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La maison de l'islam Comprendre l'islam... dans son authenticité, avec contemporanéité AccueilCatégories d'articlesArticles classés par thèmeDroits de reproductionQui suis-je ? RappelContact Est-ce le cerveau, ou bien le cœur, qui est le siège de la raison ? Anas 29 juillet 2008 A- Les facultés du "Cerveau" ( ّالمُخ ) et du "Cœur" ( القلب ) , b - Les Croyances religieuses, appréhendées par la Raison humaine, d- Questions classiques ou actuelles Deux questions : 1) Est-ce le cerveau ou le cœur qui est le siège de la pensée, de la réflexion et du raisonnement ? 2) Est-ce le cœur ou le cerveau qui est le siège des émotions, des sentiments et des qualités spirituelles ? - Réponse : Ce que d'emblée il faut dire c'est que, même à discuter du lieu où elles se trouvent et des mécanismes par lesquels elles s'expriment, on ne peut nier l'existence chez l'homme des deux facultés de la "raison" et du "cœur". En effet, ces deux termes renvoient à des réalités connues et répertoriées, quelle que soit leur localisation : dans la poitrine (le muscle cardiaque) ou dans le cerveau. Le terme "raison" désigne ainsi la faculté humaine de comprendre, de raisonner et de penser. Le mot "cœur" exprime quant à lui la faculté d'aimer, de détester et d'émettre des jugements moraux et éthiques. Ce rappel effectué, nous pouvons maintenant aborder la question de la localisation de ces deux facultés que sont "le cœur" et "la raison"… - 1) Est-ce le cerveau, ou bien le cœur, qui est le siège de la pensée, de la réflexion et du raisonnement ? Cette question a fait l'objet, comme l'a rappelé an-Nawawî, d'une divergence d'avis bien connue entre les ulémas. – Un certain nombre de ulémas disent que la faculté de raisonnement se trouve dans le cœur (ici dans le sens de muscle cardiaque) et non pas dans le cerveau : il s'agit entre autres de Mujâhid, de Ibn Hajar (Fat'h ul-bârî, commentaire du hadîth n° 52 rapporté par al-Bukhârî), et, d'une façon plus générale, des ulémas de l'école shafi'ite (Shar'h Muslim, commentaire du hadîth n° 1599). Plus récemment, un savant comme al-Albânî (mort en 1999) pensait de même : raisonner et penser, écrit-il, sont des actes du cœur qui se trouve dans la poitrine, et non du cerveau qui se trouve dans la boîte crânienne ; al-Albânî se fonde pour cela sur les versets suivants du Coran : "Ils ont un cœur (mais) ne comprennent pas par son moyen" (Coran 7/179). "N'ont-ils pas parcouru la terre afin d'avoir des cœurs par lesquels ils raisonnent, ou des oreilles par lesquelles ils écoutent ? Car ce ne sont pas les regards qui s'aveuglent, mais s'aveuglent les cœurs qui sont dans les poitrines" (Coran 22/46). Voyez, dit al-Albânî : ces versets disent bien que c'est le cœur qui comprend et qui raisonne ; or, souligne-t-il, le "cœur" ne peut être compris comme désignant le cerveau, car la fin du verset dit explicitement qu'il se trouve dans la poitrine (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, 6/468). – D'autres ulémas pensent pour leur part que la faculté de penser, de comprendre et de raisonner se trouve dans le cerveau. Parmi ces ulémas se trouve Abû Hanîfa (voir Shar'h Muslim, commentaire du hadîth n° 1599). Et cet avis est également relaté de Ahmad ibn Hanbal ("وقد يراد بالقلب : <باطن <اإلنسان <مطلقا؛ فإن قلب الشيء باطنه كقلب الحنطة واللوزة والجوزة ونحو ذلك ومنه سمي <القليب <قليبا ألنه أخرج قلبه وهو باطنه .وعلى هذا فإذا أريد بالقلب ،هذا فالعقل متعلق بدماغه أيضا .ولهذا قيل :إن العقل في ،الدماغ كما يقوله كثير من < ،األطباء ونقل ذلك عن اإلمام أحمد" : MF 9/303). J'ai questionné Cheikh Khâlid Saïfullâh au sujet du premier avis et de l'argumentation sur laquelle il repose, il m'a répondu en substance que d'une part il est aujourd'hui démontré scientifiquement que la faculté de raisonnement se trouve dans le cerveau, et que d'autre part il y a depuis les premiers siècles de l'Islam deux avis chez les savants. "Je pense donc que dire le contraire serait contraire à ce qu'a prouvé l'observation ("mushâhadé ké khilâf")" a-t-il conclu (fin de citation) (cela relève donc du cas 3.2.2.2 dans un autre de nos articles ). Comment, me direz-vous, comprendre alors les deux versets coraniques sur lesquels les tenants du premier avis ont fondé celui-ci ? Nous allons y revenir dans les points 2 et 3, à travers les explications de al-Ghazâlî, de Shâh Waliyyullâh et de al-Jûzû. - 2) Est-ce le cœur, ou bien le cerveau, qui est le siège des émotions, des sentiments et des qualités spirituelles ? – D'après les ulémas, d'après aussi les poètes et les mystiques occidentaux, c'est le cœur qui est le siège des émotions, des sentiments, des critères éthiques et des qualités spirituelles. – A cela des scientifiques occidentaux contemporains objectent que le cœur n'est qu'un muscle qui fait office de pompe envoyant le sang dans le reste de l'organisme. D'après ces scientifiques, c'est plutôt le cerveau qui est le siège de sentiments et de qualités ; et ce qu'on nommait auparavant "émotions" et "valeurs" n'est en fait que l'expression de gènes, d'hormones et de connexions entre neurones (comme l'a écrit Jean-Pierre Changeux)… – Mais en fait il faut nuancer ce propos. En effet, que le cœur soit un muscle servant à envoyer le sang dans tout le corps par l'intermédiaire des artères, on le sait en Occident depuis 1648 avec Harvey (en terre musulmane, la petite circulation du sang avait été mise en évidence 400 ans plus tôt, par Ibn un-Nafîs ; cf. Le soleil d'Allah brille sur l'Occident, Sigrid Hunke, pp. 152-155). Certes. Mais que le cœur soit une pompe pour le sang n'implique pas qu'il ne puisse pas être plus que cela. –--- D'un côté il faut dire que certains ulémas précisent que "le cœur" dont parlent le Coran et la Sunna ne désigne pas le muscle cardiaque. Pour al-Ghazâlî, le terme "cœur" désigne en fait la même chose que le terme "Rûh", l'âme humaine (lire notre article : Corps et âme). Or, précise al-Ghazâlî, "il y a un lien particulier entre cette âme et le cœur physique" ; en fait, souligne-t-il, l'âme est liée à tout le corps, de même qu'elle donne des influx à tout le corps, mais son lien avec le cœur est de nature particulière : "أن بين تلك اللطيفة وبين جسم القلب عالقة <خاصة؛ فإنها وإن كانت متعلقة <بسائر البدن ومستعملة له ولكنها تتعلق به بواسطة <القلب؛ فتعلقها األول بالقلب وكأنه محلها ومملكتها وعالمها ومطيتها" (Al-Ihyâ', 3/7). Les explications relatées ci-dessus ne sont nullement impossibles sur le plan scientifique. Une américaine, Claire Sylvia, relate : "En 1988, alors que je suis presque mourante, atteinte d'une maladie grave et fatale, on m'ouvre la poitrine et on m'en extrait le cœur et les poumons. Dans une tentative désespérée de me sauver la vie, les médecins transplantent, dans cet espace vide et creux, les organes d'un jeune homme qui vient de mourir dans un accident de moto. (…) En me réveillant de l'opération, je pense que mon long voyage est enfin parvenu à son terme. En fait, il ne fait que commencer. Très rapidement, je sens que j'ai reçu bien davantage que simplement deux organes. Je commence à me demander si le cœur et les poumons transplantés ne portent pas en eux leurs propres inclinations et souvenirs. Je fais des rêves et constate des changements qui semblent suggérer que certains aspects de l'esprit et de la personnalité du donneur existent à présent à l'intérieur de moi" (Mon cœur est un Autre - Le miracle des greffes, le mystère de la mémoire cellulaire, Claire Sylvia, Jean-Claude Lattès pour la traduction française, 1998, pp. 13-14). ""Le cœur n'est rien d'autre qu'une pompe." Telle est la vision de la médecine contemporaine. Je précise "contemporaine" parce que jusqu'au XVIIè siècle, le cœur n'était pas du tout considéré comme une pompe. Dans l'Antiquité, on le voyait comme le centre de la sagesse et de l'émotion. (…) En 1648, lors d'une des plus importantes découvertes de l'histoire de la médecine, le médecin anglais William Harvey proclamait au monde que le cœur, au travers d'une série continuelle de contractions, pompait le sang qui circulait dans le corps pour revenir à sa source. Aujourd'hui personne ne le conteste, mais reconnaître l'évidence – à savoir que le cœur est une pompe – ne revient pas à affirmer que c'est uniquement une pompe. Comme nous le verrons, certains scientifiques croient que le cœur est peut- être bien davantage" (Idem, pp. 259-260). "Toute ma vie on m'a affirmé, en dépit des protestations des poètes et des convictions des mystiques, que le cœur humain n'était qu'une pompe. Une pompe incroyablement importante, certes, mais rien de plus qu'une machine monotone et indispensable. Conformément à ce point de vue, qui est celui généralement accepté par la médecine occidentale contemporaine, le cœur ne contient aucun sentiment et n'abrite aucune sagesse, aucune connaissance et aucun souvenir. Et si celui d'une personne a précédemment résidé dans le corps d'une autre, cela ne présente uploads/Philosophie/ est-ce-le-cerveau-ou-bien-le-coeur-qui-est-le-siege-de-la-raison.pdf
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- Publié le Jan 22, 2021
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