Philosophie de la logique 1 Philosophie de la logique par Hilary PUTNAM traduct

Philosophie de la logique 1 Philosophie de la logique par Hilary PUTNAM traduction française par Patrick PECCATTE Édition originale: Philosophy of Logic .- New-York: Harper and Row, 1971. Réédition sous le même titre .- London: George Allen and Unwin Ltd. 1972 (coll. Essays in Philosophy) Traduction française: Combas: Éditions de l'Éclat, 1996 Table Avant-propos I. Ce qu'est la logique II. La controverse du nominalisme et du réalisme III. La controverse du nominalisme et du réalisme et la logique IV. Logique contre mathématiques V. L'insuffisance du langage nominaliste VI. Conception prédicative contre conception imprédicative de la notion d'"ensemble" VII. Quelle quantité de théorie des ensembles est réellement indispensable pour la Science ? VIII. Arguments d'indispensabilité IX. Complications non examinées [N.d.t.: Les guillemets et italiques sont de l'auteur.] Philosophie de la logique 2 Avant-propos De nombreuses questions philosophiques diverses présentent quelque rapport avec la logique. Certaines ont trait à la philosophie des mathématiques (qui, ici, ne sera pas distinguée très précisément de la philosophie de la logique), tandis que d'autres se rapportent à la philosophie du langage ou à la théorie de la connaissance. Dans cet essai, je m'intéresserai au prétendu problème ontologique interne à la philosophie de la logique et des mathématiques; c'est-à-dire, à la question de savoir si les entités abstraites dont on parle en logique et en mathématiques existent réellement. Je me demanderai encore si, dans la logique elle-même (distinguée cette fois des mathématiques en général), la référence à des entités abstraites est vraiment indispensable. Et j'aborderai par extension la question de savoir si la référence à de telles entités est nécessaire dans les sciences physiques. Mon propos dans cet essai n'est pas de présenter un panorama complet des opinions relatives à ces problèmes, mais d'exposer et de défendre en détail l'une d'entre elles. Même si le lecteur n'est pas convaincu par mes arguments, j'espère qu'il trouvera quelque valeur à la présente discussion, ne serait-ce que si elle contribue à bousculer ses idées reçues et stimuler d'autres débats* . * [N.d.t.: Un résumé des positions philosophiques modernes (essentiellement anglo-saxonnes) sur le problème ontologique en question est donné dans l’ouvrage collectif de Marco Panza et Jean-Michel Salanskis : L’objectivité mathématique. Platonismes et structures formelles. Paris : Masson, 1995. Cf. particulièrement : Pascal Engel : Platonisme mathématique et antiréalisme et Jean Petitot : Pour un platonisme transcendantal]. Philosophie de la logique 3 I. Ce qu’est la logique Nous commencerons par nous demander ce qu’est la logique, et essaierons de voir ensuite en quoi il existe un problème philosophique la concernant. Nous pourrions essayer de nous enquérir de "la logique" en examinant diverses définitions de ce terme, mais ce serait une mauvaise idée. Les différentes définitions existantes conduisent en effet, d'une manière ou d'une autre, à un amalgame de descriptions circulaires et d'inexactitudes. Au lieu de cela, nous examinerons la logique en elle-même. Si nous considérons la logique de cette manière, nous remarquons tout d'abord que, comme toutes les autres sciences, elle subit des changements - et quelquefois, des changements rapides. A d'autres époques que la nôtre, les logiciens ont eu des idées très différentes sur l'étendue de leur discipline, ses méthodes propres, etc. A l'heure actuelle, son champ est défini beaucoup plus largement que par le passé, puisque la logique telle que certains logiciens la conçoivent en vient à inclure toutes les mathématiques pures. En outre, les méthodes utilisées aujourd'hui dans la recherche en logique sont presque exclusivement des méthodes mathématiques. Néanmoins, certains aspects de la logique subissent apparemment peu de changements. Une fois établis, les résultats de la logique semblent à jamais demeurer corrects et acceptés comme tels; c'est donc que la logique change, non pas dans le sens où, au cours des siècles, nous acceptons des principes logiques incompatibles, mais au sens où le style et la notation utilisés pour présenter ces principes logiques varient considérablement, et au sens également où le domaine réservé à la logique tend à devenir de plus en plus vaste. Il semble donc judicieux de commencer par examiner quelques-uns de ces principes que les logiciens ont pratiquement acceptés depuis ses origines. L'un de ces principes consiste en la validité de l'inférence suivante: (1) tous les S sont M tous les M sont P (donc) tous les S sont P Un autre de ces principes est la Loi d'Identité: (2) x est identique à x Un autre encore stipule l'inconsistance de la proposition suivante: (3) p et (non p) Philosophie de la logique 4 Un dernier principe enfin reconnaît la validité de la proposition: (4) p ou (non p) Examinons maintenant tous ces principes un à un. On considère traditionnellement que l'inférence (1) est valide pour tous les termes S, M et P. Mais qu'est-ce qu'un terme ? Les textes de logique contemporaine précisent habituellement que (1) est valide pour n'importe quelles extensions de classes que puissent désigner les lettres S, M et P. L'inférence (1) devient juste une façon de dire que si une classe S est une sous-classe d'une classe M, et que M est à son tour une sous-classe d'une classe P, alors S est une sous-classe de P. En résumé, selon son interprétation moderne, (1) exprime simplement la transitivité de la relation "être une sous-classe de". On est donc fort loin de la conception que pouvaient avoir les logiciens classiques lorsqu'ils parlaient de "Lois de la Pensée" et de "termes". Nous touchons ici à l'une des choses qui prête à confusion dans la science de la logique; même si un principe semble n'avoir subi aucun changement au cours des siècles - nous écrivons toujours tous les S sont M tous les M sont P (donc) tous les S sont P -, l'interprétation de cette vérité "immuable" a, en fait, considérablement évolué. Et ce qui est pire, il existe encore une controverse au sujet de ce que peut bien être l'interprétation "correcte" de ce principe. Le principe (2) est un autre exemple de postulat dont on discute encore l'interprétation correcte. La plupart des logiciens, y compris l'auteur de ces lignes, interprète (2) comme l'affirmation de la réflexivité de la relation d'identité: toute chose soutient avec elle-même cette relation, habituellement symbolisée par le signe "=". Certains philosophes cependant sont très irrités à l'idée même que "=" puisse être une relation. « Comment pouvons-nous saisir la signification d'une relation autrement que comme étant quelque chose qui puisse être soutenu par une chose avec une autre chose ? », demandent-ils. Et comme aucune chose ne peut soutenir l'identité avec une chose différente, ils en concluent que, quoique "=" puisse représenter, ce n'est pas une relation. En dernier lieu, les principes (3) et (4) posent le problème de ce que p signifie. Certains philosophes proposent que dans (4) par exemple, p représente n'importe quel énoncé (*) que l’on souhaite; tandis que d’autres philosophes (dont l’auteur) pensent qu'il y a quelque chose de ridicule dans la théorie selon laquelle la logique s'occupe d'énoncés. Néanmoins, tous ces désaccords sur des points délicats ne doivent pas conduire à masquer le fait que tous les logiciens (même ceux qui vécurent à des époques * [N.d.t.: Conformément à l'habitude, sentence est traduit par énoncé ou par expression - au sens de formulation grammaticale -, et statement par proposition - énoncé possédant une valeur de vérité -.] Philosophie de la logique 5 différentes) sont d'accord sur l'essentiel. Tous sont d'accord, par exemple, sur le fait que des deux prémisses Tous les hommes sont mortels Tous les mortels sont insatisfaits on puisse validement inférer Tous les hommes sont insatisfaits, et ce, même s'ils sont parfois en désaccord sur la formulation proprement dite du principe général qui est à la base de cette inférence. De manière analogue, tous les logiciens s'accordent à dire que, s'il existe une chose telle que "la Tour Eiffel", alors La Tour Eiffel est identique à la Tour Eiffel. De même, s'il existe une chose telle que "la terre", alors La terre est ronde ou la terre n'est pas ronde. Tout ceci, même s'ils ne sont pas d'accord sur l'exposition des principes respectifs à l'œuvre dans ces différents cas. Il existe donc bien un corpus de "doctrine permanente" en logique; mais l'on ne peut guère investiguer très loin dans ce sens, tout au moins quand on en vient à la recherche d'un exposé exact et universellement acceptable de ses principes généraux. Philosophie de la logique 6 II. La controverse du nominalisme et du réalisme A ce stade de notre discussion, il est déjà évident qu'il existe des problèmes philosophiques en relation avec la logique, et il y a au moins une raison pour que ce fait soit clair: à savoir, la difficulté d'obtenir une formulation universellement acceptable des principes généraux que, d'une manière ou d'une autre, tous les logiciens semblent reconnaître. Lorsque nous examinons cette difficulté, d'autres problèmes philosophiques rattachés à la logique se manifestent plus clairement. Les philosophes et les logiciens qui considèrent les classes, les nombres, et les "entités mathématiques" similaires, comme des manières de leurres ou de chimères, sont habituellement appelés "nominalistes". Un nominaliste a peu de uploads/Philosophie/ h-putnam-philosophie-de-la-logique-1971-pdf.pdf

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