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Tous droits réservés © Théologiques, 2011 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 27 oct. 2021 18:32 Théologiques D’un Dieu tout-puissant à un Dieu partenaire qui s’offre au monde Une lecture processuelle de Gn 2 Lydwine Olivier Théologie africaine et vie Volume 19, numéro 1, 2011 URI : https://id.erudit.org/iderudit/1014188ar DOI : https://doi.org/10.7202/1014188ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Faculté de théologie et de sciences des religions, Université de Montréal ISSN 1188-7109 (imprimé) 1492-1413 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Olivier, L. (2011). D’un Dieu tout-puissant à un Dieu partenaire qui s’offre au monde : une lecture processuelle de Gn 2. Théologiques, 19(1), 193–216. https://doi.org/10.7202/1014188ar Résumé de l'article L’article s’intéresse à la façon dont la théologie processuelle permet de réfléchir à la représentation de Dieu. En effet, le récit de Gn 2 pose la question du présupposé que tout un chacun porte sur Dieu. Loin d’être une réponse toute faite, une et certaine, la théologie processuelle propose de partir à la rencontre d’un Dieu qui s’offre et qui offre un monde en devenir à l’humain. Pour mieux cerner la pertinence d’une analyse processuelle de ce récit, l’article s’intéresse à certaines questions clefs de la théologie qui la sous-tend. Celles-ci portent sur le libre arbitre de l’humain, l’omniscience et la toute-puissance de Dieu, la question du pôle primordial de Dieu comme pôle transcendant, et celle de son pôle conséquent comme signe de son immanence. L’article montre que le récit est une proposition offerte au lecteur de construire sa propre représentation de Dieu, non dans un postulat figé, mais dans un mouvement à-venir, toujours en train de se créer. © Revue Théologiques 2011. Tout droit réservé. D’un Dieu tout-puissant à un Dieu partenaire qui s’offre au monde Une lecture processuelle de Gn 2 Lydwine Olivier* Théologie Université de Montréal Dieu est-il le présupposé de l’humain, ou bien l’humain est-il le présupposé de Dieu ? Derrière cette question, c’est la notion de représentation que chacun se fait de Dieu qui est en jeu, au cœur de l’inconnaissable qu’il est. Croire ou non à l’existence de Dieu repose sur une représentation, donc un présupposé. Si l’on s’attarde à la question de Dieu à travers les époques et les régions, on se rend compte qu’il n’y a pas une seule et unique représen- tation de Dieu. Et ce n’est pas tant dû à Dieu qu’à la façon dont les humains en parlent. Peut-on alors dire, non pas comme Descartes « je pense, donc je suis », mais « je pense, donc Dieu existe (ou non) » ? Et com- ment cette idée peut-elle s’articuler ? Une des idées dominantes qui perdure encore dans notre monde offre la représentation d’un Dieu souvent « omni- tout » : omnipotent, omniprésent, omniscient. Un choix de représentation qui ne cesse de rendre actuelle la question de la prédestination. Comment articuler ce concept d’« omni » (surtout d’omnipotence) face aux drames de la shoah, aux drames humains auxquels notre monde de communica- tion instantanée et planétaire nous confronte, ou aux drames personnels de chacun, toujours présents. Surtout, comment articuler l’idée de prédes- tination dans un monde à l’intérieur duquel la religion dominante ne s’y trouve plus omniprésente ? Pourtant, le maniement de ces questions ne mène-t-il pas tout droit à deux façons extrêmes de penser Dieu : la mort de Théologiques 19/1 (2011) p. 193-216 1 * Lydwine Olivier est doctorante en théologie à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal. Ses champs de recherche portent sur l’exé- gèse vétérotestamentaire, la théologie processuelle et la psychanalyse lacanienne. 194 lydwine olivier Dieu, ou sa volonté absolue sur nous ? Quel espace ces deux extrêmes laissent-ils encore ouvert ? Il est possible de se poser cette question dans la lecture du second récit la création, car la Bible reste un lieu où de multiples représentations de Dieu s’offrent à nous : « Qui dites-vous que je suis ? » (Lc 9,20) Je voudrais tenter de réfléchir à cette interrogation en relisant ce récit sous l’angle de la théologie processuelle. Quelle représentation de Dieu ce texte nous offre- t-il ? Plus spécifiquement, que permet une lecture processuelle d’un texte mythique de la Bible comme Gn 2 ? Ce récit laisse une large part à la créa- tion du vivant, là où le premier récit Genèse 1 concerne davantage la façon dont Dieu, pour créer le monde, opère un travail de séparation. Je commencerai par cerner l’intérêt d’une lecture processuelle de Gn 2 (I). Il sera ensuite question du libre arbitre des entités (II), puis de l’omnis- cience et de la toute-puissance de Dieu (III). Cela m’amènera à préciser la particularité de Dieu, comme entité ayant deux pôles. De par son pôle primordial, qui lui permet de médiatiser les possibles, on touche à sa trans- cendance (IV), alors que, de par son pôle conséquent, on touche à son imma- nence, comme Dieu participant au monde dont il est partie prenante (V). 1. La théologie processuelle au service de la lecture d’un texte du Premier Testament Longtemps méconnue en Europe et dans le monde francophone catho- lique, la théologie processuelle, ou théologie du process, offre un intérêt particulier : elle cherche à « démontrer que Dieu est scientifiquement et philosophiquement pensable » (Gounelle 2010, 7, se référant à la pensée de Cobb). Pour cette raison, cette démarche, qui « part de la foi pour en dégager la rationalité » (Gounelle 2010, 7), me semble appropriée dans un monde où spiritualité et matérialisme se côtoient. La théologie processuelle s’est développée à partir de la pensée d’Al- fred North Whitehead1, pour qui Dieu est une nécessité logique : il est le seul pouvant remplir les trois fonctions essentielles à la bonne marche du monde : il est d’abord celui qui rend possible l’advenue des potentialités. Il est ensuite celui qui permet à la nouveauté d’être introduite, en incitant 1. « Alfred North Whitehead (1861-1947) expressed his belief that science had deve- loped to a stage that demanded a new scheme of ideas in the philosophical realm to reflect the new ideas in sciences. […] He believed that all things were interconnected and that philosophy should see reality as an organic unity in opposition to science, which tend to isolate them. » (Gnuse 2000, 28) d’un dieu tout-puissant à un dieu partenaire 195 l’entité 2 à choisir ces potentialités (Gounelle 2010, 13-14). C’est enfin lui qui favorise l’harmonie et l’unité, dans une cohérence qui lui donne sa valeur. Par conséquent, au lieu d’envisager Dieu comme extérieur au monde, la métaphysique de Whitehead propose Dieu comme entité dans le monde, au même titre que toute autre entité existante, avec comme dif- férence fondamentale3 qu’il est le seul à pouvoir médiatiser les potentiali- tés. La théologie processuelle offre un autre avantage : c’est un courant qui rejoint des intuitions que l’on retrouve aussi dans la pensée juive sur de nombreux plans. En effet, le procès englobe aussi bien le monde et son rapport à Dieu que Dieu et son rapport au monde, dans une profonde interaction. Il rejoint ici la foi hébraïque pour qui Dieu est au cœur du monde, dans un incessant va-et-vient entre Dieu qui appelle son peuple, et se rappelle à lui constamment, mais aussi ce peuple qui, par la rédaction des textes bibliques, dit au monde qu’il reconnaît ce Dieu comme le Dieu d’Israël, ce Dieu devenu au fil des siècles une source identitaire, une source de foi. Cette notion d’interrelation et de dynamisme, au cœur de la foi hébraïque, est aussi au cœur du process : « Nous avons des relations qui créent des réalités, et non des réalités qui créent des relations » (Gounelle 2010, 12). Relire les textes bibliques à la lumière de la théologie proces- suelle permet ainsi au théologien, mais aussi à tout un chacun, d’actualiser et de répondre de sa tradition confessionnelle. Puisque Beauchamp suggère possible « qu’aujourd’hui une exégèse allégorique soit proposée sans pré- cautions craintives et même sans se chercher de justifications, sachant ne 2. La première occurrence de chaque terme processuel est indiquée en caractères ita- liques gras, pour alerter le lecteur qu’il s’agit d’un terme spécifiquement processuel. Les termes processuels seront cependant expliqués au fur et à mesure de leur utilisa- tion. Pour Whitehead, est entité actuelle toute réalité, tout moment d’existence, et non pas uniquement tout être vivant. Il les définit comme des « gouttes d’existence », moments incompatibles avec la notion même de permanence, toujours en mouvement vers une nouvelle synthèse créatrice. Toute « chose » est donc formée de deux par- ties : d’un côté les moments uploads/Litterature/ une-lecture-processuelle-de-gn-2-d-x27-un-dieu-tout-puissant-a-un-dieu-partenaire-qui-s-x27-offre-au-monde.pdf
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- Publié le Mai 02, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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