baptiste 28/11/2014 L3 Philosophie « Sur l'immortalité de l'âme » L'objet de cette étude est le traité du philosophe Plotin : Sur l’immortalité de l'âme. Ce traité est le second écrit par Plotin peu après 254 après J.-C. Plotin est un philosophe grec de l'Antiquité tardive et représentant principal du courant dénommé « néoplatonisme ». Presque aveugle au moment où il décide de commencer à écrire, il est obligé de dicter ses textes à l'un de ses disciples, Porphyre de Tyr. Ce dernier rassemble les textes et les réorganise pour obtenir cinquante quatre traités, classés en six groupes de neuf qu'il publiera, en 301, sous le titre Ennéade. Dans la disposition porphyrienne, le traité étudié se trouve dans la quatrième ennéade qui regroupe les écrits sur l'âme et y occupe la septième place. Nous souhaitons tout d'abord souligner l'originalité de la structure argumentative de ce traité. Véritable dialogue intérieur de l'auteur, le raisonnement s'articule autour d'un jeu de questions-réponses et de nombreuses objections. Dans la première partie du traité, la stratégie de Plotin consiste à réfuter certains auteurs en empruntant directement de leurs doctrines les éléments qui amènent à leur réfutation. En donnant voix à des adversaires qu'il ne nomme jamais (exceptés les « disciples de Pythagore ») et qu'il désigne simplement par « ils », Plotin créé des interlocuteurs fictifs qu'il met face à leurs contradictions. Il expose chaque thèse pour mieux la réfuter ensuite. La façon qu'a Plotin de s'adresser à ces interlocuteurs est pour le moins étonnante. Dans certains cas il leur demande d'adhérer à ses arguments par des phrases telles que « ils conviendront que »1, dans d'autres cas il est presque agressif à leur encontre par des formules telles que « qu'ils ne viennent pas me dire que ». Il est même parfois complètement ironique à leur égard en exposant leur théorie à l'aide d'adverbes comme « évidemment »2. Ce n'est, nous allons le voir, que dans une dernière partie que Plotin livrera sa propre théorie. Par ailleurs, Plotin laisse parfois des questions sans réponse ou utilise des raisonnements par l'absurde sans résultat définitif. Il laisse ainsi semble-t-il au lecteur le soin de construire ses propres conclusions. Ses démonstrations finales s'articulent aussi très souvent autour de nombreuses métaphores comme la douceur du miel, les couleurs ou encore le sceau qui informe la cire. Dans une courte introduction, Plotin pose la question qui traversera l'ensemble du traité : « Quelle est donc la nature de l'âme ? ». La première partie du traité est la plus longue et sera consacrée par l'auteur à une réfutation détaillée des théories de l'âme auxquelles il s'oppose. Dans une première section située entre l'introduction et la fin du chapitre 83, Plotin réfute les doctrines atomiste et stoïcienne qui attribuent à l'âme une nature corporelle. Dans une seconde section allant du chapitre 84 au chapitre 85 jusqu'à la question « Quelle est donc l'essence de cette dernière ? », Plotin s'attaque à des théories plus proches de la sienne puisqu'elles postulent que l'âme a une nature incorporelle. Il réfute alors successivement les doctrines pythagoricienne, puis celles d'Aristote et des péripatéticiens qui font de l'âme une altération du corps en la considérant respectivement comme une harmonie ou une entéléchie. Ce n'est que dans une seconde partie que Plotin expose sa théorie. Il y affirme positivement la nature incorporelle de l'âme et l'immortalité qui en dérive. Le traité s'achève sur un renvoi aux traditions populaires confirmant la thèse de Plotin sur l'immortalité de l'âme. 1 « Qu'ils ne viennent pas me dire que les êtres vivants meurent quand le souffle et le sang sont retirés » 2 « Il leur arrive donc de considérer comme premier ce qui est inférieur......tandis que l'âme est en dernier, né de l'âme évidemment » ironie du évidemment. 2 / 10 Notre analyse suivra le déroulement du texte et s’appuiera notamment sur le découpage proposé par Angela Longo. Nous essayerons également dans la partie sur la réfutation de l'âme comme harmonie et comme réalisation d'établir des liens avec le De Anima d'Aristote. I. Introduction Le début du traité s'ouvre avec la question de l'immortalité de l'être humain que Plotin présente à travers une triple alternative. Soit « chacun d'entre nous » est totalement « immortel », soit entièrement mortel, ou soit immortel par certaines de ses parties et mortel par d'autres. L'auteur introduit alors une « division » fondamentale qu'il nous demande d'admettre : l'être humain est le composé d'une âme et d'un corps. Tout d'abord, le corps en tant qu'il est une entité composée et divisible en partie est nécessairement périssable et l'homme ne peut donc pas être « entièrement immortel ». Par ailleurs, que l'âme soit forme ou utilisatrice du corps, elle est pour Plotin la véritable essence de l'être humain. Comme il le présente au premier paragraphe, répondre à la question de l'immortalité de l'être humain implique une recherche conforme à « la constitution naturelle des choses ». Suivre cette méthode implique donc d'interroger la nature de l'âme pour déterminer si elle est, ou non, immortelle. « Quelle est la nature de l'âme ? » est la question qui traversera tout le traité. II. Partie I-Section 1 : L'âme n'est pas un corps. Dans cette première section, Plotin conduit sa réfutation de toutes les conceptions matérialistes de l'âme humaine. Cette réfutation est longue et complexe. Plotin y enchaine les arguments de diverses natures en mettant notamment en cause les théories atomistes et stoïciennes. Nous avons repris dans notre analyse, le découpage de cette section en quatre parties proposé par A. Longo. a. Le corps ne possède pas la « vie par soi » Dans ce premier moment de l'analyse, Plotin présente et réfute les théories des auteurs qui considèrent que l'âme est un corps, en démontrant que le corps ne peut pas être porteur de vie. Tout d'abord, pour Plotin, l'âme possède nécessairement la vie de manière innée. Aussi, si l'âme est un corps, elle doit posséder la « vie par soi » par au moins une de ses composantes étant donné que « la vie est présente à l'âme par nécessité ». Plotin reprend la vision des stoïciens, selon laquelle chaque corps est une combinaison des quatre éléments traditionnels que sont le feu, l’air, la terre et l’eau. Il démontre alors qu'aucun de ces quatre éléments ne possède la « vie par soi » mais a reçu la vie par quelque chose d'autre, « use d'une vie empruntée ». Par ailleurs, aucun de ces corps ne possédant la vie de façon innée, il serait « absurde », pour Plotin, que leur « réunion » puisse produire la vie. En écartant la possibilité que les éléments corporels soient capables d'avoir la vie individuellement ou en groupe, Plotin affirme que l'âme ne peut pas être un corps. Contre les atomistes comme Épicure ou Démocrite (qu'il ne nomme pas), Plotin démontre ensuite que l'âme ne peut pas résulter d'une simple convergence d’atomes. En effet, ces derniers étant « incapables de s'unifier », ils ne pourront jamais se rassembler dans quelque chose d'unitaire. De plus, les atomes sont présentés par Plotin comme des « corps impassibles ». L'âme pouvant avoir des affections, ne peut donc pas être constituée d’atomes. Comme le note A.Longo, ces arguments permettent également à Plotin de signer le refus d'une physique atomique, en indiquant que si un corps n'était qu'une simple réunion d'atomes, il n'en serait pas pour autant une grandeur. Plotin présente ensuite l'âme comme une substance plutôt que comme une affection de la matière. Cette affirmation s'appuie sur le fait que si l'on prend l'hypothèse que l'âme est une affection, il est difficile d'expliquer l'origine de la vie dans une matière incapable de s'informer ou de se donner une âme par elle-même. Cela impliquerait alors la présence d'une réalité formelle 3 / 10 incorporelle qui apporte la vie de l'extérieur, et qui semble être l'âme pour Plotin. Cette dernière est par ailleurs présentée comme principe fondamental de l'existence et de l'ordre de l'univers. Plotin présente en effet l'âme comme la réalité incorporelle sans laquelle, aucun corps, ni même aucune matière n'existerait. Pour l'auteur, si l'univers n'était qu'un rassemblement de corps il serait nécessairement voué à sa destruction (« rien être ») et au chaos (« pas en ordre »). L'univers tout entier est ainsi présenté comme nécessairement ordonné par la « puissance » d'une âme incorporelle. Enfin, Plotin réfute la théorie selon laquelle l'âme serait un souffle, et ce au moyen de trois arguments principaux. Premièrement, l'auteur remet en cause l'hypothèse selon laquelle le souffle serait pourvu d'ordre, de raison ou d'intelligence par lui-même. Deuxièmement, il démontre que ce n'est pas l'âme qui habite les corps comme le souffle ou le feu, mais bien, à l'inverse, les corps qui s'établissent « au sein des puissances de l'âme. Enfin, Plotin interroge l'expression des stoïciens (sans toutefois les nommer) pour qui l'âme serait un souffle qui « se trouve d'une certaine façon » dans le corps. Pour l'auteur, cette expression uploads/Philosophie/ plotin-traite-2-a-me.pdf
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- Publié le Mar 28, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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