L'Opinion, la Connaissance La Vérité L’ Opinion, la Connaissance et la Vérité O

L'Opinion, la Connaissance La Vérité L’ Opinion, la Connaissance et la Vérité Oscar Brenifier Docteur en Philosophie et formateur (ateliers de philosophie et philosophie pour enfants) Gilles Clamens Professeur certifié de Philosophie en Terminale Joël Coclès Professeur certifié de Philosophie en Terminale Isabelle Millon Documentaliste Collection dirigée par Oscar Brenifier Avant-propos Notre choix : la pratique philosophique Ce guide d’initiation au philosopher s’adresse plus particuliè- rement aux élèves de Terminale. Son choix est d’être avant tout une pratique philosophique, c’est-à-dire un exercice de question- nement, une construction visible de la pensée. Il part du principe que philosopher est un acte on ne peut plus naturel, même si de nombreux obstacles entravent ce processus – des habitudes déjà bien ancrées, induisant une certaine complaisance, qui nous font prendre pour acquises et certaines des opinions glanées ici ou là : à la télévision, à la maison, voire dans un cours. Pensées toutes faites qu’il ne vous viendrait plus à l’idée d’interroger, ne serait-ce qu’un bref instant. Nous proposons donc un dialogue, échange entre Victor et son amie philosophe, dialogue censé être celui de l’élève avec lui-même. C’est l’outil avec lequel, en même temps que Victor, vous pourrez vous entraîner à philosopher. Victor doit apprendre à s’interroger, pour penser par lui-même ; il doit installer en sa propre démarche le réflexe de mise à l’épreuve des idées, et à partir de ses propres idées, apprendre à formuler des questions, à profiter de ses intuitions mais aussi de ses erreurs. Ses tâtonne- ments et ses erreurs l’amèneront à comprendre ce qui constitue la démarche philosophique. Des commentaires insérés dans les dialogues explicitent les problèmes typiques de l’apprentissage de la pensée philoso- phique et mettent en valeur diverses solutions apportées. Des citations d’auteurs soutiennent ou contredisent les propos énon- cés. Un certain nombre de grandes questions sur le thème à trai- ter – les problématiques –, recensées en marge au fil du dia- logue, vous aideront à travailler les idées. Une sélection de textes classiques, dont chacun est suivi de trois questions de compré- hension, vous permettra de préciser et d’approfondir la réflexion. Notre objectif est bien que l’apprenti s’entraîne à élaborer une pensée philosophique, en se confrontant à lui-même et aux autres. Nous remercions Emmanuel Gross pour son aide précieuse, ainsi que Marc Amiot, pour sa contribution à cet ouvrage. Responsabilité éditoriale : Christine Jocz Édition : Dominique Albertini Correction : Jean Pencréac’h Conception graphique : Marc et Yvette Coordination artistique : Thierry Méléard Fabrication : Jacque Lannoy Photocomposition : CGI © Nathan/VUEF 2002 - ISBN 2.09.184480-2 Partie 1 / Dialogues 10 1 Difficile vérité Problématique 1 : Peut-on dire « à chacun sa vérité » ? (texte p. 86) Problématique 2 Perte de l’unité Emportement émotionnel VICTOR – Il y a quelque chose que je ne comprends pas avec la philosophie. HÉLOÏSE – Ah oui ! Et quoi donc ? VICTOR – Chacun peut penser ce qu’il veut, chacun peut dire ce qu’il veut. Chacun a sa manière de penser. Chacun ses opinions. ¨ CITATIONS 1 ET 2 Le lien entre « philosophie » et « chacun ses opinions » n’est pas explicité. On ne saisit pas ce qui est incompréhensible « avec la philosophie ». HÉLOÏSE – C’est tout ? VICTOR – Eh bien oui ! J’ai dit ce que j’avais à dire. Un point c’est tout ! HÉLOÏSE – Je vois que tu n’es pas d’humeur très géné- reuse aujourd’hui. VICTOR – Toi non plus ! Je te dis quelque chose en passant, et tu veux immédiatement me faire dire ce que je n’ai pas dit. La difficulté d’assumer et d’expliquer ses propres idées entraîne un rejet de l’interrogation et de la réflexion. HÉLOÏSE – Et qu’ai-je voulu te faire dire de manière aussi insidieuse ? VICTOR – Le pire est que je n’en sais rien. HÉLOÏSE – Alors, comment peux-tu proférer une telle accusation ? VICTOR – Je te connais assez pour me méfier de toi. HÉLOÏSE – Je croyais que nous étions amis. VICTOR – Peut-être, mais parfois, dès que l’on se met à discuter, tu deviens une drôle d’amie ! HÉLOÏSE – Tu me trouves drôle ? VICTOR – Non, en fait, pas très drôle, plutôt agaçante. Tu vois, comme maintenant par exemple. HÉLOÏSE – Qu’ai-je fait ? VICTOR – Tu es là à me questionner, comme si tu étais de la police. Partie 2 / Textes 86 Dans l’ordre intellectuel le contenu de la liberté c’est la vérité ; c’est elle qui nous rend libres. Mais voilà pourquoi la vérité est l’action de la liberté, en sorte que celle-ci ne cesse de la pro- duire. Il va de soi que je ne songe pas ici aux orgies d’esprit de la philosophie contemporaine pour qui nécessité et liberté de pen- sée ne font qu’un, ce qui fait qu’en parlant de la liberté de la pensée, elle ne parle que du mouvement immanent de la pensée éternelle. Tant d’esprit ne sert qu’à troubler et rendre difficile la communication entre les hommes. Ce dont je parle est chose toute simple et naïve, à savoir que la vérité n’est que pour l’Isolé qui lui-même la produit en agissant. Si la vérité est de quelque autre façon pour l’individu et qu’il l’empêche d’exister pour lui de la façon que j’ai dite, alors on a un phénomène du démo- niaque. La vérité a toujours eu beaucoup d’apôtres faisant la grosse voix, mais la question est de savoir si l’homme veut plei- nement la reconnaître, la laisser pénétrer tout son être, s’il veut en accepter toutes les conséquences sans se réserver au pis- aller une échappatoire ni les trahir dans un baiser de Judas. On a assez parlé de nos jours de la vérité ; et il est temps mainte- nant de relever le drapeau de la certitude, de l’intériorité, non pas au sens abstrait où Fichte l’entendait, mais au cœur du concret. Kierkegaard Le Concept de l’angoisse (1844), trad. K. Perlov et J.-J. Gateau, © Gallimard, « Idées », 1985, p. 171. Problématique 1 Peut-on dire « à chacun sa vérité » ? Avez-vous compris l’essentiel ? 1 La vérité a-t-elle une dimension personnelle ? 2 Une vérité n’est-elle pas la même pour tous ? 3 Comment savoir si ma vérité est la vérité ? La différence entre l’opinion et la connaissance, c’est-à-dire le fait que la connaissance est une opinion vérifiée, comme l’enseigne la traditionnelle théorie de la connaissance, fut le plus souvent un vœu pieu que les actes effectifs de connais- sance ont rarement réalisé ; individuellement et collectivement, les hommes sont contraints d’opérer également avec des opi- Adorno Modèles critiques (1962), trad. M. Jimenez et E. Kaufholz, © Payot, 1984, p. 117. Problématique 2 Peut-on avoir une opinion personnelle ? L’Apprenti Philosophe comprend deux grandes parties, Dialogues et Textes, qui constituent deux modes d’entrée possibles dans l’ouvrage. Les Listes finales offrent une troisième possibilité. Renvoi à l’une des citations énoncées à la fin du dialogue. Elles confirment ou contredisent ce qui est exprimé. Remarques méthodologiques Identification d’une erreur méthodologique (obstacle). Identification du traitement réussi d’un obstacle (résolution). Les listes finales Elles vous permettront de circuler dans l’ouvrage pour réfléchir à une problématique, préciser un concept ou acquérir un point de méthode. Les dialogues Ils vous aideront à élaborer et à reconnaître les problématiques. Texte classique proposant une réflexion en laison avec la problématique. Problématique concernée. Trois questions apprennent à identifier et à préciser les concepts de l’auteur. Les réponses figurent en fin d’ouvrage. Liste des problématiques Pour chaque problématique, un renvoi aux différents dialogues où cette problématique apparaît et au texte d’auteur où elle est abordée. Cette liste permet en outre d’avoir une vision globale des problématiques liées au thème. Liste des remarques méthodologiques Elle recense et définit toutes les erreurs (obstacles) du dialogue et les solutions (résolutions) suggérées, exemples à l’appui. Index des notions-outils Il renvoie aux dialogues où elles sont définies. Les textes d’auteurs Chaque texte répond à une problématique surgie dans les dialogues. Les échos des philosophes ¨ LES NUMÉROS DES CITATIONS RENVOIENT AU DIALOGUE. 1- « À tout raisonnement, on peut opposer un raisonnement. » PYRRHON, d’après DIOGÈNE LAËRCE, Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres, IIIe s. apr. J.-C. 2- « SOCRATE. – Car l’un ne saurait point sans doute être plus rai- sonnable que l’autre, si les opinions de chacun sont pour cha- cun la vérité. » PLATON, Cratyle, IVe s. av. J.-C. 3- « L’unité de la conscience est ce qui seul constitue le rapport des représentations à un objet, c’est-à-dire leur valeur objective ; c’est elle qui en fait des connaissances [...]. » K NT i ue de la raison pur À la fin de chaque dialogue : Un ensemble de citations Les pensées de plusieurs auteurs feront écho aux vôtres, sous des formes plus accomplies. L’essentiel du dialogue , mode d’emploi Problématique surgie à cette étape du dialogue, avec renvoi à un texte de la Partie 2. Les définitions des notions apparues dans le dialogue Pour que la philosophie commence, il uploads/Philosophie/ brenifier-l-opinion-la-connaissance.pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager