Les théories cognitivistes de l’apprentissage par Johanne Rocheleau Ph.D. 5 oct
Les théories cognitivistes de l’apprentissage par Johanne Rocheleau Ph.D. 5 octobre 2009 Table des matières Introduction.....................................................................................................................................................2 Les postulats néo-béhavioristes de Tolman.....................................................................................................3 Les apports de la Gestalt..................................................................................................................................4 Les trois cerveaux (Triune Brain) de Paul McLean (1973 ; 1978).................................................................5 Cerveau et apprentissage..............................................................................................................................9 L’apport des théories cognitivistes de l’apprentissage Les principes de l’étude du langage..............................................................................................................10 Les postulats et principes cognitivistes de l’apprentissage...........................................................................12 Les postulats cognitivistes contemporains....................................................................................................13 Conclusion.....................................................................................................................................................14 Références.....................................................................................................................................................15 Site à consulter pour en savoir plus............................................................................................................15 Introduction Lorsque Hull a commencé à s’intéresser à ce qui se passait dans la tête d’un apprenant, il était bien loin de se douter qu’il mettait le doigt sur une pierre d’achoppement qui allait faire naître tant et tant de recherches et d’expériences complexes sur le cerveau humain! Contrairement à l’approche béhavioriste, l'approche cognitiviste de l'apprentissage met l’accent sur les facteurs du processus internes d'acquisition de la connaissance dans le cerveau et accorde beaucoup moins d'importance aux facteurs environnementaux que l'approche béhavioriste. Elle considère l'apprentissage comme un processus actif de construction de la connaissance, reconnaît la présence de processus cognitifs complexes dans l'apprentissage, la nature cumulative de l'apprentissage et le rôle des connaissances antérieures. L'approche cognitiviste s'intéresse à la représentation et l'organisation des connaissances dans la mémoire et elle se préoccupe de l'analyse de la tâche d'apprentissage et de la performance en termes de processus cognitifs impliqués dans l'apprentissage. Au contraire des théories béhavioristes, les théories cognitivistes du traitement de l'information décrivent l'apprentissage comme une série de transformations de l'information qui s'opèrent à travers les structures du cerveau, d’où l’importance de se pencher sur son anatomie et son fonctionnement. 1 De nombreuses théories composent l’approche cognitiviste qui repose sur plusieurs postulats dont certains datent des années 30, grâce aux études de Edward Chace Tolman (1932, 1938, 1942, 1959). Certains postulats sont issus d’autres théories de l’apprentissage mais ont été adoptés par les cognitivistes, comme c’est le cas de plusieurs principes du domaine de Johanne Rocheleau, 2009 2 Figure 1 Le cerveau, la matière grise L’apport des théories cognitivistes de l’apprentissage l’ergonomie cognitive provenant de la psychologie gestaltiste ou encore des nombreuses études du domaine de la linguistique et des neurosciences. L’approche cognitiviste est beaucoup plus complexe que l’approche béhavioriste et son évolution débute avec les apports des néobéhavioristes. Dans ce texte, nous examinerons les différentes théories constituantes de l’approche cognitivistes pour en dégager les principes et les postulats utiles pour l’enseignementapprentissage. Nous procéderons de manière chronologique afin de faire ressortir les différents apports et de les mettre en relation les uns avec les autres pour démontrer les influences et les évolutions qu’a connu l’approche cognitiviste de l’apprentissage. Afin d’alléger le texte, les principales références bibliographiques ont été retirées. Cependant, vous les retrouverez à la fin du présent document. Les postulats néo-béhavioristes de Tolman Les premiers postulats cognitivistes sont nés en réaction à certains postulats béhavioristes. Le premier chercheur à se distinguer de l’approche béhavioriste traditionnelle après Hull (le premier néo-béhavioriste) fut Tolman, dont la théorie est appelée « purposive behaviorism ». Bien qu’il conduise des études dont les sujets sont encore des animaux (rats), Tolman parvient à dégager les premiers postulats cognitivistes : 1. Le comportement se situe dans une dimension plus globale. Tolman soutient que l’intention et la signification d’un comportement ne peuvent s’expliquer dans la relation stimuli-réponses parce que d’autres facteurs influencent le comportement. 2. L’apprentissage peut se produire sans renforcement. Tolman renie l’importance accordée au renforcement en démontrant que ce dernier peut tout aussi nuire à l’apprentissage. Par des études comparatives et empiriques sur trois groupes de rats, Tolman démontre que les rats n’ayant pas reçu de renforcement ont démontré des performances supérieures aux autres groupes de rats ayant reçu des renforcements administrés de manières différentes. Il conduit ensuite plusieurs recherches et conclut que le renforcement n’est pas un facteur critique pour l’apprentissage mais qu’il peut influencer la performance. 3. Il peut y avoir apprentissage sans que des changements soient constatés dans le Principe comportement. Tout comme les tenants des approches humanistes de l’apprentissage, VISA à Tolman constate que des apprentissages peuvent être réalisés sans qu’ils se manifestent éviter! dans les comportements. Il nomme ces apprentissages « apprentissages latents ». 1 Un postulat est une croyance, une assise fondamentale à laquelle on adhère. Un postulat donne naissance à de nombreux principes qui à leur tour, se composent de règles que l’on peut décomposer en normes. 4. Plusieurs variables d’intervention doivent être considérées. Tolman soutient tout comme Hull que la motivation, l’habitude et l’intention jouent des rôles essentiels dans Johanne Rocheleau, 2009 3 L’apport des théories cognitivistes de l’apprentissage l’apprentissage. Il ajoute que des états physiologiques et cognitifs affectent les comportements observés. Il reconnaît l’importance des différences individuelles dans l’apprentissage. 5. Le comportement est intentionnel. Pour Tolman, l’apprentissage n’est pas qu’une réaction à un environnement ; il vise l’atteinte d’un but pour agir sur l’environnement. 6. Les attentes affectent le comportement. Lorsque quelqu’un a appris qu’un certain type d’actions ou de comportements engendre certaines conséquences précises, des attentes se manifestent par rapport à ces conséquences. Tolman soutient alors que ce n’est pas le renforcement qui affecte la réponse, mais l’expectative de cette conséquence précise (qui pourrait être un renforcement) qui affecte la réponse qu’elle précède. 7. L’apprentissage est le résultat d’un corps organisé d’information. Toujours avec ses rats, Tolman a démontré que l’apprentissage est une somme d’informations organisées, les rats ayant intégré l’expérience d’un labyrinthe A pour en déduire le chemin à parcourir dans un labyrinthe B. En s’inspirant des travaux de la psychologie Gestalt allemande, il élabore le concept de schèmes mentaux (cognitive map). Si Tolman respecte le principe d’équipotentialité des béhavioristes (ce qui s’applique aux animaux s’applique aussi à l’homme), il apporte cependant un éclairage nouveau sur le fonctionnement du cerveau humain et le rôle qu’il joue dans l’apprentissage. Il inspirera de nombreux autres chercheurs qui apporteront leurs contributions à l’élaboration de l’approche cognitiviste, dont deux grandes tendances se dégageront : 1. les neurosciences ou psychophysiologie, qui tenteront d’expliquer les comportements humains à partir des mécanismes physiques de fonctionnement du cerveau, notamment par la psychologie gestaltiste et la théorie des trois cerveaux de McLean ; 2. la psychologie cognitive qui visera l’établissement de méthodes pédagogiques facilitant le traitement de l’information en s’appuyant sur les résultats des recherches en neurosciences. Les apports de la Gestalt Les tout premiers à s’intéresser au fonctionnement du cerveau ont été les gestaltistes. Le mot allemand « Gestalt » signifie « forme ». La psychologie gestaltiste met l’accent sur l’importance des processus organisationnels dans la perception, l’apprentissage et la résolution de problème et croit que les individus sont prédisposés pour organiser l’information d’une manière particulière. Voici les principaux postulats de cette approche : 1. La perception est souvent différente de la réalité. Par exemple, certains effets lumineux peuvent modifier la perception d’objets et ainsi laisser croire à une impression de mouvements, appelé le phénomène phi. 2. Le tout est plus grand que la somme de ses parties. Les gestaltistes croient que l’expérience humaine ne peut être étudiée par la conduite de recherches sur différents volets isolés. Une combinaison des éléments peut démontrer un modèle complètement différent de l’étude d’éléments isolés. L’importance de l’interrelation entre les éléments a donné naissance au principe de transposition qui stipule que des relations entre des éléments peuvent être transposées à d’autres éléments dans d’autres situations. Johanne Rocheleau, 2009 4 L’apport des théories cognitivistes de l’apprentissage 3. L’individu structure et organise ses connaissances. Un individu essaie d’imposer une structure et une organisation à une situation afin de lui donner une signification à partir de ses propres expériences. 4. L’individu est prédisposé à organiser ses expériences d’une certaine manière. Malgré les différences individuelles, certains mécanismes perceptuels sont communs à tous les individus. De ce postulat découlent plusieurs principes : a) le principe de proximité, qui dit que les individus ont tendance à percevoir des éléments regroupés étroitement dans l’espace comme étant une seule unité ; b) le principe de similarité, qui stipule que les individus ont tendance à reconnaître une unité par une ressemblance avec une autre unité ; c) le principe de Prägnanz (aussi appeler principe de closure), selon lequel les individus ont tendance à compléter simplement les images qu’ils voient dont certains éléments pourraient être manquants afin de reformer un ensemble signifiant ; d) l’apprentissage suit le principe de Prägnanz, ce qui implique la formation de traces dans la mémoire qui deviennent plus précises mais plus simples, concises Le cerveau est et complètes au fur et à mesure que des expériences sont vécues par un individu. économe! Ce même principe expliquerait aussi les distorsions et les différences de perception entre plusieurs individus. e) la résolution de problème implique la restructuration et l’intuition, ce qui signifie que la résolution de problème implique la combinaison et la recombinaison des divers éléments d’un problème jusqu’à ce qu’une structure qui résout ce problème soit élaborée. Bien sur, ces principes gestaltistes sont trop simplets pour expliquer l’apprentissage humain, mais ils s’avèrent efficaces lorsque réservés aux mécanismes perceptuels humains et sont utiles dans l’élaboration de matériel didactique. De nombreuses expériences ont uploads/Philosophie/ approche-cognitiviste-des-apprentissages.pdf
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- Publié le Jul 18, 2021
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