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;;:, i '.' -. ., _ J 1;/ " C... I!~';i ... L./J-c.::". _.1 BIBLIOTHÈQUE D'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE\-- Fondateur: Henri GOUHIER Directeur: Jean-François COURTINE KANT ET LE PROBLEME DE LA PHILOSOPHIE · L'A PRIORI par JEAN GRONDIN PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE 1. VRIN 6, Place de la Sorbonne, Ve 1989 \, La loi du Il mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les «copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, fait~ sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droits ou ayants cause, est illicite» (Alinéa 1er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit constituerait donc une contrefaçOb sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code pénal. © Librairie Philosophique J. VRIN, 1989 Printed in France ISBN 2-7116-0979-0 , A mes parents AVANT-PROPOS Sans détour: l'intention de ce livre est de comprendre le sens de la Critique de la raison pure. Il entend montrer jusqu'à quel point et en vertu de quelle rigueur le problème essentiel de la Critique est celui de la possibilité d'un savoir a priori. La question cardinale de Kant est olen-: 'corruÎlent des jugements synthéiiquesa priori sont-ils possibles? Cela n'est que trop connu. Mais la réponse de Kant l'est beaucoup moins. Où Kant répond-il, de manière claire et distincte, à la question de la justification du jugement synthétique a priori et de la méta- physique comme science? Ce qui nous a incité à revenir sur cette question, c'est l'absence presque totale dans la littérature kantienne d'une étude qui réponde adéquatement aux réquisits du problème soulevé par Kant, celui de la crédibilité d'une connaissance a priori. La solution la plus couramment apportée au problème de l'a priori consiste à dire, assez vaguement, que l'a priori i~uJJ .. d~~~_e_x~JJ~i!~objectiv~ quand il ne s'app~i911e gu 'aux d0l!~~~l Q.e .1~~~p§ri._~~~~ ou parce qu'il rend l' exp~rience P9.~~~~ïe.-La difficulté de cette thèse, c'est qu'elÎe explique tout au plus la possibilité de la connaissance scientifique empirique (ou de l "expérience'), laissant entière la question de la viabilité d'une connaissance par raison pure, celle d'un savoir synthétique a priori, que veut être la philosophie. Nous soutiepdrons que le problème de l'objectivité de la connaissance empirique (qu'est censé résoudre l'intervention d'éléments a priori, les catégories, dans l'expérience) n'est pas du tout celui qui préoccupe l'interrogation critique de Kant. Bien au contraire, c'est l'évidence incontestée et jamais problématique du savoir empirique qui rend urgente aux yeux de Kant la question de la place de la philosophie, la question d'une connaissance qui soit rigoureusement synthétiqu'e' et a priori. Voilà le problème de la Critique de la raison pure. En tâchant de découvrir une réponse à cette question dans la Critique, on ne doit jamais oublier que Kant ignorait en 1781 qu'il allait publier quelques années plus tard une Critique de la raison pratique et une Critique du jugement. Cela signifie que dans la ~.". 8 AVANT-PROPOS perspective de 1781, la Critique de la raison pure à elle seule doit être en mesure de répondre de manière satisfaisante et complète au dilemme d'une connaissance a priori. Ce qui doit être possible depuis cette Critique, c'est l'édification d'une métaphysique. Suivant la division qu'on estime essentiellement tripartite de l'œuvre, l'Esthétique doit traiter de la possibilité des mathématiques, l'Analytique de la physique pure et la Dialectique de la métaphysique. Or la Dialectique se présente comme logique de l'illusion. Est-ce à dire que la métaphysique soit condamnée à l'erreur? On sait que telle n'était pas l'intention de Kant, même si ce fut son efficace historique. Mais où se cache alors la solution kantienne au défi de la possibilité de la métaphysique comme science respectable? Peut-être faut-il réap- prendre à voir que la division de base de la Critique n'est pas seulement tripartite. Il y a bien une 'quatrième' partie après la Dialectique: la ~_~~~~~~.~()_gie (Discipline, Canon, Architectonique, Histoire de la raison pure), à laquelle Kant avait réservé la dignité d'être la seconde grande section de la Critique, après la Théorie transcendantale des éléments. Ce n'est pas rien. Cette section passe souvent pour un simple appendice à la Critique. Cela vaut dans une large mesure pour l'Architectonique et l'Histoire de la raison pure, chapitres parfai- tement schématiques où l'on ne sent pas toujours le pouls d'un questionnement proprement critique (si bien que la tâche première de l'idéalisme postkantien sera de réécrire les deux derniers chapitres de la Critique de la raison pure). Restent la Discipline et le Canon de la raison pure. Le premier chapitre est quant à l'essentiel un rappel de la Dialectique, dont tout l'exercice aura été finalement de discipliner les excès métaphysiques de la raison spéculative. Et si la conclusion de la Critique se trouvait dans le Canon de la raison pure? Un canon se définit comme« l'ensemble des principes a priori du légitime usage de certains pouvoirs de connaître en général ». Le Canon de la raison pure sera donc l'ensemble des principes a priori de l'usage légitime de la raison. Ne s'agit-il pas très exactement des principes a priori que cherche à établir la philosophie critique avant et afin de déployer le système de la métaphysique? Il Y sera en effet question, selon l'intitulé de la première section du Canon, de la fin ultime de l'usage pur de la raison. C'est dans ce cadre que trouveront place, et réponse, les trois célèbres questions de la raison pure: que puis-je savoir? que dois-je faire? que m'est-il permis d'espérer? Autant de questions qui seront suspendues à l'idéal du souverain bien, dont la doctrine, des Grecs AVANT-PROPOS 9 jusqu'à Kant, est la philosophie. Chez Kant, cet idéal sera rendu envisageable en raison d'un intérêt objectif de la raison pure pratique. Il ne faut pas attendre la Critique de 1788 pour connaître la méta- physique des postulats de la raison pratique. Elle forme déjà l'aboutissement de la première Critique, la seule que Kant jugeât indispensable à l'essor de la métaphysique en 1781. Il est donc possible, à partir de la Critique de la raison pure, de répondre au problème de la possibilité de la métaphysique et de ses jugements synthétiques a priori. La compréhension de la philosophie kantienne et de sa postérité en dépend. Notre parcours de la philosophie kantienne se bornera donc ici à la seule Critique de la raison pure, clairement introduite en 1781 comme l'unique propédeutique nécessaire à la construction d'une méta- physique qui soit déploiement d'une connaissance a priori ou par raison pure. Ce pari méthodologique ne signifie pas que doivent être ignorées les deux autres Critiques, mais que leur statut et leur possibi- lité sont fonction de la révolution métaphysique mise en œuvre dans la première Critique, celle qu'il faut d'abord maîtriser. Ceci apparaîtra tout particulièrement évident pour la Critique de la raison pratique. C'est que la prise en considération de l'usage pratique de la raison pure fait déjà l'objet d'une critique complète de la raison pure, dont Kant n'a jamais dit en 1781 qu'elle se limitât à la raison spéculative (ce qu'il sera conduit à affirmer après avoir conçu une Critique de la raison pratique, mais dont la nécessité n'a jamais été perceptible dans la philosophie kantienne avant 1787). Nous montrerons, au chapitre IV, comment l'idée d'une métaphysique de la raison pratique représentait déjà l'issue, voire la conclusion de la Critique de la raison pure. A ce titre, on pourra soutenir que toute la métaphysique de la seconde Critique est déjà renfermée, en germe, dans la première, tout spécia- lement dans la Méthodologie de la raison pure, dont F. Marty a raison d'écrire qu'elle a été trop souvent négligée dans les études kantiennes l . C'est dans le projet de la Critique de 1781 qu'il faut commencer par entrer de manière convenable, c'est-à-dire selon sa rigueur propre, si l'on veut élaborer, ce qui ne sera pas encore tenté ici, une juste compréhension de l'ensemble de la pensée critique et métaphysique de 1. Cf. F. Marty, La naissance de la métaphysique chez Kant. Une étude sur la notion kantienne d'analogie, Paris, Beauchesne, 1980, 523. . ' ~ l ~ -~ 10 AVANT-PROPOS Kant. Dans cet esprit, on suivra Gadamer l en appliquant à la Critique de la raison pure le mot célèbre prononcé par Goethe lors de la canonnade de Valmy: «d'aujourd'hui et de ce lieu s'élève une nouvelle époque de l'histoire du monde». * * * Au plan typographique, on a tâché de respecter les conventions actuelles. On emploie la majuscule pour des termes comme Déduction ou Dialectique transcendantale quand on fait référence à des textes ou des titres de section, mais la minuscule quand on pense surtout à la chose dont il y est question (la déduction transcendantale des concepts purs de l'entendement n'a donc pas le même sens que la Déduction du mOême nom). Des guillemets «typographiques» ont été employés pour les citations uploads/Philosophie/ bibliotheque-d-x27-histoire-de-la-philosophie-jean-grondin-kant-et-le-probleme-de-la-philosophie-l-x27-a-priori-librairie-philosophique-vrin-2000-pdf.pdf

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