Université de Paris IV - Sorbonne UFR de Philosophie L'Harmonie du Monde au XVI

Université de Paris IV - Sorbonne UFR de Philosophie L'Harmonie du Monde au XVIIe Siècle Essai sur la Pensée Scientifique d'Athanasius Kircher Carlos Ziller CAMENIETZKI Thèse Présentée à L'Université de Paris IV Directeur d'études: Professeur Maurice CLAVELIN PARIS - 1995 2 2 Me ensinaste para que serve ler e escrever, Me fizeste viver sonhos e pesadelos, Dentro de ti dei meu futuro. Morreste, eu ví. Deixaste-me órfão e apátrida. Bem sei, és Phênix. Renascerás azul, violeta, talvez laranja e por que não vermelho. Encantarás novamente jovens, velhos, moças, negros, mulatos, amarelos, pederastas e sapateiros. Retornarás. Eu não. Já me terei reunido a Neruda, não mais te verei. 3 3 Ao bancário de Belo Horizonte, Ao ex-deputado de Minas Gerais, À sua família, aliás a única que teve. A Armando, Aos seus compromissos. 319 Remerciements Au professeur Maurice Clavelin, mon directeur d'études. Qu'il trouve ici l'expression de toute ma gratitude Au CNPq qui m'a permis de mener à bien mon projet de thèse, en m'octroyant un bourse d'études pour quatre ans consécutifs. A Alain Segonds dont le séminaire m'apporta beaucoup à la fois quant aux connaissances et quant à la méthode et qui voulut bien m'offrir son aide au cours de ce travail. A Pedro Wilson Leitão, ancien directeur du Museu de Astronomia e Ciências Afins, sans lequel je n'aurais pas pu réaliser ce travail en France en toute quiétude. A Carlos Zeron, ami cher, pour ses précieux conseils, le regard critique qu'il apporta à ce travail et nos discussions qui me furent utiles et dont il reconnaîtra les traces dans ces pages. A Marie-Noëlle Pinsard, mon amie, qui s'est attachée à relire tout mon manuscrit et grâce à laquelle plusieurs passages furent améliorés quant à l'expression française. Si des fautes subsistent, mon entêtement en est le seul responsable. A Gemma Gagnon pour la relecture d'une partie de ce travail. A Margarida de Souza Neves, qui m'encouragea au début de ce projet. A Antonella Romano pour ses commentaires fort intéressants. A l'Istituto Italiano per gli Studi Filosofici qui facilita un séjour de recherches en Italie. Enfin, aux personnels des institutions suivantes: Bibliothèque Nationale de Paris, Biblioteca Nacional do Rio de Janeiro, Biblioteca Nazionale di Roma, Bibliothèque de la Sorbonne, Bibliothèque Sainte-Geneviève, Biblioteca della Università Gregoriana, Biblioteca Vaticana et Archivium Romanum Societatis Iesu. Et tous ceux, parents et amis, qui eurent la patience de me supporter durant toute cette période. 320 Introduction L'Harmonie et les Harmonies du Monde Les Harmonies du Monde Il existe, au sein de l'histoire de la pensée occidentale, un ensemble d'expressions et d'images qui se répètent au cours des siècles, dans des contextes philosophiques très différents. Elles sont très connues: "le livre du monde", "le théâtre du monde", "le microcosme", "l'harmonie du monde", etc. Cerner leurs significations dans chacun des contextes où elles interviennent est une tâche complexe qui constitue une partie importante du travail de l'historien de la philosophie. L'usage du mot "microcosme", par exemple, pour désigner la condition particulière de l'homme dans l'univers est une idée récurrente dans la littérature philosophique et théologique depuis des siècles1. Bien sûr, présenter l'homme comme étant la synthèse de l'univers évoque plusieurs éléments très connus de la pensée ancienne et médiévale: finitude du monde, finalisme de la création, anthropocentrisme, etc. Cependant, l'emploi de cette expression ne garantit aucune unité d'école ou même pas de signification commune dans les innombrables textes où elle intervient. Francisco Rico, par exemple, étudia chez les intellectuels Ibériques, les différents usages du mot "microcosme" depuis le Moyen Age. Son travail mit en évidence que le fait de considérer l'homme comme un univers complexe comparable au monde se présentait 1. La bibliographie sur les théories du "microcosme" est très développé, il n'est pas question de l'examiner dans ce travail. Il faut cependant retenir le texte devenu déjà preque obligatoire pour l'étude de ce problème: Ernst CASSIRER, Individu et Cosmos dans la Philosophie de la Renaissance, Paris, Editions de Minuit, 1983. 321 differemment selon les circonstances, par fois opposés2. Raymond Llull, Luís Vives, Baltasar Gracián et même Francisco Suárez, peut-être le plus important philosophe du renouvellement scholastique à la fin du XVIe siècle, soutirent des réflexions plus ou moins développées sur ce thème. Bien sûr, le "microcosme" avait, pour chaque philosophe, une signification déterminée et se présentait dans un contexte particulier. La métaphore du "livre du monde" constitue un autre exemple fort intéressant de la polysémie de ces expressions, elle est aussi abondamment présente dans la littérature érudite. Eugenio Garin, dans une étude déjà vieille de quelques décennies, montra que la fortune de cette formule est dépendante des contextes philosophiques variés dans lesquels elle intervient3. De plus, elle présente en elle-même l'énorme poids de l'écriture, du livre écrit en tant qu'instrument de la connaissance du monde. On ne peut contester la grande richesse de cette métaphore qui représente une synthèse des conceptions du monde et de la nature. On reviendra au "livre du monde" plus loin dans cette étude. Quant à l'expression "harmonie du monde" qui concerne de plus près notre travail, elle fut l'objet d'une polysémie similaire. Elle est très courante en littérature et philosophie. Aujourd'hui comme autrefois, son usage est remarquable dans des textes de vulgarisation scientifique, dans des ouvrages sur la constitution de l'univers, dans des analyses du ciel et de ses mouvements. Parfois elle intervient dans le discours philosophique ou littéraire à des fins purement esthétiques, pour embellir un passage, pour ajouter une idée de beauté à la perfection du monde; d'autres fois, "l'harmonie du monde" désigne un vaste champ de la pensée partageant un ensemble d'interprétations des rapports des choses du monde entre elles et avec la divinité. En effet, l'"harmonie du monde" est une analogie très expressive qu'on peut trouver depuis l'antiquité dans la pensée de Platon, Pythagore, Lucrèce, Boèce, Pline, etc4. Cette 2. Francisco RICO, El Pequeño Mundo del Hombre, Madrid, Alianza Universidad, 1988. 3. Eugenio GARIN, "La Nuova Scienza e il Simbolo del Libro", La Cultura Filosofica del Rinascimento Italiano, Florence, Sansoni, 1961. 4. Dans le Thesaurus Linguae Latinae, Lipsiae, 1930, vol VI, pars tertia, col. 2536-7, on peut trouver plusieurs 322 formule est associée à des termes empruntés au registre musical et qui migrèrent vers d'autres domaines plus vastes: "accord" et "consonance", par exemple; expressions que, d'ailleurs, on trouve fréquemment liées à "harmonie du monde". Cependant, la sémantique historique n'est pas dans l'horizon de ce travail, d'ailleurs le sujet fut brillamment traité par le professeur Leo Spitzer5. Les préoccupations de la présente étude concernant l'idée de l'harmonie du monde sont beaucoup plus circonscrites. Outre le travail de Spitzer, d'autres érudits de notre époque se sont penchés directement sur cette idée avec plus ou moins de réussite. Il y a une quinzaine d'années, Dorothy Koenigsberger présenta une étude fort intéressante sur le concept d'harmonie chez des intellectuels de l'Age Moderne6. Son travail trouve sa place au sein de la riche tradition de l'Histoire des Idées d'Arthur Lovejoy pour l'histoire intellectuelle. L'objet de Koenigsberger est de chercher l'harmonie en tant qu'une "suggestive area of reference for framiry of assumptions about nature and art"7. Ainsi, le livre Renaissance Man ne s'attache pas à étudier une structure conceptuelle précise, un ensemble de propositions philosophiques ou esthétiques définies. Son but est de dégager un trait de la mentalité, un présupposé qui puisse être à la source des manifestations les plus variées de la culture de l'Age Moderne. L'auteur propose la croyance aux analogies entre la nature et l'art, entre Dieu et le monde et entre des phénomènes observés, comme l'élément commun de la psychologie des intellectuels de cette époque. L'harmonie pour la pensée moderne, serait l'existence de ce références à l'usage du mot "harmonie" dans le sens qu'on examine maintenant. 5. Leo SPITZER, Classical and Christian Ideas of World Harmony, Baltmore, The Johns Hopkins Press, 1963. Il s'agit d'une étude très importante où Spitzer analyse l'évolution sémantique de l'expression "harmonie du monde" de l'antiquité jusqu'au début de l'Age Moderne en la comparant à des éléments de l'évolution de la musique elle- même et les transformations de la religiosité chrétienne. 6. Dorothy KOENIGSBERGER, Renaissence Man and Creative Thinking. A History of Concepts of Harmony 1400-1700, Sussex, Harvester Press, 1979. 7. Ibid. p.XI 323 tissu d'analogies dans le monde réel. Koenigsberger considère le platonisme et le pythagorisme comme source privilégiée de toute pensée harmonique. Elle ne manque pas de mettre en avant l'influence des idées harmoniques dans la formation de la science moderne. Livre stimulant, Renaissance Man reste un travail important malgré les reserves qu'on peut lui opposer à cause du caractère quelque peu flou des définitions adoptées et de l'ampleur des domaines compris dans l'étude. L'auteur ne manque pas de voir dans l'oeuvre newtonienne plusieurs signes de l'harmonie et du pythagorisme. En effet, le caractère universel des lois de la gravitation relève d'une croyance à l'unité du créé et des rapports mutuels entre les êtres du monde, mais l'ouvrage Principia Mathematica de Newton ne saurait être assimilé au The Harmony of the World de John Heydon ou au De Sole du Ficin. La structure conceptuelle uploads/Litterature/ ziller-carlos-1995-l-x27-harmonie-du-monde-au-xviie-siecle.pdf

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