Beaux Arts I 5 «L a beauté sauvera le monde» : c’est avec cette citation de l’I

Beaux Arts I 5 «L a beauté sauvera le monde» : c’est avec cette citation de l’Idiot de Dostoïevski qu’Emmanuel Macron a inauguré le Louvre Abu Dhabi, le 8 novembre dernier. Près de deux ans après les attentats qui ont endeuillé la France, le Président a développé un discours d’une portée historique, centré sur le rôle essentiel de la culture face à la barbarie : «Nous n’avons rien de plus urgent en réalité ni de plus important à faire que de promouvoir la culture, l’éducation, la beauté, et ce qui nous semble exprimer le plus haut degré de l’humanité.» Soit la beauté et la culture comme «pièges à la stupidité», comme mesures prioritaires pour lutter contre le terrorisme. Pour ceux qui ont déjà eu la chance de visiter le Louvre Abu Dhabi, la beauté y est évidente et envoûtante. Sous cette gigantesque coupole, cette canopée de lumière, chacun peut ressentir une spiritualité fédératrice et cosmique. C’est pourquoi j’affirme que le Louvre Abu Dhabi est le plus beau musée du monde. L’architecture de Jean Nouvel y crée une beauté active, en perpétuel mouvement, grâce à sa lumière mouvante. Mais si cette beauté illumine, c’est aussi parce que le concept de ce musée est unique. Pour la toute première fois sont présentées sur un pied d’égalité des œuvres provenant de civilisations du monde entier. Le Louvre Abu Dhabi est un musée universel «racontant les histoires qui ont uni les hommes au-delà des limites du temps et de l’espace», écrivent dans le catalogue Mohammed Khalifa Al-Mubarak (président du département de la culture et du tourisme d’Abu Dhabi) et Jean-Luc Martinez (président du Louvre). Ce musée est un appel à «une alliance des civilisations», pour reprendre l’expression de Cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyan, prince héritier de l’émirat. À travers son architecture, son concept, les œuvres exposées, sa sublime muséographie et l’intelligence de son accrochage (à l’exception des salles affligeantes consacrées à l’art moderne et contemporain – comment le Centre Pompidou, associé au projet, a-t-il pu laisser faire ! ?), le Louvre Abu Dhabi fait désormais figure de modèle universel. On me taxera peut-être d’angélisme, on me reprochera sans doute mon enthousiasme, tant, en France, nous cultivons le dénigrement. Mais je le clame haut et fort : une telle beauté, une telle intelligence vont faire du bien au monde ! Un manifeste de la beauté par Jean Nouvel, Emmanuel Macron, Abu Dhabi et le Louvre L’ÉDITO de Fabrice Bousteau Beaux Arts I 7 146 Ils font l’actu Olivier Gabet réenchante les Arts décoratifs 148 Les acteurs du marché La tribune de Catherine Chadelat 150 La cote de l’art Posséder un Joos Van Cleve… un rêve inaccessible ? 152 3 ventes à ne pas manquer 154 Adjugé ! 156 Les foires les plus attendues 2 salons à voir à Paris et Miami 158 Calendrier des expositions 162 La visite en BD de François Olislaeger SOMMAIRE N° 402 DÉCEMBRE En couverture Le Louvre Abu Dhabi (Ateliers Jean Nouvel) photographié par Roland Halbe Envoûtante et lumineuse de jour comme de nuit, coiffée d’un dôme aux mille étoiles, l’architecture de Jean Nouvel est époustouflante. À l’intérieur, des œuvres de tous horizons et de toutes périodes historiques se croisent pour dialoguer au nom de l’universalité. Inauguré le 8 novembre, le Louvre Abu Dhabi promet de marquer l’histoire des musées. 8 Vu Arrêt sur images 14 L’essentiel de l’actualité en France Le Grand Paris culturel prend forme 16 Hauterives renonce à son grand musée d’art brut 18 Ils ont dit 20 Sur la planète 22 À Bamako, la photographie fait acte de résistance 24 Architecture À quoi ressemblera la tour Montparnasse en 2024 ? 26 De rouille et d’audace 28 Design L’objet culte : un bureau très spatial 30 La recette d’art d’Alain Passard Concentré de festin contemporain 34 Cadeaux arty C’est Noël ! 48 Spectacle et musique Danse avec Jean Arp 50 Cinéma Melvil Poupaud, portraitiste de l’impératrice de Chine 52 Revue du web L’art à l’assaut de la réalité virtuelle 54 La chronique de Nicolas Bourriaud Le Président dos à la rue 56 Art contemporain Le meilleur & le pire de 2017 80 Exposition à Montréal La peinture, figure oubliée du western 88 En couverture Le Louvre Abu Dhabi, le premier musée universel ! 98 Entretien avec Stephen Shore «Le travail de création est un enchaînement de choix» 106 L’histoire du mois À New York, une fondation où l’art est sans limites 114 Rétrospective au Vitra Design Museum Charles & Ray Eames, héros du design américain GRANDS FORMATS 121 Musées 122 Les nouveautés de décembre 123 Trois raisons d’aller au MAMC de Saint-Étienne métropole 124 Les expositions incontournables 130 Los Angeles, 100 % latino ! 132 Galeries 3 expositions à voir à Paris 134 La galerie du mois : Lumière des roses 138 Week-end arty Valencia, médiévale et futuriste 142 Un lieu à découvrir Jean Perzel : l’Art déco à la lumière du contemporain JOURNAL GUIDE DES EXPOSITIONS 145 MARCHÉ & POLITIQUE CULTURELLE 8 I Beaux Arts par Auguste Schwarcz C’est en voulant broder une fleur qu’un jour, «le petit groupe de nœuds se transforma en téton», raconte Sally Hewett. Quinze ans plus tard, avec Ectomy, elle rend hommage à celle qui lui a transmis cette technique : sa grand-mère, sauvée d’un cancer du sein grâce à une mastectomie. La mousse, la soie, le Lycra comptent parmi les matériaux de prédilection de l’artiste pour travailler les volumes et parvenir à ce rendu si particulier. Sally Hewett s’attache à montrer le corps dans tous ses états. Seins, fesses, ventres, sexe… souvent imparfaits, parfois refaits, sont sublimés. Les poils, la graisse, les vergetures ne sont plus cachés. Aujourd’hui, ce sont les corps malades, amputés, vieillissants qui la passionnent. On peut trouver ça laid, étrange, dérangeant. L’artiste britannique ne cesse d’être intriguée et fascinée par la question de la beauté et de la laideur, par la frontière très personnelle qui peut les séparer. Et par le poids des conventions sociales, dont notre regard, notre jugement, peinent à s’affranchir. Broderies anatomiques Sally Hewett Ectomy, 2015 www.sallyhewett.co.uk VU P R O G R A M M E , I N S C R I P T I O N E N L I G N E L E C O L E VA N C L E E FA R P E L S . C O M DÉCOUVRIR. APPRENDRE. S’ÉMERVEILLER. 10 I Beaux Arts par Marie Darrieussecq Annelies Hofmeyr met des bois de cerf aux poupées Barbie. On pense aux femmes trophées qui décorent les murs intérieurs de certains hommes, aussi muettes que les têtes d’animaux empaillés dont on se demande toujours si on verrait leur croupe en passant dans la pièce à côté. Ici, Barbie-Femen s’exprime sur ses seins : bas les pattes, on ne touche que sur invitation. La féministe historique Gloria Steinem dit que le consentement est un concept triste : l’invitation, voilà la joie sexuelle. La bienvenue : voilà qui fait s’effondrer les murs. Les Barbie d’Annelies Hofmeyr, qu’elle fait vivre avec drôlerie sur son compte Instagram, ont du poil sous les aisselles, vomissent quand elles ont trop bu, mettent du sang partout avec leurs règles, ont de la cellulite et des vergetures, trébuchent sur leurs hauts talons, aiment Frida Kahlo, voire fument. J’attends encore celle qui lirait : voilà qui serait hautement subversif. Les Barbie-Femen sortent du bois Annelies Hofmeyr Trophy Wife Barbie. The Message Is Simple, 2017 www.instagram.com/ trophywifebarbie VU Auction | Private Sales | christies.com Christie’s France SNC - N° d’agrément 2001-003. Principal commissaire-priseur habilité : François de Ricqlès ART CONTEMPORAIN VENTES • 5 et 6 décembre 2017 • Paris EXPOSITION • 2–5 décembre 2017 • 9, avenue Matignon, Paris 8e CONTACT • Paul Nyzam • pnyzam@christies.com • +33 (0) 1 40 76 84 15 JEAN DUBUFFET (1901-1985) Nu chamarré, 1943 Huile sur toile, 81 x 60 cm. 1 200 000–1 800 000 € Art Contemporain · Vente du soir © Adagp, Paris, 2017 12 I Beaux Arts par Malika Bauwens Il paraît, comme dans Huis clos de Sartre, que «l’enfer, c’est les autres». Mais qu’est-ce qu’un «bon voisin» ? s’est interrogée la 15e biennale d’art contemporain d’Istanbul, organisée cet automne par le duo de plasticiens Elmgreen & Dragset. Candeğer Furtun, qui travaille la céramique depuis plus de soixante ans, y a répondu dans les années 1990 en alignant neuf paires de jambes. Cette décennie marque un tournant dans son œuvre : le corps morcelé devient son sujet de prédilection. Ce sont alors des mains (levées), des bras (tendus), des profils (fléchis) et même des tétons (en grappe). Cette œuvre, qui évoque aussi la culture du hammam, a pris une autre dimension lors de la manifestation stambouliote. Car dans le contexte de la biennale, le chiffre 9 de ces paires de jambes a trouvé un nouvel écho : celui de la Turquie et de ses huit voisins géographiques. De quoi se poser la question : ce pays est-il un bon voisin ? Et pour qui ? La Turquie toute en jambes Candeğer Furtun Sans titre [détail], uploads/Litterature/beaux-arts-magazine-402-dec-2017.pdf

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