C'EST UN REMPART ESQUISSES HISTORIQUES DU TEMPS DE LA RÉFORMATION PUBLIÉES PAR
C'EST UN REMPART ESQUISSES HISTORIQUES DU TEMPS DE LA RÉFORMATION PUBLIÉES PAR LES UNIONS CHRÉTIENNES DE JEUNES GENS DE LA SUISSE ROMANDE GENÈVE - ÉDITIONS LABOR 1926 Mars 2002 Copyright © 2008 - www.regard.eu.org / et (ou) Editions E.P.I.S PRÉFACE Quelques mots suffiront pour introduire ce troisième volume des études historiques publiées par les Unions Chrétiennes de Jeunes Gens de la Suisse romande (1). Il faut bien que nous disions quel encouragement a été pour nous l'accueil fait à ces oeuvres dont nous sentions vivement les imperfections mais que nous Offrions en toute simplicité à la jeunesse protestante et a ceux qui s'occupent d'elle. On nous a dit: continuez; nous continuons dans le même esprit et selon la même méthode, travaillant non point avec les belles ambitions de l'historien de métier et de vocation, mais comme des pasteurs préoccupés de répondre, selon leurs moyens, aux besoins de leurs jeunes paroissiens. Le lecteur sentira, nous l'espérons, cette unité d'inspiration. Il constatera, nécessairement aussi et peut-être plus encore que dans les précédents volumes, les déficits de notre science et la diversité troublante de la composition; il nous pardonnera aisément des défauts qui peuvent devenir des qualités si nous nous plaçons au point de vue des jeunes très divers, eux aussi, quant à leur développement intellectuel et leurs goûts. Ainsi l'étude de M. Monastier- Schroeder sur Luther dans sa famille, préparée pour les campeurs de Vaumarcus, porte sa marque spéciale ce qui n'empêchera aucun lecteur de jouir des révélations qu'elle nous offre sur le Réformateur si calomnié, précisément, dans sa vie intime. Et que dire des pages sur Dürer et Bach que nous avons empruntées à l'oeuvre du très regretté P. Jeannet ? Elles seront comme un joyau dans notre collection et lui donneront un éclat et une valeur que nous ne pouvions pas attendre de notre travail. En retour, il nous sera bien permis de formuler le voeu qu'elles conduisent au penseur et à l'écrivain que Dieu nous a repris, des amis toujours plus nombreux qui lui deviendront aussi fidèles que nous (2). Les directeurs d'Unions cadettes et les jeunes conférenciers unionistes auxquels nous avons spécialement pensé en éditant ce troisième volume, feront bien de se reporter aux conseils qui leur ont été donnés en tête des deux premiers volumes de la série quant à la manière d'utiliser nos études. Il nous reste un très agréable devoir à remplir en assurant de notre vive reconnaissance MM. J. Pétremand, professeur en théologie à Neuchâtel, et H. Jeanrenaud, maître à la classe d'application de l'Ecole Normale de Lausanne. Le premier a assumé l'ingrate besogne de nous préparer le résumé chronologique de la Réformation en Allemagne, en Suisse, en Angleterre et aux Pays-Bas; le second s'est aimablement chargé des notes pédagogiques, pour les cadets. Ainsi, plusieurs ouvriers ont été à l'oeuvre. Ils n'ont eu .qu'un désir : servir dans la mesure de leurs forces. Pour le COMITÉ ROMAND DES UNIONS CHRÉTIENNES DE JEUNES GENS J. VINCENT. *** 1 Le premier volume Au temps des Martyrs et des Croisés a paru en 1923. Le second Quand on chantait les Psaumes en 1924. 2 L'étude sur Dürer est empruntée au volume Peindre Christ et celle sur Bach aux Lois du royaume. Edition La Concorde, Lausanne. Elles ont été reproduites avec le bienveillante autorisation de Mme P. Jeannet. JE NE PUIS AUTREMENT Martin Luther 1. UNE DÉCOUVERTE COMPROMETTANTE 2. LES VOIES DE DIEU NE SONT PAS NOS VOIES 3. PAIX DES HOMMES ET PAIX DE DIEU 4. DIEU EST ESPRIT, ET IL FAUT QUE CEUX QUI L'ADORENT L'ADORENT EN ESPRIT 5. NOUS N'AVONS PAS DE PUISSANCE CONTRE LA VÉRITÉ 6. UNE CONSCIENCE 7. IL FAUT OBEIR A DIEU PLUTÔT QU'AUX HOMMES 8. JE NE PUIS AUTREMENT BUT DU RÉCIT Rien ni personne ne peut barrer la toute à quiconque écoute Dieu dans sa conscience. 1. UNE DÉCOUVERTE COMPROMETTANTE. -Où êtes-vous, garçons ? A l'ouïe de cette grosse voix de paysan, a l'accent rude, ce fut un sauve-qui- peut général. En un instant, la petite troupe d'écoliers se trouva dispersée dans toutes les directions. C'est qu'ils étaient craintifs, les pauvres écoliers d'Eisenach. Ils avaient à peine quatorze ans ; et pourtant ils connaissaient déjà la misère. Ils ne mangeaient pas toujours à leur faim. Aussi les voyait-on fréquemment s'en aller, de porte en porte, chantant leurs plus belles complaintes et quêtant un morceau de pain. Ils n'étaient pas toujours bien accueillis, tant s'en faut. Ils étaient habitués aux coups et aux injures. Et voilà pourquoi, en ce jour de Noël, la grosse voix d'un paysan, animé des meilleures intentions, avait suffi à les épouvanter. Pourtant tous les coeurs n'étaient pas de fer, à Eisenach. Depuis quelque temps, par exemple, la « bonne Ursule », la femme de Conrad Cotta le riche commerçant, avait accueilli chez elle un de ces pauvres écoliers. Elle l'apercevait chaque dimanche à l'église. Il était pale, chétif, nerveux. Il priait avec une ferveur extraordinaire... Elle l'avait questionné. Il s'appelait Martin Luther. Il était fils et petit-fils de paysans. Ses parents, Jean et Marguerite Luther, habitaient Mansfeld. Ils étaient très pauvres. Son père avait quitté la campagne pour entreprendre un travail de mineur. Quatre ans plus tard, nous retrouvons 'Luther à Erfurt. L'écolier d'Eisenach est maintenant étudiant à la fameuse académie de la ville. Ses parents veulent faire de lui un juriste. Un jour, en « bouquinant » dans la bibliothèque de l'Université, l'étudiant découvre une Bible latine. C'était la première Bible qui lui tombait sous les yeux. Il la feuillette. A son grand étonnement, il s'aperçoit qu'elle renferme beaucoup plus de textes que les livres de messe dont on se sert à l'Eglise. Curieux, avide de savoir, il en dévore les pages. Que de choses nouvelles 1 Que de récits insoupçonnés ! Le cantique d'Anne, par exemple (I Sam. 2 : 1 .10), le plonge dans un ravissement L'Eternel appauvrit et il enrichit, Il abaisse et il élève, De la poussière, il retire le pauvre, Du fumier, il relève l'indigent..... «Ah ! s'écrie Luther, c'est pour de pauvres écoliers comme moi que ces consolations sont écrites! » Sans bien s'en rendre compte, il a reçu de cette première lecture une impression profonde. Le Livre l'a saisi. Il existe donc une autre source de vie que l'enseignement des écoles 1 Dès lors, son rêve, ce sera de posséder une Bible comme celle-là. 2. LES VOIES DE DIEU NE SONT PAS NOS VOIES. Pour l'heure, notre jeune juriste pensait fort peu à ses études de droit. Malgré lui, une idée l'obsédait : Comment arriver à la paix de l'âme ? Comment ne pas trembler devant la sainteté de Dieu ? Un événement imprévu devait changer le cours de sa vie. On était en été. Il faisait une chaleur accablante. Luther se promenait tout seul dans la campagne. Non loin d'Erfurt, il est surpris par un orage. Soudain, un éclair fulgurant : la foudre éclate là, tout près de lui. Affolé, le jeune homme tombe à genoux : « Sainte Anne, sauve-moi, et je me fais moine 1 » s'écrie- t-il. Rentré en ville, il ne dit rien a personne de sa résolution. Quinze jours plus tard, il réunit ses amis pour la dernière fois. La soirée est animée, joyeuse. On la prolonge bien au delà de minuit. Quand les premières clartés du jour blanchissent les crêtes des collines, Luther, tout d'un coup, devient grave. Etonnés de ce changement soudain, ses amis se rassemblent autour de lui. Et là, au milieu du silence le plus complet, il leur raconte l'histoire de l'orage et le voeu qui le lie. - Tu perds la tête, ami ! Un voeu fait dans de pareilles circonstances ne saurait t'engager ! - Mon cher, j'ai pris Dieu a témoin. je ne puis me rétracter. - Tu serais bien fou, Luther, de briser une carrière qui, pour toi, peut être très belle. Cesse donc de te tourmenter de tous ces scrupules de conscience. Tu es assez bon comme cela. Tu te gâtes la vie. A vingt-deux ans ! - Mes chers amis, vous ne me comprenez pas. Une promesse est une promesse. Adieu ! Ce même jour, Luther entrait au couvent des Augustins. 3. PAIX DES HOMMES ET PAIX DE DIEU. Bonheur inexprimable, son rêve était réalisé. Luther avait maintenant entre les mains une Bible latine, reliée en cuir rouge, toute pour lui, rien qu'a lui. Les Premiers jours, il ne la quitta pas. Enfermé dans sa cellule, il allait de découverte en découverte. Bientôt il connut par coeur de grands fragments de sa chère Bible. Il pouvait dire, sans hésiter, à quelle page et a quelle place se trouvait chaque passage... En entrant au couvent, Luther avait pensé, de bonne foi, trouver la paix intérieure. Embrasser la vie régulière, c'était à ses yeux la seule façon de fuir la colère et la vengeance de son Dieu. Les jeunes moines ne parlaient- ils pas constamment des beautés et des mérites de l'existence monastique ? Ne se racontaient-ils pas sans cesse leurs songes et leurs uploads/Litterature/ un-rempart.pdf
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- Publié le Jul 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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