1 AVERTISSEMENT : Ces extraits de lectures sont destinés à attirer l’attention
1 AVERTISSEMENT : Ces extraits de lectures sont destinés à attirer l’attention sur des ouvrages que nous avons remarqués. Ils tentent de donner un fil conducteur parmi ceux proposés par l’auteur. Nous indiquons, soit en changeant de paragraphe, soit par l’indication (...) le fait d’avoir omis un passage, court ou long. Bien évidemment, nous incitons le lecteur à retrouver le texte intégral et acquérir l’ouvrage, ne serait-ce que par esprit de solidarité ou de soutien. Pascal Lièvre La logistique Repères n° 474 La Découverte 2007 Introduction Réduite, il y a encore peu de temps, à l’optimisation de problèmes pratiques secondaires, la logistique devient progressivement un enjeu pour les décideurs. (...) Elle répond par là même aux exigences de coopération horizontale de l’entreprise « J », le modèle japonais, décrit par l’économiste Aoki (1986) comme celui permettant de s’adapter à un environnement évolutif et incertain, contrairement à l’entreprise hiérarchique « H », le modèle américain des années 1960. (...) Ce sont les entreprises du secteur de l’automobile et de la grande distribution qui vont être à la pointe de la logistique, parce que ce sont des secteurs éminemment concurrentiels. Le logisticien s’intéresse à l’organisation en action, ce que Jean-Louis Le Moigne (1990) appelle une « organisation active », aux processus transversaux effectivement à l’œuvre. La logistique renvoie à une conception de l’organisation en termes de processus, c’est-à-dire un enchaînement d’opérations orientées vers un but : une succession d’opérations liées à l’écoulement d’un flux physique, de l’amont à l’aval, pilotée par un flux d’information en fonction d’une finalité globale explicite. I Les définitions de la logistique : le problème des fondements Il y a des risques de réduire la logistique à une technique d’optimisation, à un principe de réduction de stocks, à une démarche « qualité » ou de ré-engineering... ou encore à l’implantation d’un progiciel de gestion intégré, de type ERP (entreprise resource planning). Il y a aussi des risques de diluer cette notion et d’en faire un concept « éponge », vidé de sa composante spécifiquement organisationnelle : une problématique essentiellement centrée sur la question de la mise en œuvre. Une thématique « fondamentale » chez les grands stratèges militaires comme Sun Tzu ou von Clausewitz dans la conduite d’une organisation pour qui la chose la plus difficile est bien l’art de la manœuvre (Jullien, 1996). La logistique prend sa source historiquement dans deux territoires distincts : celui des mathématiques et celui des champs de bataille. 2 Pour donner un exemple concret, la recette de cuisine peut être considérée comme un algorithme très élémentaire (il apparaît qu’une recette de pâtisserie a un caractère encore plus algorithmique qu’une recette de cuisine en général, c’est-à-dire qu’il faut suivre avec une grande rigueur tous les éléments de la recette pour aboutir effectivement au résultat désiré), mais un algorithme tout de même. Le domaine logistique est un terrain privilégié de mobilisation des outils de la recherche opérationnelle : recherche du chemin « le plus court » du voyageur de commerce, ordonnancement « optimal » d’opérations de production dans une usine, affectation « optimale » de marchandises dans un camion... Nous sommes sur le territoire de l’ « optimisation » logistique. Auparavant, le général des armées élaborait la stratégie à l’écart des problèmes logistiques. Cette stratégie une fois élaborée était communiquée au major général des logis qui devait prendre les dispositions adéquates en matière de transport, de ravitaillement et de campement. La logistique suivait les décisions stratégiques. L’expression commune « L’intendance suivra ! » traduit bien cette perspective. La prise de conscience de l’inversion par rapport à la stratégie s’est faite relativement tard : dans le traité de Jomini, elle fait l’objet d’une note de quinze pages à la fin de son ouvrage (1835). La conception chinoise de l’ « efficacité » telle qu’elle a été développée lors des guerres de l’Antiquité est très proche d’une réflexion moderne sur le statut de l’effectivité en logistique, qui va donner lieu, par exemple, à la notion de logistique stratégique dans le domaine de l’entreprise. C’est avec la Seconde Guerre mondiale que la logistique va trouver sa consécration dans l’art de la guerre en Occident. En effet, le débarquement des alliés en Normandie a été un problème logistique formidable qui a consisté à débarquer 150 000 hommes sur des plages, appuyés par 14 000 hommes acheminés par avions et planeurs en quelques heures. (...) « C’est en respectant la logistique que le général Eisenhower mena jusqu’à la victoire (...) la machinerie des armées du monde libre ». Cette réflexion logistique va pénétrer l’entreprise industrielle à partir des années 1960. Ce sont les logisticiens militaires démobilisés qui vont devenir les premiers acteurs de cette logistique d’entreprise. Comme le précise Gilles Paché (2000), il faudra attendre l’ouvrage de John F. Magee (1968) pour franchir un pas significatif dans l’analyse. IL y a un extension du domaine de la logistique qui incorpore maintenant non seulement la distribution physique, mais aussi l’approvisionnement et la gestion de production. « La logistique est le fait de positionner les ressources en fonction du temps. » En 1996, Daniel Tixier, Hervé Mathe et Jacques Colin vont avoir la même démarche et proposent une définition la plus complète qui soit : « La logistique est le processus stratégique par lequel l’entreprise organise et soutient son activité. A ce titre sont déterminés et gérés les flux matériels et informationnelles afférents, tant internes qu’externes, qu’amont et aval. Dans le cadre de la poursuite des objectifs généraux à laquelle elle concourt, sa mission consiste à permettre l’élaboration de l’offre de l’entreprise et à en réaliser la rencontre avec la demande du marché, tout en recherchant systématiquement les conditions d’optimalité dans l’exécution ; Sa mise en œuvre procédant de différents acteurs, elle est appelée à gérer en ce sens les tensions à leurs interfaces du fait de la non-identité de leurs objectifs propres. » 3 Progressivement, ce sont toutes les opérations liées au cycle de vie d’un produit qui vont être associées à la logistique : de la conception des produits jusqu’à leur retrait du marché en passant par la phase de recyclage des déchets. Par ailleurs, les flux financiers vont être ajoutés dans le système étudié. L’Aslog (www.aslog.org) (est) une association qui regroupe des logisticiens français de l’entreprise, créée en 1972, dont le siège est à Paris. Dans cette histoire, le retour d’expérience joue un rôle important. (...) Finalement, on propose de modéliser le fonctionnement de l’entreprise autour de cette vision d’une chaîne logistique combinant, synchronisant, coordonnant des flux physiques et d’information autour d’objectifs de réduction de coûts, d’amélioration de niveau de service au profit de la stratégie de l’entreprise. Le changement est ici d’importance : il ne s’agit plus de gérer les flux de l’entreprise mais de se doter d’une représentation du fonctionnement de l’organisation à partir des flux dans une perspective de pilotage. II Le développement de la logistique d’entreprise Nous distinguons dans cette histoire de la logistique trois périodes que nous nommons la logistique « intrafontionnelle » (1950-1975), la logistique « interfonctionnelle » (1975- 1990) et la logistique « ouverte » » (1990 à aujourd’hui). Si l’on devait caractériser ces périodes sous l’angle économique, on distinguerait : - de 1950 à 1975, une période de croissance régulière, une économie de masse, fondée sur des rendements d’échelle où la demande prévisible est largement supérieure à l’offre et où, de fait, toute production est quasiment vendue avant d’avoir été produite. Le cycle de vie des produits est de longue durée, sur un marché largement national ; - de 1975 à 1990, une période de crise économique et de croissance erratique, où l’offre n’est plus assurée de rencontrer la demande. Les managers doivent réduire les coûts et être attentifs aux besoins des clients : c’est le management de la qualité. la production doit être tirée par la commande ferme du client. Le cycle de vie des produits se raccourcit pendant que le marché s’internationalise. Les managers vivent une véritable révolution culturelle. (...) Nous sommes passés en quelques années du modèle taylorien de l’entreprise américaine des années 1960 au modèle toyotien de l’entreprise japonaise des années 1980 ; - à partir des années 1990, l’innovation devient un facteur de plus en plus discriminant dans le, positionnement concurrentiel des firmes, ouvrant alors la voie à de nouvelles configurations managériales en phase avec une économie de la connaissance. C’est une économie de la variété qui s’affirme (...) Cela signifie « pour les produits d’une entreprise la multiplication des genres et la création continue d’espèces nouvelles »), fondée sur une capacité d’innovation et d’adaptation et qui, de fait, va redonner une place primordiale au facteur humain. La demande, incertaine, volatile, ne se cristallise bien souvent qu’au contact du nouveau produit. La durée de vie des produits se réduit dangereusement, alors que le marché se mondialise. 4 Trois étapes technologiques peuvent être distinguées : la période des « gros » systèmes informatiques des années 1960, l’arrivée de la micro-informatique et l’émergence du web à partir des années 1980 et, depuis 1990, l’EDI (échange de données uploads/Management/ la-logistique-lie-vre.pdf
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- Publié le Dec 17, 2021
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