Les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens BIEN COMMUN ET ENTREPRISE Un chemin d
Les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens BIEN COMMUN ET ENTREPRISE Un chemin de discernement pour le dirigeant chrétien « Toi qui fais depuis les origines ce qui est bon pour l’homme afin de le rendre saint comme toi-même es saint, regarde ton peuple ici rassemblé, et mets à l’œuvre la puissance de ton Esprit » (Dans la prière pour la réconciliation N°1) Les cahiers des EDC Collection La pensée sociale chrétienne Janvier 2017 Textes et citations bibliques : source Bible de Jérusalem 3 4 3 Avant-propos « Par son enseignement social, l’Église entend annoncer et actualiser l’Évangile au cœur du réseau complexe des relations sociales. Il ne s’agit pas simplement d’atteindre l’homme dans la société, l’homme en tant que destinataire de l’annonce évangélique, mais de féconder et de fermenter la société même par l’Évangile1. » Mouvement oecuménique, les EDC font référence à la pensée sociale chrétienne (PSC). Nourrie de la Parole de Dieu, celle-ci regroupe la doctrine sociale de l’Église - qui se réfère à un ensemble de textes élaborés par l’Église catholique - et les contributions protestantes et orthodoxes. Le rapprochement de l’enseignement et de l’expérience accumulée par les différentes confessions chrétiennes forme cet ensemble plus large qu’est la pensée sociale chrétienne. Pour mieux se comprendre et mieux échanger au sein et hors du mouvement des EDC, un référentiel commun est nécessaire. Le groupe de travail réuni au sein des EDC dans cet objectif a retenu une organisation2 en principes, thèmes et questions. Les principes sont au nombre de six. Le premier, la dignité de l’homme, fonde les cinq autres : le bien commun, la subsidiarité, la destination universelle des biens, la solidarité, la participation. Les thèmes sont des applications de ces principes. Leur liste n’est pas figée. Elle évolue en fonction des contextes et de l’actualité. Ainsi, les dirigeants d’entreprise sont aujourd’hui concernés par le travail, la propriété, la famille, la préservation de la maison commune, l’option préférentielle pour les pauvres… sans que cela soit exhaustif. Les questions sont l’expression de nos interrogations, des problèmes concrets auxquels un dirigeant peut être confronté. Aussi multiples que la variété des situations des dirigeants et des entreprises, les questions nourrissent les thèmes. Ce cahier, rédigé par la commission Sources bibliques et théologiques des EDC, fait partie d’une série sur les principes de la PSC qui peuvent nourrir l’expérience des dirigeants. L’ambition de cette collection est de 1 Gaudium et Spes, § 40 2 Le groupe a retenu l’organisation proposée par le Compendium de la doctrine sociale de l’Église, publié en 2004 4 mettre à la disposition des membres du mouvement une réflexion de fond. Elle complète et enrichit les autres actions proposées par le mouvement aux équipes sur la PSC (recueil de témoignages, temps de ressourcement spirituel et managérial, rubriques du site Internet, itinéraires, rencontres et assises…). Nous souhaitons que ce travail aide chacun des dirigeants et chacune des équipes à mieux vivre la vocation du mouvement : « Entrepreneurs et dirigeants, nous recherchons une unité intérieure dans notre existence de décideur et de chrétien. Nous sommes à des étapes diverses sur nos chemins de foi et de questionnement. Témoins et acteurs, nous travaillons en équipe, en région, en mouvement, à répondre à l’appel de l’Évangile dans nos relations et dans l’exercice de nos responsabilités. Nous nous appuyons sur la pensée sociale chrétienne, le partage de notre expérience et la prière commune pour progresser ensemble. Notre confiance est dans le Christ : ressuscité, il nous précède et fonde notre espérance. C’est notre joie d’aller à la rencontre des autres pour porter ce témoignage. » Les membres de la commission Sources bibliques et théologiques Père Pierre Coulange Anne Duthilleul Guy Ferré Pasteur Alain Joly Gérard Lacour Nicolas Masson Louis Renaudin 5 Sommaire Introduction .............................................................................7 1 Ce qu'est le bien commun ................................................10 1.1 Le bien commun dans les textes de la pensée sociale chrétienne ..... 11 1.1.1 Bien commun et communauté ................................................... 11 1.1.2 Bien commun des personnes .................................................... 12 1.1.3 Bien commun et vie trinitaire ...................................................... 14 1.2 Les différents lieux du bien commun ................................................. 17 1.2.1 Les communautés intermédiaires ............................................... 18 1.2.2 Les pouvoirs publics .................................................................. 20 1.3 Le bien commun est une dynamique ................................................ 22 1.3.1 Les relations entre les personnes, constitutives du bien commun .................................................................................... 23 1.3.2 Les vertus au service du bien commun ...................................... 25 2 Approche biblique du bien commun ................................26 2.1 Du jardin d'Éden à la Jérusalem céleste ............................................ 27 2.2 Être artisan de paix : Joseph, l'intendant de Pharaon........................ 28 2.3 Témoigner en faveur de la vérité : Éléazar ......................................... 31 2.4 Prendre soin de la communauté : la règle d'or .................................. 32 2.5 Bien commun et droiture : l'intendant fidèle de l'Évangile .................. 34 2.6 « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34) ........................................................................................ 36 2.7 Bien commun et transcendance ....................................................... 37 3 Mettre en oeuvre le bien commun dans l'entreprise .....40 3.1 Bien commun, intérêt général, intérêt social ...................................... 41 3.1.1 L'intérêt social ........................................................................... 41 3.1.2 L'intérêt général ......................................................................... 42 3.1.3 Bien commun et entreprise ........................................................ 43 3.1.4 Hiérarchie et cohérence des trois notions ................................... 47 3.2 Le développement du bien commun au sein de l'entreprise .............. 48 3.2.1 Les structures de péché ............................................................ 49 3.2.2 Les structures de sainteté .......................................................... 52 6 3.3 L'entreprise à l'aune du bien commun .............................................. 56 3.3.1 Vision et stratégie ...................................................................... 56 3.3.2 Culture et valeurs ....................................................................... 60 3.3.3 Structure et hiérarchie ................................................................ 61 3.3.4 Processus et systèmes .............................................................. 62 3.3.5 Les collaborateurs ..................................................................... 63 3.3.6 Les autres parties prenantes ...................................................... 63 3.4 Questionnement pour le dirigeant ..................................................... 65 3.4.1 Que signifie pour moi le bien commun de mon entreprise? ........ 66 3.4.2 Comment puis-je personnellement promouvoir le bien commun? 68 3.4.3 Comment développer mon sens du bien commun? ................... 70 Conclusion : Le bien commun est communion .................75 4 Annexes ..............................................................................76 Annexe 1 : Les différentes utilisations du terme « bien commun » ....... 76 Annexe 2 : Les « communs » .............................................................. 80 Annexe 3 : Proposition d'itinéraire pour étudier le bien commun en équipe ........................................................................................... 83 6 5 7 Introduction Pour les EDC, donner un sens à son action dans l’entreprise, à son engagement en tant que chrétien, suppose de connaître les fondements de la pensée sociale chrétienne (PSC), dont l’objectif final est la construction du « bien commun ». Cette notion essentielle est bien souvent ignorée ou mal comprise. En effet, plusieurs éléments rendent confus ce qu’est le bien commun : • Tout d’abord, la définition de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas est devenue très relative. Le subjectivisme moral rend difficile la compréhension partagée de ce qu’est le bien3. L’individualisme qui en résulte tend à dissoudre l’existence même d’un objectif collectif. • Ensuite, le rôle de l’État, qui était auparavant le principal garant du bien commun, est devenu plus complexe. Au-delà des fonctions régaliennes, il peine à donner une vision claire de sa mission au service de l’intérêt général. Dans le même temps, les citoyens se semblent moins concernés par la préservation du bien commun. • Enfin, des notions apparemment semblables entretiennent le flou. Ainsi en est-il de la notion d’intérêt général4, celle de « communs », et, surtout avec le développement de la sensibilité environnementale, la limitation du bien commun aux seuls biens environnementaux comme le climat, la biodiversité, l’eau5… Il est donc primordial d’expliquer ce qu’est le bien commun et de s’interroger sur sa mise en œuvre concrète. Dans sa définition la plus répandue6, le bien commun est cet « ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée… » (Gaudium et Spes, § 26) 3 Le « relativisme pratique qui caractérise notre époque, (…) est encore plus dangereux que le relativisme doctrinal. Quand l’être humain se met lui-même au centre, il finit par donner la priorité absolue à ses intérêts de circonstance, et tout le reste devient relatif. Par conséquent, il n’est pas étonnant que, avec l’omniprésence du paradigme technocratique et le culte du pouvoir humain sans limites, se développe chez les personnes ce relativisme dans lequel tout ce qui ne sert pas aux intérêts personnels immédiats est privé d’importance. Il y a en cela une logique qui permet de comprendre comment certaines attitudes, qui provoquent en même temps la dégradation de l’environnement et la dégradation sociale, s’alimentent mutuellement. » (Laudato Si’, § 122) 4 La différence entre le bien commun et l’intérêt général sera développée plus loin dans la partie 3.1. 5 Cf. La gouvernance des communs : Pour une nouvelle approche des ressources naturelles, d’Elinor Ostrom, de Boeck Edition,1990. Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie, a largement décrit le fonctionnement des communs. Elle donne huit conditions à la gestion des communs parmi lesquelles : la cohérence des règles, la participation des utilisateurs à la gestion, la subsidiarité, etc. (Cf. Annexe 2). 6 Gaudium et Spes a enrichi la définition du bien commun donnée en 1961 par Mater et Magistra (§ 65) en uploads/Management/ cahier-bien-commun-et-entreprise-2017-les-edc-web.pdf
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- Publié le Mai 09, 2022
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