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LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses intérêts avec les lecteurs, son admiration pour les grands textes nourrissants du passé et celle aussi pour l’œuvre de contem porains majeurs qui seront probablement davantage appréciés demain qu’aujourd’hui. La belle littérature, les outils de développement person nel, d’identité et de progrès, on les trouvera donc au catalogue de l’Arbre d’Or à des prix résolument bas pour la qualité offerte. LES DROITS DES AUTEURS Cet e-book est sous la protection de la loi fédérale suisse sur le droit d’au teur et les droits voisins (art. 2, al. 2 tit. a, LDA). Il est également protégé par les traités internationaux sur la propriété industrielle. Comme un livre papier, le présent fichier et son image de couverture sont sous copyright, vous ne devez en aucune façon les modifier, les utiliser ou les diffuser sans l’accord des ayant-droits. Obtenir ce fichier autrement que suite à un téléchargement après paie ment sur le site est un délit. 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Comme il est de la nature de l’épopée de chanter les choses surnaturelles et les choses humaines, et de contenir, pour ainsi dire, dans son sein le ciel et la terre, les poètes épiques, pour pénétrer les mystères qui sont au-delà de cette terre, ont conduit leurs héros dans les demeures sou terraines. C’est là qu’ils ont été chercher la révéla tion des énigmes de cette vie. Les livres apocryphes ont aussi leur descente aux enfers ; c’est la descente de Jésus-Christ dans les limbes, après sa mort sur la croix, quand il vient délivrer les justes de l’ancienne loi : grande et belle scène que les peintres ont souvent représentée et que Klopstock a chantée (1). Avant de citer cette descente du Christ aux enfers, que je tire de l’Évangile de Nicodème, je veux cher cher dans Homère et dans Virgile de quelle manière ces deux grands poètes ont préparé et amené la des cente de leurs héros aux sombres demeures. Une pareille scène, en effet, a besoin d’être préparée, et jamais poète épique ne s’est avisé de transporter tout 1 La Messiade, 1748-1768. Traduction française : Mme de Car lowitz, Paris, 1859, gr. in-18 (nde). 5 AVANT-PROPOS d’un coup et sans préparation ses héros dans l’affreux royaume des ombres. Il faut que l’imagination du lecteur s’accoutume peu à peu aux sombres et mys térieuses idées qui conviennent à une pareille scène ; il y a là une transition à ménager ; aucun poète n’a manqué à cette règle oratoire. Voyez Homère dans son Odyssée. Ulysse veut évoquer l’ombre de Tiré sias, il veut lui demander de lui révéler quelles sont les aventures auxquelles il est encore réservé. C’est aux portes des enfers qu’il doit rencontrer l’ombre du devin. La porte des enfers est placée dans le pays des Cimmériens, « peuple qui vit enveloppé d’une profonde nuit, et que jamais le soleil n’a illuminé de ses rayons, ni quand il monte au sommet des cieux, ni quand il descend sous la terre ; une nuit profonde s’étend sur ces mortels épouvantés. C’est là que nous dirigeâmes, notre course. » Bientôt les sacrifices funé raires s’accomplissent, et le sang des agneaux noirs coule sous la main d’Ulysse ; « alors, attirées par le sang, les ombres des morts arrivent en foule, femmes, filles, jeunes gens, vieillards longtemps éprouvés dans la vie, vierges qui pleurent les amours qu’elles n’ont point eu le temps de goûter, guerriers encore pleins de blessures des combats et encore couverts de leurs armes ; ils viennent tous s’entasser, avec des cris confus, autour de la fosse pleine du sang des agneaux. La pâleur de l’effroi me saisit à cette vue, dit Ulysse. » Voilà dans Homère ce que j’appellerais volon tiers le prologue du récit des enfers, prologue triste et sombre, qui prépare l’imagination du lecteur aux 6 AVANT-PROPOS évocations que va faire Ulysse et aux lamentations des ombres qu’il doit interroger. Dans Virgile, même art pour produire une sorte de terreur mystérieuse. Avant de faire entrer Énée dans les enfers, le poète invoque les dieux souterrains : Vos quibus imperitim est animarum, umbæque silentes, Et Chaos et Phlegeton, loca nocte silentia late, Sit mihi fas audita loqui, sit numine vestro Pandere res alta terra et caligine mersas. Cette permission demandée aux dieux des ombres de révéler les mystères de leur empire jette dans l’âme une sorte d’effroi qui la prépare à la vue des prodiges de l’enfer. Dans les apocryphes, la descente aux enfers est pré parée avec moins d’habileté oratoire ; le prologue est plus simple, il a quelque chose de plus vrai ; rien n’y sent l’artifice du poète. Le sépulcre de Jésus-Christ a été trouvé vide ; les prêtres et les scribes, assemblés chez Pilate, s’inquiètent de cette circonstance ; ne sont-ce pas les soldats préposés à la garde du sépulcre qui se sont laissé corrompre par les disciples et qui leur ont laissé enlever le corps de leur maître ? Pen dant qu’ils délibèrent, Joseph d’Arimathie vient leur annoncer que deux hommes, depuis longtemps morts, les fils du grand-prêtre Siméon, mort lui- même depuis bien longtemps, Carinus et Leucius, ont été rencontrés dans Jérusalem avec plusieurs saints et plusieurs patriarches ressuscités comme eux, nouveau miracle qui ajoute à la terreur des prêtres. « Carinus et Leucius, continue Joseph, sont main 7 AVANT-PROPOS tenant dans la ville d’Arimathie. Faites-les venir, si vous voulez, et demandez-leur, en les adjurant d’être sincères, ce qu’ils ont vu et ce qu’ils ont entendu. » Les prêtres suivent le conseil de Joseph : ils font venir Leucius et Carinus, qui entrent dans la synagogue, et alors, ferment les portes du temple. Ainsi, Caïphe et les prêtres prennent le livre de la loi du Seigneur, le mettent entre les mains des deux ressuscités, et les adjurent, par le nom tout puissant d’Adonaï, par le nom du Dieu d’Israël, de leur dire comment ils sont ressuscités du milieu des morts. En enten dant cette solennelle adjuration, Carinus et Leucius, jusque-là resté muets, poussèrent un profond soupir, levèrent les yeux au ciel, firent le signe de la croix, puis demandèrent qu’on leur donnât de quoi écrire ce qu’ils avaient vu et entendu. Et alors, s’asseyant cha cun à une table, ils écrivirent ce qui suit, et, quand les prêtres comparèrent les deux récits, ils virent avec admiration qu’il n’y avait pas un mot de plus ni un mot de moins dans l’un que dans l’autre. » Il n’y a là ni ombres évoquées par le sang des sacri fices, ni invocation aux puissances infernales ; mais comme cette simplicité prépare l’esprit à recevoir le récit avec confiance ! Ce n’est point la solennité d’un poème, c’est la gravité d’un procès-verbal ou d’un témoignage. L’auteur ne cherche point à plaire ou à émouvoir, il veut être cru. Voyons le récit de Leucius et de Carinus. « Nous étions avec tous nos pères placés au fond de l’abîme, dans l’obscurité des ténèbres, quand tout à 8 AVANT-PROPOS coup brilla à nos yeux, au milieu de cette nuit pro fonde, comme un rayon du soleil, et une lumière de pourpre se répandit sur nous. Alors, l’antique patriarche du genre humain, Adam, avec tous les patriarches et les prophètes, tressaillit et s’écria : « Voilà la clarté qui vient de l’éternelle lumière. » Isaïe s’écria aussi et dit : « Cette lumière est celle du père et celle aussi du fils que j’ai prédite quand j’étais sur la terre des vivants. » Alors Siméon notre père, rem pli de joie : « Glorifiez, dit-il, le fils de Dieu, ce Jésus que j’ai reçu enfant entre mes bras dans le temple du Seigneur ; glorifiez le salut préparé au monde. » A ces paroles, la foule des saints se sentit pénétrée d’une grande joie. Arriva un homme vêtu comme un ana chorète du désert. « Qui es-tu ? lui demandons-nous. Je suis, répondit-il, Jean, la voix du Très-Haut, le pro phète qui doit marcher devant la face du Sauveur, afin de préparer ses voies. Le fils de Dieu va bien tôt entrer au milieu de nous qui sommes assis dans les ténèbres de la mort. » En entendant ces paroles, Adam, le premier des patriarches, dit uploads/Litterature/ nicodeme.pdf
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- Publié le Jan 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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