La République au miroir de l’école Introduction : L’école républicaine gratuite
La République au miroir de l’école Introduction : L’école républicaine gratuite, obligatoire et laïque telle que nous la connaissons naît dans les années 1880 sous l’effet d’une série de lois. Les lois Jules Ferry. Il n’est pas anodin que les premières mesures du régime républicain concernent l’éducation des enfants puisque les jeunes générations symbolisent l’avenir de la nation et représente une part des électeurs. ( cours 4) Ainsi, il importe de leurs inculqué les valeurs républicaines, un régime encore jeune et fragile. Le projet apparemment désintéressé de l’éducation des masses cache une ambition stratégique pour gagner le plus grand nombre à l’idéologie républicaine par l’imprégnation. Sous les mots d’ordres, tels que la lutte de l’analphabétisme, se dessine d’autres enjeux comme la rivalité entre le régime républicain et l’Église. Autre enjeu, la République à peur des élans révolutionnaires qui pourraient inciter le peuple à la révolte et bouleverser l’ordre républicain. THIESSE : montre que ces identités nationales sont des fabrications des élites. Chaque personnage de l’ouvrage est symbole de vertus que la république souhaite valoriser. Un ouvrage tourné vers la patrie Création d’une culture commune I. Une pédagogie politique 1. L’instituteur contre le curé ? Le mythe du hussard noir La République se donne les moyens de ses ambitions et crée dans chaque département des écoles normales pour former les instituteurs laïcs qui remplaceront, à termes, les religieux qui exerçaient essentiellement dans le primaire pour faire faire des économies aux maires. Les instituteurs sont présentés comme des guerriers de la République, ils sont glorifiés, on les appelle les hussards noirs. En effet, hussard était une appellation pour les soldats et le noir est la couleur que les instituteurs portent. Charles Péguy, en 1913, fait preuve d’une certaine nostalgie et d’une exaltation pour les hussards noirs dans son texte L’Argent, tiré des Cahiers de la quinzaine. Ces jeunes instituteurs sont avant tout symbole d’un régime que Péguy, républicain et socialiste, juge déjà dégradé. Les détails réalistes que Péguy mentionne rapportent à une série de valeurs. L’habit noir serait censé niveler les différences. La République impose à tous, et d’abord aux maîtres, un même habit pour que les différences sociales ne se voient pas même si cela est relatif. Dans le cas des hussards noirs, l’uniformité des habits renvoie à une uniformité idéologique puisque les instituteurs sont censés porter la voix du régime sans manifester leurs opinions. Pour autant, les instituteurs n’adhérent pas toujours complétement au régime. Des études montrent que ces instituteurs n’étaient que rarement militant. On les a accusés, à tort, comme laïcard et chasseurs de patois alors que la réalité est beaucoup plus complexe. OZOUF Jacques, « Nous les maîtres d’école ». Autobiographies d’instituteurs de la Belle Époque, Paris, Julliard-Archives, 1967. Dans son ouvrage, Ozouf recueille des témoignages d’instituteurs. A la fin des années 1960, l’historien contacte des milliers d’instituteurs retraités. Il entend ainsi construire ses propres sources en envoyant 20 000 questionnaires, 4 000 lui répondent. Les personnes qui lui répondent le font souvent de manière détaillée en envoyant des cahiers. Ozouf sélectionne des extraits et en fait un livre. Plutôt que de se fonder sur des sources déjà existantes (inspection académiques, témoignages laissés) Ozouf préfère récolter des témoignages de personnes vivantes qui ont au minimum 70 ans quand ils les interrogent. L’historien le fait afin de savoir dans quel état d’esprit les enseignants travaillait avant la grande guerre. Ozouf sait que pour différentes raisons, les informations qu’il collecte ne reflète pas exactement ce que les enseignants pensaient avant la guerre. Il veut déterminer les valeurs qu’ils avaient. C’est donc l’écart entre le jeune instituteur plein d’idéal et l’évolution de cet instituteur qui intéresse Ozouf. Les témoignages soulignent que dans les premiers temps de la République les instituteurs continuaient d’accompagner leurs élèves au catéchisme et que même s’il est vrai qu’ils promouvaient le français, ils autorisaient ponctuellement le patois. Il y avait une forme de tolérance. De manière plus générale, les républicains n’étaient pas forcément athées tout comme les instituteurs ne l’étais pas forcément. Ils s’efforçaient en revanche d’inculquer la laïcité. Les enseignants n’étaient ni radicaux ni extrêmes. 2. La morale républicaine : un nouveau catéchisme Les cours d’instructions civiques sont dispensés à travers des manuels conçus pour les besoins de la cause. Ces manuels favorisent ce nouveau catéchisme républicain. FERRY Jules, circulaire connue sous le nom de « lettre aux instituteurs », 17 novembre 1883. Dans son texte, Ferry rassure la famille de l’enfant en lui disant que malgré l’inculcation de la laïcité, les enfants pourront recevoir un enseignement religieux par la famille. Il rassure également les instituteurs qui n’ont pas envie de se substituer au curé. Plutôt que d’aller au conflit, Ferry propose de se rapprocher les uns des autres puisqu’il n’y a pas concurrence entre l’instituteur et le curé, il y a complémentarité. Complémentarité entre le curé et l’instituteur. II. L’exemple du manuel Le Tour de la France par deux enfants 1. Un best-seller Le désir de conciliation exprimé par Jules Ferry apparaît dès le premier volume du tour de la France par deux enfants en 1877. Le Tour de la France par deux enfants est un manuel de lecture pensé pour le cours moyen (CM1-CM2) et il sera très largement publié jusqu’au 20e siècle. Il participe à la diffusion des morales et valeurs républicaines. Ce livre est signé par un pseudonyme G. Bruno qui est provocateur puisqu’il renvoie à la signature d’un ancien moine du XVIe qu’on a jugé hérétique et qu’on l’a brûlé. C’est donc une certaine opposition par l’auteur républicain puisqu’il suggère d’emblée une résistance à la religion. Ce n’est qu’en 1899, soit 22 ans après la première publication, qu’on apprendra que derrière G. Bruno se cache une femme, Augustine Fouillée. Certains misogynes ont longtemps cru que l’ouvrage n’était pas d’elle mais de son mari, Alfred Fouillée. L’une des raisons qui explique qu’Augustine écrit sous un pseudonyme est qu’elle vit en concubinage avec le philosophe Alfred Fouillée. Son divorce d’un précédent mariage n’étant pas encore prononcé, elle ne pouvait pas publiée sous son vraie nom un ouvrage de morale à destination d’enfants alors qu’elle vit en concubinage avec un homme. Après la révolution de la véritable identité de l’auteur, le Tour de la France continue d’être publié sous le pseudonyme de l’auteur. L’ouvrage est un véritable est une sorte de Bible républicaine, c’est souvent l’un des seuls ouvrages présents dans les foyers. Son succès est considérable, dès le début elle vend 3 millions d’exemplaires de 1877 à 1887 et ce succès ne se dément pas. En 1901, on considère que 6 millions d’exemplaires ont été imprimés. Le manuel est d’abord destiné aux écoles, il fonctionne comme un roman et est donc apprécié aussi bien des enfants que de leurs aînés. L’ouvrage contribue à créer une culture commune. 2. Tout un programme L’intrigue de l’ouvrage décrit un voyage initiatique de 2 enfants, André Volden et son frère Julien. Ils sont orphelins lorrain qui ont un âge symbolique, 7 ans et 14 ans. 7 ans est la fin de l’enfance, l’âge de l’enfance et 14 ans est, à l’époque, l’entrée dans l’âge adulte. Ils ne sont pas représentés de manière réaliste car il se comporte en adulte plein de bon sens qui supportent les épreuves auxquelles ils sont confrontés. De ce point de vue les protagonistes sont des types d’idéaux au sens le plus plein du terme. On a même dit que ces deux héros étaient des saints laïques. Leur périple force l’admiration. Il commence après que la France a été vaincu par la Prusse en 1870 et qu’elle a dû céder l’Alsace- Lorraine. Les habitants des régions annexés par la Prusse sont amenés à choisir pendant l’année s’il souhaite être considérés comme des allemands ou rester français. S’ils souhaitaient rester français ils devaient quitter le territoire et rejoindre la France. Les frères, patriotes, décident de prendre la route pour rejoindre un oncle à Marseille. L’oncle est une sorte de substitut du père défunt et il est précédé par d’autres figures magistrales que rencontrent les deux garçons (un instituteur…). La France fait figure de mère. L’intrigue débute en octobre 1871 et s’achève au seuil de l’été ce qui correspond à la durée de l’année scolaire. Le parcours des enfants reproduit à peu près le tour de France qui est l’itinéraire que prenait les artisans en s’arrêtant pour perfectionner leurs connaissances et leurs arts chez différents maîtres artisans. A la fin, on les considérait formés et on leurs donnaient le titre de compagnon. Le voyage à travers la France est une manière de glorifier la cohésion nationale et de montrer que la France est un assemblage de région singulière mais qui sont unifiées. L’ouvrage gomme opposition est rupture. Il est notamment étonnant que la révolution française, au fondement de l’idéologie républicaine, soit si peu citée. Elle est un problème pour la République dans le sens où la révolution à couper la nation en deux et a causé une guerre civile, on veut pourtant donner une image unifiée. Elle n’est donc pas citée. On va souligner plutôt uploads/Litterature/ se-ance-7.pdf
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- Publié le Fev 16, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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